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2016 : L’accueil familial jusqu’en fin de vie

Les accueillants familiaux sont-ils disposés à accompagner les personnes accueillies jusqu’en fin de vie ? Sont-ils préparés et formés à cela ?

Delphine nous écrivait, en mai 2016 :

Bonjour,

Je suis actuellement étudiante en Diplôme d’Etat de Conseillère en Economie Sociale Familiale et dans le cadre de mes études, j’ai l’opportunité de réaliser un mémoire sur les personnes âgées en accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). .
Suite à des rencontres réalisées avec des accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
j’ai pu constater qu’ils sont plusieurs à avoir mal vécu leur séparation avec l’accueilli, lors de son décès, ou redoutent ce moment.
Etant sur le département du Loir-et-Cher, je souhaiterai savoir quelles solutions sont proposées dans les autres départements pour pouvoir soutenir les accueillants familiaux.
Je vous remercie par avance de m’aider dans mon travail de recherche...

Delphine BERTHELOT

Nous avons mis son questionnaire en ligne (à consulter ici et/ou en bas de cette page) ; celui-ci a permis de recueillir rapidement une quinzaine de témoignages, mais peut encore être complété.

En octobre 2016, Delphine nous annonçait une bonne nouvelle :

Bonjour,

L’accueil familial auprès de personnes âgées
Delphine Berthelot - DECSF, 2016

J’ai eu mes résultats et ils ont été positifs ! :-)
Je vous envoie ci-joint mon mémoire. Vous pouvez le publier intégralement : lire les mémoires d’autres étudiants m’a servi alors, si ça peut aider, c’est avec plaisir.
Encore merci pour les informations que vous m’avez transmises pour mon travail de recherche.

Cordialement, Delphine

B-) Bravo et Merci, Delphine : votre mémoire est clair, vivant et agréable à lire...
Extraits :

4 LA FAMILLE D’ACCUEIL famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" !  : un lieu de vie proche du maintien à domicile

4.1 Raisons de l’orientation en famille d’accueil
Lorsque la personne âgée est à son domicile, en situation de dépendance, la présence d’un tiers n’est pas toujours bien vécue, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une aide extérieure, c’est-à- dire d’un membre qui n’est pas de la famille. La personne âgée peut être réticente quant à l’idée qu’une personne qu’elle ne connaît pas entre dans son domicile, fasse le ménage ou bien lui fasse sa toilette par exemple.
De plus, pour une personne âgée, demander de l’aide ou se faire aider peut conduire à un sentiment de honte. La honte de ne plus être capable de faire seule. Lorsque ce sont les enfants qui s’occupent de leur parent vieillissant, ce dernier peut mal vivre le fait que les rôles aient été échangés : l’enfant joue le rôle de parent en s’occupant de son propre parent. Ce dernier refuse très souvent d’être une « charge » pour ses enfants. Deux personnes âgées sur les cinq interrogées m’ont confirmé ce sentiment : « ma fille travaille, elle a ses propres enfants à gérer et sa vie de couple, je ne pouvais pas rester chez elle », Paulette ; « mon fils venait me voir chez moi tous les deux jours environ, mais ça lui faisait beaucoup de route [45minutes] en plus de sa journée de travail et de sa vie de famille », Yvonne.
Comme nous pouvons le voir dans les paroles des personnes âgées retranscrites ci-dessus, les enfants doivent concilier leur vie professionnelle, familiale ainsi que leur rôle d’aidant ce qui n’est pas toujours facile au quotidien. Cela explique parfois l’institutionnalisation ou l’arrivée en accueil familial de l’aîné. L’une des missions du CESF est d’informer les seniors et leur famille des dispositifs d’aide existants pour permettre le maintien à domicile. Lorsque cela s’avère être compromis aussi bien pour la personne âgée que pour sa famille, le CESF doit les orienter vers les dispositifs d’accueil existants, notamment l’accueil familial. Un projet d’accompagnement est élaboré entre ces trois parties : le CESF, la personne âgée et sa famille.
Une citation de l’ouvrage d’Isabelle MALLON, confirme ces sentiments, des parents vieillissants, d’être une charge, d’être démunis et inférieurs vis-à-vis de leurs enfants :

« Réclamer, c’est se faire l’enfant de ses enfants ».

