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2012 : A quand un "vrai statut" pour les accueillants familiaux ?

Auteur : Noël Bouttier,
tsa-quotidien.fr, 16 novembre 2012 - suite à la publication de la Lettre ouverte des accueillants familiaux à tous leurs Élus.

Belen Alonso : "Il faut un vrai statut pour les accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
"

Alors que la grande loi sur le vieillissement est dans tous les esprits, les accueillants familiaux tentent de valoriser une forme de prise en charge peu connue, intermédiaire entre le domicile et l’établissement. Leur association Famidac propose des changements concrets pour donner un nouveau départ à cette formule.

Les explications de sa présidente, Belen Alonso.

tsa : L’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). est reconnu depuis 2002 par le code de l’action sociale et des familles (CASF). Est-il très développé ?

Belen Alonso : Pas suffisamment au goût de Famidac [1]. On estime qu’il y a actuellement 10.000 accueillants familiaux agréés qui prennent en charge environ 15.000 personnes adultes.

Il existe deux types d’accueil familial. Le premier, dit social, consiste à accueillir des personnes âgées et/ou handicapées ; il relève d’un agrément délivré par le conseil général pour un maximum de trois personnes. Le second, dit thérapeutique, vise à accueillir des personnes stabilisées sortant d’unités psychiatriques.

Cette dernière forme d’accueil est-elle courante ?

Non, elle reste assez marginale. Les structures psychiatriques hospitalières rechignent à passer des conventions car elles doivent dès lors dégager du temps de travail pour l’accompagnement des personnes.. Ainsi, on voit des personnes qui devraient relever de l’accueil thérapeutique prises en charge dans le cadre de l’accueil social.

Quels problèmes cela entraine-t-il pour les familles d’accueil ?

Elles doivent, dans ce cas, se tourner vers la psychiatrie de secteur, ce qui, vu le manque d’effectif, ne garantit pas un suivi très poussé. Cela est problématique en cas de décompensation chez la personne accueillie. La collectivité fait des économies financières sur le dos des familles et des personnes accueillies : une journée d’accueil thérapeutique coûte en moyenne 200 euros (contre 400€ pour une journée d’hospitalisation) alors que l’accueil social représente moins de 60 euros par jour. Évidemment, ce ne sont pas les mêmes financeurs : l’assurance maladie fait ainsi une économie sur le dos des départements.

Lettre ouverte des accueillants familiaux
à tous leurs Élus

Dans une lettre envoyée aux pouvoirs publics, vous mettez l’accent sur la troisième voie que l’accueil familial représenterait entre le domicile et l’établissement. Quels objectifs poursuivez-vous ?

Nous estimons que ce type d’accueil correspond à l’attente d’une partie des personnes âgées en perte d’autonomie ou handicapées. Nous souhaitons que cette solution soit vraiment étudiée et valorisée dans le cadre de la grande loi sur le vieillissement de la société.

Quels en sont les avantages concrets ?

C’est une solution qui crée des emplois, notamment en milieu rural. Cela peut permettre à des personnes ayant toujours vécu dans leur village d’y rester. Ne nous racontons pas d’histoire : la question du coût est un critère important dans la décision politique. Sur ce plan, la voie de l’accueil familial est tout à fait intéressante puisqu’une place en établissement coûte en moyenne deux fois plus cher.

Votre solution ne risque-t-elle pas de vider certains Ehpad ?

Nous ne sommes pas là pour entrer en concurrence avec les établissements d’autant que nous n’accueillons pas forcément le même public. Pour autant, notre type d’accueil est insuffisamment reconnu. Est-il normal que certains Ehpad aient des listes d’attente importantes alors que des accueillants familiaux tout proches sont à la recherche de personnes. Cette solution peut ne pas correspondre à l’attente de certains aspirant, par exemple, à une vie collective, mais pour le savoir, encore faut-il la leur proposer !

Que faudrait-il faire pour développer ce type d’accueil ?

Deux voies devraient être, selon Famidac, explorées. D’abord, donner de la « lisibilité » à l’accueil familial d’adultes en précisant le statut des professionnels et en présentant l’accueil familial comme alternative, entre le domicile et l’établissement, à chaque fois qu’une forme de prise en charge doit être proposée à une personne âgée ou handicapée.

Il faudrait élargir les publics que nous pouvons accueillir : personnes en convalescence, sans-domicile fixe, sortants de prison ou femmes victimes de violences, par exemple. Actuellement, les formules d’accueil pour ces publics se font exclusivement de façon expérimentale et sur une base bénévole. Il faut donc modifier la législation actuelle pour ouvrir l’accueil familial à d’autres pathologies que la psychiatrie. Bien entendu, cet accueil de publics fragilisés devrait se faire en articulation avec un établissement médico-social.

Quelle est la deuxième voie que vous souhaitez explorer ?

Il faut que les accueillants familiaux aient un vrai statut social. Actuellement, nous cotisons pour la maladie et la retraite, mais pas pour le chômage. De même, nous n’avons pas un droit à la formation reconnu, alors même que l’agrément par les conseils généraux nous oblige à nous former.

Comme il n’existe aucun cadre réglementaire pour la formation, celle-ci est laissée au bon vouloir des conseils généraux. Certains d’entre eux jouent vraiment le jeu en mettant en place des formations adaptées ; d’autres bricolent des modules sans pertinence. Nous aspirons à une formation initiale et continue spécifique et diplômante.

Nous revendiquons un statut qui pourrait se rapprocher de celui des assistantes maternelles et familiales. Nous faisons tous de l’accueil ; seuls nos publics changent.

Noël Bouttier - consulter ici la version originale de cet article sur sa-quotidien.fr

P.-S.

Pour en savoir plus, voir la Lettre ouverte des accueillants familiaux à tous leurs Élus.

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Cet article fait partie d’une longue série consacrée par l’excellente revue TSA à notre profession et aux revendications de Famidac ; entre autres :

  • le 02/11/2007 - Famidac réclame une nouvelle loi « plus réaliste » ; « Graves lacunes », « anomalies », « incohérence » : les mots ne manquent pas à l’association Famidac pour dénoncer le statut des accueillants familiaux salariés par une personne morale, modifié ...
  • 01/11/2009 - L’accueil familial social en quête d’un nouvel élan
    Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement, l’accueil familial, à titre onéreux, de personnes âgées ou handicapées a prouvé sa pertinence. Pourtant, vingt ans après sa reconnaissance ...
  • 25/08/2010 | à la Une - De nouveaux droits pour les accueillants familiaux
    Il aura fallu trois ans au gouvernement pour tenter d’améliorer le statut précaire des accueillants familiaux prenant en charge des personnes âgées ou handicapées, qu’ils soient employés directement par ...
  • 23/08/2010 | à la Une - Accueil familial : la nouvelle procédure d’agrément
    Attendus depuis plus de trois ans, deux décrets fixent un nouveau cadre d’exercice de l’accueil familial pour personnes âgées ou handicapées. Les conditions d’agrément des accueillants ont ainsi été réformées. ...
  • 01/11/2010 - Le salariat des accueillants familiaux
    Désormais, les personnes morales de droit public ou de droit privé peuvent salarier des accueillants familiaux chargés de prendre soin, à titre onéreux, et au sein même de leur domicile, de personnes âgées ...

Notes

[1L’association regroupe les accueillants familiaux et leurs partenaires (parents, travailleurs sociaux, médecins, psychologues, etc.). Plus d’informations sur le site. Lire aussi notre dossier.