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1999 : L’accueil familial, une qualité de vie pour les personnes âgées

Mémoire de Christille Maubernard, Conseillère en économie sociale et familiale - 1999

Mémoire :

L’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois).  :
une qualité de vie pour les personnes âgées

Christille Maubernard - 1999

Conseillère en économie sociale et familiale - Formatrice
CAFAD

Sommaire :

1. Introduction *

2. Méthodologie *

3. Être vieux : du statut à l’image *

3.1 Être vieux *

3.2 Définir la qualité d’un accueil : *

3.2.1 Vivre dans un cadre qui "nous convient" *
3.2.2 Être respecté dans sa personnalité et dans son histoire

*

3.2.3 Lire dans les yeux d’autrui du respect et de la considération *
3.2.4 Garder le droit à la parole et à décider pour soi-même *
3.2.5 Le refus de la vision fataliste de la vieillesse *
3.2.6 La qualité de la vie : un petit bonheur chaque jour *

4. Entre le domicile et l’institution, une alternative : la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" !
*

4.1 La loi n° 89-475 du 10 juillet 1989 *

4.1.1 Avant la loi, un vide juridique favorisant des situations
inadmissibles

*

4.1.2 La loi du 10 juillet 1989, de nombreuses carences *
4.1.3 Des interprétations et des applications de la loi variables suivant
les départements *

4.2 Les familles d’accueil, un choix riche de nombreuses possibilités *

4.2.1 Vivre en famille d’accueil, pourquoi ?

*

4.2.2 Famille d’accueil, qui êtes-vous ? *
4.2.3 Accueillir chez soi une personne âgée dépendante : les raisons
d’un choix *

4.3 Être famille d’accueil : une mission difficile, de nombreux besoins *

4.3.1 Faire une pause dans l’accueil : le relais

*

4.3.2 Pour partager ses joies et ses difficultés : l’écoute *
4.3.3 Le besoin d’un témoin, d’un garant, d’un conciliateur, d’un
médiateur : le tiers indispensable *
4.3.4 La personne âgée dépendante, des besoins spécifiques *
4.3.5 Le métier d’accueillant, un rôle polyvalent *

5. Accueillir une personne âgée dépendante : l’inventaire des réponses
aux besoins des familles
*

5.1 Les services à la disposition de tous *

5.2 Les services spécifiques aux familles d’accueil *

5.2.1 Cheminer aux côtés des familles d’accueil et des personnes
accueillies, un rôle difficile : le suivi

*

5.2.2 Le suivi, le contrôle des réponses pleinement adaptées aux
besoins ? *
5.2.3 Rédiger les fiches de paie : un service offert par les associations
mandataires *
5.2.4 S’unir pour défendre ses droits et ses besoins : les associations
de famille d’accueil *
5.2.5 En matière de relais, les ressources possibles *
5.2.6 Se former : les réponses actuelles aux besoins des familles *

6. La formation, le suivi : des réponses adaptées à la mise en place d’un
accueil de qualité
*

6.1 Vérification de mon hypothèse *

6.1.1 La formation

*

6.1.2 Le suivi *
6.1.3 Le réseau *

6.2 Un plan de formation adapté aux besoins des familles d’accueil *

6.2.1 Avant l’accueil, la nécessité de s’informer et de se former

*

6.2.2 Se former tout au long de l’accueil *

6.3 Permettre aux familles d’accueil d’offrir un service de qualité : un
suivi polyvalent et concerté
*

7. Conclusion *

8. Remerciements *

9. Bibliographie

Introduction

Les établissements pour les personnes âgées les plus dépendantes donnent
souvent l’impression d’être des ghettos : on n’y rencontre que les
personnes âgées, ceux qui les assistent et les personnes qui les visitent,
souvent plus très jeunes elles-mêmes, mais pas de jeunes, pas d’enfants.

Les personnes très âgées qui y vivent sont souvent atteintes de troubles
physiques et/ou psychologiques qui ne permettent plus une communication et des
échanges aisés. Elles paraissent avoir perdu leur identité, elles sont
devenues des vieux, des "pépés", des "mémés". Elles
vivent dans un univers très restreint : " du lit à la fenêtre,
puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit ". Et, hors du petit
cercle familial ou amical qui les visite, elles sont souvent très isolées.

Face aux difficultés liées à l’état de dépendance, le maintien à
domicile reste le choix préféré par la plupart des personnes âgées et leurs
familles. Pour le favoriser, de nombreuses structures sont mises en place (
S.S.I.D., services d’aide ménagère, livraison de repas...). Toutefois, ces
possibilités atteignent parfois leurs limites. Quand vivre au domicile n’est
plus souhaité ou souhaitable, l’accueil dans une institution est la solution
la plus connue (foyer-logement, MARPA, foyer logement, unités de soins de
longue durée...)

Toutefois, les structures collectives ne répondent pas à tous les besoins
des personnes âgées. Pour le Dr PLOTON, en effet, la personne âgée est
amenée à quitter son domicile pour trois raisons :

  • le besoin d’aide,
  • l’isolement,
  • l’insécurité.

La structure que la personne âgée va rejoindre doit donc assurer ces
besoins essentiels. L’affaiblissement physique, la fragilité psychologique
créent un sentiment d’insécurité aussi bien affectif que matériel. Mais les
collectivités ne sont pas adaptées à répondre à ces besoins affectifs. En
outre, la vie en grand groupe est difficile et elle est, paradoxalement, source
de solitude. Ces structures ont d’ailleurs souvent mis en place des petites
unités de vie et ce, quel que soit le public accueilli (maison d’enfants, CHS
ou long séjour).

Mon expérience personnelle m’a sensibilisée à la difficulté de trouver
une solution de prise en charge pour les personnes âgées dépendantes. J’ai
voulu connaître les formules alternatives répondant aux différents besoins.

Une infirmière formée en gérontologie m’a parlé de cette formule
différente, originale et méconnue du grand public, à la fois nouvelle et
traditionnelle : l’accueil familial.

En effet, celle-ci permet à la personne âgée de vivre :

  • au sein d’une famille, même si ce n’est pas la sienne,
  • dans "leur maison" comme certains accueillis me l’ont dit
  • en bénéficiant d’un accompagnement personnalisé.

Cette solution, qui ouvre de nouvelles possibilités, m’a paru intéressante.
J’ai donc choisi d’aller à la rencontre des personnes âgées, des familles
d’accueil mais aussi des équipes chargées du suivi et du contrôle pour
découvrir l’accueil familial. J’ai pu rencontrer les accueillants de ma région
dans des villages ou de petites villes. J’ai aimé visiter ces villas au coeur
des lotissements, ces maisons bourgeoises, ces maisons de village où des
personnes, riches d’une expérience humaine incomparable, accompagnent les
dernières années de leurs semblables.

Au cours de ces rencontres, j’ai appris à connaître leurs difficultés et
leurs besoins, les possibilités qui leur sont offertes. Lors de mes échanges,
rencontres et lectures, j’ai pu appréhender combien la tâche des familles
d’accueil est valorisante, difficile et exigeante, combien elles se sentent
parfois isolées, voire découragées.

Le même texte de lois régit l’accueil des personnes âgées et des
handicapés adultes. Je m’occuperai ici exclusivement de l’accueil de
personnes âgées, ce sera mon champ d’investigation
. Toutefois certaines
des personnes dont je parlerai ici sont des personnes handicapées mentales
et/ou physiques dont l’accueil entre dès l’âge de 60 ans dans la catégorie
"accueil personnes âgées ".

La problématique que j’ai choisie d’explorer sera la suivante :

Quelles pourraient être les modalités qui permettraient d’optimiser les
conditions de travail des familles d’accueil ?

Mon hypothèse sera la suivante :

La formation des accueillants, la création d’un réseau actif intégrant les
familles d’accueil, un suivi plus attentif peuvent permettre de faciliter leur
travail, de les soutenir afin d’offrir aux personnes âgées un accueil de
meilleure qualité.

Bénéficier d’une qualité de vie, c’est lorsque, pour une personne
donnée, sont réunis les facteurs qui lui permettront, non pas de survivre,
mais de jouir de la vie. Pour une personne accueillie, il y a qualité de vie
quand son accueil est réussi, c’est à dire que les facteurs qui lui sont
propres sont réunis.

Dans l’optique d’un accueil de qualité, je présenterai :

  • Le contexte actuel et le thème du vieillissement, le concept de qualité
    de vie,
  • la loi sur l’accueil familial, et les différents acteurs, les besoins des
    familles
  • les réponses observées sur le terrain à ces besoins,
  • enfin, la vérification de mes hypothèses et mes propositions.

Méthodologie

J’ai d’abord voulu connaître, de manière assez large, le sujet des
personnes âgées dépendantes. Pour cela, j’ai rencontré une infirmière
travaillant dans un centre de long séjour pour m’informer sur le fonctionnement
des structures collectives.

Après cette première étude, je me suis précisément intéressée aux
familles d’accueil.
J’ai eu des entretiens avec des professionnels du suivi médico-social : les
assistantes sociales, le personnel administratif, la responsable d’une
association gérant l’accueil familial, les infirmières et les médecins qui
effectuent le suivi, parmi ceux auxquels les Conseils Généraux du Gard, du
Vaucluse et de l’Isère ont délégué une mission auprès des familles d’accueil
(voir grilles d’entretien annexe N° 6).

