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24 - Formation

Former, un concept à géométrie variable - Problématique de la formation en accueil familial - Formation des assistantes maternelles et enjeux d’une
professionnalisation - La formation des accueillants adultes et le flou des statuts -
Former les autres acteurs de l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois).  : une nécessité -
La coformation : une perspective pour apprendre à travailler ensemble

Former, un concept à géométrie variable

Dispositif pédagogique qui vise à l’acquisition ou à l’entretien de compétences et de connaissances, la formation est au service de l’adaptation des personnes à l’amélioration des savoirs et des pratiques et à de nouvelles exigences professionnelles.

Il existe différents types de formations. On parlera de formation initiale pour des dispositifs situés avant l’entrée dans la vie active et qui relèvent du ministère de l’Éducation, ou de formation continue pour les autres. Depuis la loi du 16 juillet 1971 sur la formation professionnelle continue, ce secteur s’est considérablement développé, mais selon des modalités très variées.

Pour rapidement se repérer, on peut différencier les types de formations en fonction de certains critères. Selon leur durée, ou si leur terme se voit sanctionné par un diplôme, un titre homologué, une reconnaissance dans une convention collective ou une attestation de participation, il s’agira de formation diplômante, qualifiante, en cours d’emploi, continue...

Le lieu où elles se déroulent, et les liens existants entre celui qui commande et celui qui réalise la formation ne sont pas indifférents, et l’on distinguera les formations internes lorsque des personnels se forment ensemble avec un formateur de leur organisation, des formations externes si ce dernier intervient au nom d’un organisme de formation extérieur.

Il existe aussi des formations dites interentreprises qui réunissent des stagiaires de plusieurs institutions dans le même stage, ou des formations pluridisciplinaires si les participants ont des professions différentes.

Sans évoquer ici d’autres formes de dispositifs qui concernent peu les champs sanitaires et sociaux, notons cependant les formations actions qui visent à résoudre un problème concret dans l’environnement professionnel des stagiaires. Mettant en jeu des phases de diagnostic, d’acquisition de connaissances et de méthodologie, elles ne peuvent aboutir dans une perspective de transformation qu’avec l’implication concrète des décideurs.

Problématique de la formation en accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois).

La question de la formation en accueil familial est à distinguer d’emblée de celle de la formation des accueillants. Au risque, sinon, de réduire l’accueil familial aux familles d’accueils.

Pour les accueillants, quels que soient leur statut et le dispositif dans lequel ils exercent, il ne s’agit pas de formation initiale. Pour eux, la formation, lorsqu’elle existe, vient toujours après un agrément, seul accès à la fonction. Ce ne sont pas des critères de savoir qui président à l’entrée dans l’activité : l’obtention d’un diplôme n’est pas une nécessité.

En revanche, depuis longtemps et dans l’ensemble des dispositifs, la formation a été ressentie comme un besoin pour les accueillants au cours de leurs pratiques. L’identification de ces besoins reste très variable d’un secteur, voire d’un service à un autre. De l’information sur les difficultés ou les troubles de la population bénéficiaire ou sur le cadre institutionnel, à une élaboration de la pratique d’accueil au quotidien, en passant par une réflexion sur l’accueil familial, toutes les nuances et toutes les combinaisons se rencontrent.

L’évolution des formations est indissociable de l’évolution des pratiques. Il est indéniable que l’évolution de la conception de l’accueil familial des enfants ait appelé à une transformation progressive des pratiques, qui a elle-même conduit à une obligation de formation pour les assistantes maternelles. Actuellement, l’évolution se fait dans le sens inverse : l’obligation de formation des assistantes maternelles et les nouveaux enjeux de leur profession les conduisent à transformer leurs pratiques d’accueil, modifications qui influencent directement les pratiques d’accompagnement et les organisations institutionnelles.

Il n’en va pas de même pour l’accueil familial d’autres populations. Il semblerait que, dans le champ thérapeutique, les qualités recherchées chez les accueillants se soient élaborées, dans un premier temps, en opposition à celles des professionnels. Il s’agissait de préserver de la contamination des savoirs professionnels les qualités "naturelles", supposées thérapeutiques, des familles d’accueil. C’est évidemment une contre-indication à la formation, imaginée alors comme une dé-formation indésirable.

