Isabelle est accueillante familiale. Elle reçoit à titre onéreux jusqu’à trois personnes âgées. Un métier méconnu et difficile, dont elle parle avec passion.
- À son domicile, Isabelle accueille jusqu’à trois personnes âgées, dont elle s’occupe du lever au coucher. Un vrai travail qui est devenu, au fil du temps, une réelle passion Photo Ludovic PETIOT
Isabelle aime son métier, au point qu’à la question « qu’est-ce qui est le plus dur dans votre profession ? », elle se sent incapable de répondre. « J’aime tout ce que je fais. Je ne ressens rien comme une contrainte. J’ai même du mal à partir en vacances tant elles me manquent ».
« Elles », ce sont les personnes très âgées (entre 98 et 100 ans en moyenne) qu’Isabelle accueille depuis six ans chez elle. Des personnes qui ont fait le choix, avec leur famille, de passer le reste de leur vie au domicile d’un accueillant familial
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Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
plutôt qu’en établissement spécialisé.
« Un peu comme leur maman »
Ancienne auxiliaire de santé en maison de retraite, Isabelle accueille chez elle, toute l’année, jusqu’à trois personnes âgées. Du lever (les journées d’Isabelle débutent à 6 h) au coucher, en passant par les toilettes, les repas, et toutes les petites tâches de la vie quotidienne, elle est aux petits soins pour ces seniors du quatrième âge, dont elle parle avec beaucoup d’affection.
« C’est une relation presque fusionnelle. Je suis un peu comme leur maman… Même si je n’aurais pas pu être assistante maternelle ! », précise-t-elle, souriante.
Cet amour pour les personnes âgées, Isabelle l’explique par les relations qu’elle entretenait avec sa grand-mère. Une « deuxième mère », qui lui a « tout appris », et que, jeune fille, elle allait visiter chez des accueillants familiaux qui deviendraient, plus tard, sa belle-famille. « Mon mari a toujours vécu avec des personnes âgées. Même si c’est moi qui m’en occupe principalement, il est complètement investi ».
Investi au point d’avoir réalisé la maison en fonction du projet de sa femme en permettant aux personnes accueillies de bénéficier de chambres de plain-pied et complètement adaptées aux fauteuils roulants.
Accompagner jusqu’à la fin
Si Isabelle parle avec enthousiasme de son métier, de son bonheur de s’occuper de celles et ceux qu’elle appelle avec affection « mes chéris », de son plaisir de prendre le temps de les chouchouter, elle ne cache pas non plus ses difficultés. « Depuis six ans, j’ai accueilli une douzaine de personnes… », souligne-t-elle. Être accueillant familial, c’est aussi accompagner les gens jusqu’à la fin de leur vie.
Il y a quelques jours, une place s’est libérée. Sans communiquer, Isabelle a déjà reçu plusieurs appels de familles qui souhaitent la rencontrer.
Malgré tout, elle prendra tout son temps.
« C’est avant tout une histoire de rencontre. Il faut que les gens aient envie de venir, ce qui n’est jamais évident. Certains quittent la maison dans laquelle ils ont toujours vécu », souligne Isabelle, qui précise aussi : « La récompense de ce métier, c’est lorsque je vois des personnes, pensives au début, évoluer positivement… », confie-t-elle.
Un métier peu reconnu
Si Isabelle ne se plaint pas de son salaire (les accueillants familiaux touchent une rémunération de 1400 à 2000 € par personne âgée accueillie), elle admet que les conditions de travail pourraient être meilleures.
« Nous ne sommes pas reconnus. Nous n’avons pas de convention, nous n’avons pas droit au chômage, et nos formations ne donnent lieu à aucun titre » [1], regrette Isabelle…
... Qui n’échangerait malgré tout ce métier pour rien au monde.
Blandine PROFFIT