En vidéo : le témoignage de M. Slimane, enregistré en septembre 2012 lors de l’Assemblée Générale de Famidac.
A l’écrit :
[La création d’un service de Placement Familial Spécialisé
Concepts et principes d’organisation, de fonctionnement et de formation des accueillants
Résumé : Une collectivité du type internat, aussi douce qu’elle soit, écrase par le poids de sa structure l’individu qui y vit. Certes il ne manquera de rien au niveau de l’existence mais son horizon social se refermera sur lui.
La création, au sein d’un établissement "fermé", d’un service de Placement Familial Spécialisé a permis de reculer l’échéance de la collectivisation de nombreuses personnes handicapées, tout en réduisant (-25%) "leurs coûts de journée."
Le Placement Familial Spécialisé permet aux personnes accueillies d’exister au milieu d’une société ; c’est aussi un élément utile et éducatif pour la société qui fonctionne souvent à partir d’identifications, de modèles et de mythes. Un handicapé circulant dans une rue ou une grande surface rappelle non seulement qu’il existe, mais aussi que cela existe, tout près de soi ou des siens.
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Extraits :
Les PRINCIPES du POURQUOI FAIRE
(...) La première motivation qui est à la base de cette conception est celle, très « terre à terre », de faire vivre la personne handicapée au milieu de la société dont elle fait partie intégrante. Que cette société la voit vivre et assume sa présence sans aucune nuisance, en partageant avec elle la vie de la cité. Certes, toutes les personnes handicapées ne peuvent prétendre à ce type de vie socialisée mais que celles qui peuvent le soient, ceci étant un objectif important.
La cité choisie n’est pas anodine. Le choix est porté sur celle qui se trouve en quête d’habitants nouveaux pour combler sa désertification ; ainsi l’arrivée « d’estrangers » est perçue positivement. Une famille d’accueil installée dans un village ou un bourg est avant tout cinq, six ou sept personnes, habitants nouveaux au village et ceci en permanence et non des estivants de courts passages.
Avec deux familles d’accueil, une poste, une école, un commerce peuvent être maintenus. Il s’agit là d’exemples vécus, vérifiés et non imaginés.
A travers une vie dans une famille d’accueil toute à la disposition de la personne handicapée accueillie, au sein d’un village où les habitants se connaissent et partagent leur ruralité, nous sommes assurés de rencontrer un cadre social accueillant.
Le village prendra, sans effort, une part active à la socialisation de la personne diminuée. Chacun trouve l’élan, le rythme et la pondération de jouer un rôle certain. Ce qui hélas est très difficile de trouver dans une ville où l’anonymat pousse à l’ostracisme, à l’isolement et l’égocentrisme.
La qualité de vie et l’accueil des habitants du village deviennent une sorte de psychothérapie sociale et intégrative. Ainsi la personne handicapée est reconnue, elle existe à part entière et donc a sa place dans la petite cité à l’échelle humaine.
Loin de sa propre famille et un peu de son histoire, la personne handicapée peut à sa mesure créer et construire une nouvelle vie à elle. Ici la famille d’accueil et le service responsable n’ont ni le même rôle, ni la même image, ni la même intervention.
Le scénario est totalement différent. L’environnement réapprend à vivre à côté des personnes diminuées en se permettant d’agir, d’intervenir, de questionner, de proposer une aide, une solution, une présence ; bref on peut facilement devenir acteur ou spectateur d’une manière naturelle. C’est ce naturel qui nous intéresse dans la prise en charge de la personne diminuée dans un milieu ordinaire. Ce qui est proposé ici ne peut être trouvé entre les murs d’un établissement le plus beau, le plus ouvert qu’il soit.
Bien entendu l’espace de vie proposé n’est pas suffisant en lui-même et il faut lui donner du sens. Ceci commence par le projet institutionnel de cette prise en charge. Quelles sont les exigences et la commande précise du savoir faire, du savoir être et donc du quoi et comment faire ?
Le premier principe réside dans le choix de la famille d’accueil et de l’adulte handicapé à placer. Dans le chapitre précédent, il a été précisé les moyens et la procédure mis en place pour la sélection de ces deux acteurs qui représentent les « ingrédients » de base pour réussir le placement.
L’équipe pluridisciplinaire entourant la famille d’accueil est l’élément indispensable qui, par l’écoute et l’aide, permet une démarche d’analyse, des pratiques, des comportements et situations observés et vécus. La personne accueillie reste toujours au centre du dispositif ; ceci afin de veiller, certes à son bien-être et pas seulement : il faut la protéger continuellement des risques (toujours possibles) d’infantilisation, d’isolement, voire d’une mise à l’écart de la vie familiale et sociale.
L’adulte handicapé accueilli est toujours abordé comme une personne à part entière avec sa dignité mais aussi sa fragilité et son incapacité. Les désavantages de la personne accueillie sont vus comme des points à palier, à surmonter, à vaincre. Ils ne doivent pas inhiber l’action ou les initiatives appropriées et ajustées avec les recommandations permanentes de vigilance, de prudence, de sécurité. Ces recommandations exigent une prise de risques mesurée et réfléchie.
(...)
Le minima du POURQUOI FAIRE ? et du POUR FAIRE QUOI ?