N’étant pas, à priori, embarrassé par la dimension thérapeutique, le champ social cherche plutôt à donner des qualités complémentaires aux accueillants qui, bien qu’en possession d’aptitudes naturelles, manquent malgré tout de compétences adaptées au travail qui leur est demandé. Même si, là aussi, la crainte du risque de dénaturation est constamment présente, qu’il s’agisse de proposer ou de concevoir des formations : "attention à ne pas les corrompre ! "

En revanche, si l’accueil familial, quels que soient la population accueillie et les bienfaits que l’on souhaite apporter, se pense comme un dispositif insécable, alors la formation des professionnels qui encadrent, suivent et accompagnent ne doit-elle pas se concevoir également ?

L’accueil familial, en tant qu’objet spécifique de connaissance construit par la psychologie, la sociologie et l’anthropologie, n’est guère enseigné, ni dans les facultés de médecine ou de sciences humaines, ni dans les instituts et les écoles préparant aux carrières sanitaires et sociales.

Certes, les pathologies et les handicaps, ou les problématiques liées à la séparation, sont abordés au cours de l’apprentissage des futurs professionnels qui interviendront dans les différents champs de l’accueil familial. Mais, est-ce suffisant pour se repérer, élaborer et intervenir ?

Les problèmes rencontrés dans les pratiques, les échanges avec les différents acteurs de l’accueil familial, et la lecture de certaines publications, convainquent avec force du contraire.

D’ailleurs, si l’on pense la formation comme une réponse aux besoins d’adaptation d’une personne à de nouvelles exigences professionnelles, la question devient plus simple : intervenir en accueil familial ne demande-t-il pas au professionnel une adaptation à des nécessités inédites ?

Formation des assistantes maternelles et enjeux d’une professionnalisation

Si la formation des assistantes maternelles est une obligation légale depuis 1992, son existence est beaucoup plus ancienne. Certains établissements ou services n’avaient pas attendu la loi pour mettre en place des formations. Cependant, la loi de 1992 constitue un pas décisif car la formation des assistantes maternelles reste, à cette époque, globalement insuffisante.

Le développement de la formation passe ici, comme dans bien d’autres secteurs, par un cadrage législatif. La loi de 1992, relative aux assistantes maternelles, sera complétée par un décret d’application du 27 novembre de la même année, qui en fixant les principes, les objectifs et les principaux contenus de la formation, en précisera la portée.

L’employeur d’une assistante maternelle accueillant des mineurs à titre permanent a une obligation de formation de 120 heures dans les trois ans qui suivent le premier contrat de travail consécutif à l’agrément. Ni condition d’agrément, ni préalable à l’accueil, la formation est donc bien une formation en cours d’accueil.

Il revient à l’employeur d’en organiser l’accès et d’en assurer le financement. Seuls des "…organismes de formation agréés à cet effet, par le directeur régional des affaires sanitaires et sociales…" pourront les dispenser (décret n° 92-1245 du 27 novembre 1992).

Une attestation de participation du stagiaire lui est remise en fin de stage, soit par l’organisme de formation, soit par le président du conseil général. Sur présentation de cette attestation, le directeur régional des affaires sanitaires et sociales délivrera, à toute personne qui lui en ferait la demande, un document certifiant que la formation remplissait les conditions prévues par le décret.

Avec les critères de dispense de formation, le législateur indique qu’il situe le métier d’assistante maternelle dans le registre de l’éducation, et plus particulièrement de l’éducation spéciale et du soin de la petite enfance. C’est du moins à ces champs qu’il l’apparente puisque les auxiliaires de puériculture, les éducateurs de jeunes enfants, les éducateurs spécialisés et les puéricultrices ne sont pas tenus à l’obligation de formation.

L’objectif de cette formation de 120 heures vise, à partir de la pratique professionnelle, à l’amélioration des connaissances dans quatre domaines : le développement de l’enfant, les enfants séparés vivant en famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! , le métier d’assistant (e) maternel (le) et les fonctions quotidiennes à tenir auprès de l’enfant, le cadre administratif et institutionnel de prise en charge de l’enfant et la coordination avec les différents intervenants.

Les objectifs généraux sont déclinés et approfondis, en annexe du décret précité, et ce de façon relativement précise. Chacun des quatre axes précédents se distribuent à tous les niveaux de l’accueil familial d’enfants, et il serait trop long ici de les reprendre tous.