Grâce au service de documentation du Conseil général de Vaucluse, j’ai
visionné des cassettes et j’ai pu lire des articles de journaux et des livres
présentant le thème du vieillissement, les approches théoriques,
sociologiques et scientifiques (voir bibliographie).

Puis, à propos de l’accueil familial, j’ai étudié le travail de synthèse
réalisé par l’UNAFA. J’ai consulté les livrets d’information réalisés par
les Conseils Généraux que j’ai rencontrés, la synthèse de l’IFREP. J’ai lu
le seul livre (?) existant sur le thème de l’accueil familial ainsi que les
revues éditées par l’IPI, enfin j’ai réuni une revue de presse sur ce thème,
en particulier, l’article du Monde.

J’ai rencontré neuf accueillants (dont une des responsables de l’UNAFA) sur
les trois départements du Gard, du Vaucluse et de l’Isère. Dans ce travail,
j’ai privilégié les contacts directs. J’ai échangé avec les familles
d’accueil sur le mode de l’entretien semi-directif (voir annexe N°6) afin de
pouvoir recueillir leurs témoignages de manière très large. Souvent, les
échanges se sont déroulés en présence d’autres personnes : le conjoint, les
enfants, la ou les personne(s) âgée(s) (annexe N°7), l’assistante sociale
avec laquelle j’ai fait certaines des visites de suivi, un intervenant. Les
entretiens ont souvent été bien différents de ce que j’avais préparé mais
toujours très riches, passionnants. J’ai choisi cette méthode de recherche car
je voulais découvrir sur le terrain la pratique de l’accueil familial. Malgré
leur travail, les familles d’accueil ont été très disponibles et
accueillantes.

De la même manière, j’ai rencontré les équipes de suivi. Pour le Gard,
deux assistantes sociales, deux infirmières et la responsable administrative.
Pour l’Isère, j’ai eu un très long entretien téléphonique avec la
responsable de l’ADAFPA. Pour le Vaucluse, j’ai effectué des visites avec une
des assistantes sociales, j’ai participé à une réunion de synthèse et
rencontré deux responsables administratifs (grille d’entretien : annexe N°8).

Mes grilles d’entretien sont larges. Je n’ai pas adopté un mode très
structuré afin de leur laisser toute possibilité d’expression L’analyse des
éléments que j’ai recueillis a été longue car ils touchaient à des domaines
très variés et ne correspondaient pas à un questionnaire. La population
étudiée est constituée des familles d’accueil du Gard, du Vaucluse et de
l’Isère que j’ai rencontrées. Je n’ai pas fait d’analyse statistique,
considérant que mon échantillon était trop faible. J’ai élargie mon analyse
grâce aux témoignages des équipes de suivi, des responsables de l’UNAFA et à
l’étude national de l’IFREP . J’ai observé, aussi, dans le contexte, des
moments de la vie des familles d’accueil : repas, lever...

Être vieux : du statut à l’image

Être vieux

"Depuis le début du siècle, la proportion de personnes âgées
augmente alors que celle des jeunes diminue. Ce phénomène, observable avec
plus ou moins d’acuité dans l’ensemble des pays développés, a profondément
modifié une société qui, depuis toujours, était marquée par un nombre très
minoritaire de personnes âgées.

On constate une hausse régulière de l’espérance de vie à la naissance
comme aux âges plus élevés. En 1993, l’espérance de vie à la naissance
était, en France, de plus de 81 ans pour les femmes et d’un peu plus de 73 ans
pour les hommes. Au cours, de la dernière décennie elle a augmenté, en
moyenne, d’un trimestre par an. Cette augmentation de l’espérance de vie doit
beaucoup aux progrès de la médecine qui se traduisent notamment par un recul
de la mortalité aux âges avancés.

D’autre part, le vieillissement de la population française va en s’accentuant.
"Il trouve son origine dans un double phénomène : la baisse de la
fécondité et l’allongement de l’espérance de vie. Alors qu’au début du
siècle, les personnes âgées de plus de 60 ans représentaient 15.5 % de la
population totale, ils constituent 30 %. Celle des plus de 75 ans, groupe d’âge
le plus concerné par les risques de pathologies mentales liées au
vieillissement, est passée, quant à elle, de 2.8 % à 9 % soit un
triplement."

Il y donc plus de vieux, mais qu’est ce que vieillir ? Pour les scientifiques
 :"son processus [...] est aussi mystérieux que l’ont été les mécanismes
de l’hérédité et des infections , et le sont largement encore ceux de la
différenciation et de la croissance, des cancers, dans la mesure où on ne sait
pas dans quelle direction il faudrait à coup sûr orienter les recherches pour
en définir les causes premières et y remédier éventuellement".

"Au long des années, il transforme un sujet adulte en bonne santé en
un individu fragile, dont la compétence et les réserves d’énergie diminuent
au niveau de la plupart des systèmes physiologiques, et ainsi devient de plus
en plus vulnérable à de nombreuses maladies et donc susceptible de mourir
rapidement.

Toutefois des progrès considérables ne cessent de s’opérer dans
" l’art de bien vieillir " et il ne faut pas perdre de vue
que cette sénescence conduit de moins en moins à la sénilité.

Ces perspectives positives ne doivent cependant pas occulter la survenue brutale
ou progressive d’incapacités physiques et /ou intellectuelles parfois
lourdes." Le vieillissement de la population est considéré par certains
auteurs comme un des problèmes majeurs de notre société. Pour ma part,
j’estime qu’il est d’abord une chance pour chacun de nous ; cet allongement de
notre durée de vie, dans de meilleures conditions, nous permet de jouir de la
vie tout simplement, plus longtemps que nos aïeux. En effet, l’Espérance de
Vie Sans Incapacité s’accroît.

Mais c’est aussi une chance pour la société tout entière. Les personnes
âgées ont de plus en plus un rôle et une importance essentiels au sein de
leur famille, par la solidarité entre les âges de la vie, au sein des villes
et des quartiers par le développement du bénévolat. Les enfants d’aujourd’hui
sont les premiers à pouvoir connaître non seulement leurs grands-parents, mais
aussi leurs arrière grands-parents voire leurs arrière arrières
grands-parents. A l’heure où beaucoup d’entre nous veulent connaître leurs
racines, cette rencontre pendant l’enfance est une expérience importante. Elle
n’est riche et vivante que si la personne reste intégrée, rencontre ses
proches ou d’autres personnes et conserve des capacités d’expression. Il est
aussi important que la personne garde ses capacités visuelles et auditives
suffisantes.

Un effort particulier est nécessaire pour entourer nos aînés devenus plus
fragiles et plus nombreux : "Nous accueillons aujourd’hui les classes
creuses de la guerre de 14-18", rappelle-t-on au secrétariat d’état à la
santé ; "il reste grosso modo, cinq ans pour agir". Il faut donc
réfléchir, aujourd’hui, aux modes de prise en charge : au niveau du
financement et à toutes les possibilités répondant aux besoins. Bref à des
accueils de qualité.

Définir la qualité d’un accueil :

Mon propos est de déterminer si, la formation, le suivi, la constitution
d’un réseau peuvent favoriser un accueil familial de meilleure qualité. Comme
je l’ai défini plus haut, l’accueil sera de qualité s’il permet d’offrir à un
individu donné une qualité de vie. Mais qu’est ce que la qualité de vie ?
Pour la définir, je n’ai pas voulu parler de parler de qualité de vie de

"la" personne âgée comme s’il s’agissait de personnes différentes
par essence. Mais j’ai choisi de la définir en général pour des adultes en y
intégrant des critères plus spécifiques ou négligés quand il s’agit de
personnes âgées dépendantes. Pour cela, j’ai retenu les cinq axes suivants

Vivre dans un cadre qui "nous convient"

On peut envisager la qualité de vie en terme d’hôtellerie : la taille des
pièces, les accès, les salles de bains. Mais, la qualité de vie, ce n’est pas
forcément des normes de confort. La génération des octogénaires n’a pas
bénéficié tout au long de sa vie du confort "moderne" et certains
continuent à le trouver superflu. Les personnes âgées que j’ai rencontrées
ne désiraient pas vivre la vie de château, mais beaucoup plus prosaïquement,
elles désiraient vivre soit à proximité de leur famille, dans une maison où
il y ait des animaux, à la campagne, par exemple et souvent dans une famille
plutôt qu’une institution. Pour beaucoup, la qualité de la vie c’est continuer
à vivre dans son cadre et tant pis, s’il s’agit d’une rue bruyante, d’une
maison isolée au confort rustique. Elles m’ont parlé, aussi, à regret, des
aménagements devenus indispensables à la qualité de leur vie en raison des
difficultés dues à l’âge ou à la maladie plutôt comme une contrainte que la
vie leur faisait subir que comme un choix de vie.

Être respecté dans sa personnalité et dans son histoire

Chaque personne du début à la fin de sa vie est singulière. Elle a droit
à être respectée dans ce qu’elle est : l’être unique qui entend exister
comme il le désire. Je me souviens d’un monsieur athée qui, ses forces
diminuant, subissait les pressions de son épouse pour qu’il débute une
pratique religieuse qui n’avait jamais été la sienne. Dans notre maturité,
nous sommes généralement capable de nous faire respecter. Mais, affaiblies,
les personnes âgées sont bien souvent les victimes de pressions de leur
entourage, des soignants...