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A) Place de la personne accueillie
La personne handicapée accueillie a droit à une place pleine et entière au même titre que tous les membres de la famille accueillante. Pour donner plus de sens à ce principe, il ne faudrait pas qu’il soit l’élément principal (une sorte d’invité) ni, à l’opposé, « le gêneur ».
Il est nécessaire de freiner le trop d’élan vers l’accueilli au début de l’accueil, car il s’agit de durer dans le temps.
Les bases de la conception de la place qui doit lui être réservée au sein d’une famille se détermine par des exemples simples :
- Repas pris ensemble et en famille.
- Rythme de vie normal et naturel tels : les heures des lever, coucher, toilette, télévision. La notion « d’heure » est liée aux besoins observés de la personne accueillie et ne doit pas être dictée comme une interprétation infantilisante de son état d’handicapé.
- Sortie et accompagnement dans l’environnement social au quotidien du type : courses, promenades, visites aux amis et autres occupations sociales.
Une famille avec ses propres enfants doit s’organiser pour leur donner un temps à eux en fonction de leur rythme de vie, de l’école, des amis, des activités extérieures. Le couple accueillant, avec enfants, devra mettre en place un fonctionnement clair et compris de tous. Le fonctionnement choisi peut l’être :
- Soit par une répartition des charges et fonctions.
- Soit par une action en commun.
Quelle que soit la démarche usitée, les personnes accueillies devront être des participants informés, actifs et adhérents.
Il est important de respecter le mode de fonctionnement familial, d’éviter trop de changement ou de nouveauté. La personne handicapée a grand besoin de repères répétitifs et clairs.
Les personnes accueillies doivent, comme tous, avoir une ou plusieurs tâches matérielles à réaliser et ceci en fonction de la possibilité de chacun.
La moindre participation signifie une reconnaissance, une attente de tous, une valorisation, une émulation, et enfin une sorte d’évaluation. L’acte de donner est plus important que celui de recevoir. Cette petite participation doit être suivie, répétée, rythmée pour devenir un automatisme intégré et normal.
La participation ne se pratique pas uniquement par le « réalisé » ; elle doit aussi couvrir le champ de la présence physique (active ou non active) durant les actes de la vie quotidienne.
Tels par exemple : être présent au moment de faire le lit, être vigilant qu’un lit doit se faire en présence de son « utilisateur » ; faire ou aider à faire en commentant la chose permet une prise de conscience d’existence et d’être … « c’est à moi, c’est pour moi, donc j’existe ».
Tous les autres actes au quotidien doivent être traités avec une approche similaire. Il ne s’agit pas de faire un cours ou un apprentissage très tardif, mais seulement manifester à la personne accueillie que l’on fait « la chose » pour elle et avec elle.
L’objectif étant de permettre à la personne accueillie de mesurer à son niveau que les actes de la vie quotidienne la concernent et marquent le rythme du temps. Cette démarche pourrait aussi lui permettre de se sentir concernée par ce qui se fait d’une manière naturelle et normale.
Enfin, cette méthode est occupationnelle et combat l’ennui.
- b1) Les lieux communs
Ce sont des lieux ouverts à toutes les personnes qui composent la « famille ». Aucun interdit ne doit faire loi, cependant le rythme d’utilisation peut être établi à condition de considérer chacun à égalité tout en tenant compte du niveau et du sens des responsabilités de chacun. Il est souhaitable que s’instaure une forme de rituel familial du style : la place de la maîtresse de maison, de l’époux, qui passe en premier dans la salle de bain et pourquoi, ...
Il y a lieu de créer une culture de la vie en commun. En effet les habitudes réfléchies et construites dans le respect de tous selon un certain rang devraient simplifier la vie au quotidien. Un exemple : « celui d’attendre le « serveur » pour commencer à manger ; ceci n’est pas seulement « Vieille France », mais une forme d’éducation et de considération (le serveur n’est pas « la bonne à tout faire »). On peut habituer sans drame un boulimique à être servi le dernier afin de ne pas terminer sa « ration » avant que le serveur ne soit servi.
- b2) Les lieux personnalisés
Il s’agit ici d’espaces réservés à chacun des composants de la famille. La personne accueillie doit, comme à chacun, avoir un ou plusieurs lieux qu’elle peut s’approprier pour s’isoler et se soustraire un instant de l’entourage immédiat. Il ne s’agit pas de développer une sorte d’espace d’écart social, mais seulement permettre une mise à distance temporaire, bref une bulle pour un petit moment.
Cet espace peut se matérialiser seulement par une porte fermée, que l’on ouvre seulement après avoir frappé ; ceci devenant la règle et le droit pour tous.
D’autres contenants peuvent aussi jouer ce rôle et particulièrement en matière d’objets, de tiroirs, de classeurs ou meubles, de photos et autres à créer, à identifier, à permettre.
Dans ces espaces, on peut y être invité par « le maître du lieu ou de l’objet » et dans ce cas, on se conduit en invité et non en dominant ou en propriétaire.
C’est peut être dans ce petit « chez soi au milieu des autres » que se constitue et se construit l’histoire de l’individu et à défaut l’imaginaire en prendra bonne possession ; sans pour autant laisser s’installer un délire ou autres troubles psychiques.
