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13 - Bouches du Rhône : Une histoire de famille

Extrait du supplément au magasine du Conseil Général "Accents" nº 217

Solidarités - portrait :
PATRICK SEVERIAN

Une histoire de famille - Cliquer pour agrandir

Une histoire de famille

Dans la chambre sobrement meublée de Reine, 84 ans, des photos de famille encadrées s’alignent sagement sur la commode, témoins d’un passé que la vieille dame a oublié. Reine Duval est atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années déjà et contrairement à la plupart des malades, n’est pas prise en charge par un établissement spécialisé. Elle vit en famille, pas la sienne, mais une famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! de Tarascon et chez qui elle a trouvé soins, attention et affection.

Et au sein de cette famille pas tout à fait comme les autres, c’est le mari, Patrick Severian, 47 ans, qui s’occupe exclusivement de Reine. “Je suis accueillant familial accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
agréé, le seul homme dans le département à exercer ce métier, à m’occuper seul d’une personne âgée dépendante, à mon domicile”
explique t-il en faisant visiter sa maison, impeccablement tenue, où deux chambres et une salle d’eau sont réservées à l’accueil de personnes âgées ou handicapées.

“Je m’occupe de tout, ma femme travaille comme secrétaire médicale, ma fille de 15 ans est en 3e et mon aînée professeur de danse,” annonce t-il fièrement en évoquant un choix de vie peu banal. Car Patrick n’est devenu accueillant familial ni par défaut ni par hasard. Employé durant 18 ans dans l’industrie de la plasturgie à Beaucaire, il raconte avoir toujours su qu’il était “fait pour ça, l’assistance aux autres, le soin, l’aide à la personne.” Un monde qui ne lui était pas étranger il est vrai puisque sa mère est elle-même depuis 1996 accueillante familiale à la Roque d’Anthéron. “J’ai baigné là-dedans, ma mère s’est toujours occupée de tout le monde. Quand mon entreprise a battu de l’aile, il y a quatre ans, j’ai négocié mon licenciement pour mener à bien mon projet.”

UN MÉTIER PASSION

Patrick commence d’abord par aménager sa maison, avant de poser sa candidature au Conseil général qui attribue les agréments : création de la salle d’eau avec douche à l’italienne, pose de poignées de maintien, sols anti-dérapant, ameublement de la chambre… De multiples entretiens, une enquête de moralité et 15 jours de formation initiale plus tard, Patrick est enfin autorisé à recevoir chez lui une personne âgée ou un adulte handicapé adulte handicapé Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. . Reine est sa deuxième “résidente”, elle est là depuis près de trois ans.

“Avant d’être malade, elle avait émis le voeu de ne pas être placée en établissement. Ses trois enfants ont respecté ce choix. Ils viennent la voir régulièrement, elle passe au moins deux dimanches par mois chez sa fille.” C’est d’ailleurs la famille qui le rémunère. 1 700 euros net par mois, “les soins personnels, vêtements et autres sont à la charge de la personne” précise t-il.

Passionné par son métier et par… la cuisine, sédentaire et bricoleur, Patrick assure avoir trouvé sa voie : “C’est un métier valorisant, j’aurais dû être aide-soignant, d’ailleurs j’envisage d’obtenir ce diplôme par la VAE.” Son quotidien se conjugue à deux : “Je suis 24h sur 24 avec Reine. Tous les matins, un infirmier vient pour sa toilette, pendant ce temps, je fais le ménage à fond. Ensuite, nous partons ensemble faire les courses, puis je prépare le repas et nous déjeunons en tête à tête. L’après-midi nous faisons souvent une petite promenade, le soir je m’occupe de son coucher.

Au début, je la faisais jouer aux cartes, à des petits questionnaires… mais son état s’est dégradé, elle est désormais très “absente” mais elle participe à sa manière.” Et d’ajouter : “Quand nous sommes invités chez des amis, Reine vient avec nous, en vacances, c’est pareil. Elle fait partie de la famille.”

En formation continue tout au long de l’année et en contact permanent avec sa référente assistante sociale au Conseil général qui lui rend visite au moins deux fois par trimestre, Patrick - titulaire de deux agréments - souhaiterait accueillir une deuxième personne, et pourquoi pas, plus tard, une troisième, lorsque sa plus jeune fille aura quitté le foyer.

I. L.

DANS LE DÉPARTEMENT, 68 ACCUEILLANTS FAMILIAUX AGRÉÉS HÉBERGENT 115 PERSONNES ÂGÉES OU HANDICAPÉES