Lire dans les yeux d’autrui du respect et de la considération

Tout au long de notre vie chacun d’entre nous a besoin de conserver une bonne
image de lui même. Avec les atteintes de l’âge, nous devenons plus fragiles et
notre image peut perdre de son éclat. Pour conserver une qualité de vie, il
faut à la fois reconnaître le vieillissement, l’accepter, tout en préservant
cette image aux yeux des autres et surtout à nos propres yeux. Pour ces
raisons, nous avons besoin de conserver des activités, de croire en nos
capacités à évoluer, à apprendre. Le "racisme anti-vieux" :
"les vieux sont égoïstes, avares..."fait souffrir les personnes
âgées qui en sont victimes. Enfin, nous avons besoin de conserver notre
identité sexuée ; le droit, en tant qu’adulte de vivre notre sexualité
librement

Garder le droit à la parole et à décider pour soi-même

En tant qu’adultes, nous avons droit à nous exprimer et à choisir jusqu’à
notre dernier souffle.

Quand les personnes s’affaiblissent, bien souvent, leur entourage insiste
pour qu’elles aillent vivre dans une institution. Bien sûr, certaines personnes
âgées sont dépendantes pour certains ou pour tous les actes de la vie
quotidienne. Elles conservent alors leur autonomie, c’est à dire qu’elles
restent capables de choisir leur vie. La qualité de la vie, c’est aussi choisir
tout au long de sa vie d’adulte, les risques que l’on veut prendre ! Si l’on
reconnaît à un homme ou une femme de 30 ans d’être pilote automobile ou de
gravir l’Everest, on va bien souvent refuser à une octogénaire le droit de
vivre seule dans une maison isolée !

Même si nous perdons notre autonomie, la qualité de la vie sera de garder
le droit à la parole, à choisir aussi souvent que possible : vêtements,
menus, soins.(voir annexe N°9 : lexique)

Le refus de la vision fataliste de la vieillesse

La vieillesse n’est pas l’échec de la vie, une fin en soi qui n’apporte plus
de raison de vivre, mais un moment privilégié d’échanges, un mode de vie
différent. Refuser la fatalité de la vieillesse, c’est continuer à se
dépasser, à se prendre en charge, à vivre sa citoyenneté jusqu’au bout.
C’est vivre avec des personnes qui nous reconnaissent le droit à la vie, nous
regardent sans répugnance malgré nos faiblesses.

La qualité de la vie : un petit bonheur chaque jour

C’est garder les petits et grands plaisirs différents pour chacun d’entre
nous. C’est donner et recevoir les signes quotidiens : le bonjour, le regard, le
sourire. C’est voir respecter par autrui l’intimité de son territoire, ses
habitudes de vie, son droit à l’expression. Tout ceci contribue à ce que,
même, très vieux, nous puissions affirmer : je compte aux yeux de quelqu’un.

Entre le domicile et l’institution, une alternative  : la famille d’accueil

La loi n°  89-475 du 10 juillet 1989

Avant la loi, un vide juridique favorisant des situations inadmissibles

L’accueil familial, une activité traditionnelle

La loi du 10 juillet 89 relative à l’accueil par des particuliers, à leur
domicile, à titre onéreux, de personnes âgées ou handicapées adultes n’a
pas "inventé" l’accueil familial des personnes âgées. En effet,
on trouve trace de cet accueil familial dès la Révolution : "le comité
de mendicité préconise [...] si l’on ne peut faire appel à la famille, de les
confier à une famille d’accueil à condition qu’ils aient plus de 60 ans et
moyennant une pension". Cette possibilité est régulièrement évoquée
dans les différents textes de loi. Elle est tantôt envisagée comme une
possibilité parmi d’autres, tantôt comme le dernier recours. Il n’existe
alors ni cadre structurant, ni médiateur, ni formation dans les textes de loi
qui l’évoquent. A côté de celles-ci, le placement familial pour malades
mentaux et handicapés et les enfants orphelins ou délaissés a été mis
place, lui, de façon très institutionnalisée. Le statut des assistantes
maternelles (agrément, formation, rémunération a été organisé en 1977 en
faisant des salariées de plein droit.

L’accueil familial des personnes âgées est assez traditionnel dans
certaines régions, le sud-ouest en particulier probablement à cause d’une
structure familiale rurale où la cohabitation de trois générations s’est
maintenue.

Face au vide juridique, le choix de légiférer

En 1989, les pouvoirs publics font le constat suivant : les lois en vigueur
ne permettent pas un contrôle suffisant et on assiste à de nombreux abus
(captation d’héritage, négligences à l’égard des personnes accueillies). Le
législateur a établi un cadre pouvant permettre un meilleur fonctionnement et
surtout un meilleur contrôle de cette pratique. Il a donné aux Conseils
Généraux la responsabilité de ce suivi, suite à la loi de décentralisation
votée en 1983 qui leur a donné compétence en matière d’aide sociale.

La loi du 10 juillet 1989, de nombreuses carences

La loi précise les obligations et les droits des deux parties : la
personne âgée (et son représentant légal), la famille d’accueil. Le
Conseil Général vise le contrat mais n’en n’est pas signataire, il ne s’engage
à aucun titre. Cette loi présente un paradoxe, elle touche deux types de
publics accueillis : les personnes âgées et les "handicapés
adultes" dont les problématiques et les situations sont bien différentes.
Les types d’accueil le seront aussi.

Dans le texte de loi, curieusement, le terme d’accueil familial n’est jamais
prononcé

La loi prévoit les modalités de l’accueil. Elle aborde les points suivants
 :

  • continuité,
  • garanties morales,
  • logement,
  • acceptation par les familles d’accueil du suivi social et médico-social,
  • obligation d’agrément, délivrée par le président du Conseil Général

Reconnaître les capacités morales et matérielles,
l’agrément
 

Il est donné à une personne désirant accueillir : l’accueillant. Il prend
en compte le contexte de la famille et est valable seulement dans la situation
pour laquelle il a été accordé. Par exemple, pour une personne qui
déménage, même à l’intérieur du département, l’agrément sera réévalué.
L’agrément est donné pour une personne accueillie, il peut, éventuellement,
être étendu à deux, puis trois personnes au maximum par dérogation. Il
précise :

L’agrément est de la compétence du président du Conseil général du
département concerné.
Suivant les équipes, les critères d’évaluation en vue de sont variables ; le
plus souvent, elles évoquent : les motivations, une certaine souplesse, une
tolérance, une absence de rigidité (par exemple une personne qui ne soit pas
obsédée par l’entretien de son intérieur), un goût des relations humaines,
une indulgence vis à vis des défauts ou des faiblesses des autres. D’après
les personnes chargées des visites en vue de l’agrément, certaines familles
candidates idéalisent cette activité, elles pensent que les personnes seront
assez autonomes, qu’elles iront au club du troisième âge, par exemple. Elles
n’ont pas toujours conscience qu’elles vont se trouver face à des difficultés
 : communication, soins, détérioration de l’état de la personne. Elles doivent
être conscientes que les personnes accueillies sont susceptibles, par exemple,
de devenir grabataires ce qui peut amener à refuser de continuer la prise en
charge. Elles ne doivent surtout pas confondre leur éventuel métier avec une
hôtellerie type "chambre d’hôte".

Certaines équipes ont mis sur pied des grilles d’évaluation pour n’oublier
aucun point et parler des mêmes choses, même si, la subjectivité est
inévitable. Au cours des entretiens préalables à l’agrément, les équipes
interrogent longuement les familles candidates sur leur projet : le déroulement
des journées, les absences (courses, la vie privée), les avis des membres de
la famille ?

Déterminer les services et les engagements de
chacun, le contrat

Il est signé par l’accueillant et l’accueilli, visé par les services du
conseil général. C’est un contrat type, proposé par le Conseil Général, qui
prévoit trois parties :

Le coût mensuel d’un accueil varie de 6 500 F à 8 500 F. C’est beaucoup
moins que dans une institution où le coût de prise en charge pour les mêmes
problématiques peut atteindre de 11 000 F à 12 000 F. Sur 6 500 F, la
répartition s’effectue de la manière suivante : 2 000 F pour les frais, 1 500
F à 1 800 F de loyer et seulement 3 000 F de salaire soit 100 F par jour.

La protection sociale des accueillants

Le contrat prévoit une affiliation au régime général de la sécurité
sociale, les cotisations de retraite complémentaire. Par contre, il n’y a ni
cotisation au régime ASSEDIC, de couverture en cas accident du travail et de
maladies professionnelles. Bien qu’il s’agisse d’un travail salarié puisqu’il y
a fiche de paie, les litiges ne relèvent pas des prud’hommes mais du tribunal
d’instance. Il n’y a pas non plus de service de remplacement, ni de congés
payés lorsque la famille désire se reposer. Dans ce cas, c’est elle qui doit
recruter et rémunérer son remplaçant. Enfin, pour un an d’accueil d’une
personne, en raison du faible niveau des rémunérations, un trimestre de
retraite seulement sera validé. Cet aspect est important car les accueillants
ont souvent eu peu d’activité salariée.

Un employeur paradoxal : la personne accueillie

La personne âgée est "l’employeur" de l’accueillant. En tant
qu’employeur, la rédaction de la fiche de paie et la déclaration auprès de
l’URSSAF sont légalement de sa responsabilité !

