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et de leurs partenaires

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18 - Dynamique de l’accueil familial

La rencontre et son idylle - La désillusion et ses conséquences - La dynamique enfermée

Une succession de moments, plus ou moins liés entre eux, rythme le déroulement des situations d’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). . Divers paramètres tels l’âge de l’accueilli (selon qu’il s’agit d’un nouveau-né, d’un enfant d’âge scolaire, d’un adolescent, d’un adulte ou d’une personne âgée), son état de santé physique et psychique et ses besoins, les motifs du placement et les projets, les intervenants qui les portent, la place des parents, la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! (sa composition, son histoire et ses modes de présence), entrent en interaction tout au long de l’accueil, lui conférant son caractère singulier au sein d’un mouvement évolutif plus universel.

A des moments "tranquilles" succèdent des périodes de crise qui peuvent générer des mouvements de répétition ou de régression. Le mode de résolution des crises aura une incidence sur l’avenir de l’accueil familial : une réaction d’enfermement oppositionnelle pourrait en signer l’échec, tandis qu’une sortie négociée pourrait ouvrir sur de nouvelles modalités relationnelles augurant de bonnes capacités d’adaptation de part et d’autre pour continuer à vivre ensemble.

Les différents moments de l’accueil et les temporalités de chacun des partenaires impliqués peuvent se synchroniser au travers de rituels qui marquent le temps qui passe et lui confèrent ainsi sens et mouvement.
Cette dynamique s’interrompt parfois. Le temps "s’aplatit", ne se déroule plus, s’arrête hors du temps, sans passé et sans futur, comme souvent le temps immobile de la psychose.

Si l’on n’y prête une attention suffisante, tout accueil familial tend vers l’immobilité, la famille d’accueil trouvant ou confirmant son équilibre en accueillant, et l’accueilli s’inscrivant dans le "moule" pour trouver sa place. Entre ces temps d’arrêt, parfois nécessaires, et un immobilisme chronique, la frontière est ténue mais demande à être gardée pour garantir le sens de l’accueil.

Entre le moment de la rencontre, chargée d’illusions mais non exempte de crises, et celui où l’accueil familial navigue sur un océan de tranquillité duquel parfois tout horizon s’efface, se succèdent des étapes qui font parties intégrantes de la dynamique de l’accueil familial. Plus ou moins repérables dans leur succession, parfois très enchevêtrées, ces phases se manifestent autant dans l’accueil d’enfants que dans l’accueil d’adultes.

La rencontre et son idylle

La première étape de l’accueil familial est un temps où l’illusion constitue la règle. C’est le temps de la rencontre entre la famille d’accueil et l’accueilli, le temps de la séduction réciproque et de l’adaptation mutuelle. C’est aussi la rencontre entre le désir d’aider de l’un et la blessure de l’autre à aider, un enfant qui ne peut grandir chez ses parents, un adulte fragile psychologiquement.

C’est le rêve du roman familial devenu réalité : pour la famille d’accueil, celui de devenir le parent idéal, même en s’en défendant ; pour l’accueilli celui de l’avoir trouvé, tout en conservant ses propres références.

Dans l’attente de l’arrivée du futur accueilli, la famille d’accueil connaît une réanimation de son narcissisme. Le soufflet de l’idéalisation sera d’autant plus fortement activé qu’il s’agira d’un premier accueil. L’accueilli devient le représentant de désirs, le support d’investissements et de représentations familiales. La dynamique du couple d’accueil va y être relancée dans les registres de l’enfance, de la parenté, de la relation de couple.

L’enfant, quant à lui, est occupé à surmonter le vécu d’abandon et l’angoisse de perte liés à la séparation actuelle ; tout comme l’adulte carencé est aux prises avec le refoulement d’une angoisse ici réactualisée ou comme l’adulte âgé est confronté à son impuissance et à celle de ses proches. Face à des mécanismes aussi puissants, le recours à l’idéalisation de la famille d’accueil offre à la fois un aménagement commode et nécessaire à l’établissement de cette nouvelle relation.

Les relations qui s’établissent entre la famille d’accueil et l’accueilli au cours de cette première période comblent ce dernier dans son narcissisme primaire. Il est investi comme bon objet par la famille d’accueil, et celle-ci est gratifiée par ses attitudes conformes aux attentes projetées. La tendance est au déni des difficultés personnelles de l’accueilli, tant sur le plan des troubles du comportement que sur celui des symptômes affectifs ou cognitifs, attribués souvent à un manque d’amour.

Au sein de la famille d’accueil se développe un climat de tolérance, de sollicitude, de générosité, partagé par tous les membres de la famille. Il s’agit d’une période gratifiante pour chacun des partenaires, y compris les intervenants, qui trouvent dans ce développement d’échanges chaleureux un baume, un apaisement des tensions qui l’ont précédée.

En accueil familial d’enfants, ce temps s’accompagne d’un certain silence à l’égard de ses parents ; il apparaît comme indifférent. Les parents semblent eux-mêmes absents à l’enfant dès lors qu’il n’est plus près d’eux. On observe une apparente désaffection mutuelle. De fait, pour l’enfant, s’opère une coupure totale entre deux images de lui-même qui s’excluent l’une l’autre. Chacune renvoie à des représentations si incompatibles qu’elles doivent rester étrangères.

