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61 - Orne : La vie comme à la maison

Sources :
Actu.fr, 28 Mars 2019
Marie Lenglet, Ouest-France, 3 août 2017
L’Orne Combattante, 30 Avr 2019.
Amélie Fontaine, Ouest-France, 07/06/2018
Véronique Couvret, Le Réveil normand, 17 février 2015

Dans l’Orne, Carole Gaulier est « accueillante familiale »

Actu.fr, 28 Mars 2019

Carole Gaulier est « accueillant familial accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
 », à La Ventrouze. Agréée par le Conseil départemental, elle héberge chez elle personnes âgées et personnes en situation de handicap.

Chacun a son nom, inscrit en lettres colorées, sur la porte de sa chambre. Thomas, 21 ans, dort à l’étage. Christiane, 83 ans, et Patrice*, 53 ans, se partagent le rez-de-chaussée. Tous sont logés chez Carole Gaulier, à La Ventrouze (Orne).

La trentenaire est « accueillant familial » depuis 2015. Agréée par le Conseil départemental de l’Orne, sa mission est d’accueillir à domicile des personnes âgées ou en situation de handicap.

Multigénérationnel et chaleureux

Dans la grande longère rénovée, les « accueillis » vivent avec les « accueillants » : Carole, son conjoint, et les trois enfants (1 an, 5 ans et 6 ans). « On est 8 à la maison, il faut être hyper-organisé, avoir deux trains d’avance », prévient Carole qui a fait le choix d’un accueil « multigénérationnel ».

« J’ai toujours aimé travailler au contact des personnes. J’avais envie de m’occuper d’adultes aux profils différents. »

Carole Gaulier, ex-responsable d’équipe dans le secteur de l’aide à domicile, a quitté Paris il y a 10 ans pour « se mettre au vert » dans le Perche, avec un projet de vie personnel et professionnel.

L’idée était de donner tout mon amour, toute mon énergie, dans une grande maison.
C’est aujourd’hui chose faite. Avec son conjoint, « papa au foyer », elle s’occupe de la petite troupe sans compter ses heures.

Patrice, handicapé à la suite d’un AVC (Accident vasculaire cérébral), est arrivé il y a trois ans. Christiane, devenue dépendante après une électrocution, est accueillie depuis un an.

« Il y a toujours quelqu’un pour eux, ils ne sont jamais seuls, » explique Carole.

Si dans la journée chacun vaque à ses occupations – Patrice se promène dans la cour, Christiane a ses séances de coiffure à domicile et reçoit la visite de sa fille – le soir, tout le monde se retrouve autour de la table. « C’est Carole qui cuisine, mais on peut aussi l’aider », rapporte Thomas, inscrit à l’IME (Institut médico-éducatif) du Perche et dernier arrivé, en novembre 2018.

Les « accueillis » sont ici chez eux, et une partie de la maison leur est dédiée.
« Ils ont leur espace chambres et salle de bains, ainsi qu’une grande pièce commune, » détaille Carole.
Dans le salon équipé d’une télé, il y a « les heures de pointe et les heures creuses », sourit l’hôte. Et entre tous, l’ambiance est chaleureuse.

Aide à la toilette

Carole Gaulier, ex-professionnelle de l’aide à domicile, s’occupe également des soins : le matin, c’est elle qui aide à la toilette Patrice et Christiane.
Le petit-déjeuner est servi dans les chambres, à l’heure des différents réveils.
Une attention « personnalisée », prenant en compte « les rythmes de chacun ».
Un confort aux antipodes des horaires imposés des Ehpad – Établissements pour personnes âgées dépendantes.

« Ici c’est plus humain, moins cher, et le contact avec des gens de tout âge est apprécié, » résume la Percheronne, dont les petits plats maison sont aussi un atout à ne pas négliger.

Vivre ensemble crée des liens. À l’intérieur comme à l’extérieur de la maison.
« Nous faisons quelques sorties ensemble, des journées à la mer ou balades en forêt, » renseigne Carole.