À titre d’exemple, et pour illustrer le niveau de précision mentionné, l’annexe précitée indique notamment que la formation a pour objet de "développer l’aptitude de l’assistante ou l’assistant maternel à … travailler avec sa famille en repérant les places des uns et des autres par rapport à l’enfant accueilli et les effets de cette prise en charge pour les différents membres de la famille d’accueil”. Cet objectif est intéressant car, dans le mouvement de la professionnalisation inévitablement centrée sur l’assistante maternelle elle-même, la dimension familiale de l’accueil ne disparaît pas pour autant. C’est là un enjeu délicat : comment prendre en compte cette dimension dans un dispositif de formation ?

Aujourd’hui, le nombre d’assistantes maternelles agréées, formées ou en cours de formation dans le cadre des 120 heures, tend à se normaliser avec des résultats variables selon les modalités, les organismes et les programmes. Tous les cas de figure existent : de l’organisme qui propose un module de 120 heures pour des assistantes maternelles travaillant pour différents employeurs, à la formation interne d’un conseil général avec le risque, dans certain cas, de limiter l’expression des stagiaires, en passant par la formation externe où l’employeur fait appel à un organisme extérieur.

Le nombre d’assistantes maternelles constitue ce qu’il est convenu d’appeler un "marché", ce qui a pour conséquence de voir se multiplier des propositions de formation pas toujours adaptées aux besoins. Les associations professionnelles d’assistantes maternelles n’hésitent d’ailleurs pas à dénoncer des formations "douteuses", inadéquates ou impossibles, et même ce qu’elles qualifient de véritables "arnaques" (Bauche 1995). On peut, en effet, s’interroger sur la pertinence du télé-enseignement pour former des assistantes maternelles !

En ce qui concerne les programmes, là aussi, deux pièges sont à éviter. Celui d’un contenu trop théorique axé sur le développement de l’enfant qui, parfois, se limite essentiellement à la prime enfance (il y a aussi des adolescents en famille d’accueil), et ne prend pas suffisamment en compte la dimension de la séparation, de ses causes et de ses enjeux.

Et celui de la formation centrée sur la pratique ramenée à sa dimension anecdotique, tant le besoin de parler de leur pratique est grand chez les assistantes maternelles. Si l’objectif d’une formation qui vise à une professionnalisation est, pour reprendre la formule de Reynald Brizais, "…le passage d’une pratique pratiquante à une pratique praticienne…", alors le dispositif de formation, par ses méthodes et ses contenus, doit permettre l’élaboration de l’expérience professionnelle.

La formation des accueillants adultes et le flou des statuts

Dans tout dispositif d’accueil familial, les objectifs et la finalité de la formation des familles d’accueil doivent être traités avec attention. Une telle préoccupation se voit renforcée quant aux formations à dispenser aux accueillants d’adultes en raison du flou de leurs statuts, de l’inscription plus ou moins repérable de leur activité dans un contexte institutionnel et de l’enchevêtrement de leurs fonctions.

Certes, le législateur a inscrit l’obligation de formation, tant pour les particuliers agréés que pour les unités d’accueil familial thérapeutique AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
, en en laissant pour les premiers la charge aux conseils généraux, et à l’établissement hospitalier employeur pour les secondes. Il en est de même pour l’accueil des toxicomanes, l’arrêté du 18 octobre 1993 indiquant que le responsable du centre doit veiller à la formation des familles d’accueil.

Mais, former à quoi ? S’agit-il d’informations relatives aux problématiques des différentes populations accueillies : vieillissement, handicaps, maladies mentales, toxicomanies ? Ou de l’acquisition de techniques particulières visant à satisfaire les différents besoins des accueillis : techniques de soin, d’éducation, de thérapie, d’animation, d’hôtellerie ? A qui va-t-on emprunter son savoir-faire : à l’aide soignant, l’aide ménagère, la travailleuse familiale, l’infirmier, l’éducateur, l’animateur, le gestionnaire d’établissement hôtelier ?

Le cadre familial de l’accueil ne permet pas aisément de tels "transferts de technologies", sauf à transformer la famille d’accueil en sous professionnel mal adapté et surchargé, en lui enlevant toute possibilité de faire son travail dans la continuité relationnelle et l’intimité familiale qui fondent son identité.

Il est important que les familles qui se proposent d’accueillir des adultes âgés, handicapés, souffrant de troubles psychiques, sans avoir préalablement connaissance des limites de ce travail et des problèmes que peut poser l’accueil de tel ou tel type de personnes en difficulté, puissent bénéficier d’une sensibilisation à leur future activité.

