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De la colonie familiale à l’accueil familial thérapeutique

Daniel RENAUD, cadre de santé - Centre Hospitalier Spécialisé,
Ainay-le-Château (03) (extraits)

Pages 17 à 20 (...) : commander la revue à : IPI - 50 rue Samson - 75013 PARIS - Tél. 01.45.89.17.17

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(...) La durée de l’accueil, le plus souvent de six mois à un an, posée à l’avance avec l’équipe d’origine, est proposée pour trois objectifs :

Ainsi, dès lors qu’il y a projet pour le patient, et que l’accueil relaie un temps donné ce projet, il n’y a pas coupure avec le secteur d’origine. L’accueil familial d’Ainay se trouve inclus dans un réseau de soins coordonnés. Il ne se situe pas en opposition avec l’accueil familial de proximité, mais comme une autre possibilité, un outil de soins supplémentaire, complémentaire.

Les unités d’accueil, par leur nombre, offrent une diversité, diversité des aptitudes des familles, diversité des possibilités d’hébergement, diversité des lieux. Cet éventail de possibilités permet de répondre à des différents types d’indications.

L’éloignement des patients des structures pré-établies à leur usage (cafétéria, annexes, ateliers), cette distance mise avec l’institution, l’absence de concentration demandent et favorisent une plus grande prise en charge des familles et une meilleure intégration.

Pour le recrutement des familles, signifiant généralement l’ouverture de deux places, c’est pratiquement quatre candidatures qui sont examinées en commission de placement. Avant cette commission, chaque famille candidate est rencontrée à domicile par le cadre supérieur de santé et le cadre de la zone concernée, par la directrice des soins et la responsable du service des familles d’accueil, par une assistante sociale, puis dans l’institution par un psychologue et enfin par le psychiatre.

Les familles bénéficient d’une formation qui fait intervenir des personnels soignants et administratifs de l’établissement et deux organismes spécialisés. Sont abordés législation et droit du travail, connaissance de l’institution, économie sociale et familiale. Mais, surtout, la formation aborde la notion de projet thérapeutique. Elle définit la collaboration équipe-famille et situe la démarche d’accueil des patients dans un processus évolutif d’accompagnement et d’autonomisation. Elle s’applique à faire comprendre, entre autres, qu’il faut donner une dimension affective et sécurisante aux relations famille - patient tout en admettant que, si elles le font progresser, il partira vers une nouvelle structure.

La formation, mise en place en janvier 1993, se déroule par petits groupes de douze personnes, mélangeant les plus anciennes et les nouvelles recrues. Par demi-journées, elle dure six semaines. Elle est un temps d’expression, un moment d’échanges.

L’ouverture d’unités d’accueil dans les villes et les villages est privilégiée, et l’espace géographique étendu. Les unités se répartissent dans un rayon de cinquante kms autour d’Ainay-le- Château. La fonction d’hébergement, que se contentaient d’exercer auparavant les familles, est dépassée. Elles réalisent dorénavant un accueil et un accompagnement des patients. Leur action se situe sur le plan des gestes et des actes de la vie quotidienne.

Les personnes accueillies ont le statut d’hospitalisé ; elles paient le forfait hospitalier. Vingt-deux infirmiers travaillent sur le service d’accueil familial thérapeutique AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
, organisé en six équipes encadrées, chacune d’elles, par un cadre. Ils sont référents d’environ vingt-trois patients et de douze familles. Les équipes sont responsables de secteurs géographiques donnés, mais fonctionnent en coordination et échanges permanents dans le cadre d’un ensemble animé par deux cadres supérieurs.

À cette équipe, en contact direct avec les familles, il faut ajouter le service d’ergothérapie où exercent six infirmiers, une animatrice, un éducateur technique spécialisé et un cadre de santé. Ce service propose trois types d’activités : création, initiation et production. Par demi-journée, soixante patients peuvent participer, en même temps, aux différents ateliers, selon leur projet thérapeutique.

Lorsqu’un patient, pour des raisons psychiatriques ou somatiques, ne peut plus, momentanément, bénéficier d’un accueil en famille, il est admis en unité de soins intra. Les soins prodigués ont alors pour objectif de permettre à ce patient de reprendre le cours de son projet en accueil familial.

Ce qui est thérapeutique dans l’accueil familial, ce n’est ni la famille, ni l’équipe, mais le fonctionnement de l’ensemble. Ainay-le-Château possédait les éléments, mais semblait ne pas pou- voir réaliser la synergie. L’apport de la réglementation fut essentiel. Il permit d’opposer, voire d’imposer des références à un système parfois lourd. Cependant, les textes à eux seuls n’auraient pu suffire s’il n’y avait à l’intérieur de l’institution les différents acteurs : médecins, administratifs, personnels.

’accueil familial thérapeutique, en général, et à Ainay-le-Château en particulier, est un outil de soins sous-utilisé parce que mal connu. Victime de l’image laissée par son passé, il doit progresser sur le plan de son statut et de sa représentation, de façon à accéder au même niveau de reconnaissance que les autres alternatives dont il est le contemporain.

Voici la situation d’Ainay-le-Château, il y a peu de temps encore. Mais les choses changent vite, et je laisse au Dr Chateauvieux le soin de vous faire part des dernières évolutions.