(...) Le maintien à domicile peut parfois s’avérer compliqué et insécurisant pour la personne concernée lorsqu’elle présente une augmentation de troubles du comportement, de troubles cognitifs ainsi que de troubles moteurs. Cela est significatif d’une hausse du niveau de dépendance.
L’accueil familial, de par ses différents atouts, peut être une solution adoptée par la personne âgée et son entourage. En effet, cet accueil est un choix supplémentaire pour un maintien à domicile en constituant un « nouveau chez soi ». Les personnes âgées rencontrées sont en accueil familial, très souvent, car elles ne souhaitaient pas aller en maison de retraite du fait des représentations négatives qu’elles peuvent avoir de ces établissements. Quatre des personnes âgées avec qui j’ai échangé, étaient à leur domicile ou chez leurs enfants avant d’aller en famille d’accueil.
Être contraint de quitter son domicile n’est pas une chose facile. Cependant, lors de mes entretiens avec les personnes âgées en accueil familial, aucune d’entre elles n’a évoqué une éventuelle appréhension lors de leur arrivée dans une famille d’accueil. En effet, bien que ce choix ait été proposé par un membre de leur famille, un travailleur social ou bien encore par l’accueillant familial lui-même, les personnes âgées semblent avoir accepté cette proposition facilement. Elles se sont également toutes adaptées à ce nouveau lieu de vie et en sont satisfaites.
(...)

4.1.2. Aspect social
La personne âgée accueillie en accueil familial bénéficie d’un accompagnement personnalisé. L’accueillant ne réalise pas seulement des soins sur l’accueilli, il va également établir une relation sociale entre lui-même et la personne qu’il a à son domicile. Ce mode d’accueil permet de développer de nouveaux liens sociaux pour les sujets âgées, pour qui l’avancée en âge impacte les relations sociales du fait des décès des proches et/ou de la baisse de participation à la vie en société par exemple.
La diminution des motivations à sortir ou à participer à des activités peut être problématique chez les sujets âgés. En effet, ces derniers vont progressivement, se replier sur eux-mêmes et vont faire le choix de rester à leur domicile, qui constitue un repère pour eux. C’est pourquoi on parle de plus en plus d’isolement des personnes âgées. Celles que j’ai rencontrées aiment très peu sortir pour se promener ou faire des activités. Les accueillants familiaux les motivent à faire cela afin d’éviter le phénomène d’isolement.
Une fois la sortie ou l’activité extérieure effectuée, la personne âgée est le plus souvent ravie. De plus en accueil familial, les accueillis ne sont jamais seuls, ils sont constamment en contact avec les membres de la famille d’accueil sans être à la fois dans un lieu de vie collectif et/ou médical, ce qui permet également de lutter contre l’isolement.
Lors de l’échange réalisé avec l’aide soignante exerçant en EHPAD, celle-ci me confie que, d’après elle « l’accueil familial permet d’être plus proche des personnes âgées qu’en maison de retraite ». En effet, elle et son équipe sont soumises à des horaires qui ne leurs permettent pas toujours de prendre le temps de parler avec les personnes âgées lorsque celles-ci en ressentent le besoin. Ces contraintes sont liées à l’organisation mais également à la vie en collectivité.
Le temps consacré par les accueillants familiaux pour prendre soin et s’occuper des personnes âgées permet de réaliser certaines choses qui ne sont pas réalisables en maison de retraite. En effet, lors de mon échange avec Madame De., accueillante familiale, celle-ci m’a évoqué un souvenir marquant. Elle accueillait chez elle, un homme âgé qui, auparavant, était en maison de retraite et qui ne pouvait plus marcher. L’accueillante, grâce à sa motivation extrême, son courage marquant et des heures de travail intensives, a réussi à refaire marcher le vieil homme. Elle a réussi à faire cela car elle pouvait lui consacrer du temps. D’après elle, « s’il était resté en maison de retraite, il n’aurait jamais pu retrouver le goût de marcher ».
Du fait d’un accueil d’une à trois personnes maximum, l’accueil familial permet d’offrir un accompagnement personnalisé et de répondre aux demandes individuelles.

4.1.3. Aspect familial
Pour tout individu, la famille est un lieu de refuge et de sécurité. Tout au long de la vie, elle constitue l’interlocuteur principal. Elle garantit le bien-être d’une personne et contribue à son épanouissement. DE SINGLY, sociologue français, définit la famille comme étant par excellence le lieu de la reconnaissance de soi.
L’évolution des solidarités familiales résultant de la féminisation du travail, de l’exode rural, de la désorganisation des familles et de l’augmentation du nombre de familles éclatées, recomposées et monoparentales, ne permet plus à la structure familiale de faire face aux besoins de ces adultes dépendants.
L’accueil familial permet alors aux personnes âgées d’être accueillies par des personnes extérieures à leur famille, tout en offrant une atmosphère familiale.
Cette solution d’accueil offre aux personnes âgées « une vie de famille chaleureuse et stimulante où sont privilégiés l’écoute, le respect de la personne, le maintien ou le développement de ses capacités d’autonomie, l’attention portée à ses problèmes de santé et la collaboration avec le personnel de santé », d’après un témoignage sur le site Famidac de la responsable de l’accueil familial au Conseil Départemental de l’Oise.
Pour Madame De. : « ce sont [les personnes qu’elle accueille] comme des membres de ma famille ». Cependant les accueillants familiaux ne souhaitent pas se substituer à la famille naturelle de la personne. La personne âgée peut recevoir sa famille au domicile où elle est accueillie.
Le cadre de la famille d’accueil permet parfois d’avoir sous le même toit plusieurs générations. C’est alors l’occasion de créer des relations intergénérationnelles, notamment lorsque l’accueillant a ses enfants encore à domicile ou bien qu’il garde ses petits-enfants par exemple. La présence de plusieurs générations plait en général beaucoup aux enfants, mais également aux personnes âgées, pour qui cela peut rappeler certains souvenirs. De plus, comme l’a dit Monique : « c’est plus agréable d’être entourée de jeunes plutôt que de personnes mourantes comme dans certaines maisons de retraite » .

