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2012 : Famille d’accueil pour seniors : un vrai métier !

Auteur : Marianne Leclère, Dossier familial, janvier 2012.

Les personnes âgées qui redoutent la maison de retraite peuvent se tourner vers une famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! . Une solution plus chaleureuse et moins onéreuse.

Moins onéreux et souvent plus chaleureux que les établissements spécialisés de type maisons de retraite ou foyers, l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). , assuré par des professionnels agréés, formés et encadrés, constitue une solution tout aussi sérieuse.

En 2008, la France comptait plus de 9 000 accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
(94 % de femmes) pour près de 14 000 personnes âgées accueillies.

L’accueil familial consiste à loger à son domicile d’une à trois personnes de plus de 60 ans ou des adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir

, contre rémunération, 24 heures sur 24 et, la plupart du temps, toute l’année. C’est un métier qui permet de travailler chez soi, mais qui demande un fort investissement personnel, une bonne condition physique, le sens de l’écoute et de la patience.

« J’ai choisi cette profession pour pouvoir être à la maison : même si c’est du travail, on peut faire beaucoup plus de choses. J’héberge des personnes handicapées autonomes de façon à faire des sorties tous ensemble, car je veux vraiment qu’elles participent à ma vie de famille, » témoigne Marie-Paule Bernard, accueillante familiale depuis quinze ans à Pludual (Côtes-d’Armor).

Cette profession, encadrée par le Code de l’action sociale et des familles (articles L 441-1 à L ­443-12), nécessite un agrément délivré par le conseil général pour cinq ans renouvelables.

Dans un premier temps, nous expliquons en quoi consiste ce métier, ses incidences sur la vie ­quotidienne, ses implications d’un point de vue personnel et familial et les différents aspects pratiques tels que les ­indemnités, explique Sophie Burlot-Tual, directrice du ­pilotage des objectifs et des moyens médico-sociaux au Conseil général des Côtes-d’Armor.

Obtenir un agrément pour devenir famille d’accueil

Une fois informée, la candidate doit remplir un dossier administratif. Puis, des professionnels du milieu médico-social (psychologue, assistante sociale, médecin, infirmière…) réalisent plusieurs visites à domicile pour vérifier la compatibilité de son logement avec un accueil de ce type.

Certaines conditions matérielles sont prévues par les textes : une chambre individuelle de 9 m² minimum (16 m² pour deux), avec un chauffage adapté et un point d’eau à proximité.

Dans l’Aube, nous sommes plus exigeants en terme d’accessibilité en demandant que les chambres soient de plain-pied et non à l’étage [1], indique le Dr Laurent Marié, directeur des politiques pour les ­personnes âgées et les personnes handicapées au Conseil général. Nous vérifions la largeur des portes, l’équipement adapté de la salle de bains, les accès extérieurs, etc.

Ces rendez-vous permettent également de mesurer la motivation et les capacités de la candidate et de sa famille à accueillir une personne âgée ou handicapée. L’accueillant doit s’engager notamment à ­préserver l’autonomie de la personne, à garantir son bien-être et à la faire participer à la vie familiale et à des activités sociales.

Avant de me lancer dans cette ­aventure, j’en ai beaucoup parlé avec mon mari et mes enfants, pour que tout le monde soit d’accord avec le projet.
Et si ce mode de vie leur pose, un jour, un problème ou s’ils ne s’entendent pas avec une ­personne accueillie, ils savent qu’ils ­doivent m’en parler,
souligne Marie-Paule Bernard.

La formation des accueillants familiaux assurée par le conseil général

Une fois ces visites effectuées, la candidature est soumise à l’avis d’une Commission. Le président du conseil général délivre ensuite un agrément, souvent pour une seule personne la première année.

Si aucun diplôme n’est requis, le département est, lui, tenu d’organiser et de financer la formation des accueillants familiaux, généralement sous forme de sessions de quelques jours par an.

Les personnes accueillies doivent être intégrées au maximum à la vie familiale.

Nous partageons tout avec elles : nous prenons les repas ensemble, je les emmène faire les courses, chercher les enfants, raconte Marie-Paule. Cet été, nous sommes tous partis en expédition sur l’île de Bréhat.
Et quand nous avons fêté les 17 ans de l’un de mes fils, leurs sourires au moment du gâteau valaient tous les cadeaux !

Remplacer la famille d’accueil en cas d’absence

Dans ces familles, la vie quotidienne doit être bien organisée. En plus des soins qu’entraînent leur handicap ou leur dépendance, ces personnes ne doivent jamais être seules.

Les accueillants ont d’ailleurs l’obligation de ­donner, en cas d’absence, des noms de remplaçants qu’ils rémunèrent eux-mêmes. [2]

L’une des difficultés de cette profession réside justement dans le manque d’alternative – accueil temporaire accueil temporaire Terme désignant un contrat d’accueil à durée déterminée, avec une date de début et une date de fin, prévoyant une prise en charge à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (de jour ou de nuit). ou remplaçant – pour des familles qui ne peuvent alors guère « souffler ».

Pour partir un week-end à un mariage, j’ai dû réserver des mois à l’avance des places en foyer et dans une famille spécialisée dans l’accueil temporaire, explique Marie-Paule.

C’est aussi pour vérifier la qualité professionnelle de l’accueil qu’un suivi est mis en place.