Tout se passe comme si l’enfant, refoulant son désir à l’égard de ses parents, annulait sa souffrance à en être séparé. Une nouvelle famille semble alors effacer l’autre. A l’origine du clivage entre la bonne mère d’accueil présente et la mauvaise mère d’origine qui doit être oubliée, on rencontre la nécessité qu’éprouve l’enfant de réinvestir son besoin d’attachement sur la « mère d’accueil ».

L’idylle est un système interactif qui se joue entre l’accueilli, la famille d’accueil et les parents. C’est une source de narcissisme à laquelle va pouvoir se réalimenter le dynamisme affectif de l’accueilli, un point d’ancrage pour la création de nouveaux liens d’attachement qui pourront lui permettre une réélaboration de son lien maternel et de sa filiation.

Mais il s’agit aussi d’une organisation défensive à laquelle participent les partenaires de l’accueil familial. Par idéalisation ou par déni, l’idylle fonctionne comme contenant de la détresse, de l’angoisse, du vécu d’abandon et de rejet des uns et des autres. Organisation mentale, la relation idyllique a un coût psychique qui se traduit par des comportements que l’on décrit sous la forme d’agitation, ou d’inhibition, voire d’indifférence chez l’accueilli.

Les intervenants eux-mêmes ont donc un rôle à jouer dans cette partition de l’idylle, en s’appuyant sur leurs capacités à résister au sentiment d’être l’intrus, "l’empêcheur d’accueillir en rond" pour rappeler, par leur fonction, le contexte de la rencontre, les règles de la relation d’accueil et les objectifs du placement.

La désillusion et ses conséquences

L’idylle n’a qu’un temps, et bientôt les signes d’un fléchissement de l’enveloppe qui l’entourait vont se faire jour. L’ampleur de la désillusion se mesurera à l’aune de l’engagement dans l’idylle, d’autant plus fortement que l’illusion a habillé la réalité de l’autre qui fait maintenant effraction. L’accueilli imaginaire va doucement, ou brutalement, s’effacer pour laisser la place à l’accueilli réel.

L’enfant commence à montrer des manifestations d’un attachement insoupçonné à ses parents, notamment lors des retours de visites, par des pleurs, des colères, le refus des marques d’affection de la famille d’accueil qui va se sentir rejetée et menacée de le perdre. L’adulte fait soudain référence à ses modes de vie antérieurs, critiquant sévèrement les accueillants, et résiste aux attentions jusqu’ici appréciées.

La relation qui s’est créée dans l’idylle émarge au registre de la fusion. Dans cet accaparement mutuel, la "mère d’accueil » court le risque "d’oublier" ses enfants, son mari, et peut ultérieurement éprouver à l’égard de l’accueilli un ressentiment mêlé de culpabilité vis-à-vis de sa propre famille. Ceci amorce des changements inéluctables dans les relations.

Le ressourcement narcissique de l’accueilli a donné consistance à son sentiment d’exister et d’être désirable, et par là même fait émerger un conflit. "Découvrant" que ses propres parents ne sont pas la famille d’accueil, et qu’ils n’ont pas su lui donner ce qu’il trouve chez elle, il tentera souvent de résoudre ce conflit en idéalisant ses parents et en prouvant, par des actes, son besoin d’appartenance à sa famille d’origine. C’est aussi le moment pour lui de découvrir que la "mère d’accueil" n’est pas entièrement tournée vers lui, qu’elle a un mari, des enfants qui ont des attentes à son égard, et des relations extérieures.

Le travail de l’accueil familial devra alors permettre à l’accueilli d’aménager, à l’intérieur de lui-même, des relations qui seront forcément conflictuelles. Il devra, dans de nouvelles identifications, tenir compte de la réalité de ses parents, de la réalité de la famille d’accueil, et de la sienne.

Autant dans la première étape le travail de l’intervenant est marginalisé par la rencontre passionnelle que vivent famille d’accueil et accueilli, autant il doit être présent et attentif lorsque, après quelques jours ou quelques semaines, les prémisses de la désillusion et sa cohorte de troubles surviennent.

Les difficultés deviennent plus fréquentes, plus apparentes, des crises éclatent lorsque les conflits internes ne peuvent plus être contenus et n’ont pas encore pu être élaborés. Ces crises présentent un caractère de gravité car l’accueilli s’y désorganise, au moins temporairement, les parents se sentent menacés et peuvent se montrer menaçants, la famille d’accueil se déprime et s’épuise, et chacun, l’équipe y compris, se sent comme aspiré dans une spirale de répétitions qui pourrait entraîner une rupture. La crise est alimentée par la torsion du lien primaire, actuel ou surgi du passé, entre l’enfant et ses parents, projetée sur sa relation à la famille d’accueil.

