Famidac.fr

Famidac, l'association des accueillants familiaux
et de leurs partenaires

Version imprimable de cet article Version imprimable

Santé mentale - une thérapie maison

Auteur : Marina Chélin, Le Télegramme, 8 septembre 2017

La Fondation Bon Sauveur de Bégard (Côtes d’Armor)), établissement spécialisé en santé mentale, recrute actuellement des familles d’accueil. À Plouagat, Anne-Marie et Michel Laurent se sont lancés, il y a sept ans, dans cette aventure humaine, qui a changé leur vie. Ils racontent.

« Vous ne vous rendez pas compte, ça pourrait être dangereux ! ». Il y a sept ans quand Anne-Marie et Michel Laurent ont décidé de devenir famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! thérapeutique pour des patients stabilisés du centre hospitalier Bon Sauveur de Bégard, certains de leurs proches n’ont pas caché leurs craintes. Qu’importe.
« Nous n’avons jamais regretté. Pourtant, des fois, on aurait pu », sourient Anne-Marie et Michel. « Parce ce que ce n’est pas un travail [1] de Bisounours... ».
Un boulot peu ordinaire, en effet, qui, en dehors des congés et de certains week-ends, requiert d’être disponible sept jours sur sept et 24 heures sur 24... Pas évident, de prime abord.

Reconversion réussie

Mais pas de quoi, non plus, effrayer Anne-Marie et Michel, qui ont élevé six enfants et tenu une exploitation agricole pendant 30 ans. « On était assez habitué aux contraintes », glissent-ils. Arrivés à la soixantaine, ils ont souhaité se reconvertir et se défaire « d’un rythme de travail démentiel », qui gangrenait insidieusement leur vie.

AFT - plaquette du centre hospitalier Bon Sauveur de Bégard

Remplissant tous les critères de sélection, deux agréments leur ont été octroyés en 2010. Le but : aider leurs hôtes, à l’enfance souvent cabossée, à gérer leur quotidien et à reprendre confiance en eux, dans l’optique de regagner une certaine autonomie mise à mal par la maladie psychique.

« Je ne vous oublierai jamais »

Chez les Laurent, le démarrage a été plutôt tonique avec le premier « accueilli », un jeune homme souffrant de déficience mentale. Une première expérience qui sera stoppée au bout de neuf mois, suite à un comportement violent. Car la règle est d’or, la famille ne doit jamais être mise en danger.
Anne-Marie se veut néanmoins optimiste. « Il leur restera toujours quelque chose du passage à la maison ». Sur les dix patients accueillis en sept ans, Anne-Marie et Michel n’ont sollicité que trois fois Bon Sauveur pour demander une réhospitalisation immédiate. À cause d’une rechute dans une addiction aux stupéfiants, pour un homme, ou encore d’un débordement émotionnel trop important chez une femme. « Elle avait beaucoup de mal avec la notion de famille, qui lui renvoyait en pleine figure un passé très douloureux ». Malgré tout, elle avait exprimé, avec des mots forts - « Je ne vous oublierai jamais  » -, beaucoup de reconnaissance vis-à-vis du couple.

De belles réussites

Outre les moments compliqués, de belles réussites ont surtout émaillé les différents parcours. « Nous, nous sommes juste un passage, une parenthèse, mais qui peut tout changer pour la suite », assure Anne-Marie. Elle se demande ce qu’il serait advenu de certains « si on ne leur avait pas donné la possibilité de venir chez nous. Le simple fait de vivre dans une famille, beaucoup ne l’avaient jamais connu... ».

Quelle joie pour la Plouagatine de voir les évolutions et parfois même des transformations fulgurantes. « Nous avions une personne mutique à l’apparence très négligée, qui en quelques mois, et grâce à beaucoup de douceur, s’est ouverte à la communication. Et, aujourd’hui, il fait attention aux habits qu’il porte ! ».
Sans oublier les relations qui durent dans le temps, comme cette patiente qu’Anne-Marie et Michel retournent chercher à l’hôpital pour fêter son anniversaire à la maison et ramasser des fraises à la belle saison. Ou cette autre, restée très proche des Laurent : « La relation s’est transformée en une forme d’amitié », se félicitent-ils. Pour Michel, qui prendra sa retraite en mars prochain, le bilan est on ne peut plus positif. « Humainement, cela restera certainement la période la plus enrichissante de ma vie... ».