A l’image des structures soutenues par la Fondation Abbé Pierre, de nombreux projets de lieux de vie sont généralement portés par des structures associatives fortes d’une solide expérience dans les domaines de l’hébergement, de l’insertion par le logement et/ou de l’accompagnement social.
Une ou deux dizaines de logements privatifs, avec une cuisine commune, une salle de télévision, ou d’autres espaces de vie collectifs : ainsi peut être dessinée, schématiquement, la maison-relais. Ici, des personnes en forte exclusion apprennent à vivre en autonomie, sans limitation de durée, et avec le soutien bienveillant d’un ou deux hôtes…
L’enquête de la Drees sur les « établissements et services » pour adultes en difficulté sociale, publiée en avril 2015, met en lumière un développement conséquent : fin 2012, il en existait 546, en y incluant les « résidences d’accueil », ouvertes pour les personnes handicapées psychiques. Et ces différents établissements proposaient pas moins de 10.500 places, pour un prix de journée de 16 euros par place et par jour.
Ce dispositif est encadré par la Circulaire DGAS/SDA n° 2002-595 du 10 décembre 2002 relative aux maisons relais : il doit s’agir de petites structures comportant au moins dix logements et pas plus de vingt-cinq, composées essentiellement de Type 1, équipés pour permettre aux pensionnaires d’avoir un minimum d’autonomie.
Rien à voir, donc avec l’accueil familial... et les personnes accueillant, sans agrément, sous des appellations fantaisistes ("pensions de famille", "famille hébergeantes", etc.) des personnes âgées ou handicapées sont dans l’illégalité.
Rappelons que le fait d’accueillir sans agrément à son domicile, à titre onéreux, des personnes âgées ou handicapées adultes est une infraction passible de 3 mois d’emprisonnement et/ou d’une amende de 3.750 euros (article L443-9 du code de l’action sociale et des familles).
Pensions de famille
Un dispositif officiellement bien cadré - mais sous cette dénomination se cachent trop souvent des établissements clandestins aux pratiques plus que douteuses !
Extrait des cahiers du logement, Fondation abbé Pierre, novembre 2014 : La fonction et le rôle des hôtes des Pensions de famille
(...) la Pension de famille s’adresse prioritairement à des personnes adultes seules, hommes ou femmes, âgées de plus de 25 ans, qui ont pour point commun de ne pas (ou de ne plus) trouver leur place dans une autre structure d’hébergement ou de logement, ou qui ne souhaitent pas y demeurer durablement.
Leur situation sociale et personnelle ne leur permet généralement pas d’assumer la vie en logement autonome et indépendant, bien qu’elles ne nécessitent pas ou plus d’accompagnement lourd (de type prise en charge en CHRS). Elles peuvent cumuler les caractéristiques suivantes :
- faible niveau de ressources, issues pour l’essentiel de transferts sociaux ;
- situation d’isolement affectif, familial et/ou social ;
- parcours antérieur fait de ruptures, et souvent de séjours à la rue ;
- difficultés à assumer seules le quotidien dans un logement ;
- difficultés de santé, physique et/ou psychologique voire psychiatrique, qui les fragilisent.
La mixité des profils (âge, parcours de vie, sexe, origine culturelle, problématiques) est recherchée afin de ne pas concentrer les mêmes difficultés dans la structure, et d’assurer une vie collective harmonieuse. Si les locaux le permettent, des couples sont également accueillis.
Le statut de Pension de famille et le projet social rendent souvent difficile ou impossible l’accueil de :
- personnes en situation irrégulière, qui ne pourraient bénéficier de l’aide personnalisée au logement ;
- familles (personnes isolées avec enfants ou couples avec enfants), dont l’orientation vers le logement autonome devrait être priorisée ;
- jeunes en parcours d’insertion sociale et professionnelle pour qui une place en résidence sociale serait plus appropriée.
Les personnes accueillies en Pension de famille ont souvent connu la vie en structures (placements dans l’enfance, foyers d’hébergement, hôpital, prison…), et si elles rejettent parfois ce mode de prise en charge, elles ont toutefois besoin de repères et de temps collectifs, pour se réapproprier leur indépendance. C’est pourquoi la Pension de famille associe des logements individuels équipés (kitchenette et sanitaires) et meublés, et des espaces collectifs (cuisine, buanderie, salle d’activités…), qui permettent aux habitants, selon leur rythme et leur besoins, d’alterner des temps seuls « chez eux », et des temps d’échanges, proposés et animés selon les cas par le personnel et des bénévoles.
La Pension de famille propose un cadre de vie qui doit permettre aux habitants de retrouver une stabilité, de ne pas gommer leur passé mais de reprendre progressivement confiance en leurs capacités, afin de se remettre en position d’acteurs de leur projet de vie. Pour cela, la Pension de famille doit être chaleureuse et sécurisante, afin d’offrir des repères aux habitants, de leur redonner des rythmes de vie ordinaires, de les aider à réapprendre les gestes du quotidien. Comme dans une famille, les habitants participent aux tâches collectives (courses, ménage…) et à la préparation des repas qui, plusieurs fois par semaine, sont pris en commun.
La taille de la Pension de famille permet de conserver une dimension humaine à la gestion du quotidien, et de privilégier les échanges en impliquant les habitants dans le fonctionnement de la maison.
Dans la mesure où la Pension de famille relève du logement, les personnes accueillies ont le choix de la durée de leur séjour. Elles peuvent rester de quelques semaines à plusieurs années dans la structure, et la plupart y trouveront un habitat durable qui saura s’adapter à leur évolution.
Les résidences sociales
Créées par décrets en 1994, les résidences sociales proposent en 2015 plus de 101.000 logements en France. Par comparaison, la Drees dénombrait, fin 2012, le même nombre de places en hébergements ou en pensions de famille…
Comme ces dernières, du reste, les résidences sociales appartiennent à la catégorie des logements accompagnés. Mais elles s’en distinguent en offrant « un logement temporaire à des personnes en capacité d’occuper un logement autonome ». Et ce modèle s’avère adapté à des publics très différents, des jeunes apprentis aux seniors, des familles monoparentales aux travailleurs précaires, des migrants aux personnes en souffrance psychique...
Les résidences sociales proposent des habitations autonomes, adaptées aux foyers concernés et dont l’objectif est de favoriser la vie autonome des personnes admises.