« Une forme de vie de famille »
Christiane, 83 ans, est accueillie chez Carole Gaulier depuis un peu plus d’un an. Elle se plaît, dans cet environnement familial. « Je suis originaire de Picardie. À la suite d’un accident m’ayant diminuée, j’ai dû rejoindre l’Orne, et être près de ma fille. J’aurais plus difficilement accepté d’être déracinée de la sorte, si j’avais rejoint une maison de retraite », confie-t-elle. Chez Carole, Christiane apprécie la compagnie des jeunes enfants. « C’est une forme de vie de famille, c’est agréable et je m’y sens à l’aise. » Pour l’octogénaire, « l’accueillant familial » est « une bonne formule », si « dans l’immédiat, on n’a pas envie de se retrouver dans un établissement pour personnes âgées dépendantes. » Surtout, Christiane aime « la liberté » qu’offre son statut « d’accueillie ». « Le cadre est sympathique et nous pouvons aller et venir comme nous le souhaitons. »

Mobilisée 24 heures/24

Être accueillant familial, c’est être mobilisé 7 jours/7, 24 heures/24 et tous les jours de l’année.
Pour autant, l’Ornaise ne troquerait sa place pour rien au monde.
« Ce n’est pas un travail que l’on fait par défaut. Cela résulte d’une vraie volonté, d’un vrai projet de vie. »

Elle a appris à protéger sa sphère privée – « Le dimanche soir est réservé aux dîners avec mes enfants », poser les limites – « Être ferme tout en restant humain », et profiter des instants offerts – « chaque personne accueillie est une rencontre, et permet un enrichissement mutuel. »

En faisant le choix d’héberger trois personnes chez elles, Carole Gaulier a la « joie de travailler à la maison » et d’élever ses enfants, d’être « indépendante sans patron sur le dos ».

Elle peut, aussi, s’occuper du reste des pensionnaires à plumes et à poils : dans le grand jardin, se côtoient chat, chien, poules et lapins. Sans oublier les chèvres « Arnold » et « Willy », et « Grasse Kelly », le cochon vietnamien.

Comment devenir accueillant familial ?
Dans l’Orne, 81 personnes ont reçu l’agrément d’accueillant familial. Idéalement, il en faudrait une centaine. « La pyramide des âges va en augmentant. D’ici 5 ans, beaucoup de nos accueillants auront pris leur retraite. En face, les besoins vont croissant », constate Céline Maignan, chef du service « offre de services autonomie », au Conseil départemental de l’Orne. L’accueillant familial n’est pas salarié. Il signe un contrat de gré à gré avec les personnes accueillies, qui le rémunèrent. Pour devenir accueillant familial, il faut faire une demande d’agrément auprès du Conseil départemental. « Deux visites d’un travailleur social sont programmées pour évaluer le projet et sa maturité. Nous vérifions aussi si le logement est adapté, avec des chambres d’au moins 9 m² et un espace commun. » L’agrément est accordé pour une durée de 5 ans (le Conseil départemental, garant du contrôle de l’agrément, effectue des visites prévues et impromptues). Une formation initiale et continue est proposée aux nouveaux accueillants. Le point positif ? « L’accueillant peut percevoir de 1.300 à 1.700 € par personne accueillie ». L’aspect négatif ? « Dès lors que l’accueillant n’a plus de personnes hébergées, il ne touche rien, car il n’est pas salarié. »

*Prénoms d’emprunt.

Un accueilli particulièrement "tonique"


À la Ferrière-aux-Étangs, Sylvie Lefoyer conçoit l’accueil sans écueil

Marie Lenglet, Ouest-France, 03 août 2017

Accueillante familiale depuis dix ans à la Ferrière-aux-Étangs, Sylvie Lefoyer (adhérente de Famidac) exerce avec passion un métier qu’elle considère davantage comme une vocation. Elle veille en permanence, chez elle, sur deux adultes en situation de handicap et en accueille temporairement plusieurs autres. Tous font désormais partie de sa famille…