Tous les trois mois, des travailleurs sociaux se rendent dans les familles pour vérifier que l’accueil se déroule bien, autant pour l’accueillant que pour la personne accueillie, explique le Dr Marié. De plus, chaque famille d’accueil a un référent social vers lequel se tourner en cas de problème.

Ce n’est pas le conseil général qui est l’employeur, mais la ­personne âgée ou handicapée. Le contrat est donc établi entre l’accueillant et la personne accueillie ou son ­représentant légal (famille ou tuteur, par exemple).

La rémunération de l’accueillant, calculée sur 30,5 jours par mois, est constituée de trois indemnités :

Le paiement d’un loyer, dont le montant est contrôlé par le conseil général, vient en plus.

Le métier d’accueillant familial peu reconnu

La personne accueillie étant employeur, elle doit s’acquitter des cotisations patronales auprès de l’Urssaf. La rémunération comprend une couverture sociale minimale (Assurance-maladie et retraite), mais aucune cotisation Assedic : il n’y a pas de garantie de l’emploi.

Lorsque la famille n’accueille personne, elle n’est pas payée et ne perçoit pas d’indemnité, confirme le Dr Marié.
Cela montre bien qu’on ne reconnaît pas l’importance de notre activité, qui demande un investissement personnel incroyable, s’insurge Marie-Paule. Mais malgré certaines difficultés, mon métier m’apporte beaucoup de bonheur !

Héberger une personne âgée

Martine Leplanois, 55 ans, héberge trois personnes âgées, ce qui lui procure la joie de les voir vieillir heureuses : "J’ai toujours eu de très bonnes relations avec les personnes âgées et je travaille avec elles depuis longtemps. D’abord avec le centre communal d’action sociale pour faire des visites à domicile, la toilette et le ménage. Et puis j’ai décidé de devenir famille d’accueil.

Cela fait dix ans maintenant que trois personnes âgées vivent sous mon toit et je suis très satisfaite de ce choix qui m’a permis d’avoir du temps pour moi. Avec les personnes âgées, nous sortons nous promener, nous faisons des jeux, parfois même nous allons au restaurant.

Mais, contractuellement, j’ai demandé aux familles biologiques de les reprendre un dimanche par mois pour pouvoir me reposer. Car je ne peux sortir que si mon mari reste sur place. C’est très difficile de se libérer et de trouver une remplaçante.

En tout cas, j’adore ce métier et ma joie est de voir que, grâce à nous, les personnes âgées vieillissent heureuses."

Vivre dans une famille d’accueil

Madeleine Caillon, 86 ans vit chez Martine Leplanois : "J’étais veuve depuis quelques années et je ne voulais plus être seule chez moi. Je m’ennuyais et, comme je ne pouvais plus trop bouger, je ne voyais jamais mes enfants.

Ma coiffeuse m’a alors donnée les coordonnées de Martine Leplanois. Nous nous sommes rencontrées et cela fait quatre ans que j’habite ici.

J’ai une chambre seule, avec une télévision et un lavabo, et j’ai pu la décorer avec mes souvenirs.

Depuis, mes enfants me prennent chez eux en alternance et je peux profiter de mes petits-enfants et de mes arrière-petits-enfants. Martine Leplanois me rappelle leurs anniversaires et me conseille sur les cadeaux que je peux leur offrir.

Je sors tous les jours pour aller au bourg, j’aide un peu à la vaisselle, je joue aux cartes et aux dominos.

Ici, il y a plein de visites, comme celles des tout-petits de la maison que j’aime voir grandir. Vraiment, ma vie est plus riche et bien plus gaie !"

Pour en savoir plus :

  • Famidac : www.famidac.fr, association des accueillants familiaux, pour obtenir des informations pratiques et consulter les petites annonces.
  • Conseil général : www.nom du département.fr (par exemple www.aude.fr) pour accéder au site du conseil général de votre département et demander l’agrément auprès des services sociaux.

P.-S.

> Vous pouvez retrouver cet article de 6 pages sur http://www.dossierfamilial.com/famille-d-accueil-pour-seniors-un-vrai-metier-8498.html

Commentaire de Famidac :

Bonjour,

Merci pour votre excellent article. Je souhaite y apporter une petite précision :

Vous écrivez, en introduction : "la France comptait plus de 9 000 accueillants familiaux (94 % de femmes) pour près de 14 000 personnes ÂGÉES accueillies."

En fait, la DGAS recensait 9.220 accueillants familiaux agréés et 13.868 personnes accueillies :

  • 7.327 personnes handicapées (de 18 à 60 ans)
  • 6.541 personnes âgées (de plus de 60 ans... dont environ 50% âgées de moins de 75 ans).

Alors qu’un petit quart seulement des personnes accueillies est âgé de plus de 75 ans, les médias ont tendance à se focaliser sur l’accueil de seniors, laissant dans l’ombre les trois quarts des accueils, ceux d’adultes handicapés qui doivent, eux aussi, pouvoir choisir cette alternative au maintien à domicile ou au placement en établissement.

Courtoisement,
Pour l’association Famidac
Étienne Frommelt, Président

Notes

[1Il est pourtant parfaitement légal d’accueillir, dans des chambres "à l’étage", des personnes handicapées ou âgées valides. Tout refus d’agrément pour ce motif serait abusif - voir ici.