Pour prévenir les captations d’héritage, un
régime spécifique des successions et
des libéralités

Le bénéficiaire de l’agrément, son conjoint ou concubin, ses descendants
en ligne directe ne peuvent profiter de dispositions entre vifs ou
testamentaires faites en leur faveur par la ou les personnes qu’ils accueillent.

Quand les conditions ne sont plus assurées : le
retrait de l’agrément

Le retrait d’agrément peut intervenir pour les faits suivants :

  • un non respect du cadre de l’agrément (dépassement de l’effectif
    autorisé),
  • une facturation excessive du loyer,
  • l’absence d’assurance responsabilité civile,
  • la sécurité non assurée,
  • des négligences dans les soins dus au personnes.

Comme l’agrément, son retrait éventuel est prononcé par le Président du
Conseil Général.

Des interprétations et des applications de la loi variables suivant les départements

Bien entendu, certains accueils ne sont pas déclarés, soit que la famille
d’accueil agréée soit en sureffectif, soit qu’aucune démarche n’ait été
faite en ce sens. D’autre part, la loi sur l’accueil familial ne concerne que
l’accueil de personnes au-delà du 4ème degré de parenté même
dans les cas où l’accueil d’un membre de la famille est fait à titre onéreux.

Dans ce mémoire, je n’aborderai que les accueils familiaux entrant dans le
cadre de la loi.

Au 31/12/96, 5901 personnes âgées vivaient en familles d’accueil agréées
sur l’ensemble du territoire national. Elles sont très âgées, 61 % ont plus
de 80 ans, 74 % sont des femmes.

Tous les départements (à l’exception de 4 qui n’ont agréé aucun
particulier) mettent en oeuvre la loi du 10 juillet 1989. Ils peuvent opter pour
un fonctionnement :

  • en régie directe exclusivement (62 départements)
  • en conventionnement d’un ou plusieurs organismes (institutions sociales ou
    médico-sociales ou associations loi de 1901) habilités pour tout ou partie
    des missions d’agrément, de contrôle et de suivi (33 départements).

Les deux tiers des départements ont donc gardé l’exercice de l’ensemble des
missions en régie directe. La possibilité offerte par la loi de déléguer par
convention, à des organismes ou institutions, n’a été utilisée que par un
tiers des départements, mais, même dans ces circonstances, l’exercice de la
compétence des départements reste prépondérant.

De plus, quels que soient les principes retenus, les dispositifs mis en place
pour traiter l’ensemble des missions sont très divers dans leur organisation,
sur le plan de la répartition des compétences ainsi qu’au niveau des
articulations entre plusieurs services ou des délégations attribuées à des
organismes conventionnés.

Enfin, par son imprécision et ses ambiguïtés, cette loi a générer au
niveau des départements des situations très différentes et laissé certains
Conseils Généraux prendre des mesures abusives ou carrément illégales.
Certains Conseils Généraux ont fixé des barèmes de rémunération en
fonction de l’état de dépendance, ce qui n’était pas prévu par la loi. Dans
le Gard, il n’y a pas de prise en charge de l’aide sociale pour les familles
d’accueil afin d’éviter une discrimination. Les prises en charge de l’aide
sociale étant plafonnées, les tarifs auraient été moins élevés. L’équipe
a considéré que cela risquait d’entraîner une discrimination au niveau de
l’accueil et des soins entre les personnes accueillies. Ce choix est en
contradiction avec la loi.

Les familles d’accueil, un choix riche de nombreuses possibilités

Dans une famille d’accueil les échanges sont plus faciles et plus naturels
que dans une institution. Lorsque les accueillants ont la chaleur et
l’imagination nécessaire, ils redonnent de son "utilité" à la
personne accueillie, lui rendant ou lui conservant sa place et sa dignité. Dans
une famille, j’ai vu une dame qui se chargeait de l’entretien des plantes
d’appartement, plusieurs aident à la préparation des repas, une s’occupe du
chat de la maison Une vieille dame m’a dit : "au moins depuis que je suis
ici, je ne vois pas que des vieux à moitié gaga..." et "puis, mes
enfants et mes amies passent souvent, à la maison de retraite : ils avaient mis
des horaires de visite, et mes petits-enfants n’aimaient pas y venir".

Vivre en famille d’accueil, pourquoi ?

Des critères de choix très variables

Les motivations

Dans la plupart des cas, qu’il s’agisse du placement en maison de retraite ou
dans une autre structure, la décision vient souvent de l’entourage qui influe
dans ce sens. D’autre part, le placement intervient quand les services de
maintien à domicile atteignent leurs limites. J’ai rencontré, par exemple, des
personnes âgées dont le logement n’avait pas pu être adapté, une autre qui
avait peur, seule, chez elle ; d’autres enfin trop handicapées ou
désorientées.

Parfois, la personne âgée n’a plus la capacité de faire un choix
raisonné. Pour la plupart de celles que j’ai pu interroger, être accueillies
comme elles le sont " c’est le mieux, enfin, quand on ne peut plus rester
chez soi". Cela rejoint les études faites à ce sujet : quel que soit
l’âge de la personne interrogée, aucune ne désire vivre ses dernières
années dans une institution.

Les besoins

J’ai réparti les 17 personnes accueillies, que j’ai rencontrées dans trois
catégories de types de besoins d’accueil :

  1. Les besoins liés à la dépendance des personnes âgées du fait de leur
    grand âge.
    C’est la majorité des personnes que j’ai vue : 13
    personnes. Il s’agit de personnes qui ne peuvent plus rester à leur domicile
    et assurer leur quotidien malgré les aides disponibles. La famille d’accueil
    est une alternative à la vie en institution. C’est dans ce cadre que la
    personne vivra la dernière étape de sa vie et, parfois, le lieu où elle
    décédera. On lui assure des soins spécifiques (nursing, accompagnement à
    la mort). Cela nécessite un travail de soutien et d’accompagnement de la
    famille d’accueil.
  2. Les besoins type "maison de repos" pour des personnes
    âgées qui, après une hospitalisation, sont trop dépendantes pour regagner
    leur domicile, pour certaines momentanément : 3 des personnes rencontrées. Ici
    aussi des soins spécifiques sont nécessaires. Il y a aussi les séjours
    temporaires, pour l’hiver ou pendant l’absence de la famille. Dans ces deux cas,
    la famille naturelle est plus ou moins présente. Les services d’aide et de
    soins à domicile interviennent.
  3. Des accueils de personnes plus jeunes. un handicapé physique (64 ans)
    et une personne handicapée mentale : un jeune retraité sortant de CAT... Il
    peut s’agir de personnes sortant des service psychiatriques. Ces personnes sont
    sous tutelle. La famille naturelle est absente. Certains accueils sont la
    continuité d’accueils familiaux d’adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir
    • soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%,
    • soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail.
    , qui peuvent être la
    continuité d’accueils familiaux d’enfants. je n’en ai pas rencontré dans mes
    visites.

J’ai aussi rencontré un monsieur handicapé d’une quarantaine d’années
suite à un accident de voiture et une femme handicapée mentale du même âge.
Ils n’entrent pas dans le cadre de cette enquête. L’accueil familial présente
des contre indications : par exemple, la tuberculose. Ou certaines pathologies
psychiatriques qui peuvent mettre en péril l’équilibre psychique et nerveux de
la famille d’accueil et amener à une maltraitance, à une décompensation
psychique.

Placer son parent en famille d’accueil, les
critères de choix

Lors de sondages informels auprès de personnes âgées ou de familles,
j’ai pu constater que la solution famille d’accueil n’était pas connue et
jamais proposée par les services sociaux.
Les responsables administratifs
ont des contacts avec eux surtout pour des problèmes financiers afin de
définir ce qui est à la charge de chacun.

Une responsable du suivi m’a parlé d’une fille qui refusait le placement en
famille d’accueil de sa mère, elle disait : "je n’ai pas pu le ou la
garder ce n’était plus possible, il faut une maison de retraite"
.
Elle se refusait à envisager que, ce qui n’avait pas été possible pour elle,
puisse l’être pour une famille d’accueil. D’autre part, les familles naturelles
sont souvent culpabilisées de ne pas pouvoir assumer la charge du parent. Elles
peuvent avoir l’impression d’abandonner leur parent. Elles expriment parfois
cette culpabilité par des reproches injustifiés envers les personnes qui s’en
occupent. Il est donc nécessaire de prévoir des interventions pour atténuer
la culpabilité des parents qui ne peuvent s’occuper de leurs aînés, car les
difficultés relationnelles entre famille naturelle et famille d’accueil sont
fréquentes.

Les familles naturelles qui choisissent les familles d’accueil, considèrent
que la personne âgée y est plus entourée et se sentent moins coupables.

En zone rurale, en particulier, l’accueil familial permet une proximité, une
souplesse, une communication plus facile entre famille naturelle et
l’accueillant. Elle permet de rester dans le même environnement et évite de
partir vers une institution éloignée, de quitter définitivement son village,
sa famille, ses amis.

Un des critères de choix peut être aussi le désir d’un contrôle plus
proche qu’en établissement. Dans les familles d’accueil, les personnes
accueillies paient directement les personnes qui s’occupent d’elles, elles sont
donc plus en situation d’avoir des exigences. Les équipes de suivi m’ont
rapporté les propos de familles naturelles : "à la maison de retraite,
quand j’avais une remarque à faire, on me disait toujours de m’adresser à une
autre personne et, finalement, on ne tenait aucun compte de ce que je disais.
Ici, je n’ai qu’un seul interlocuteur"
.

