Charcot. L’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). comme alternative
Anne Le Paillard est la première accueillante familiale thérapeutique de Charcot. Depuis février, elle accueille chez elle, à Caudan et à temps plein, Yolande, une des patientes de l’hôpital psychiatrique. Une alternative à l’hospitalisation intra-muros et un pas vers l’autonomisation. Rencontre.
« Ça n’a rien à voir avec l’hôpital. C’est beaucoup mieux. Je fais tellement de choses chez Anne ». Yolande, 45 ans, est la première patiente de Charcot à bénéficier du dispositif d’accueil familial thérapeutique
AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
. Depuis le 11 février, elle s’est installée dans la ferme familiale d’Anne Le Paillard, à Caudan, en pleine campagne. Une hospitalisation à domicile expérimentée pour la première fois par l’établissement public de santé mentale.
Une nouvelle vie pour la patiente de Charcot, qui a passé plusieurs années intra-muros mais aussi pour l’accueillante qui concrétise ainsi un nouveau projet de vie. Après une carrière de formatrice dans le réseau information jeunesse à Rennes, Anne Le Paillard a eu envie, il y a trois ans, de revenir au pays, dans la ferme familiale à Caudan.
C’est en passant en revue toutes les possibilités d’accueil qu’elle entend parler de l’accueil familial thérapeutique expérimenté à Charcot. Un nouveau métier lui tend les bras. Sa candidature est retenue. Elle enchaîne trois mois de formation à l’automne 2018, plusieurs semaines en immersion, rencontre la personne qu’elle va accueillir, l’équipe soignante qu’elle intégrera en signant son nouveau CDI.
Je ne faisais rien à l’hôpital. Ici, on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Cela fait sept mois aujourd’hui que Yolande est accueillie à temps plein au domicile d’Anne. « On fait des confitures, des jeux de société, on s’occupe du potager ». Son hôte approuve : « C’est Yolande qui s’occupe des quatre poules qui viennent d’arriver. Elle dit que ça lui rappelle son enfance ». Il y a aussi les sorties au restaurant, au cinéma, au théâtre, les visites à ses parents à Guidel mais aussi la préparation des repas, le ménage… Tout ce qui fait le quotidien d’une famille.
Sortir des murs et de son statut de malade
Chez Yolande, le changement est radical. « La psychiatrie, c’est bon un temps mais pas pour tout le temps », lâche la patiente qui va encore trois fois par semaine à l’hôpital de jour. Un slogan tout trouvé pour promouvoir ce nouveau dispositif.
Yolande a repris confiance en elle, se sent utile. « C’est sans doute parce qu’elle peut abandonner son statut de malade », confie l’accueillante. « Je ne faisais rien à l’hôpital. Ici, on n’a pas le temps de s’ennuyer ». Plus besoin de médicaments pour trouver sommeil le soir…
Pas une décision prise à la légère
Devenir accueillant n’est pas une décision qu’on prend à la légère. Ni par hasard. « C’est un nouveau choix de vie qui mêle vie personnelle et vie professionnelle, explique Anne. Avec un équilibre à trouver entre les deux. On vit au quotidien avec Yolande, mais chacun garde son intimité. Un peu comme avec les enfants, on instaure des règles de vie qu’on réajuste au fil des semaines ».
« Il faut que la famille accepte de partager son quotidien et d’ouvrir sa maison à un patient et à l’équipe soignante », prévient la chef du pôle qui voit aussi dans ce dispositif « un moyen de changer le regard et déstigmatiser les maladies mentales ».
L’expérience est réussie. Yolande est métamorphosée. De quoi encourager d’autres familles à franchir le pas.
Un premier pas vers le rétablissement
Le patient acteur de sa prise en charge
Cinq places en accueil familial thérapeutique, six en appartements thérapeutiques intra-muros et cinq à l’extérieur (Lorient et Hennebont). Le projet d’établissement de l’EPSM Charcot se construit désormais à partir des besoins des patients. « Des patients acteurs de leur prise en charge sinon cela ne fonctionne pas », insiste Dr Clémence de Solms, responsable du pôle de réhabilitation de l’EPSM Charcot.
« C’est assez révolutionnaire comme approche, note Christophe Tournerie, cadre de santé. Fini l’époque où le seul médecin savait ce qui était bon pour le patient ».
Un vrai besoin des patients
L’accueil familial thérapeutique consiste à accueillir des personnes souffrant de troubles mentaux (et faisant partie de la file active des pôles de psychiatrie adultes de l’EPSM) dans des familles d’accueil. « Il y a de la demande, un vrai besoin des patients », explique Nathalie Bouattoura, de la direction des ressources humaines. Des patients soucieux de sortir de Charcot.
Le recrutement de quatre nouvelles familles d’accueil est essentiel.
« Cela permettrait d’organiser des activités ensemble mais surtout de constituer un pool de remplacement pour partager les week-ends et les vacances », explique Anne Le Paillard, l’accueillante familiale.
Un métier à part entière
Accueillir à son domicile une personne souffrant de troubles mentaux est un métier à part entière. Les familles d’accueil, salariées de l’EPSM, sont pleinement intégrées à l’équipe soignante composée d’un psychiatre, de deux infirmiers, d’un psychologue, d’une assistante sociale et d’un cadre de soins.
Anne, la première accueillante familiale, est satisfaite : son nouveau métier correspond parfaitement bien à son nouveau projet de vie. « Un accompagnement bienveillant, au quotidien qui permet au patient de retrouver sa capacité d’agir ». Un premier pas vers le rétablissement.
Pratique :
Pour tous renseignements, secrétariat du pôle de réhabilitation psychosociale, tél. 02.97.02.38.36.
Établissement Public de Santé Mentale Morbihan
22 Rue de l’Hôpital
56890 Saint-Avé - www.ch-charcot56.fr