Dans la cuisine de Sylvie Lefoyer, à la Ferrière-aux-Étangs, Maria, 29 ans, et Jean-Yves, de vingt ans son aîné, terminent posément leur petit-déjeuner.
Sylvie, au centre, est accueillante familiale. Maria et Jean-Yves vivent avec elle depuis respectivement neuf et dix ans.
Derrière eux, dans le cadre où sont épinglées les photos de la famille Lefoyer, figurent aussi les leurs et celles des pensionnaires occasionnels de Sylvie.
Cela fait dix ans maintenant que cette quinquagénaire pétillante a embrassé la profession d’accueillante familiale. Une idée qui lui trottait dans la tête depuis bien longtemps.
« J’ai préféré attendre que mes enfants soient grands, qu’ils quittent la maison, se justifie-t-elle. Ce n’est pas quelque chose qu’on impose. »
Mais si c’était à refaire, Sylvie n’attendrait plus d’avoir passé la quarantaine pour se lancer dans l’aventure.
« Je ne serais pas étonnée que ma propre fille devienne un jour accueillante à son tour ! » confie-t-elle.

Pas plus de trois et on se tutoie

Sylvie Lefoyer a reçu un agrément du conseil départemental et peut accueillir jusqu’à trois adultes dépendants en même temps :
« Je n’ai pas voulu demander l’agrément pour des enfants. Ils m’auraient été repris à l’âge de 20 ans, c’est trop dur quand on s’attache. »
Maria et Jean-Yves, eux, pourront rester. Ils partagent avec Sylvie et ses proches, des règles de vie, les fêtes de Noël et les sorties au restaurant.
Et chez Sylvie, le tutoiement est de rigueur, qu’on reste à demeure ou qu’on soit de passage.
« J’accueille d’autres adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. à temps partiel, appuie l’accueillante. Une dame vient même de Rouen et une autre de Paris. Tout le monde veut revenir : le plus compliqué est de jongler avec le calendrier pour faire plaisir à tout le monde sans héberger plus de trois adultes ! »

À l’école de la tolérance

Régulièrement, Sylvie échange avec d’autres accueillants familiaux. L’Orne en compte une centaine.
« Je n’ai pas à me plaindre mais je me rends compte que ce n’est pas toujours rose, admet-elle. Au début, quand on accueille quelqu’un, il y a une période d’essai de deux mois. Si ça ne se passe pas bien, chacun peut décider d’arrêter là. »
Si le contrat est établi, l’hebergé devient l’employeur de l’accueillant. Ce dernier reçoit par ailleurs des visites de la part d’assistantes sociales et doit solliciter le renouvellement de son agrément tous les cinq ans.
« J’aime mon métier et je compte bien continuer tant que je le pourrai, insiste Sylvie. C’est enrichissant, on découvre des choses tous les jours. Et puis, je peux travailler chez moi et même garder mes petits-enfants. »
Par la même occasion, Sylvie veille à préserver la tolérance qu’elle lit dans le regard des plus jeunes.
« J’espère qu’ainsi, ils seront plus sensibles au respect des différences, en grandissant. »


2 années plus tard...

Depuis douze ans, ils ont confié leurs proches à Sylvie, famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! pour adultes

L’Orne Combattante, 30 Avr 2019.

Quitter un métier lambda pour accueillir chez soi des adultes, seniors ou handicapés : c’est le choix « d’une vie » de Sylvie Lefoyer. Une alternative pour leurs familles.

Jean-Yves vit chez Sylvie depuis douze ans, date à laquelle elle est devenue accueillante.

« Je ne vois pas ça comme un travail, ni ma vie sans eux. Ce n’est que du bonheur » A 57 ans, Sylvie Lefoyer est accueillante familiale. Autrement dit, famille d’accueil pour adultes, handicapées ou âgées. Depuis douze ans, elle vit à La Ferrière-aux-Etangs avec Jean-Yves Lebreton, 51 ans, et Caroline (Prénom d’emprunt), 31 ans, deux personnes en situation de handicap.