Le critère de choix est souvent économique, même s’il y a possibilité de
trouver le même prix en collectivité, mais dans une autre zone ou dans de
moins bonnes conditions.

Famille d’accueil, qui êtes-vous ?

Selon Myriam David, le terme famille d’accueil introduit deux perspectives :

  1. Toute la famille, conjoint et enfants, est impliquée,
  2. La mère est rémunérée, elle assure l’ensemble des soins et
    l’éducation
    [de l’enfant] sans que celui-ci lui appartienne.

Cette définition me parait primordiale, certaines familles d’accueil ont
tendance à se voir comme la famille "tout court" de la personne
âgée accueillie. C’est ici le rôle d’une équipe de suivi attentive que de
fixer la place de chacun.

L’accueil familial est fait de contradictions : le terme "familial"
amène à considérer que cet accueil doit être fait comme s’il s’agissait d’un
parent mais, d’autre part, la majorité des équipes de suivi demande du
professionnalisme, ce qui rejoint, comme nous le verrons plus loin, les
préoccupations des associations de familles d’accueil.

Dans l’accueil familial, vie privée et vie professionnelle sont mêlées.
les familles d’accueil vivent mal parfois par le regard des équipes chargées
du suivi et du contrôle sur celles-ci

Un environnement social et géographique très
variable

Les familles d’accueil sont très différentes : par leur situation
géographique, l’ancienneté de l’accueil, leur âge, leurs expériences
professionnelles, leurs motivations, la composition de leur famille, leur
environnement, les personnes accueillies.

Les accueillants que j’ai rencontrés sont des femmes, entre 45 et 65 ans,
dont les enfants sont "sortis d’affaire", qui parfois se sentent un
peu seules. Quelques unes ont une expérience de l’accueil ou du travail social
ou médical : une personne faisait précédemment l’accueil de jeunes enfants et
s’est tournée vers les personnes âgées qu’elle trouve moins fatigantes. Elles
ont, en général, eu peu d’activité salariée et sont peu qualifiées. Devenir
famille d’accueil leur a permis de travailler et d’exercer une activité
valorisante. Les expériences professionnelles sont variées. J’ai rencontré,
par exemple, d’anciennes ouvrières, des agents hospitaliers mais aussi un
ex-agent immobilier, une éducatrice qui a eu des responsabilités d’encadrement
dans un service d’aide ménagère. Elles ont quelquefois travaillé auprès de
personnes âgées (aides soignantes, ASH). Avant, elles ont quelquefois pris
soin de leur propre parent, d’autres découvrent les exigences de leur travail
au fur et à mesure de l’accueil.

Il s’agissait d’habitat individuel à une exception près, plutôt en milieu
rural mais aussi en centre ville. Les équipes de suivi m’ont cité aussi des
accueils en HLM. Dans certains cas, l’habitat a été aménagé spécialement
pour cet accueil, loué ou même acheté dans ce but (une ancienne clinique). La
répartition géographique des familles d’accueil est variable entre les
départements et à l’intérieur des départements eux-mêmes. Il y a souvent un
phénomène de taches d’huile : "une de mes voisines ou amies accueillent
des personnes âgées, alors cela nous a donné l’idée à nous aussi.
Maintenant, il y a trois autres familles pas très loin qui font la même
chose".

Accueillir chez soi une personne âgée dépendante  : les raisons d’un choix

Les démarches des familles d’accueil sont très différentes. La première
des motivations est bien entendu financière. Mais ce choix est souvent aussi
motivé par d’autres démarches. Beaucoup disent qu’elles aiment rendre ce
service ; elles sont parfois dans un processus de réparation, par exemple une
personne qu’elles aimaient est décédée dans un dénuement affectif et elles
veulent offrir à d’autres personnes âgées une vieillesse heureuse.

Une personne chargée du suivi m’a expliqué qu’elle avait eu à faire face
à une famille d’accueil tentant d’empêcher le départ de la personne âgée,
vue comme un gagne-pain. Elle a été obligée de rappeler qu’il s’agissait d’un
choix auquel on peut mettre fin de part et d’autre si ça ne se passe pas bien.
Il faut toutefois rappeler que les statuts ne leur accordent pas le minimum de
sécurité en vigueur pour les salariés de droit commun.

Une autre personne m’a dit : "il fallait que je travaille à la
maison, je ne conduis pas. Ainsi je reste dans mon village et je m’occupe aussi
de ma mère".
Une personne m’a raconté qu’elle n’avait pas pu
supporter de voir son voisin sans famille obligé de quitter le village pour
aller dans un centre de long séjour et qu’elle lui avait alors proposé de
l’accueillir, puis, qu’elle avait continué avec d’autres personnes.

J’ai été frappé de voir une vieille dame, un peu désorientée et non
voyante tenir la main de son accueillante tout au long d’un entretien. D’autres,
devant moi, ré-expliquaient, écoutaient patiemment., énergie, attention,
affection, temps. Les familles d’accueil donnent énormément aux personnes
qu’elles accueillent. L’intendance aussi est lourde : lavage du linge,
préparation des repas, entretien des locaux, courses.... Pour faire face, elles
ont aussi beaucoup de besoins.

Être famille d’accueil : une mission difficile, de nombreux besoins

"Comment décrire le travail des familles d’accueil sans se perdre
dans une énumération fastidieuse, et dans tous les cas incomplète, des
tâches et fonctions qu’elles assurent au quotidien ?

Nourrir, héberger, veiller à l’hygiène voire laver, soigner, raser,
couper les ongles, coiffer, habiller. Nettoyer la chambre, ranger les armoires,
entretenir le linge. Surveiller la prise de médicaments, donner des limites,
rassurer, responsabiliser, faire confiance, faire participer, occuper.
Dialoguer, écouter, éduquer, apprendre, répéter, stimuler, encadrer,
motiver, aider, accompagner, s’intéresser à leur histoire, transporter,
recevoir les parents, comprendre, interpréter...

Du ménage aux relations humaines, de la surveillance à l’attention
bienveillante, l’éventail du travail des familles d’accueil est infini."

La pratique de maintien à domicile (ou plutôt de soutien selon certains
auteurs) des personnes âgées s’est beaucoup développée ces vingt dernières
années. Elle comprend en particulier, les services d’aide ménagère, le
portage des repas, l’entretien du linge, les services des soins infirmiers et
d’assistance à domicile. Elle a permis aux personnes âgées de vivre à leur
domicile plus longtemps, suivant leur désir. Pour cette raison, les personnes
rejoignant les structures d’accueil, et parmi celles-ci, les familles d’accueil,
sont beaucoup plus âgées et dépendantes qu’auparavant. La charge est plus
lourde et demande plus de qualification.

Les familles d’accueil et les équipes de suivi m’ont longuement parlé des
personnes accueillies, des difficultés rencontrées, des besoins des
accueillants, de la manière dont elles y faisaient face. Ces besoins sont très
variables en particulier suivant les expériences antérieures et le profil des
personnes accueillies.

J’ai réparti les besoins repérés en cinq points : les relais, l’écoute,
la médiation, la connaissance des besoins du vieillard dépendant et
l’apprentissage de compétences plus techniques.

Faire une pause dans l’accueil : le relais

Les familles d’accueil font face à une charge très lourde. Pour éviter
l’envahissement psychique, pour prendre des vacances, rencontrer des amis,
voyager ou encore se faire soigner, elles ont besoin de relais qui prennent en
charge les personnes accueillies. C’est le premier besoin évoqué par les
personnes que j’ai rencontrées.

Pour partager ses joies et ses difficultés : l’écoute

Être accueillant est une charge très exigeante ; l’accueillant (ou le
couple) peut se sentir très seul car il n’a pas le soutien d’une équipe. Il a
souvent le désir de partager son expérience, de trouver une personne qui
l’écoutera, l’aidera à trouver une solution, à relativiser les difficultés
du moment.

Le besoin d’un témoin, d’un garant, d’un conciliateur, d’un médiateur : le tiers indispensable

L’accueil familial demande un tiers pour mettre en relation les offres et les
demandes, voir quelle famille d’accueil disponible pourra assurer les besoins de
la personne susceptible d’être accueillie. Durant l’accueil, le tiers permet
d’exprimer les doléances, de gérer les conflits entre la famille d’accueil et
la personne accueillie ou la famille naturelle. Ce peut être l’équipe qui
effectue le suivi, un intervenant médical ou une association de familles
d’accueil.

La personne âgée dépendante, des besoins spécifiques

Ces besoins peuvent être dus au grand âge (besoins psychologiques et
physiologiques) ou aux différentes pathologies (suites d’AVC, diabète,
Alzheimer et autres démences séniles...).

Les professionnels : médecins, infirmières, kinésithérapeutes, SSID,
contribuent par leur exemple à la formation des accueillants : prévention des
escarres, manutention. Leur expérience et leur écoute permettent aussi à la
famille d’accueil de mieux analyser les problèmes et de les résoudre.

Le métier d’accueillant, un rôle polyvalent

Être famille d’accueil est une lourde charge exigeant une polyvalence. Dans
mes entretiens avec les équipes de suivi et les familles, avec les
professionnels de la gérontologie et dans ma bibliographie, les compétences
suivantes me sont apparues comme nécessaires :

  • la préparation de l’accueil, l’aménagement du lieu de vie, la
    négociation du contrat
  • communication, les relations de partenariat (famille naturelle,
    paramédicaux, tutelle)
  • déplacer la personne âgée (faire marcher, accompagner), les soins de
    nursing
  • accueillir, accompagner, soutenir, respecter la personne âgée
    dépendante...