L’accueillant peut et doit utiliser ces espaces et lieux pour stimuler et responsabiliser la personne accueillie : « ça, c’est à toi, tu dois bien le ranger, etc. … ».
C) Le rythme de vie
En prélude à ce sous-chapitre, il faut tout d’abord rappeler le statut de la famille d’accueil : celui-ci est d’abord un travail puisqu’il est rémunéré ; même si sa forme est marginale par rapport aux autres professions. En effet, éduquer, protéger, vivre avec l’autre qui se trouve en quête d’assistance, … sont des actions non reconnues et donc non répertoriées dans le langage social comme des professions. Or il s’agit bien d’un savoir faire et d’une maîtrise ancestrale évolutive et essentielle à la vie, à la nature et au devenir de tout être vivant.
Pour toutes ces raisons, et beaucoup d’autres, le « métier » d’accueillant est une succession d’actes importants et à partir de ce concept il y a lieu de donner, prévoir, construire une vie rythmée et régulière.
Il est nécessaire de donner un temps à chaque acte du quotidien (lever, toilette, petit déjeuner, ménage, rangement, activités, courses, déjeuner, …, coucher). Un rythme respecté et assumé permet de « personnaliser » le temps et donc de créer des moments codifiés en alternant nécessité et détente, actions et inactions, codes et libertés, etc. …
Il est évident que chaque famille doit avoir son propre rythme. Celui-ci prend en compte les potentialités de chacun des membres de la famille en les associant pour former une sorte de « rituel » familial respecté par tous.
Le service P.F.S. doit connaître ces modes de vie afin de les prendre, le mieux possible, en charge lors des retours en institution ; mais surtout de ne pas donner des connotations négatives ou réductrices.
D) Participation aux actes quotidiens
Le principe fondamental à retenir est le suivant : « Maintenir les acquis c’est retarder la régression »
Ce principe composé d’actions et de prévisions est la base de la mission des accueillants, comme d’ailleurs de l’établissement et de son équipe pluridisciplinaire. Ceci peut paraître modeste (voire léger) comme projet d’accueil. Il n’en est rien, car l’intitulé de ce principe et sa pratique offre aux personnes handicapées toutes les assurances d’une vie normale, évolutive et pleine d’intérêt.
La grande et importante difficulté serait pour les accueillants de s’en tenir à l’objectif, car les résultats sont peu apparents et souvent très insignifiants.
L’adversité vient particulièrement de l’organisation de tous les instants de la journée. En effet les actes simples et multiples du quotidien prennent beaucoup de temps et ce temps il faut le prévoir et y penser constamment :
- Faire une toilette à une personne handicapée sans sa participation est plus simple, plus rapide et plus efficace.
- Exiger la participation si peu soit elle, prend du temps, demande un plus grand effort, de la patience et tout ceci soutenu par des échanges, bref une véritable relation.
C’est entre ces deux façons de faire et d’être que se situe la qualité de l’accueil et du respect du devenir de la personne accueillie. Qui pourra encore prétendre que l’accueil chez soi d’une personne diminuée n’est pas un métier et une gageure ?
L’exemple de la toilette est à appliquer et à reproduire à toutes les actions journalières : qu’elles soient à classer dans le matériel, le jeu, l’expression des désirs ou autres actes et décisions...
Cette manière de faire construit la façon d’être avec la personne accueillie ; c’est aussi la respecter.
Cependant, faire participer quelqu’un à une décision ne signifie pas se soumettre ou ignorer son propre droit ou abdiquer. A cet effet il est reconnu que seul le « NON » est éducatif ; à la condition extrême d’expliquer et de convaincre. Dire : non ou impossible ou c’est cher ou difficile ou dangereux, etc… est la pédagogie adaptée et concrète pour établir une relation réaliste et normalisante. Car le « OUI » de facilité, d’abdication, rappelle souvent la fuite des responsabilités, le renoncement à sa mission et prépare des moments difficiles à la relation.
Ce chapitre sur la participation, aux actes de la vie quotidienne, de la personne accueillie est d’une portée essentielle pour « durer ». Il est évident que l’exigence doit être commune à tous et pour tous. Elle doit être équilibrée et proportionnelle aux possibilités individuelles.
Le couple d’accueillant doit particulièrement veiller au respect de ce type de fonctionnement en se soutenant, en se relayant, en s’ajustant, …
Il est primordial pour le couple d’accueillant d’échanger en permanence sur les faits observés et de s’obliger à avoir une conduite « éducative » cohérente. La façon de faire peut être différente pourvu que la finalité soit la même. Ainsi la différence deviendra complémentarité et permettra de créer des espaces relationnels dits « refuges ».
E) L’alimentation
De tout temps les moments de repas ont été importants ; cette importance chez les personnes handicapées est à souligner d’un trait fort.
Le repas représente certes la nourriture, mais au-delà c’est un moyen d’exister et d’exprimer des sentiments de joie, de plaisir, voire des mécontentements ou des refus. Le repas est un des seuls « artifices » qui reconnaît une place à part entière à tout individu.