  • Une vocation

Cette habitante de la Ferrière-aux-Etangs était femme de ménage et vendeuse. Ce virage vers ce métier est « toute une histoire » :
« J’ai moi-même été élevée chez ma grand-mère, avec ma tante handicapée. Quand je suis retournée chez mes parents, ma voisine était famille d’accueil pour personnes handicapées. Je me suis toujours dit que je ferai ça, car je mets ces personnes à un étage supérieur, souvent délaissées par la société. »
Alors, à 45 ans, elle « arrête tout » et se lance. « Je me suis préparée avec mon mari et mes enfants, on a beaucoup discuté. C’est avant tout un projet de vie, un projet de famille, car il s’agit d’accueillir des personnes inconnues chez nous, 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Tout le monde était à fond », souligne-t-elle.

Accompagnée le Conseil départemental, Sylvie Lefoyer rencontre Jean-Yves. « On a tout de suite accroché », se souvient-il. Quelques mois plus tard, Caroline rejoindra la maison des Lefoyer.

  • Une vie de famille

Douze ans plus tard, Jean-Yves, Caroline, Sylvie et son mari ne sont plus des inconnus. Si sur le papier, Jean-Yves et Caroline emploient Sylvie, le trio est bien plus que ça, comme en témoignent les photos encadrées des accueillies aux côtés des enfants et petits-enfants de Sylvie et son mari.
Il ne s’agit pas d’un hôtel ni d’un restaurant, mais plutôt d’une vie sous le même toit. Et ils ne manquent pas d’exemples : quand ils ne vaquent pas à leurs occupations, ils mangent ensemble, font des activités, partent en vacances, fêtent les anniversaires… « Bref une vie de famille », répètent Jean-Yves et Sylvie. Aussi simple que ça.

  • Et après ?

Ce travail humain et plein d’affect n’est pas à la portée de tous, c’est pour le meilleur et pour le pire : « il faut aimer la relation avec l’autre, dans le bon, et dans le mauvais. C’est une prise en charge globale, et ça, on l’a en soi », affirme Sylvie, le regard bienveillant vers Jean-Yves.
Si Sylvie a fait de sa maison son lieu de travail, elle peut compter sur l’épaule de son mari et des remplaçants.

Certains accueillants familiaux peuvent aller jusqu’à la fin de vie de leurs accueillis. « J’espère faire cette activité autant que je le pourrai », confie Sylvie, qui ne veut pas pour autant leur donner de faux espoirs. Sa fille aimerait elle aussi devenir accueillante familiale dans quelques années. Alors Caroline, qui vit en familles d’accueil depuis son enfance, a de la suite dans les idées pour prolonger cette famille qui est devenue la sienne.

Les accueillants familiaux dans l’Orne
Dans l’Orne, le département coordonne 81 accueillants familiaux, principalement des femmes. 2/3 de ces familles accueillent des personnes adultes en situation de handicap, les autres sont des personnes âgées. Une alternative aux Ehpad ou encore aux foyers.
Les accueillants sont majoritairement des femmes, souvent en reconversion professionnelle. Mais difficile de faire des généralités : « nous ne recherchons pas de profil, mais un projet de vie, c’est très individuel », nuancent Céline Maignant, responsable du service autonomie, et Annabelle Rouillard, coordinatrices des accueillants familiaux. A noter que cette activité peut devenir précaire : pas d’accueilli, pas de revenus. « C’est à prendre en compte. »
Pour devenir accueillant familial, des réunions d’information sont organisées. Après une demande d’agrément, le futur accueillant reçoit la visite d’une assistante familiale afin d’évaluer les lieux. L’accueillant est aussi formé, et ce, tout au long de son parcours professionnel. Les services du Conseil départemental proposent de mettre en relation accueillants et accueillis : « il faut que ça matche, c’est vraiment du feeling et une rencontre ».
Prochainement, le Conseil départemental de l’Orne va lancer un plan afin de valoriser le métier d’accueillant familial.


Valframbert : L’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). , la vie de famille autrement

Amélie Fontaine, Ouest-France, 07/06/2018

Jean-Claude (à gauche), Geoffrey et Stéphanie (au premier plan) sont accueillis par la famille Flotté

Depuis quatre ans, la famille Flotté est agréée par le Conseil départemental de l’Orne pour accueillir des adultes âgés ou en situation de handicap. Épanouie et attachante, la tribu raconte.