Les familles d’accueil ont des besoins de relais, d’écoute, de médiation,
de formation. Lors de mes visites, j’ai compris que, lorsqu’elles ne disposaient
pas des ressources disponibles pour faire face, certains des critères de
qualité n’étaient plus réunis. J’ai alors recensé qu’elles étaient ces
ressources à la disposition des familles.

Accueillir une personne âgée dépendante : l’inventaire des réponses aux besoins des familles

Les services à la disposition de tous

Les services offerts aux personnes âgées, aux aidants (naturels ou non)
sont nombreux. Certaines structures municipales ou associatives assurent par
exemple l’accueil, l’information, l’orientation vers les services possibles
(caisses de retraite, les SSID, les professionnels libéraux, les services
sociaux, club du troisième âge, universités du troisième âge, les services
de prêts de matériel de type paramédical, les sociétés commercialisant des
produits d’hygiène, sans oublier les associations de bénévoles ou les
associations type France Alzheimer, des diabétiques de France, qui apportent
des informations et un soutien précieux).

Les services spécifiques aux familles d’accueil

Cheminer aux côtés des familles d’accueil et des personnes accueillies,
un rôle difficile : le suivi

Le suivi est l’élément de base d’un accueil de qualité : il permet de
veiller au respect des besoins de la personne. La personne âgée est
extrêmement fragile. Il faut s’assurer qu’elle a tout ce dont elle a besoin :
soins, nourriture, hygiène, soutien affectif, vie sociale et animation. Il faut
contrôler qu’il n’y a pas de sureffectifs. Dans certaines familles, les
équipes constatent des situations difficiles : où, par exemple, la personne
âgée se plaint de la sévérité de la famille d’accueil. D’autres où la
personne n’a pas accès à toute la maison, où elle est confinée dans sa
chambre (la famille prétextant que la personne âgée est fatiguée par les
enfants, les amis, la télé et qu’elle préfère demeurer dans sa chambre).
Mais ces situations sont difficiles à cerner d’autant plus que les personnes
sont parfois incohérentes.

Le rôle du suivi est aussi de veiller à l’équilibre de l’accueillant et de
sa famille. L’envahissement est un des risques qui le guette.

Chaque Conseil Général a mis en place sa propre procédure d’application de
la loi, celles-ci sont parfois bien différentes. J’évoquerai ici trois
exemples : le Gard, le Vaucluse, l’Isère.

Le Gard, un suivi partiellement délégué à
des équipes hospitalières

Pour le suivi, le Conseil Général a établi des conventions avec
différents établissements hospitaliers qui ont délégué ce rôle à des
équipes gériatriques composées d’une assistante sociale et d’une infirmière.
Ces équipes sont réparties sur quatre secteurs médico-sociaux.

Les études préalables à l’agrément sont effectuées par le médecin du
Conseil Général et les assistantes sociales de secteur. Celles-ci ne sont pas
satisfaites de cette formule car elles ne se sentent pas compétentes ne
connaissant pas bien la législation et la problématique de l’accueil familial.
Les équipes de suivi pensent que certaines familles n’auraient pas obtenu
l’agrément si l’évaluation avait été plus approfondie.

Le Vaucluse, un suivi en régie directe du
Conseil Général

Dans le département de Vaucluse, les services du Conseil Général ont
délimité différents territoires. Dans chacun d’entre eux, une assistante
sociale dépendant d’un CMS assure le suivi. Comme pour le Gard, un des
inconvénients de cette formule est que les travailleurs sociaux ont d’autres
missions à effectuer et ne peuvent consacrer au suivi suffisamment de temps.

L’Isère, un suivi entièrement délégué à
une association, l’ADAFPAH

Dans l’Isère, le Conseil Général a donné toute compétence à, l’ADAFPAH
pour gérer toutes les étapes du fonctionnement des familles d’accueil :
instruire les demandes d’agrément et effectuer le suivi social et
médico-social des personnes accueillies, âgées ou handicapées ne relevant
pas d’un suivi spécialisé. Une autre association, l’ASMI , s’occupe des
"adultes handicapés" par la maladie mentale.

Le suivi, le contrôle des réponses pleinement adaptées aux besoins ?

Les visites de suivi sont en général bimensuelles, sauf problème
particulier. Ce rythme parait insuffisant car les situations sont souvent
problématiques et susceptibles d’évoluer rapidement.

L’équipe de suivi peut avoir un rôle d’écoute mais, dans certains
départements, celle-ci assume en fait aussi la responsabilité du contrôle.
Les familles d’accueil peuvent craindre que le récit de leurs difficultés ne
leur nuise.. Dans d’autres, tel le Gard ce sont les médecins du Conseil
Général qui constituent l’équipe de contrôle. Il m’a semblé que ces deux
fonctions n’étaient sont pas très clairement explicitées. Un accueillant m’a
dit : "De toutes façons, au Conseil Général, ils font ce qu’ils
veulent, nous on est les larbins, on est payé au lance pierre ; ils sont
toujours à l’affût de ce qui ne va pas. Je n’ai pas fait d’étude, moi, ils
ont toujours raison"
.
La loi n’a pas prévu leur représentativité
au sein des différentes instances.

Les familles d’accueil et les associations qui les représentent font état,
parfois, de relations difficiles : "Les contrôles, qui s’attachent
davantage aux aspects matériels qu’à la qualité des relations humaines, sont
vécus comme une "inquisition" par les familles d’accueil : nous
souffrons du "syndrome des Thénardier", de la suspicion des
travailleurs sociaux, marqués par les abus qui ont eu lieu par le passé. Ils
contrôlent non seulement les accueillants et les accueillis, mais aussi le
reste de la famille. La vie privée, la dignité ne sont pas respectés".

Par ailleurs, "certains Conseils Généraux menacent de retirer à
la famille son agrément si elle n’accepte pas telle ou telle personne dans les
conditions financières qui lui sont proposées. Maisons de retraite et
hôpitaux psychiatriques se "débarrassent" ainsi des cas les plus
lourds, oubliant que la loi accorde aux familles le droit de choisir la personne
prise en charge..."

Dans l’éventualité d’un amendement de la loi, une différenciation des deux
rôles permettrait un meilleur fonctionnement. La responsabilité du suivi
pourrait être attribuée au Conseil Général, celle du contrôle à la
préfecture et donc à l’État. Les personnes concernées pourraient se
défendre et plaider leur cause vis à vis d’une administration comme chaque
usager peut le faire.

Pour l’UNAFA les familles d’accueil devraient signer des comptes rendu de
visite et en avoir le double afin d’être informées. Un cahier de l’accueilli
où figureraient : activités, état de santé, échanges divers, les visites et
commentaires de la famille naturelle, des intervenants, des équipes de suivi,
de la personne accueillie est une solution peu coûteuse et riche de
possibilités. Dans les cas d’urgence (décès, disparition d’une personne
âgée) les familles regrettent de ne pas avoir de permanence téléphonique
pour les week end.

Rédiger les fiches de paie : un service offert par les associations mandataires

Dans l’Isère par exemple, l’ADAFPAH est association mandatée pour
l’établissement des fiches de paie des accueillants. En effet, les personnes
âgées étant les employeurs de la famille d’accueil, elles ont théoriquement
la responsabilité d’établir les fiches de paie. Mais, en réalité, ce sont
leurs familles naturelles ou la famille d’accueil qui assurent cette formalité.
L’association mandataire prend donc en charge cette contrainte.

S’unir pour défendre ses droits et ses besoins : les associations de famille d’accueil

J’ai pu rencontrer et échanger longuement avec une des responsables de l’UNAFA.
Son action répond à certains besoins des familles d’accueil :

  • elle défend leurs intérêts auprès des différentes instances
    (nationales, départementales)
  • elle travaille à une meilleure reconnaissance de leur statut
  • elle est une force de proposition (exemples de contrat, proposition de
    formation)
  • elle sert de relais, de soutien et d’information entre les familles
    d’accueil, de médiateur avec les équipes de suivi
  • elle pourrait être un des partenaires des actions de formation
    entreprises.

En matière de relais, les ressources possibles

Comme je l’ai écrit plus haut, ce besoin est le premier exprimé par les
accueillants interrogés. Il est, par contrat, à la charge des familles
d’accueil, qui doivent recruter et payer leur remplaçant. Compte tenu des
rémunérations qui sont très faibles, c’est un obstacle aux éventuels congés
des accueillants. Mais les familles d’accueil ont aussi des difficultés à
trouver des relais. Ce sont le plus souvent des membres de la famille d’accueil
qui rendent ce service sans contrepartie financière, des parents de la personne
âgée ou la personne âgée est placée provisoirement dans une institution. Un
réel effort (des Conseils Généraux ?) est nécessaire pour permettre aux
familles d’accueil une vie plus équilibrée.