Le symbolisme porté sur le mot « place » est synonyme d’entité et de reconnaissance. Outre se nourrir, les repas engagent la proximité et le partage. Ils développent le goût, le plaisir et l’ensemble des sens.
Les repas procurent des temps pour se parler et échanger. Les moments des repas sont aussi des temps d’apprentissage et de socialisation.
Le repas est un temps d’intégration ; il permet aussi de participer à la dynamique familiale avec le partage des bonnes et moins bonnes nouvelles familiales.
Le repas est aussi un rituel au quotidien, il rythme le temps et représente un repère socio-affectif évident.
C’est à l’heure du repas que l’accueilli mesure l’importance et la place qu’on lui confère. C’est aussi le moment où il est le plus proche physiquement de l’ensemble des membres de la famille et qu’il fait corps avec la famille accueillante.
Il est évident que le repas signifie aussi la NOURRITURE. L’objectif de nourrir est aussi un élément important dans la mission d’accueillir. Le choix des aliments, l’équilibre diététique, le rythme des repas pris sont des exigences à respecter ; en effet, l’accueilli n’étant pas l’ordonnateur, il subit en quelque sorte l’alimentation. Il y a lieu de respecter au mieux ses goûts et désirs ; sans négliger de compléter son éducation alimentaire.
La personne handicapée doit participer à l’action et aux activités culinaires. Sa participation, si petite soit elle, doit être sollicitée impérativement et selon ses potentialités. L’accueilli doit être acteur de sa nourriture ; celle-ci doit être le centre d’une discussion et d’une adhésion collective et familiale.
L’aspect matériel est important comme faire les courses, préparer, laver la vaisselle, goûter la cuisson, inventer et prévoir des menus. Bref, le repas et la nourriture restent les moments privilégiés du quotidien familial et social.
L’alimentation est aussi se nourrir et nourrir l’autre. Sauf indications médicales ou autres contraintes physiques, les composants des repas de la personne accueillie ne diffèrent en rien du reste de la famille. Cependant il faut être très attentif à quelques points importants :
Le goût : l’éducation du goût a souvent été absente. Cette carence déroute les accueillants et crée parfois des sentiments émotionnels de bien-être ou de mal-être.
La saveur : souvent, la saveur se manifeste par des mimiques. Savourer un plat, une gorgée de liquide, une bouchée d’aliment, crée chez la personne handicapée une réaction gloutonne allant chez certains jusqu’à l’étouffement. Le plaisir que produit la saveur désordonne les étapes mécaniques de manger. Une réaction peut naître, celle de vouloir avaler très vite pour reprendre aussitôt et reprendre encore. Cette réaction va pourtant engendrer un malentendu :
- pour le « mangeur » cela signifie une joie, un bonheur, une satisfaction ; « c’est bon et j’en veux encore plus et tout pour moi … ».
- pour le « nourricier » cela signifie une crainte ; « s’il continue il va être mal, … ».
De la maîtrise de ces deux positions, le repas devient une fête ou un trouble.
La confection des repas : il faut en premier lieu poser le problème sous l’angle participatif. Si la personne accueillie a participé aussi peu soit-il à la réalisation des repas, elle réagira très différemment que si elle en a été exclue. L’exclusion dans ce domaine n’est pas ségrégative à priori mais seulement une mesure pour simplifier la vie.
Ainsi donc il est plus que recommandé que les repas, les menus, les courses et achats des aliments soient discutés et ceci quelque soit le niveau de compréhension ou d’intelligence ou de culture culinaire des personnes handicapées.
La discussion des menus est un acte important dans l’affectif relationnel. Accepter un avis et le discuter, c’est reconnaître que l’autre a des envies, des désirs, des souhaits voire même une histoire et une mémoire en cette matière.
La participation à tous les actes préparatifs des repas est indispensable et ceci quels que soient les impossibilités physiques de la personne accueillie. Sa présence uniquement autour et à côté durant les préparatifs et la cuisson est essentielle. Faire goûter, humer, exprimer ces sensations de chaud, de froid, de bon, etc. ... sont des actes de complicités émotionnelles et fusionnelles.
Les effets psycho-sensitifs de tous ces faits et gestes produisent chez la personne handicapée un sentiment d’appartenance et d’existence. En effet elle n’est pas seulement nourrie mais se nourrit et nourrit les autres.
Le service à table : bien entendu, il y a ce moment plein et incomparable qu’est le temps du repas. Il faut savoir que pour la personne accueillie, le repas est le moment le plus apprécié de sa quotidienneté.
En effet elle s’y livre toute entière, elle se met « à nu », elle est au milieu de tous et tous sont pour elle amis et « rivaux » à la fois ; car le repas est aussi le moment du partage et qui dit partage, dit consentir à une règle communautaire. Comme dans toute société, il y a un enjeu, des disciplines et des forces en présence. Ainsi le repas peut être vécu de différentes manières : le moment de partage, le repas de la famille lion (le roi d’abord) ou mangera qui pourra, etc. ...
Le rôle de la maîtresse de maison est d’une importance capitale. Elle est le chef d’orchestre. Chef distribuant, selon une partition et un rituel immuable, les parts et les rations ; le tout commenté et expliqué.