Mais, l’essentiel du projet formatif des accueillants d’adultes réside dans un second temps, celui qui va leur permettre, dans un mouvement réflexif et articulé à leurs pratiques d’accueil, de constituer leur métier et d’inventer les outils qui lui seront adaptés.

En conclusion, qu’il s’agisse d’accueil familial d’enfants ou d’adultes, la formation des accueillants doit donc s’attacher à répondre à la spécificité et à la réalité des tâches et fonctions qui leur incombent. Son principal enjeu est d’apporter aux accueillants, au-delà des connaissances indispensables à leur activité et à son cadre, les moyens d’élaborer leur travail, leurs attitudes, leurs réponses aux comportements et aux besoins des accueillis. En ce sens, certains dispositifs collectifs favorisant la parole, l’expression et la réflexion sur la pratique ont également un caractère formatif.

Par ailleurs, la formation obligatoire liée au renouvellement de l’agrément est complétée par la formation continue. Reprenant des thèmes de la formation initiale, ou axée sur des besoins particuliers liés au type d’accueil, la formation continue confirme les accueillants dans un statut d’employés d’un dispositif ou service d’accueil familial.

Les espaces de formation proposés aux accueillants, et plus particulièrement lorsqu’elle est centrée sur l’élaboration des pratiques, ne peuvent donc éviter d’interroger la dimension familiale de l’accueil qui n’engage pas que le seul accueillant désigné. A qui doit être destinée la formation ? A lui exclusivement ou également à son conjoint ?

Former les autres acteurs de l’accueil familial : une nécessité

Il est aujourd’hui acquis que l’accueil familial repose sur deux types de professionnels : des accueillants, et des intervenants qui encadrent ou accompagnent l’accueil. En ce sens, la formation ne peut s’envisager seulement pour un seul de ces deux groupes d’acteurs, sauf à risquer, comme on le voit d’ailleurs dans certains accueils familiaux d’enfants avec l’accroissement de la formation des accueillants, la création d’un déséquilibre et finalement d’un malaise chez les intervenants.

Les professionnels des champs sanitaires et sociaux ne possèdent-ils pas, grâce à leurs formations initiales, les bagages nécessaires pour intervenir dans un accueil familial ? Mais, de quels bagages s’agit-il puisque l’accueil familial en tant qu’objet de connaissance propre est peu étudié et encore moins enseigné ?
De toutes façons, en rester là serait prendre le risque de réduire l’accueil familial à une modalité de prise en charge concomitante et secondaire, en la confinant dans sa seule fonction d’accueil et d’hébergement.

Une connaissance approfondie de la dynamique et de la problématique à l’œuvre en accueil familial, acquise par l’expérience et l’analyse des pratiques, est nécessaire pour en organiser, de façon adéquate, les cadres et les modalités de fonctionnement. Fixer le nombre d’accueils pour chaque professionnel chargé du suivi, définir le profil professionnel des accompagnants, adapter le statut des accueillants aux objectifs de l’accueil, autant de questions pratiques qui découlent de la spécificité de ce mode de prise en charge, dont la méconnaissance conduit souvent à des aberrations sur le terrain. La formation des décideurs et des cadres est probablement une clé indispensable pour assurer des fonctions adéquates aux côtés des accueillants, et pour le développement futur de ce mode de prise en charge.

La formation des professionnels qui ont la délicate fonction de mener le travail de rencontre et d’évaluation des candidats à l’accueil familial est également un enjeu essentiel. Par une réflexion sur les processus de l’accueil familial, une déconstruction de ses représentations, et la création de méthodes, se former à la rencontre et à l’évaluation fait obstacle à la pente de l’imaginaire des familles idéales.

De même pour le travail de suivi et d’accompagnement où se posent au moins deux problèmes. Tout d’abord, le professionnel doit se repérer et intervenir dans la complexité singulière des phénomènes que produit l’accueil familial. Et ensuite, il intervient auprès d’un groupe familial paradoxal à de nombreux égards, problématique à laquelle ses études l’ont rarement préparé.

Les objectifs de formation en accueil familial sont multiples, les thèmes à aborder nombreux, et les méthodologies professionnelles susceptibles d’étayer les pratiques variées. Le développement des pratiques ne peut se contenter de la simple mise en place de la formation des accueillants. L’accompagnement des évolutions de l’accueil familial passe par une évolution de son accompagnement.

