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Personnes âgées : plus de 500.000 places à créer d’ici 2040

Source : AFP, 05 février 2014

Plus de 500.000 places à créer en maisons de retraite d’ici 2040 (étude)

Il faudrait créer plus de 500.000 places en maisons de retraite médicalisées (et/ou en accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois).  ?) d’ici à 2040, c’est-à-dire presque doubler leur nombre, pour répondre au vieillissement de la population, estime une étude publiée mercredi par Cap Retraite.

Précisément, cet organisme qui conseille les familles cherchant une place en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), estime qu’il faudrait créer 541.343 lits si l’on veut conserver le ratio moyen actuel (16 lits pour 100 personnes âgées de 80 ans et plus, soit un total de 577.953 places en 2012).

L’étude souligne toutefois que ce besoin pourra être atténué si des mesures sont prises pour améliorer le maintien à domicile (et/ou en accueil familial ?).

Celles-ci sont attendues dans un projet de loi sur l’autonomie, qui doit être transmis le 12 février au Conseil économique social et environnemental (Cese) en vue d’une présentation en conseil des ministres le 2 avril.

D’ici à 2040, le nombre des plus de 80 ans aura augmenté de 94% à près de 7 millions de personnes. Les régions les plus touchées par le vieillissement seront l’Alsace (+112%) et le Languedoc-Roussillon.

Cap Retraite rappelle qu’actuellement, "aucun territoire ne dispose d’une offre suffisante" de places en Ehpad, mais le Nord-Pas-de-Calais, l’Ile-de-France et la Haute-Normandie sont les plus mal pourvus.

Au vu des projections démographiques, il estime que les régions où il faudra créer le plus grand nombre de places à l’horizon 2040 sont Rhône-Alpes, l’Ile-de-France et les Pays de la Loire (plus de 50.000 places nécessaires dans chacune).

Une place en Ehpad coûte en moyenne 1.769 euros par mois, selon cette étude. Le coût est nettement supérieur dans les départements très peuplés comme Paris (3.294 euros), les Hauts-de-Seine (2.806) et les Yvelines (2.562). En Vendée et dans la Meuse en revanche, il est estimé à 1.342 euros par mois.

Le coût d’un séjour en maison de retraite médicalisée représente en moyenne 106% des ressources mensuelles d’un foyer de retraités. En Seine-Saint-Denis, le ratio atteint 154% (tarif moyen de 2.440 euros par mois pour des revenus de 1.582 euros).

Les familles peuvent parfois diminuer le coût du séjour en éloignant leur proche dans un département limitrophe. Par exemple, "une famille peut réaliser 42% d’économies" en s’éloignant de Paris pour l’Oise.

Cap Retraite estime qu’"une aide financière centralisée de l’Etat sera incontournable" pour remédier à la situation.

Placement sans consentement, liberté de choix des personnes âgées

Au même moment, sur Gérialist, plusieurs gériatres et responsables débattent du consentement des personnes âgées, qui devrait être recherché avant tout "placement" en établissement... ou ailleurs ! En oubliant parfois l’accueil familial, à mi-chemin entre le maintien à domicile et le placement en établissement.

Sujet ouvert par le Dr Bernard Pradines, Gériatre (également publié sur le site agevillagepro.com)

La grande majorité des personnes âgées souhaiterait passer le reste de ses jours à son domicile [1]. Il s’agit d’une problématique bien plus prégnante et fréquente que celle des débats récurrents, actuellement à la mode, sur la fin de la vie : acharnement thérapeutique, suicide assisté, euthanasie.

Quand une personne âgée entre dans un établissement d’hébergement et de soins pour y passer le reste de ses jours, il est désormais admis que son consentement doit être obtenu. A moins que ses capacités mentales ne soient compromises à un point tel qu’elle n’est plus capable de juger de sa sécurité vitale ou de son intégrité corporelle en demeurant à domicile.

« Placé » en contrainte, protestant de ses capacités résiduelles et de sa volonté, Monsieur X put vivre encore deux ans chez lui car sa parole de refus fut entendue par le médecin de l’établissement et la procédure juridique inversée. Il n’en fut hélas pas de même pour Madame Y malgré l’absence d’évaluation préalable et un signalement au procureur de la République.

Il est donc de la plus haute importance d’apprécier « l’autonomie fonctionnelle » et surtout « l’autonomie décisionnelle » afin de respecter les volontés de la personne tout en sauvegardant sa sécurité.

Ces considérations amènent la conclusion suivante : aucune personne ne devrait être admise en EHPAD [2] ou en SLD [3] sans évaluation gériatrique préalable par un médecin indépendant du processus de placement et au fait de l’éthique dans ce domaine.

[1] 81% des personnes interrogées dans un sondage IFOP-PFG 2010
[2] EHPAD : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (anciennes Maisons de Retraite)
[3] SLD : soins de longue durée (anciens Longs Séjours)

Bien à vous,

Bernard Pradines, gériatre,
Formation et Conseil

Parmi une cinquantaine de réactions et contributions, l’analyse de Mme Lise Morel, Ex-directrice d’EHPAD, consultante est particulièrement intéressante :

Bonsoir à tous,

J’entre dans le débat après avoir pris le temps de collecter vos échanges nombreux et rapprochés. Du coup je vais être un peu longue ... et aller au-delà de l’approche médicale.