Ici le mot rituel prend toutes ses qualités car il rassure et provoque une sensation d’union et de partage avec équité. Les parts doivent être faites afin de laisser un reste à reprendre dans le plat principal. La reprise du reste, après avoir apaisé sa première faim, deviendrait un enjeu pour une éducation affective et sociale ; car le reste suscitera le vrai partage et donnera un sens au repas dans une vie familiale.
C’est seulement à ce moment que l’on évoquera les besoins énergétiques de chacun en fonction de son âge, sa taille, ses occupations de la journée, etc. ...
La mise à table : infirme moteur-cérébral, hémiplégique ou malade mental ..., toute personne peut agir aussi peu soit-il, alors voici une mise en scène qu’il ne faut jamais oublier : celle de la mise de table. Toute possibilité gestuelle est mise en relief pour être l’acteur qui accueille les autres membres de la famille.
Reconnaître leur place dans la pyramide familiale, c’est aussi reconnaître et accepter sa propre place dans la famille. La seule condition de réussite reste celle de donner du temps à sa réalisation... Alors commençons cette mise de table à dix heures s’il le faut pour le repas de midi.
Desservir une table après le repas doit être (ou devenir) un geste convivial. Il reste dans notre instinct que desservir soit une corvée dévolue aux autres (lesquels autres ...), or proposer une assiette propre pour prendre son fromage ou son dessert est une marque certaine de convivialité (surtout les jours ordinaires).
Desservir et faire la vaisselle relèvent d’une rhétorique réglementariste. Chaque « tribu » a ses règles en la matière et seul le sentiment de justice peut atténuer l’exigeante « corvée ». Veillant à ne pas préserver la personne accueillie (sauf peut-être pour la jolie vaisselle de fête) en lui évitant ce dernier acte qui permet d’échanger sur le repas servi, de le comparer et d’en prévoir les prochains avec : « tu as vu comme ils ont aimé ... ».
La convivialité : le repas est la première manifestation de la convivialité, qu’elle soit spontanée ou recherchée. Vivre chaleureusement un repas, c’est donner du sens à la vie familiale. Le repas doit se traduire par des échanges entre les membres de la famille. Ces échanges sont nécessaires pour parfaire la socialisation, mais aussi ils permettent d’auto réguler les liens et canaliser (voire supprimer) les déviances comme les méfiances. Ils permettent aussi de projeter, de prévoir et de convenir ensemble d’un avenir lointain comme celui du lendemain.
La convivialité est aussi l’outil pédagogique préféré pour rappeler les règles passées ou à venir. Elle procure la joie de vivre ensemble. Elle crée l’atmosphère nécessaire pour consolider les liens et donc l’affection.
C’est au cours de ces moments conviviaux et forts en émotions que se développe le sentiment d’appartenance. Il faut mettre à profit ces moments d’intense communion pour restituer ou construire l’histoire de la famille ; et dans ces cas le temps du repas doit se prolonger pour marquer et signifier l’importance de ce qui se vit.
F) L’hygiène
Il y a deux principes qu’il ne faut pas oublier lorsqu’on entame un chapitre sur l’hygiène, qui sont :
- L’hygiène est-il inné chez l’homme ?
- L’hygiène demande l’apprentissage, le respect des règles et des conventions sociales.
Sachant cela nous pourrions séparer ce chapitre en deux thèmes :
- L’hygiène = propreté.
- L’hygiène de vie.
1 - La propreté : les principes rappelés ci-dessus soumettent ce thème à plusieurs règles :
La première d’entre elles est pour l’accueillant un devoir d’obligation et de résultat. En effet la mission de propreté est de même importance que celles de surveillance, de sécurité ou de nourrir. Là, plus qu’ailleurs, l’accueillant doit établir des règles, des rythmes.
Les moments de toilette doivent être des temps relationnels et des moments de joie.
La propreté doit être instruite, comprise et acceptée ; si l’on veut qu’elle devienne aimée, pratiquée et souhaitée. Le premier conseil est celui de donner du temps et donc de le prévoir. La toilette pourrait alors être un moment chaleureux et sécurisant. Elle ne doit pas violer l’intimité de la personne ; mais la protéger et la respecter.
Ici nous ne faisons qu’aborder les principes et non les actes ou la méthode de faire la toilette.
La propreté est un bien personnel et social important pour la personne accueillie ; car si la toilette est oubliée, négligée ou abandonnée, cela peut signifier les prémices d’un rejet et donc d’un échec dans sa mission d’accueillant.
L’hygiène physique est un outil indispensable et fait une part importante à l’évaluation de son travail d’accueillant. Faire évoluer positivement une personne handicapée en cette matière, c’est signifiant de réussite et de savoir faire ; cela vaut pour les accueillants comme pour l’institution qui gère cette fonction.
2 - L’hygiène de vie : l’hygiène de vie, c’est prendre soin de soi, c’est rythmer sa vie, c’est ponctuer le temps par des moments d’activité et de repos.
L’hygiène de vie est la condition obligée pour progresser en équilibre et préparer un avenir de bien-être en santé psychique et physique.
L’hygiène de vie c’est aussi des règles, des contraintes, une surveillance permanente même si parfois elle s’exprime par des restrictions.