Aux prises avec un accueilli qu’elle ne reconnaît plus, la famille d’accueil s’adresse à l’équipe, lui reprochant de lui avoir caché son état de santé psychique et intellectuel. Son impuissance à apaiser les manifestations de souffrance de l’enfant qui revendique son appartenance à sa famille d’origine entame son image de bonne mère. Son impossibilité à répondre aux besoins narcissiques de l’adulte la confronte aux limites de son pouvoir réparateur. La constatation que l’amour est impuissant à combler l’accueilli fait surgir des torrents d’émotions paradoxales qui la submergent et menacent son équilibre.

Ce temps, difficile à vivre, inévitable, n’en reste pas moins vivant et fertile. Il témoigne de la capacité de l’accueilli à réinvestir ses relations fondamentales grâce à la sécurité et au ressourcement de nouveaux liens affectifs dans lesquels il introduit des éléments appartenant à sa relation maternelle et paternelle. Ce faisant, il confirme le bien-fondé de l’indication d’accueil familial. Pour la famille d’accueil, ce mouvement d’éloignement et de rapprochement, qui y est animé, permet l’installation de sentiments ambivalents à l’égard de l’accueilli.

La parfaite connaissance des processus à l’œuvre et en jeu dans les crises et leur dénouement, la compréhension de la problématique du placement qui, loin d’apaiser les troubles, les ranime et les ravive, sont nécessaires pour que l’équipe puisse, en y résistant, soutenir chacun et contenir l’éruption latente de la violence, en permettant son dépassement et l’installation de l’accueil familial.

L’accompagnement et le rôle des intervenants spécialisés prennent ici tout leur sens : élaboration des difficultés, médiatisation des interactions, et dépassement du binôme illusion-désillusion pour que chacun trouve ou retrouve sa place.

A défaut, les relations entre les différents partenaires s’avèrent souvent difficiles, douloureuses et conflictuelles. Le risque de déboucher sur une rupture, ou sur une relation aliénante de type enfermement, est toujours présent.

La dynamique enfermée

Les mouvements plus ou moins marqués, repérables, qui scandent l’accueil familial contribuent à l’installer dans un cocon de tranquillité qui peut apparaître au premier regard comme un répit bien mérité apportant un certain confort des relations, mais peut aisément devenir un carcan d’où aucun avenir n’est perceptible.

Chacune des populations bénéficiaires de l’accueil familial peut être touchée par l’emprise chronique qui s’installe peu à peu. Les enfants n’ont pas été épargnés quand ils ont vécu toute leur jeunesse auprès d’une famille qui s’est substituée à leurs parents, au point que, adultes, ils font leur vie avec les seuls pôles d’attachement qui les reconnaissent. Les adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. actuellement en famille d’accueil sont, pour une très large partie, issus de ces histoires qui ont effacé le temps et les différences. Leur seule ressource est limitée au paysage que peut leur offrir leur famille d’accueil.

Ont également subi ces mouvements des malades mentaux chronicisés dans leurs troubles, et qui ont trouvé chez leur famille nourricière des espaces d’abolition du temps et des autres. Il n’était rien attendu d’eux, ni de ce qu’une vie familiale partagée pouvait leur offrir.

Naturellement, l’accueil familial tend vers un apaisement des conflits, et n’est viable dans la durée que si le vécu familial n’est pas perturbé par les troubles de l’accueilli ou les événements du quotidien. Mais, lorsque la vie familiale a trouvé, au travers de l’accueilli qu’elle prend en charge, un équilibre affectif, relationnel et matériel, s’organisent plus ou moins inconsciemment des résistances au changement.

La dynamique de l’accueil familial perd ici son sens de mouvement, de progression, pour ne laisser apparaître qu’un univers statique, quasi immuable, où même le passage du temps semble effacé.

Sans toujours être immobilisé par ces mouvements naturels, l’accueil familial appréhendé dans sa dimension dynamique laisse voir qu’il dure longtemps, malgré les projets et... le dynamisme de chacun.

C’est qu’aujourd’hui, les raisons qui ont conduit à séparer un enfant de ses parents, et à le prendre en charge dans un dispositif d’accueil familial, sont si graves que, malgré les efforts et le travail de construction ou de restauration des liens, il ne pourra grandir harmonieusement auprès de ses parents.

C’est qu’aujourd’hui, sauf à ce qu’un projet assigne l’accueil familial à une place transitoire, certains adultes sont orientés en dernier recours, voire pour leur dernier domicile.

bibliographie

Cirillo S. "Familles en crise et placement familial", ESF, 1994

David M. "Le placement familial, de la pratique à la théorie", ESF, 1989

Goldbter-Merinfeld E."L’accueil familial : intersection de systèmes et de temps", in Les interactions en accueil familial, Erès,1993

Peille F. "Appartenance et filiation", ESF, 1997

P.-S.

Avertissement : ce qui précède n’est qu’un des nombreux chapitres du Guide de l’accueil familial, publié en 2000 aux Éditions Dunod, Les textes réglementaires ayant évolué, certaines références aux contrats, rémunérations, lois... ne peuvent servir que de traces ou de repères « historiques ».