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Témoignage : Accueillante thérapeutique en Gironde

Auteur : Joëlle, vice-Présidente de Famidac (texte rédigé en 2005).

Joëlle Chambon

Assistante commerciale à l’origine, je recherchais, après la naissance de mes enfants, un travail à domicile pour pouvoir m’occuper d’eux en toute sérénité, sans courir du bureau chez la nounou et du supermarché à la crèche, bref le stress de la vie citadine ne me tentait pas du tout ...

C’est ainsi que j’ai répondu à l’annonce d’un hebdo gratuit : "Service d’accueil familial thérapeutique recherche famille disponible, etc... etc ..."

"Pourquoi ne pas essayer ?" nous sommes-nous dit mon compagnon et moi-même ; d’autant que nous disposions d’une grande maison à la campagne entourée de 5 hectares de prés et de bois, un vrai petit paradis, de quoi redonner peut-être le goût de vivre à des personnes qui l’ont perdu.

C’est ainsi qu’est arrivé Paul, qui à 42 ans, après 20 ans passés en HP, avait du mal à digérer le rejet de sa famille naturelle et qui, je me souviens, à la moindre contrariété, partait se recroqueviller sur son lit, en pleurant comme un enfant... Nous avons partagé avec lui 5 années, pas toujours faciles bien sûr ; la maladie mentale au quotidien est parfois déconcertante mais toujours enrichissante du point de vue humain.

Une condition essentielle est une parfaite entente du couple : une complicité et un dialogue permanent sont indispensables pour ne pas "craquer", pour relativiser ce qui, de prime abord, nous paraît inacceptable.

Paul rêvait de liberté ; il a souhaité son appartement au bout de 5 ans. Nous avons contribué avec l’équipe du SAFT (Service d’Accueil Familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). Thérapeutique) à ce que ce souhait se réalise. Paul est parti, une journée, une nuit, puis deux et progressivement à temps complet dans son appartement à 6 km de chez nous.

Aujourd’hui, il vit presque comme tout le monde, aidé par son curateur pour la gestion de son argent, par une femme de ménage pour l’entretien de son studio ; il fait ses courses et sa cuisine et ne manque pas de nous rendre visite régulièrement. Il a vu grandir nos enfants et tout naturellement des liens affectifs se sont noués entre eux.

Paul ne manque aucun anniversaire, il connaît les dates par cœur et nous invite chez lui pour fêter le sien. Il est au courant de tout ce qui se passe aux alentours et ne manque aucune festivité : adepte des "lotos" ou "quines" très pratiquées dans la région, il se débrouille pour se faire conduire en voiture ou bien il fait du stop...

Il nous semble que ce parcours reflète ce que doit être l’accueil familial thérapeutique AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
 : un tremplin vers l’autonomie.

Mais sous cet aspect idyllique, il demeure encore des points négatifs, notamment l’absence ou la quasi-absence de revenus pendant les périodes de transition entre deux placements, périodes qui peuvent facilement durer de 2 à 4 mois. Pourquoi mettre ainsi en péril une famille dont la régularité du budget est synonyme d’équilibre moral ? J’ai mis presque un an à me remettre financièrement du départ de Paul.

Autre anomalie incompréhensible : les textes ne parlent pas de cotisation à un régime de retraite complémentaire. Certains hôpitaux ont pallié à ce qu’ils ont considéré comme un oubli et, en référence à l’accueil familial thérapeutique des enfants et au statut des assistantes familiales, font cotiser leurs accueillants à l’Ircantec. Alors pourquoi, certains d’entre eux, campent sur leur position et opposent encore un refus catégorique à cette couverture sociale pourtant obligatoire ?

Nous attendons toujours des textes précis qui prouveront à ces employeurs que nous sommes des salariés à part entière et que le droit du travail doit nous être appliqué.

En attendant, de nombreux établissements sont dans l’illégalité et cela ne leur pose aucun problème...