Tous ces principes échappent à la personne handicapée. Elle ne maîtrise pas les variations et les effets du mode de vie recommandé pour une bonne hygiène de vie. Elle est au mieux instinctive : elle dormira lorsqu’elle tombe de sommeil. La tâche des accueillants est d’être non seulement vigilants mais aussi éducateurs et prévoyants.
L’hygiène de vie ne s’acquiert pas rapidement, cela demande beaucoup de temps, de modestie, d’abnégations et de répétitions.
L’hygiène de vie est exigeante, rébarbative et ennuyeuse lorsque l’on n’a pas conscience de son bien fondé. Elle exige aussi une EXEMPLARITÉ tout autour ; car dire à une personne handicapée adulte « tu dois dormir maintenant », cela n’a pas de sens si les autres membres de la famille restent éveillés ou du moins sans explications ou codifications.
Ce type de recommandations est reçu comme des ordres non acceptés et à s’en soustraire ; de plus cela crée un sentiment de rejet mais aussi de la défiance avec des « pourquoi moi, et vous qu’allez vous faire ?... ».
L’hygiène de vie semble le point le plus vulnérable et le plus difficile à faire comprendre, apprécier et admettre. Et pourtant c’est de cette discipline que se construit une évolution positive du futur « dans le VIVRE avec ».
Faire passer le message de l’hygiène de vie à une personne limitée intellectuellement requiert une façon d’être très « lisible », des efforts de tous les moments et d’une permanence dans la façon de faire.
Il est évident que réussir en cette matière, à partir d’une méthode simple mais constante, conditionne la réussite globale de l’accueil et permet une forme fusionnelle de la relation avec la personne accueillie.
G) L’intimité
Toute personne doit avoir une intimité. L’écrire est facile, la respecter et la réaliser relève d’une réelle prise de conscience, une maîtrise et surtout d’un certain savoir faire.
L’intimité couvre plusieurs aspects :
- Un moment à soi.
- Sa sexualité.
- Des objets, un lieu à soi.
- Le droit à se rebiffer, à s’affirmer, à sortir de la Loi (bref exister...).
- Garder un secret.
- Se forger un monde à soi, imaginaire, fictif peut-être, mais un espace de refuge.
- Etc. ...
Tous ces aspects auxquels doivent s’ajouter d’autres liés à la personnalité, au handicap, etc. sont à observer, à analyser avec l’aide de l’équipe du suivi ; mais surtout à respecter dans la limite maximale de ce que peuvent accepter ou assumer les autres membres qui composent la famille d’accueil.
« Le droit de la personne s’arrête au seuil de l’inacceptable pour l’autre ».
Ce chapitre très sensible ne peut avoir des solutions ou méthodes toutes faites ; il y a une recherche permanente selon le principe de permettre peu au départ avant d’étendre les limites.
Il est plus facile de donner que de reprendre, sans que pour cela utiliser cette méthode pour nier la finalité. Le chapitre de l’intimité des personnes accueillies est primordial et doit faire l’objet d’un soutien par l’équipe pluridisciplinaire. Non seulement parce que l’intimité est un élément sensible mais parce qu’elle évoque des représentations imaginaires de désirs plus ou moins conscients.
L’intimité est un phénomène qui relie ou sépare mais elle n’est indifférente pour personne, qu’elle soit l’accueillie ou l’accueillant.
H) L’affectivité
L’affectivité se traduit par des émotions et des sentiments.
Voici un mot plein de paradoxe, d’ambiguïté, et particulièrement parce qu’il détermine, exprime ou conclut une émotion non maîtrisée. L’affectivité accapare le sujet et le rend « aveugle » de la réalité. Elle est passion et désorientation. Elle est nécessaire pour faire durer une relation et faire oublier les contours discordants. L’affectivité est une expression de sincérité, elle souffrira du mensonge ou du discours improvisé ou circonstanciel. Il est important de préciser que travailler auprès de personnes handicapées nécessiterait une approche affective d’un côté comme de l’autre. Sans cela aucune relation humaine ne pourrait se bâtir sur du long ou moyen terme.
L’équipe de suivi doit être très attentive. Sans cautionner, elle doit remettre à tout instant le discours affectif à sa juste nature, sans omettre qu’une vie permanente en milieu familial et de tous les moments ne peut être comparée ou être identifiée à celle vécue traditionnellement en institution.
Ce raisonnement ne peut donc interdire une véritable relation d’affection, mais il permet d’ajuster, de conseiller, d’expliquer les échecs, les crises, les ruptures et les déceptions. Ainsi l’équipe du suivi se place donc à la périphérie et non au centre de la problématique.
Ainsi le concept de l’affectivité n’est pas à nier mais il doit être très surveillé, discuté, analysé et surtout lui éviter d’être l’essentiel de l’accueil. Car l’accueil est d’abord et toujours une mission et une prise en charge évaluables et professionnelles.
(...)
J) Relations avec la famille d’origine
L’histoire familiale est un volet de la vie personnelle et de l’appartenance à un groupe d’origine : une mère, un père, une fratrie ...
Sachant que notre service n’accueille que des adultes, il est aisé de constater qu’une vie personnelle peut être longue et pleine d’événements familiaux, sociaux et autres.
