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43 - Haute Loire : une alternative à la maison de retraite

Auteur : Isabelle Devoos, Le Progrès, 26 novembre 2010

Famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" !  : une alternative à la maison de retraite

Accueillir chez soi, à temps plein, des personnes âgées ou handicapées et leur faire partager une vie de famille, c’est la mission de Rose Boucaud. A Araules, elle exerce ce « métier » depuis quinze ans.

En Haute-Loire cinquante-cinq familles sont agréées par le conseil général pour accueillir, de façon durable, des personnes âgées et des adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir

à leur domicile, essentiellement en milieu rural.

A Araules, Rose Boucaud a fait ce choix, il y a quinze ans. D’abord pour éviter la solitude : « Après le décès de mes parents, dont je me suis occupé pendant treize ans, la maison m’a semblé bien vide. Mes enfants étaient grands et mon mari, chauffeur à la laiterie Gérentes, était souvent absent. Ce n’est pas les dix vaches laitières qui me prenaient beaucoup de temps d’autant que mon fils m’aidait à la ferme. Il fallait que je trouve à m’occuper. Je me suis proposée pour garder des personnes âgées. » Une vocation pour Rose Boucaud, qui se souvient qu’enfant, elle venait faire la lecture à son grand-père aveugle.

Elle suit donc une formation d’accueillant familial accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
, écoute l’expérience des autres. Des expériences parfois pénibles, mais reste convaincue qu’elle a l’étoffe nécessaire.

Une dizaine d’accueillis plus tard, elle n’échangerait pas sa place mais en convient : « Parfois, il faut se cramponner. C’est un travail astreignant. Je dois surveiller qu’ils prennent bien leurs médicaments. Les aider à la toilette même si des infirmiers se chargent de l’essentiel. Les accompagner tout au long de la journée. Le plus difficile, ce sont les personnes qui perdent la tête ou celles qui ont des pathologies parfois lourdes. »

Rose Boucaud a le soutien (indispensable) de sa famille car, plus qu’un métier, « c’est un choix de vie » qu’elle revendique. Son mari, aujourd’hui retraité, et son fils, qui vit à la maison, ont leur rôle à jouer.

Tous sont fiers de ce choix qui permet à « des personnes âgées de vivre dans un environnement familial souvent parce que leurs propres familles ne peuvent les prendre en charge ou parce qu’ils ne souhaitent pas entrer dans une maison de retraite ».

Forte de son expérience, la famille Boucaud n’idéalise pas sa mission et ne cherche pas à occulter des souvenirs parfois douloureux ou encore des rencontres qui ne se sont pas faites.

« Les personnes sont à l’essai deux mois. Elles peuvent ensuite décider de partir. De notre côté, c’est pareil, on peut juger que le manque d’autonomie d’une personne se révèle trop lourde à gérer. »

Actuellement, trois personnes sont accueillies chez Rose : M. Léon est à temps plein depuis dix ans. Un Rosiérois vient passer une semaine par mois tandis qu’un quadragénaire en situation de handicap les rejoint un week-end par mois.

Au chapitre des bons moments, Rose Boucaud cite volontiers son plaisir « à faire plaisir ». Pour M. Léon, elle sait s’y prendre : « Je lui offre un chou à la crème le dimanche ! »

Isabelle Devoos

Eugène Léon : « Je suis bien ici, je m’occupe des lapins »

A 89 ans, « Papy Eugène », comme l’appelle affectueusement la famille Boucaud, se dit comme un coq en pâte.

Il savoure le temps de la retraite. Ouvrier agricole du côté de Loudes, pendant quarante-cinq ans, il se souvient d’années difficiles, lorsqu’il n’avait que la paillasse pour literie près des vaches.

Alors le cocon douillet qui lui est offert depuis dix ans en accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). à Araules, il l’apprécie tout particulièrement.

« Je suis bien ici », témoigne-t-il dans un large sourire, un peu étonné qu’on s’en soucie. « J’ai mon petit travail, je donne à manger aux lapins deux fois par jour. Je vais à la laiterie chercher le fromage et acheter le pain aussi. »

Lire le journal « encore sans lunettes » fait également partie de son quotidien, tout comme écouter l’accordéon sur Radio Craponne.

S’il avale 6 km tous les jours, il s’octroie aussi deux petites siestes réparatrices.

« Ici, je suis comme chez moi. Je ne pourrais pas aller en maison de retraite. Le milieu agricole c’est toute ma vie. J’ai toujours été chez les paysans. Je n’ai jamais vécu seul. C’est pour ça que la vie en famille d’accueil me convient bien. On s’occupe de moi. J’ai mon petit souci avec les lapins et le reste du temps… (il chuchote)  : je me roule les pouces. »

Des chiffres

L’accueil familial des personnes âgées et adultes handicapés existe depuis 1989, en Haute-Loire.

> 55 familles sont aujourd’hui agréées par le conseil général offrant 89 places.

> Une famille peut accueillir au maximum 3 personnes.

> 65 personnes sont accueillies aujourd’hui dans le département : 48 sont en situation de handicap ; 17 sont des personnes âgées.

Un contrat entre la famille et l’accueilli

Le conseil général n’est pas organisme de placement. Son rôle se situe au niveau de l’agrément, de l’accompagnement et du suivi.

Les familles ne sont pas salariées du conseil général. L’employeur est la personne accueillie. Un contrat est signé entre les deux parties.

Le salaire se situe en moyenne à 1.400 euros mensuels.

Un agrément donné par le conseil général

La procédure inclut trois entretiens avec le travailleur social, le médecin et la psychologue du service.

Sur le plan matériel, il faut justifier de conditions d’accueil permettant d’assurer la santé, la sécurité, le bien être physique et moral des personnes accueillies.

Il faut aussi accepter que le suivi social et médico-social des personnes accueillies soit assuré, notamment au moyen de visites à domicile du service.