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62 - Pas de Calais : le Département veut développer l’accueil familial

Auteur : Géraldine CSIZMADIA, La voix du Nord, 29/03/2010.

Lens : Quels services pour les personnes âgées dans l’agglo ?

« Les Vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux. » En réponse à leurs regards, le Département veut développer des services, tel l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). . On ne s’improvise pas accueillant. Le témoignage de Bérangère Laforce le prouve. Mais permet de voir sous un autre angle une activité qui reste mal connue.

Brel chantait déjà en 1963 la solitude et l’angoisse des personnes qui vieillissent. L’accueil familial est une toute autre approche que l’entrée dans une institution. Un travail qui fait partie du quotidien de toute une famille.

Bérangère Laforce accueille depuis janvier 2009 Hélène et Edouard. Au 31 décembre 2007, il y avait 32 personnes agréées pour l’accueil familial dans l’agglo de Lens- Liévin.

La moyenne d’âge des accueillants baisse, nous dit Bérangère Laforce. Les motivations changent. « Avant c’était beaucoup de femmes seules, pour un complément de salaire. » « Quand j’ai monté mon dossier, on m’a dit : "Mais comment allez-vous faire ?" J’ai trois enfants, un chat, un chien... »

Bérangère Laforce est de ces personnes qui portent en elles la conviction qu’on ne vit pas « trop longtemps ». Elle affirme, en se basant sur ce qu’elle vit depuis un an avec deux personnes âgées dépendantes qu’« à plus de 80 printemps, on a encore des choses à vivre. J’essaie de les connaître au mieux et on continue, on refait des souvenirs. Notre système est bizarre : on habitue les gens à vivre seuls, et puis un jour, parce qu’on estime qu’il y a danger, ils se retrouvent en collectivité. Il y en a qui y perdent leurs repères. Ils n’ont plus leurs affaires, qu’une valise. Ils perdent leur identité. »

Alzheimer

Edouard, 80 ans, est un solitaire. Il ne voulait pas aller en institution : « trop de monde », dit-il. Son accueillante à Hersin arrêtait son activité. Hélène, 86 ans, vivait seule dans sa maison de Meurchin. Elle est malade d’Alzheimer. Il y a un an, tous deux ont emménagé à Gouy-Servins chez Bérangère Laforce.

Vivre chez quelqu’un, ça n’est pas facile au début. Et accueillir non plus. À 40 ans, Bérangère s’est lancée après deux ans de réflexion. Elle se souvient du stress, des nuits blanches à écouter. À guider Hélène qui confondait jour et nuit. Plus maintenant.

Bérangère, alors monitrice éducatrice d’enfants polyhandicapés, a aménagé sa maison et a « démarché » : « On doit chercher nos employeurs, mais moi, on est venu me proposer des personnes à accueillir quand on a su que je me lançais. On doit aussi se trouver des remplaçants pour nos périodes de congés. Ce qui m’a motivée à devenir accueillante familale, c’est que je voulais revenir à mes valeurs. En institutions, on a des moyens serrés et des exigences de plus en plus grandes, il y a des choses qu’on ne peut plus faire comme on aimerait... »

En un an, des liens se sont tissés. Hélène ne parle pas, mais toutes deux se comprennent « du bout des yeux. » Bérangère a un sens de l’organisation qui ne la freine pas quand il s’agit d’emmener sa famille élargie au restaurant, à une fête champêtre... Quand on lui demande de qui elle s’occupe en premier, elle vous surprend en répondant : « De moi ! » Puis elle prépare la petite pour l’école, aide à la toilette, nettoie les chambres, prépare le repas. Hélène la suit dans ses activités.

Familles

Le rapport avec les familles nécessite aussi tout un travail d’écoute et beaucoup d’échanges : « Elles voulaient un accueil personnalisé. Au début, c’est difficile de confier un parent. On ressent de la culpabilité. Je disais aux filles d’Hélène qu’elles pouvaient venir quand elles le souhaitaient. Les visites se sont un peu espacées quand l’angoisse s’est atténuée. Au début, moi aussi j’étais stressée ! » Et les choses se sont mises en place. Hélène, qui refusait les exercices, s’est mise à jouer aux cubes avec sa petite...

Sur le plan financier, « on gagne environ 1 400 € pour accueillir deux personnes. Pour 700 euros par mois avec une seule personne, je ne l’aurais pas fait ! C’est du 24h/24 », ajoute Bérangère, qui dit avoir « toujours l’impression d’apprendre. C’est riche. »

Hélène a meilleur moral que l’an dernier. Et, qui sait, peut-être qu’Édouard, quand il se sera habitué à sa prothèse de jambe, l’invitera à danser comme ils aiment à plaisanter ?


Consulter la version originale de cet article sur le site de La voix du Nord, 29/03/2010.