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2004 : Documentaire : "Fin de vie assurée"

France 5, Jeudi 30 septembre 2004, 16h44

Rediffusions :

  • Jeudi 7 octobre 2004, 21h43 (câble, TPS et Canal Satellite)
  • Samedi 16 octobre 2004, 00h38 (câble, TPS et Canal Satellite)

Cet excellent documentaire a été tourné à Pernois et Vignacourt (Somme). Tout y est exprimé en finesse, quasiment sans commentaires - du quotidien des accueillants comme des accueillis aux aléas de cette profession méconnue et mal reconnue. Patricia, accueillante "modèle" pendant 10 ans, finit par être contrainte de renoncer à cette activité et se retrouve sans ressources ni statut...

"Fin de vie assurée", ce titre à double sens est bien trouvé !

La canicule du mois d’août 2003 a semblé révéler à la France l’isolement de ses personnes âgées. Or, entre le maintien à domicile, qui n’est pas toujours possible, et le placement en maison de retraite, il existe une solution intermédiaire : la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! . Elle permet aux personnes de vivre au sein d’un foyer, de participer à la vie de famille, d’être entourées par des enfants. Mais c’est une solution oubliée ou méconnue...

Patricia a 39 ans ; de jour comme de nuit, à son domicile, elle soigne, nourrit, lave, écoute et apporte « un peu de bonheur » à trois personnes âgées grabataires. Patricia n’a aucune formation, aucun diplôme, et, aucune existence officielle : en effet, accueillante familiale est une des rares activités légale et rémunérée qui ne figure pas dans le code du travail. Patricia reçoit de préférence des personnes en fin de vie.

À l’inverse, Ghislaine, mère de deux enfants en bas âge, préfère s’occuper de personnes âgées encore valides. Chaque jour en rentrant de l’école, son fils Aymeric, 4 ans, saute sur les genoux de son papy n° 2, un papy qu’il connaît mieux que son grand-père puisqu’il vit avec lui. À 28 ans, Ghislaine admet que les personnes âgées sont « la chance de sa vie ». Grâce à cette activité, elle peut rester chez elle pour élever ses enfants et elle gagne environ 2000 euros mensuels*. Un revenu inespéré pour cette femme qui n’avait d’autre perspective que de faire des ménages. (Programme sous-titré par télétexte pour les sourds et les malentendants)

Écrit et réalisé par Geneviève Roger et coproduit par Les Productions Cercle Bleu/France 3, avec la participation du CNC. Source : France 5


* 2000 euros mensuels : En fait, dans le reportage, Ghislaine explique :

  • qu’elle perçoit au total environ 15.000 francs par mois, pour l’accueil de 2 personnes
  • qu’elle évalue ses frais (achats, charges...) à 4.000 francs.
  • qu’il lui reste donc environ 11.000 francs par mois, un revenu qu’elle trouve très correct.

J’en déduis que ces 11.000 francs de revenus incluent le loyer des chambres mises à disposition. A 28 ans, Ghislaine ne se soucie pas encore trop de sa future retraite qui ne serait calculée que sur son salaire réel.


Article paru dans l’Humanité, édition du 25 septembre 2004.

Pension alternative

Geneviève Roger filme le quotidien de deux familles d’accueil pour personnes âgées.

Fin de vie assurée. - France 3. 16 h 45.

La profession ne figure pas dans le Code du travail, elle est mal connue, mais elle existe, elle est rémunérée et surtout juridiquement encadrée. Au 1er janvier 2000, la Direction de l’action sociale comptait, pour la France entière, seulement 9 300 personnes agréées hébergeant environ 15 000 adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. ou personnes âgées. Dans certains départements, cette alternative au placement en établissement spécialisé se met à peine en place.

La réalisatrice Geneviève Roger s’est intéressée au travail de deux accueillantes familiales du Nord-Pas-de-Calais, Patricia et Ghislaine. Respectivement âgées de trente-neuf et vingt-huit ans, elles ont aménagé leur maison pour des personnes âgées en fin de vie. Obtenir un agrément d’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). nécessite de respecter des obligations très précises et d’adapter son logement.

La réalisatrice filme les gestes quotidiens des accueillantes, qui s’occupent de leurs protégés du matin au soir et du soir au matin. Il ne s’agit pas seulement de mettre une chambre à la disposition des personnes qu’elles accueillent, souvent dépendantes pour les moindres gestes. Patricia et Ghislaine les nourrissent, les lavent, les écoutent. Une activité qui exige beaucoup de temps et de rigueur de la part des accueillants. Et une disponibilité réelle de toute la famille, comme le résume le mari de Ghislaine : « On dit qu’on fait ça pour de l’argent, mais il faut aimer les gens... et être capable aussi d’accueillir leur famille. » Chez eux, les enfants ont d’ailleurs fait de leur pensionnaire un second papy. Lequel n’est pas mécontent de son statut. Des liens privilégiés se nouent qui bénéficient aux uns et aux autres.

Pour autant, le documentaire de Geneviève Roger n’élude pas les questions les plus difficiles, omniprésentes pour les familles. « Tout le monde a peur de la mort, résume Patricia. Moi aussi, quand je vois toutes les souffrances qu’il y a autour, tout cet acharnement à ne pas mourir, cette lutte. Le jour où ça m’arrivera, j’espère qu’il y aura quelqu’un pour me tenir la main et me dire : tu n’es pas toute seule. »

Anne Roy