Il me semble qu’il y a plusieurs aspects à prendre en compte :

  • les progrès permettant un vieillissement plus tardif de la population française dans de meilleures conditions et en meilleure santé
  • l’amélioration des conditions de vie à domicile (PALULOS, développement des aides et soins ...).
  • la prééminence de pathologies dites du "grand âge" inexistantes ou inaperçues il y a un siècle (l’une d’elles ayant été décrite par un certain Aloïs) dont certaines semblent bien corrélées à des modes de vie dégradés, il faut le reconnaître (pollution ou peur de la pollution, conditions de travail ou colère face aux conditions de travail, malbouffe ou compensation du mal de vivre ...)
  • la difficulté - je suis désolée mais c’est une réalité - de certains médecins à accompagner leur patient âgé à domicile dans une réflexion avec son entourage sur son devenir quand les conditions se fragilisent, et à orienter vers le recours aux services sociaux.
  • des progrès scientifiques et technologiques qui ont permis de développer l’ambulatoire pour ceux qui ont une pathologie isolée (gérable en ambulatoire), et de bonnes ressources par ailleurs (santé, jeunesse, entourage familial, ...) avec pour conséquence une part de patients hospitalisés âgés devenue prédominante : population polypathologique, fragile, à l’entourage incertain, parfois (ou souvent ?) éloigné quand il existe, ou pas toujours "fiable".
  • la mission des structures de soins de suite : on y trouve de moins en moins de possibilités de "tester" sa capacité à rentrer chez soi, au-delà des moyens et du temps de "s’y refaire une santé".
  • du coup, les demandes d’admission "en urgence" en EHPAD, ce qui est un non-sens pour moi : hors situations particulières (violences familiales, incendie ...) qui a jamais déménagé en urgence de chez soi, à part les expulsés ? un déménagement, et a fortiori un déracinement, ça se prépare soigneusement, car "plus l’arbre est vieux, plus il faut de précautions et de soin". Ce qui est urgent, c’est de libérer un lit !!!
  • l’approche encore beaucoup trop timorée de nombre d’acteurs du processus de pré-admisssion en EHPAD : trop peu de directeurs, medco et cadres de santé "exigent" la visite de la personne âgée avant toute décision, dusse-t-elle venir en ambulance et faire nombre de kilomètres pour cela (qui a jamais déménagé sans avoir visité son futur logement ?). Et si elle ne peut pas, c’est qu’elle ne relève pas de l’EHPAD (ou pas encore car pas assez requinquée, ou plus du tout car relevant d’USLD) ! Et trop nombreux sont ceux qui ignorent le véritable "client" en ne considérant que la position de la famille, et laissent dire et agir des mensonges : "tu vas un mois en maison de repos" : et on s’étonne de voir se développer des démences ou pire de constater des syndromes de glissement puis des décès peu de temps après l’admission !!!

Pour rebondir sur certains propos, ce n’est ni la dépendance ni la longévité qui posent problème, c’est le choix de notre société qui valorise l’actif, le beau, le conforme, le rentable, et peu l’être humain dans toutes ses dimensions : allons un peu voir ailleurs comment ça se passe, et rappelons-nous le propos de Christian Combaz dans "Éloge de l’âge dans un monde jeune et bronzé" : ... "selon les sociétés, la personne âgée dispose d’un trône, d’un fauteuil, d’une chaise, d’un strapontin ou d’un siège éjectable" ... et là, nous ne sommes pas en tête de peloton ... et nous nous prétendons "développés" face à des sociétés tribales, qui ne connaissent pas encore ces témoins de nos "progrès" que sont les antennes radio, les OGM, nos banlieues, le nucléaire, le JT, le chacun pour soi, les raviolis au cheval et la croissance à 2 chiffres ...

Par conséquent, est-ce le rôle de la seule famille de faire face jusqu’à épuisement aux difficultés de son parent ? L’état a certes mis en place (= imposé par ... l’impôt) une solidarité qui n’existe plus spontanément, et qui reste très faible compte tenu du niveau d’élévation des consciences électrices ("les vieux, ça ne sert à rien et ça coûte cher")...

...d’où la formule "le consentement doit être recherché" (et pas "obtenu") qui abandonne les acteurs de terrain, que nous sommes tous, face à ce flou insupportable.

Cordialement. Lise Morel Ex-directrice d’EHPAD, consultante.

Et l’accueil familial ???

L’accueil à titre onéreux, par des particuliers, de personnes âgées ou adultes handicapées, constitue une réponse adaptée, parmi la palette des réponses offertes aux personnes âgées ou handicapées qui ne désirent plus ou ne peuvent plus, en raison de leur perte d’autonomie ou de leur handicap, demeurer à leur domicile. Elle leur permet de bénéficier d’un mode d’accueil intermédiaire entre le maintien à domicile et l’hébergement collectif en établissement ou de répondre à des situations de prise en charge temporaire, pendant des vacances ou après une hospitalisation.

Ce mode d’accueil, que le Gouvernement souhaite développer parce qu’il répond à une attente forte de ces personnes et de leur famille, constitue une formule souple, recherchée en raison des avantages qu’elle présente. Elle permet généralement, par la proximité géographique du lieu de l’accueil, à la personne âgée ou handicapée, de maintenir des liens tissés avec son environnement antérieur tout en lui offrant un cadre familial et sécurisant. Elle présente également un grand intérêt pour la collectivité, par le potentiel d’emplois qu’elle représente.

Références : introduction du Contrat type d’accueil familial, Décret n° 2010-928 du 3 août 2010 et Journal Officiel du 4 septembre 2010 (Rectificatif au Journal officiel du 7 août 2010).