Se former : les réponses actuelles aux besoins des familles

La loi prévoit une formation "art. 1 [...] Le président du Conseil
Général instruit les demandes d’agrément, organise la formation et le
contrôle des personnes agréées et le suivi social et médico-social des
personnes accueillies"
mais n’en précise ni le contenu, ni la durée,
ni la périodicité. Suivant les Conseils Généraux, la mise en oeuvre est
très variable. D’après l’enquête de l’IFREP, la plupart des départements ont
mené ou envisagent de conduire des actions de formation. Elles sont très
disparates en terme de durée (3 à 72 heures) mais également en ce qui
concerne les personnes destinataires de la formation et les contenus. Ces
formations touchent environ un tiers des personnes agréées. Elles ne sont pas
toujours proposées ou exigées des accueillants déjà âgés et supposés ne
pas continuer cette activité encore longtemps ou ayant une expérience qui
semble suffisante.

Ces formations traitent majoritairement des aspects techniques (manutention,
toilette...) et théoriques (connaissance de la personne âgée ou handicapée,
des troubles du vieillissement et/ou du comportement) de la prise en charge des
personnes âgées et des personnes handicapées.

La formation, le suivi : des réponses adaptées à la mise en place d’un accueil de qualité

Après cette exploration du monde des "étude sur les familles
d’accueil, je vais tenter de vérifier que mon hypothèse : la formation de
l’accueillant et le suivi plus attentif et la constitution de réseaux peuvent
permettre d’offrir un accueil de qualité

Vérification de mon hypothèse

La formation

La loi a prévu une formation, j’ai recherché la nécessité de cette
exigence.

Dans les cas où la procédure d’agrément a été bien suivi, les personnes
ont les qualité "de fond" nécessaires à l’accueil. Elles savent
gérer l’entretien d’une maison, la préparation des repas, l’entretien du linge
par exemple... Elles ont aussi les capacités relationnelles suffisantes. Mais,
pour toutes les équipes de suivi, on peut difficilement, du jour au lendemain
accueillir dans de bonnes conditions si l’on n’a pas eu une formation ou une
expérience.. Il y a une quinzaine d’années, il s’agissait de personnes encore
relativement valides et au cours de leur vieillissement, les accueillants se
formaient aux difficultés éventuelles qui apparaissaient. Aujourd’hui elles
sont de plus en plus souvent très dépendantes et le travail est très lourd,
physiquement, nerveusement, il demande des compétences plus techniques. Quand
j’ai parlé, longuement avec toutes ces personnes de leur travail, il m’est
apparu que cette responsabilité de soin en gérontologie comme dans les autres
domaines ne s’improvisait. Dans tous les établissements recevant ce type de
population, les responsables d’établissements mettent sur pied des plans de
formation de leur personnel, les services d’aide ménagère proposent la
formation CAFAD. Toute la bibliographie que j’ai pu réunir en fait mention :
pour le réseau aire, elle est indissociable de la qualité en gérontologie,
pour J.C. Cébula, directeur de l’IFREP : "une formation préalable
est indispensable pour les candidats qui n’ont aucune connaissance de l’accueil
familial.".
Pour la DASS "les familles d’accueil ont d’autant
plus besoin d’être aidées, soutenues, formées qu’elles ne sont pas
socialement très favorisées"...

L’UNAFA réclame, aussi, la mise en place de formation. Les accueillants
seraient revaloriser, à leurs propres yeux, face aux personnes âgées, à leur
famille et face aux intervenants.

Le suivi

Comme la formation, le suivi est prévu par la loi. Comme lui, il est mis en
place de manière très variable : d’une visite par mois à une visite par an !
Dans les visites que j’ai pu effectuer, j’ai constaté que les familles avaient
besoin de ce soutien. Elles ont plaisir à échanger et à recevoir l’assistante
sociale, responsable du suivi. J’ai constaté qu’elles étaient quelquefois
soulagées de partager telle ou telle question, tel souci., telle
responsabilité. Combien elles avaient besoin d’être reconnues,
soutenues...Pour J.C. Cébula, ce suivi doit se concevoir plutôt comme un
accompagnement. Ici, il s’agit de bien former les intervenants à ce rôle
délicat qui demande maturité, écoute, respect, fermeté...

Le réseau

Je l’ai écrit plus haut, les familles d’accueil se sentent isolées,
d’autant plus que leur type d’activité ne favorise pas les rencontres et,
éloigne le réseau amical et familial : "quand on a un autiste ou un
grabataire qui bave à table cela fait fuir" Un réseau au sein duquel on
peut échanger, sur ses difficultés, sur ses joies et ses peines, trouver des
solutions de relais, orienter vers les professionnels compétents est à
cultiver. Pour les accueillants que j’ai interrogés, le principal avantage
des formations est de leur permettre de se rencontrer et de se connaître.

Bien entendu, l’UNAFA demande à ce que cette constitution de relais soit
favorisée. Les accueillants les plus intégrés à ces réseaux, les plus
demandeurs de rencontre, me sont apparues les plus solides pour faire face à
leur responsabilité. Cette possibilité de réseau n’est pas inscrite dans la
loi, pourtant, elle peut contribuer à la constitution d’une identité
professionnelle et à des accueils de qualité.

Un plan de formation adapté aux besoins des familles d’accueil

La formation, le suivi et la constitution d’un réseau sont mes trois axes.
Mes recherches ayant validé l’intérêt de les mettre en place, j’ai établi
sur cette base le projet suivant

Avant l’accueil, la nécessité de s’informer et de se former

Une rencontre d’information réunissant l’équipe de suivi, un accueillant et
les accueillants candidat et leur conjoint permettrait d’éliminer les projets
peu réalistes.

Un des principaux éléments de formation serait un stage dans une famille
d’accueil acceptant ce rôle d’accompagnement, qui pourrait se construire comme
un parrainage.
Il faudrait des personnes ayant pris du recul quant à leur
fonction, pouvant expliquer leurs choix et leurs gestes et, éventuellement les
théoriser. La personne candidate à devenir accueillant pourrait ainsi se
confronter à la réalité de l’accueil familial, tester ses capacités à
assumer cette charge. Le même type de formation peut s’envisager en maison de
retraite, mais, il me semble que dans une famille d’accueil, la personne
pourrait davantage se projeter dans son futur métier. Elle apprendrait des
façons de travailler, de s’organiser plus facilement transposables.

Ce stage permettrait de réfléchir à la rédaction d’un contrat véritable
où les éléments principaux auront été réellement évalués. La signature
deviendrait une étape essentielle, où la famille d’accueil prendrait la mesure
réelle de ses engagements : les frais et les services assurés par la famille
d’accueil : vêture, nourriture, soins, produits d’hygiène, sorties. Il serait
à adapter, après négociation tout au long de l’accueil. Comme toute décision
essentielle dans la vie d’une personne, il est important pour réussir, que le
choix ait été mûri : l’accueillant pourrait ainsi définir le type de
personnes âgées dépendantes qu’il se sent capable d’accueillir.

Se former tout au long de l’accueil

Se former et s’informer de manière autonome : le
service de documentation

La demande d’information porte sur de nombreux domaines. Les familles
d’accueil ont ainsi besoin de comprendre, d’analyser, d’innover. Dans ce but, on
peut concevoir un service de documentation proposé par les équipes de suivi :
cassettes vidéo, livres, revues, le tout très diversifié. Des réunions
seraient organisées sur des thèmes variées : prévenir les chutes, la maladie
d’Alzheimer... par un CCAS, un service d’aide ménagère, les service de suivi
des familles d’accueil. Elles s’adresseraient aussi bien aux aidants naturels
c’est à dire aux parents qu’aux professionnels des institutions, aux aides
ménagères.

Accéder à la formation continue : le droit de
chaque salarié

Comme nous l’avons précisé plus haut, les accueillants ont des
connaissances, des expériences, des difficultés et des besoins et très
variables. Mais, en matière de formation, les accueillants n’ont que les
possibilités qui leurs sont offertes par les services de suivi et ne peuvent
pas choisir les formations qu’ils désirent. Pourtant, le statut de famille
d’accueil devrait donner, comme le code du travail le prévoit, accès à aux
possibilités offertes par la formation. Il devrait prévoir à la fois leur
rémunération durant la formation ainsi que celle de leur remplaçant. Suivant
leur profil, les accueillants pourraient se joindre à des formations ouvertes
à des ASH, des aides soignantes ou des aidants natures, par exemple. Cela
permettrait en outre une connaissance réciproque des différents
professionnels, et des institutions. Cela éviterait les préjugés et les
caricatures par les uns et les autres.

Construire son identité professionnelle, échanger,
se former : participer à des groupes de parole

Les familles d’accueil ont besoin d’échanger sur leur difficultés, leur
manière d’y faire face. Les groupes de parole sont une possibilité
intéressante. Des groupes de parole rassemblant les professionnels des
institutions, les aidants naturels, les familles d’accueil pourraient être
crées.

Une formation continue validant un certificat
d’accueillant familial

Le statut de famille d’accueil doit donner lieu à la reconnaissance d’une
véritable compétence professionnelle liée à une expérience et à une
formation. Après une à deux années d’expérience et la validation de
différents modules, cette formation donnerait le certificat d’accueillant
familial.. Il faciliterait le dialogue entre les différentes parties. Pour
certaines équipes, le suivi serait, alors, moins nécessaire. Je pense que les
famille d’accueil ont besoin de formation et de suivi.

Former les familles d’accueil : comment choisir les intervenants ?

