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44 - Loire Atlantique : Une famille élargie à trois adultes handicapés

Auteur : M.C. - Presse-Océan, 25 janvier 2010

Sans des voisins qui accueillaient des « pensionnaires » âgés, Annick Bouteiller n’aurait sans doute jamais entendu parler de l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). et social des handicapés et des personnes âgées.

À la recherche d’un emploi, elle a pensé que celui-ci était bien pour elle. « Déjà parce que c’est un travail à la maison donc on organise sa journée comme on l’entend. Et je connaissais le handicap : mon frère était sourd-muet ».

Depuis 17 ans qu’elle fait ce métier, Annick a vu passer neuf pensionnaires chez elles, tous handicapés. « La première année, je me disais que je ne pourrai pas continuer. J’avais une personne sortant de psychiatrie et pas facile à raisonner ».

Et puis avec du temps, des formations et évidemment une habitude au contact de l’autre (des deux côtés), chacun prend ses marques. Au point de s’attacher d’ailleurs. « L’un de mes pensionnaires resté cinq ans vient toujours me voir, pourtant ça fait huit ans qu’il est parti ».

Annick Bouteiller

Avec son fils et son mari

Si Annick est la référente, son mari et son fils sont aussi concernés par les pensionnaires. « Ils m’aident parce que je ne peux pas tout faire ». Cette présence dans la maison a sûrement influé sur l’éducation du fils d’Annick. « Il est enfant unique, il a appris le partage car les premiers pensionnaires sont arrivés quand il avait six ans ».

Une vie privée aussi

Concrètement, chaque pensionnaire a sa chambre dans la maison d’Annick. Tous ont un tuteur, de la famille qu’ils continuent à voir mais qui ne peut pas forcément les héberger.

En ce moment, elle accueille dans la maison où vivent aussi son mari et son fils de 24 ans, trois adultes aux handicaps divers : l’une est trisomique, l’autre a un retard mental et le troisième est schizophrène.

Ces trois personnes ont toutes des occupations en journée : du travail dans un centre d’aide par le travail ou une prise en charge par un centre d’accueil thérapeutique. Pour le reste du temps, le matin, le soir, les week-ends, c’est en famille que ça se passe.

Et c’est là qu’on touche à toute la subtilité de ce travail : assurer un quotidien familial à ces pensionnaires « en leur faisant comprendre que j’ai aussi une vie privée ». Les deux s’imbriquent bien sûr. « Quand je reçois des amis à dîner, mes pensionnaires sont là mais quand on m’invite ils ne viennent pas forcément ». Et ils le comprennent bien.

Il est certain que ce travail implique de grands changements dans un cercle familial. « Mais il est très gratifiant parce qu’on reçoit de l’affection et on observe les progrès des pensionnaires. Avant de venir chez moi, l’un d’eux n’arrivait pas à prendre le bus tout seul. Aujourd’hui, c’est son moyen de transport ».

Annick témoignera de son expérience à la réunion d’information organisée mardi par le centre communal d’action sociale, le Conseil général et Jeunesse et Avenir. Le Conseil général aimerait élargir cette forme d’accueil trop peu connue.

M.C.