4.2 Ressenti de la personne âgée en accueil familial

En général la personne âgée en accueil familial s’y sent bien. Sur les cinq personnes que j’ai rencontrées, elles expriment toutes leur sentiment de bien-être au sein de la famille d’accueil. Seul Colin serait prêt à aller en maison de retraite bien qu’il apprécie le quotidien chez son accueillante. Quant aux autres personnes rencontrées, elles souhaitent rester en famille d’accueil jusqu’à ce qu’une hospitalisation les en empêche et elles l’expriment oralement ou en le faisant comprendre à leur façon, comme en pleurant par exemple.
Monique, elle, est sur liste d’attente pour entrer en maison de retraite. Depuis novembre 2015, date à laquelle Monique est arrivée en famille d’accueil, elle ne souhaite plus aller en maison de retraite et me confie « je m’ennuie là-bas » ... bien qu’elle n’y soit jamais allée.
Claudette, personne âgée Alzheimer en accueil familial depuis 2 ans s’exprime peu au quotidien. Cependant, lorsque sa tutrice lui rend visite, elle se met à pleurer par peur qu’on l’enlève de la famille d’accueil. D’après son accueillante, si Claudette est un jour contrainte de quitter le domicile pour cause d’hospitalisation par exemple, « elle ne fera plus d’effort et se laissera couler ».
Deux personnes qu’accueillait Madame M. refusaient d’aller en maison de retraite bien que l’accueillante ne se sente plus en capacité de les accueillir. Pour l’une d’entre elles, un préavis avait été signé avec Madame M. pour mettre fin à l’accueil, à la demande de cette dernière. A la fin des deux mois de préavis, la personne âgée aurait intégré une maison de retraite. N’ayant probablement pas accepté cette idée, elle est décédée dès le début du préavis, au sein de la famille d’accueil.
En accueil familial, les personnes accueillies disposent de leur propre chambre individuelle où elles passent la plupart de leur temps. Elles ont très souvent leur télévision, ce qui est leur passe-temps favori. Certaines d’entre elles participent aux tâches quotidiennes du domicile. Par exemple, Monique aide quelquefois son accueillante à préparer les repas en épluchant les légumes. Elle dit se sentir utile et aime le faire.
Au sein de la famille d’accueil, la personne accueillie peut continuer de réaliser certaines tâches qu’elle effectuait à son domicile. Cela lui permet de rester quelque peu dynamique, de continuer à se rendre utile et donc de renforcer l’estime de soi, tout en ayant une présence en permanence.
Du fait d’un accompagnement individualisé, la famille d’accueil permet de stimuler les personnes âgées tout en respectant leur capacité, leur rythme et leur fatigabilité. Elles permettent également d’offrir une surveillance importante.

L’accueil familial auprès de personnes âgées
Delphine Berthelot - DECSF, 2016

Les missions des accueillants consistent à (re)donner goût et envie aux personnes, les motiver et leur redonner confiance en elles, tout en prenant en compte leurs capacités et leurs difficultés.
Pour Madame Di., accueillante familiale depuis 2 ans, il est important que la personne âgée qu’elle accueille ne reste pas enfermée dans sa chambre afin qu’elle ne perde pas ses capacités physiques. Pour cela elles vont marcher un petit peu chaque jour. Il en est de même pour Madame M. qui aime faire des activités manuelles avec les personnes âgées.
Ces aspects de l’accueil familial sont très appréciés des personnes accueillies qui m’en ont fait part lors de nos rencontres. (...)


Pour lire l’intégralité de ce mémoire, téléchargez-le en cliquant ici (PDF, 540ko)

P.-S.

Tous ceux qui le souhaitent peuvent encore exprimer leur point de vue en répondant à ce questionnaire : leur réponses viendront s’ajouter à celles que Delphine a déjà dépouillées, et seront utiles aux autres étudiant(e)s qui souhaiteraient compléter ou approfondir ce sujet.

Merci d’avance pour vos réponses !

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