Autour de la grande table du salon, les membres de la famille Flotté parcourent les galeries photos de leurs smartphones. « Là nous étions sur un bateau en mer, on a vu des dauphins. » « Sur celle-ci on fait du jet ski. » Plus que des images, ce sont des souvenirs heureux récemment partagés.

Pour eux, tout commence il y a quatre ans lorsque Magali Flotté, la maman, fait une demande d’agrément auprès du Conseil départemental de l’Orne pour devenir accueillante de personnes âgées ou en situation de handicap, une alternative aux foyers pour adultes (voir encadré). Depuis, épaulée par son mari Patrick, chauffeur routier, ils accueillent chez eux trois personnes.

Un espace pour chacun

Geoffrey, 24 ans, le taquin de la famille, est arrivé le premier, en juin 2014. Stéphanie, 28 ans, de nature calme, a intégré le foyer en septembre 2015. Enfin Jean-Claude, 62 ans, un brin rustique, les a rejoints en décembre 2017. La journée, tous travaillent. Stéphanie et Jean-Claude font du conditionnement de produits. Geoffrey, lui, s’occupe des espaces verts. Le soir, ils partagent les repas et les sorties en famille.

Dans cette grande longère de pierres aux volets bordeaux située à Valframbert, chacun a sa chambre, son espace. Une chose essentielle pour Magali. « La maison fait 130 m2, on l’a choisie pour pouvoir faire cette activité » . Cette ex-aide à domicile a découvert l’accueil familial en faisant des remplacements. « Je me rendais chez les accueillants qui souhaitaient se faire remplacer le temps d’un week-end. Avec son travail, mon mari partait pour la semaine, moi tout le week-end. C’était compliqué pour la vie de famille. On a donc décidé de devenir nous-même accueillant en janvier 2014 » , raconte-t-elle.

« Comme ma sœur »

Leur fille Fanny de 24 ans a tout de suite adhéré à l’idée. « Elle est comme ma sœur » , affirme Geoffrey au sourire communicatif. « Si j’ai un souci je vais la voir » , reprend Stéphanie. La jeune femme a une place importante, elle supplée sa maman de temps en temps. « Je suis dans l’attente d’une réponse pour une location de maison » , précise Fanny. Après quoi, elle souhaite à son tour faire sa demande d’agrément auprès du Département.

Et si aujourd’hui Geoffrey partage volontiers la vie de famille, cela n’a pas toujours été le cas. « À mon arrivée, je regardais mes chaussures » , se souvient-il.

Gagner en autonomie

Depuis, il s’est ouvert et a beaucoup appris. « Il sait faire sa laverie tout seul » , indique non sans fierté Magali. Car Ici chacun aide aux tâches ménagères, un autre point important pour Magali qui souhaite que « tout le monde soit autonome » . À la question : « préférez-vous être dans un foyer de vie ou ici ? » la réponse est unanime. « Ici ! »

Balade à moto, à vélo, cinéma, pêche au maquereau en bord de mer, fêtes de fin d’année, concert, foire, jeux de société… Un paquet de souvenirs fuse de plus belle. « On part en vacances tous ensemble avec les deux camping-cars qui sont dans la cour » , ajoute Magali.

En quittant la maison de la famille Flotté, on aperçoit chaque membre sur le perron faire de larges saluts pour dire au revoir. Incontestablement l’exemple d’une famille soudée et complice.

Accueillant familial. La vie comme à la maison

Véronique Couvret, Le Réveil normand, 7 février 2015

Accueillir chez soi des personnes âgées ou des adultes handicapés demande beaucoup de disponibilité, du cœur, de la tolérance et quelques règles bien établies. A Saint-Hilaire-sur-Risle, Martine et Daniel partagent depuis quelques mois la vie de Paola, Marco et Chloé Missillier [1], à la grande satisfaction de tous.

De gauche à droite : Martine qui précise « préférer être ici plutôt qu'en Ehpad », Marco, Chloé, Paola et Daniel.

On ne devient pas accueillant familial sur un coup de tête. Paola et Marco Missillier l’ont bien compris, eux qui ont laissé mûrir ce projet pendant cinq années. « On a cherché tous les points négatifs pour voir si on [les] supporterait », explique Paola. Ils en ont parlé aussi avec leurs filles, leur famille et leurs amis.