La coformation : une perspective pour apprendre à travailler ensemble

Et pourquoi ne pas permettre aux différents professionnels de l’accueil familial de se former ensemble ? Au travers d’un groupe de formation qui offrirait un contexte différent pour parler de sa pratique, ne serait-ce pas une connaissance nouvelle de l’autre, accueillant ou accompagnant, qui trouverait là, à s’acquérir ?

Un tant soit peu dégagée des enjeux du quotidien, la formation propose à chacun de s’envisager plus librement et d’avancer dans l’élaboration de son travail. Se former ensemble à l’accueil familial permet une reconnaissance des places et des limites respectives de chacun. Il n’est pas déraisonnable de penser que ce type de dispositif formatif améliore l’articulation des rôles et des fonctions entre accueillants et équipe.

La coformation à l’accueil familial favorise cette reconnaissance et cette articulation, car la formation est un lieu de déconstruction des représentations, à la fois de l’objet "accueil familial", mais aussi de cet autre, partenaire dans le travail. La formation est un temps où l’on s’arrête pour clarifier et définir un objet. Définir l’accueil familial à partir de places différentes, c’est s’interdire de le réduire à une seule logique, à un seul discours ou à un seul point de vue. La définition reste ouverte, non finie, en transformation.

Mais ce travail essentiel d’élaboration commune de la pratique ne peut se faire sans l’installation préalable d’un minimum d’identité professionnelle de chacun. La coformation ne peut remplacer les formations qui auraient pour objectif la constitution de cette identité. Si les assistantes maternelles ont accès à ce chemin grâce à la formation de 120 heures, ce n’est que rarement le cas pour les accueillants d’adultes. Il serait préjudiciable à ces derniers, et à leurs futures pratiques, de ne pas pouvoir construire leurs fonctions avant de se confronter aux autres acteurs dans le cadre d’une formation commune.

Après la première étape que constitue l’acquisition d’une formation de base à la fonction d’accueillant, les possibilités de coformation restent nombreuses, telle la participation d’assistantes maternelles à des unités de valeurs de formation initiale d’élèves éducateurs, assistants sociaux, puéricultrices ou éducateurs de jeunes enfants.

Dans le cadre de la formation continue, des actions spécifiques intra-établissement ou pluridisciplinaires sont envisageables, nonobstant quelques précautions pédagogiques. La formation en intra-établissement implique des cadres contenants qui autorisent et favorisent une parole. L’idée, pour certaines assistantes maternelles, de suivre une formation avec le travailleur social réfèrent tourne au cauchemar, tant le conflit est consommé et la parole interdite. C’est précisément le sens de cette proposition à se former ensemble. Mais il ne faudrait pas que ce type d’action amplifie le conflit en fournissant "de nouvelles armes" à chacun des "belligérants".

En revanche, à l’extérieur de l’institution, des propositions ponctuelles de stage semblent plus aisément envisageables. En réunissant accueillants, accompagnants et décideurs de différentes institutions, elles iraient droit à l’essentiel : la confrontation des places différentes autour d’un objet commun.

En se formant ensemble, accueillants et accompagnants pourraient peut-être tordre le cou à cette bonne vieille image où l’on voit d’un côté l’accueillant fort de son savoir–faire, et de l’autre l’accompagnant plein de son savoir. Et ainsi, ouvrir à un savoir-être ensemble… partage des savoirs et libération des savoir-faire de chacun.

Bibliographie

Bauche F. "Autour de la formation", in compte-rendu des journées d’études "La formation des familles d’accueil », IFREP, 26 et 27 janvier 1995

Brizais R. "L’expérience du savoir à former", in L’accueil familial en revue, N°6, décembre 1998

Cébula J.C., Horel C. "Le placement familial de l’aide sociale à l’enfance", édition du Service de l’Information et de la Communication du Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville, 1994

Cébula J.C. "L’accueil familial des adultes", Dunod, 1999

David M. "Le placement familial, de la pratique à la théorie", ESF, 1989

Lorriaux J.P. "La formation de A à Z", Retz éditeur, 1998

L’accueil familial en revue, "La formation en accueil familial », N°6 décembre 1998

Compte-rendu des journées d’études IFREP 26 et 27 janvier 1995, La formation des familles d’accueils

P.-S.

Avertissement : ce qui précède n’est qu’un des nombreux chapitres du Guide de l’accueil familial, publié en 2000 aux Éditions Dunod, Les textes réglementaires ayant évolué, certaines références aux contrats, rémunérations, lois... ne peuvent servir que de traces ou de repères « historiques ».