L’objectif étant de connaître au mieux cette histoire familiale et de la reconstituer dans ses éléments positifs selon les considérations très personnalisées.
Tout d’abord il y a lieu de définir ce qu’est cette famille et ses liens avec notre adulte handicapé. Si la famille a des droits, elle a aussi des devoirs. Un de ces devoirs étant de permettre à leur familier de construire une nouvelle vie, sans nier, ni repousser le passé. C’est dans ce respect des devoirs que la famille participe à la réussite du placement. Par des consignes comprises et respectées que le suivi des liens avec la famille d’origine peuvent se concrétiser.
Un principe, cependant, celui que la famille d’origine doit toujours passer par l’institution. En effet celle-ci est seule habilitée à entrevoir des démarches d’information, de visite, de courrier, etc. ...
Le passage direct entre famille d’accueil et famille d’origine est prohibé. Il a été source de nombreux malentendus, gestions relationnelles difficiles, et échecs de placement. Ce rôle est dévolu principalement au chef de service et à défaut à l’équipe d’accueil de jour.
Les visites de la famille d’origine sont fixées lors de séjours en institution.
Les familles d’origine connaissent les familles d’accueil et les lieux où habitent leur fils ou fille, leur soeur ou frère, leur oncle ou tante, ...
La consigne étant toujours que c’est au chef de service de gérer ces relations et suivis ; le directeur étant continuellement informé de ces suivis et éventuellement des problèmes ou difficultés survenus. Il peut intervenir à tout moment pour rétablir la règle.
Ce positionnement d’apparence « restrictif » est le seul garant pour la réussite du placement ; en rappelant dès qu’il le faut la règle. Ceci n’entrave nullement les relations raisonnées entre familles d’origine et familles d’accueil.
(...)
Section 3 - QUELLE(S) FORMATION(S) ?
(...) * Formation pour qui ?
Aucun doute n’est permis, il s’agit bien d’une approche de sensibilisation, d’information, d’actualisation des connaissances et de formation toute orientée pour le SERVICE A RENDRE, selon le moment, le lieu, la fonction que l’on place face à nos usagers.
Tout parcours de formation doit être orienté sur le bien être physique et psychique des personnes adultes handicapées profondes qui nous sont confiées. Mais pour cela il est important que le personnel soit partenaire et acteur en matière d’adhésion à la formation.
* Formation par qui ?
Les écueils à éviter étant en premier de faire de la formation au rabais, précipitée et non ciblée, le second étant celui de s’auto-former institutionnellement, le troisième étant celui de privilégier un contenu sur un autre. Tous sont importants : la manutention des personnes physiquement handicapées est aussi importante que celle sur l’hygiène du linge en buanderie.
Pour éviter ces trois écueils il est utile de programmer transversalement les plans de formation et de les prévoir par étapes et par niveaux.
Les interventions extérieures ne doivent pas être monopolisées par un seul centre de formation.
Un centre de formation de la protection civile peut aussi réussir (ou compléter) la formation d’une institution plus prestigieuse telle la Faculté de Médecine ou l’Institut Régional de Formation en Education Spécialisée. Un professionnel, un praticien sont autant utiles que des théoriciens. L’essentiel étant dans le dosage du « cocktail de formation » ; il ne faut pas « saouler » mais « donner l’appétence ».
* Formation pour quoi ?
Il va de soi que toute profession doit être soutenue par des formations dites de bases ou initiales et qu’elles doivent être actualisées tout le long d’une carrière.
En France nous sommes encore très loin de ce prototype de conduite. Très souvent il faut se heurter à divers obstacles de toutes natures :
- Le financement
- La programmation
- Le volontariat
- Le besoin
- Le fonctionnement (remplacement des postes par exemple)
- Les contenus
- Les reconnaissances salariales après formation
Si l’on pense que nous avons répondu à la question pour qui ?, il faut nécessairement que nos systèmes salariaux ou indemnitaires prennent une option sur l’avenir, pour la reconnaissance des formations acquises.
L’exemple serait au minimum de reconnaître automatiquement un agent qui a effectué une formation « utile » par une majoration salariale ou un avantage de carrière.
A quand la « révolution » de n’avancer dans une carrière que s’il y a ...
- Formation
- Nouvelle acquisition technique ou professionnelle
- Rédaction d’une enquête, un mémoire, une thèse
…et finissons-en avec l’avancement par ancienneté !
Que le temps de formation soit inscrit dans le cursus professionnel et ce dès l’embauche.
Partant de ce postulat notre établissement s’est inscrit sur deux types de contenus de formation :
- Le cours d’emploi qualifiant et donnant des statuts nouveaux aux agents. En douze ans, plus de quarante formations qualifiantes ont permis l’accès à des grades supérieurs.
- Des formations permanentes allant de l’informatisation à la lutte contre le stress et la préparation de la mort ont été programmées et bien suivies.
En ce qui concerne les familles d’accueil et à l’opposé de ce qui est décrit ci-dessus, nous avons commencé par une formation « institutionnelle » dite de sensibilisation.