Une fois sûrs d’eux, ils se sont mis en quête d’une maison où ils pourraient vivre avec Chloé, leur plus jeune fille âgée de 13 ans aujourd’hui, et trois pensionnaires, loin du stress parisien. « On voulait vivre dans une région agréable ». Leur choix s’est porté sur Saint-Hilaire-sur-Risle. Ils ont réaménagé entièrement la maison qu’ils ont achetée afin de créer trois niveaux : un commun, un pour les accueillis et un pour leur famille.

« On respecte leur choix »

En février 2014, Marco a obtenu l’agrément du Conseil général et leur première accueillie, Martine, a rejoint leur famille en mars. Daniel, leur second pensionnaire, est arrivé en août. Tous deux leur ont été envoyés par le Conseil général de l’Orne et présentent un handicap. En décembre, une troisième personne s’est jointe à la famille mais le courant ne passait pas, ni avec le couple, ni avec les deux autres accueillis qui eux, « se sont tout de suite bien entendus ». Rapidement, la cohabitation s’est arrêtée à la demande de cette personne qui a décidé d’elle-même de partir. Soulagement de Paola et Marco. « Il y a des gens faciles à vivre et d’autres pas. Nous, on peut encore s’en accommoder mais il ne faut pas que ça déstabilise notre famille ou les accueillis ».

Car toute la difficulté est là : chacun doit s’adapter à l’autre ou plutôt, comme l’explique Paola : « ils intègrent la famille mais nous, on doit s’adapter à eux. » Martine aime bien être avec Paola, l’aider à la cuisine ou encore regarder la télé tandis que Daniel préfère s’enfermer dans sa chambre pour faire ses maquettes. Pas de problème, ici « on respecte leur choix. » Mais la réciprocité est vraie. Les accueillis savent, par exemple, qu’ils n’ont pas accès au dernier étage, réservé au couple et à leur fille, et ils n’y vont pas.

Très grande disponibilité

Pour tout le reste, ou presque, ils partagent la vie de leur famille d’accueil, 7 jours sur 7, excepté quelques week-ends ou soirées que le couple se réserve et les périodes de vacances. Dans ce cas, c’est un membre de la famille de Paola qui assure le remplacement. Une formule qui évite de les déstabiliser en les obligeant à quitter leur « foyer » quelques jours ou quelques semaines. Tout cela implique tout de même une très grande disponibilité.

« La première réflexion des gens, c’est que c’est très lourd. Mais pas tant que ça en fait. On fait notre vie tout à fait normalement », affirme encore Paola qui sait aussi qu’ils peuvent compter sur le Conseil général. « Une fois par mois, on se réunit entre familles d’accueil et avec les accueillis. L’assistante sociale y assiste souvent. On parle de nos difficultés et de nos joies et c’est bien de pouvoir partager cela. »

Travail précaire

Après presque une année d’expérience, le couple se dit « plutôt ravi car ça correspond bien à ce qu’on avait imaginé. » Seul bémol que souligne Marco : « C’est un travail très précaire, comme un CDD renouvelable ». En effet, ses employeurs sont les accueillis et si un jour ils partent, il n’a droit à rien, même pas aux Assedic, en attendant de retrouver d’autres pensionnaires.

Reste que la population vieillissant de plus en plus, l’accueil à domicile devrait se développer, d’autant que son coût est généralement bien inférieur à celui d’un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) où les places sont souvent comptées. Mais surtout, cela permet de poursuivre « une vraie vie de famille » et de ne pas se sentir seul.

Info +

Pour un temps complet, le salaire de base mensuel est de 727 € brut auquel s’ajoutent divers frais dont les repas, le loyer et l’entretien, soit un total net de 1.500 à 1.600 € environ, qui varie en fonction de la dépendance des personnes accueillies.

P.-S.

Consultez les versions originale de ces articles sur Ouest-France et Le Réveil normand

Notes

[1Marco & Paola Missillier sont adhérents de Famidac