Il doit s’agir d’abord de personnes ayant l’expérience des soins quotidiens
aux personnes âgées ou le vécu de l’accueil familial. Certains des
accueillants ont évoqué devant moi la formation très théorique qu’ils
avaient reçue et qui "ne leur avait rien apporté". Suivant les
désirs et les besoins de l’accueillant, des modules pour l’accueil d’adultes
handicapés mentaux pourront s’ajouter puisque nous avons vu que les besoins et
les difficulté sont bien différentes.

Une formation : vers quels objectifs ?

Développer des savoirs, des savoirs faire et des savoirs être
indispensables pour exercer la fonction d’accueillant familial accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
. Permettre aux
accueillants de se rencontrer et de se connaître.. On peut envisager le
dispositif selon trois dimensions :

  • Un apprentissage de compétences théoriques et techniques
  • Un repérage du champ gérontologique global permettant à l’accueillant
    de se situer
  • Un travail sur soi de développement personnel, sur la communication, les
    aspects relationnels et l’approche intime du vieillissement.

Formation : quels thèmes, quels sujets ?

Les différents modules ne seront jamais abordés de manière théorique,
mais toujours à partir des questions, des échanges, afin qu’ils répondent à
de réels besoins.

Acquérir des compétences opératoires

  • les repas : principes diététiques de base, besoins nutritionnels et
    quantitatifs, aspect psychologique, adapter les repas aux besoins
    particuliers (régimes...)
  • les pathologies : le diabète, la maladie d’Alzheimer, de Parkinson, les
    suites d’AVC, l’arthrose, les conduites à tenir en cas d’urgence, les
    prothèses auditives, visuelles, dentaires ;
  • l’aide au déplacement et l’aménagement de l’environnement

Acquérir des repères dans le champ gérontologique global

  • connaître l’histoire de la personne âgée, son projet de vie actuel
  • les aspects socio-démographiques, le vieillissement, les effets sur les
    capacités physiques et intellectuelles, l’attitude de l’aidant face au
    vieillissement, le respect de la dignité
  • l’entourage : la famille naturelle, les intervenants, les équipes de
    suivi, les tutelles...

Acquérir un savoir-être : le travail sur soi-même

  • définition de l’accueil familial : ce qu’il est, ce qu’il n’est pas. Il y
    a probablement intérêt à travailler autour d’une charte de l’accueillant.
    Je propose en annexe un exemple de ce qu’elle pourrait être. (voir annexe
    N°8)
  • connaître ses limites : les risques psychologiques et physiques du
    métier d’accueillant,
  • la communication ( l’écoute, la discrétion professionnelle)
  • accompagner la fin de la vie, se préparer au décès, connaître le
    processus du deuil pour comprendre les réactions de l’entourage du défunt
    et ses propres réactions.

Certains sujets peuvent être travaillés de façon transversale : par
exemple, l’incontinence. C’est une humiliation pour la personne qui en souffre,
une agression (consciente ou non) pour les soignants : elle demande un travail
sur le savoir être. Elle doit être expliquée : les pathologies qui en sont la
cause. Des compétences techniques sont à acquérir : soins de nursing.

Mesurer le chemin parcouru, définir les besoins :
l’évaluation

Elle sera constituée d’un cahier où seront recensées les différentes
acquisitions nécessaires (suivant les accueillants). Au long du processus de
formation, ils évalueront, leurs acquis avec leur référent et établiront
leurs nouveaux besoins repérés avec de l’équipe de suivi.

Permettre aux familles d’accueil d’offrir un service de qualité : un suivi polyvalent et concerté

Nous l’avons vu, les besoins des familles sont nombreux, les équipes de
suivi doivent donc réunir des compétences multiples. Suivant les équipes, les
intervenants sont psychologues, assistants sociaux, infirmiers. Mais plus que
d’expert dans un domaine précis, les familles d’accueil ont besoin de personnes
polyvalentes pouvant les aider à trouver leurs propres solutions dans les
différents domaines : santé, diététique, psychologie, social, ergonomie...
Capables aussi de les orienter vers les personnes compétentes.

Organiser le relais entre familles d’accueil ou dans une institution par
exemple, une formation, gérer un service de documentation, se déplacer à la
demande pour une aide technique, faire une médiation avec un intervenant,
rencontrer les associations, organiser des stages ou des visites dans des
établissements, faire une animation itinérante dans les familles...

La CESF est compétente dans ces domaines. Elle pourrait s’intégrer au sein
d’une équipe de suivi pour faire vivre le réseau des familles d’accueil et de
partenaires.

Conclusion

Dans notre société, les personnes âgées dépendantes sont exclues,
elles ne participent plus aux échanges, elles ne sont plus dans le donner -
recevoir mais seulement dans le recevoir : une retraite, des visites. Elles sont
dans la situation humiliante, pour elles, de demander : des soins, de l’aide.
Elles l’expriment par : "maintenant, je suis inutile, je ne suis plus
bonne à rien".

Au sein d’une famille d’accueil, la personne âgée peut continuer à
participer à des échanges variés, connaître la vie de ses contemporains plus
jeunes. Elle peut aussi témoigner auprès d’eux de sa propre histoire, de celle
de sa famille ou de son village, se souvenir de sa propre cellule familiale...
Son accueil peut y être personnalisé : choix des menus, heures de lever et de
coucher... La personne âgée conserve un rythme de vie normal et garder ainsi
plus facilement des repères dans le temps. Elle peut bénéficier d’une plus
grande sécurité, psychologique et physique, par une surveillance plus
attentive et plus adaptée. Elle peut conserver le cadre qui lui convient :
choisir ses meubles, la tapisserie de sa chambre...

Pour l’accueillant, c’est une possibilité valorisante et affectivement
riche de travailler à domicile. En zone rurale défavorisée, cela permet de
maintenir une population et une activité.

Pourtant, l’accueil familial est une solution peu connue du grand public
mais aussi des travailleurs sociaux et des professionnels du secteur médical.
Parmi ceux que j’ai rencontrés, aucun ne la propose aux personnes âgées et à
leur famille.

Cependant, à la Direction de l’Action Sociale, on affirme être décidé à
sauvegarder cette forme d’accueil, jugée "pertinente" : "elle
évite de transplanter la personne âgée ou handicapée dans un milieu
anonyme..."

Si l’accueil familial représente une alternative intéressante, tout n’est
pas pour le mieux dans le meilleur des mondes au sein des familles d’accueil. En
effet la charge de travail est très lourde, continue. Les contraintes et les
responsabilités très importantes.

Enfin, et surtout, la loi du 10 juillet 1989 n’a pas permis de mettre en
place une véritable reconnaissance du travail effectué par les familles
d’accueil : les droits sociaux courants dans notre société ne sont pas
respectés. Les services de suivi et de contrôle sont parfois insuffisants ou
inadaptés aux familles d’accueil. Malgré tout ceci, l’accueil familial des
personnes âgées représente tout de même 1 % des places disponibles en
institution.

Pour que les familles d’accueil puissent faire face à leurs charges, pour
qu’elles gardent l’image d’accueil de qualité, il est nécessaire de rester
très attentif aux différents aspects de la loi : l’agrément doit être
fait dans le respect des critères, la formation doit permettre aux familles d’accueil
d’assurer les besoins des personnes âgées de la manière la plus
satisfaisante pour elles-mêmes et les personnes âgées. Mais, même très bien
formées, le besoin d’un suivi, d’un soutien attentif reste constant. Il doit
évoluer vers un véritable partenariat qui intégrera les familles d’accueil.
Enfin, celles-ci ont besoin de se soutenir, de se rencontrer et de se connaître
pour faire face à la solitude et à l’isolement qu’elles peuvent éprouver.
Tous ces éléments permettent aux accueillants de se positionner en tant que
véritables professionnels.

La prise en charge des personnes âgées dépendantes est un problème à la
fois familial et social. Afin d’assurer à certaines personnes âgées
dépendantes un accueil familial de qualité, les conseillères en économie

sociale et familiale, peuvent devenir, au sein de chaque Conseil Général,
les charnières indispensables. Elles peuvent contribuer à la mise en place de
la formation et de l’information, du suivi, des relais, du partenariat et des
médiations indispensables. Ainsi se développe cette formule traditionnelle
pleine d’avenir : la famille d’accueil pour personnes âgées.

Remerciements

À toutes les familles d’accueil qui m’ont ouvert leur porte, ont témoigné
longuement de leur travail, de leur histoire, de leurs joies et de leurs
difficultés,

Aux responsables des associations de familles d’accueil qui m’ont communiqué
des documents, m’ont explicité leurs positions, leurs expériences, les besoins
et difficultés des accueillants,

Aux équipes de suivi que j’ai accompagnée, parfois, dans leurs visites, qui
m’ont fait participer aux réunions de synthèse, m’ont reçue et m’ont exposé
les difficultés de leurs responsabilités de suivi et de contrôle,

Aux professionnels de la gérontologie qui m’ont fait découvrir les
différentes facettes de leur métier,

À ceux qui m’ont accompagnée dans la rédaction de ce mémoire, l’ont relu
et corrigé,

Aux vieilles personnes que j’ai rencontrées dans ce travail qui m’ont
accueillie avec gentillesse, et m’ont accordé leur confiance,

À l’infirmière spécialisée en gérontologie qui, la première, m’a, fait
découvrir les familles d’accueil me faisant prendre ce chemin passionnant où
j’ai fait tant de découvertes et de rencontres.

À tous donc, un grand "Merci"

Christille Maubernard

Bibliographie