Les formateurs étant les spécialistes de l’établissement :
- Psychiatre (Thème = le patient)
- Psychologue (Thème = l’être)
- Cadre socio-éducateur (Thème = le quotidien)
- Surveillante (Thème = les soins)
- Directeur (Thèmes = droit des usagers et responsabilité de tous)
Celle-ci nous a semblé nécessaire vu l’hétérogénéité des familles d’accueil et leur niveau scolaire de base très disparate. Cette formation dite de sensibilisation a duré 120 heures réparties en cinq mois. Elle fut relayée (en janvier 1998) par une formation qualifiante et adaptée.
Le contenu, la sélection et la sanction furent sérieusement étudiés sur deux angles :
- Formation qualifiante (CAFAD)
Certificat d’Aptitude à la Fonction d’Aide à Domicile
Avec un module supplémentaire sanctionné par une certification pour Accueil à Domicile des personnes Adultes Handicapées, qui fut négocié avec la DRASS et le Centre de formation.
Les partenaires de ce dispositif (unique en France) furent :
- L’établissement employeur (promoteur)
- L’IRTS de Marseille (formateur)
- La DRASS de la région PACA (autorité responsable)
- La DiSSS du « 04 » (partenaire pour ses propres familles d’accueil)
- L’ANFH (financeur du plan de formation approvisionné durant plusieurs années par l’établissement)
* Quoi ?
Le contenu de cette formation du CAFAD dont le deuxième « A » du sigle a été voulu comme un double signifiant : Aide à domicile + Accueil à domicile.
Cette formation a été voulue double et non mixte (aide à domicile et accueil à domicile) ; car l’idée qui porte le projet et sa conceptualisation est de permettre aux familles d’accueil d’échapper si elles le veulent à la très prenante fonction d’accueillant pour être opérationnelles dans l’aide à domicile, profession qui a un grand avenir dans nos pays « développés ».
CHAPITRE VI : L’IMPACT ECONOMIQUE
(voir les pages 74 à 79 de ce document - extraits...)
(...) L’économie réalisée représente tout d’abord une NON DEPENSE pour les organismes payeurs.
- Réduction du prix moyen journalier.
(...) a) Hypothèse tout INTERNAT
- M.A.S. = 40 places x 345 jours/an x 1.400 F = 19.320.000
- F.O. = 70 places x 345 jours/an x 980 F = 23.715.300
- Coût hypothèse a) = 43.035.300
b) Hypothèse INTERNAT et P.F.S. (prix de journée unique 1997)
- M.A.S. = 40 places x 345 jours/an x 960 F = 13.248.000
- F.O. = 70 places x 345 jours/an x 780 F = 18.837.000
- Coût hypothèse b) = 32.085.000
Différence = NON DÉPENSÉ = 10.950.300 F économisés (...)
- L’apport économique provenant des autres départements
(...) 40 des 110 adultes accueillis sont originaires d’autres départements. Conformément à la réglementation en matière d’Aide Sociale, les frais de placement sont à la charge des départements d’origine. (...) Ainsi tous ces éléments nous permettent de facturer annuellement aux autres départements en moyenne la coquette somme de plus de dix millions de francs.
Pour notre très modeste département cette somme engrangée par l’économie locale dépasse de loin d’autres apports existants.
En d’autres termes, il s’agit là de 40 « touristes » sur 365 jours avec une dépense quotidienne de 700 Francs. (...)
- Développement de l’économie locale
Le passage de l’époque de l’établissement en grande difficulté et en phase de fermeture à celui qui réalise des promotions, des qualifications, des mutations, des titularisations à la fonction publique et enfin des créations d’emplois, est un élément apprécié localement.
L’établissement est passé de 58 bulletins de salaire d’emplois dits « santé » en 1983 à une moyenne mensuelle de 140 salaires en 1998.
Parmi les postes créés, 48 ont été réservés aux emplois de Familles d’Accueil. L’implantation de ces familles a été dans un premier temps dans la proximité immédiate de la ville d’implantation de l’établissement. Puis le développement s’est fait sur l’ensemble du département.
Ainsi de très nombreux villages et hameaux ont vu arriver familles d’accueil avec ou sans enfants et nos adultes handicapés.
L’installation de ces nouveaux arrivés dans un hameau « qui souffre de désertification » n’est pas chose anodine. (...)
- Dynamique sociale de proximité
(...) L’accueil des personnes handicapées dans ce milieu rural ne pose aucun problème. Tous les villageois sont pleins d’attentions pour « les gars et les filles du P.F.S. ». Sigle utilisé sans connaître ni définition ni signification, perçu comme si l’on disait « les gars de là-bas » … mais en aucun cas cela ne signifie « fous » ou « pauvres ! ».
Pour s’en convaincre il faut assister à la prise du petit café matinal au bistrot du village. Tous les consommateurs saluent et appellent nos résidents par leurs prénoms et de plus avec « le café payé ». Certains jouent même à « l’interdit » en donnant la cigarette non recommandée.
Cet intérêt pour nos résidents démontre leur réinsertion dans ces milieux à un niveau humain, social, sécurisant et attachant. Notre expérience n’a que huit années mais jamais nous n’avons eu à nous plaindre d’attitudes négatives.
Il y a même, dans certains cas, un EXCES de protection, de surveillance, de sollicitude et de soutien !