Marie-Josée et Chantal accueillent chez elles, avec humanité et tendresse, des personnes souffrant de troubles psychiatriques. Témoignages.
- De gauche à droite : Marie Chivot de l’Udaf, Ludivine qui vit chez Chantal, Marie-Josée Branger, Chantal Lebon et Philippe Dupouts du service de placement de l’Udaf. (photo Dominique Paries)
« Le mot famille est, à mes yeux, plus important que le mot accueil », confie Marie-Josée Branger. Dans sa grande maison de Saint-Fort-sur-Gironde, celle-ci est devenue, depuis sept ans, la famille d’accueil de personnes handicapées.
Jean-Pierre, 59 ans, considéré comme polyhandicapé, est l’un de ses deux « pensionnaires ». « C’est un grand enfant dans un corps d’homme », dit de lui, avec tendresse, Marie-Josée. Après une séparation, cette femme a voulu se « rendre utile auprès de personnes qui en ont vraiment besoin. »
Elle a ainsi choisi d’accueillir chez elle des handicapés mentaux plutôt que des enfants ou des personnes âgées.
Un agrément est délivré
Ce choix personnel a conduit Marie-Josée Branger à contacter l’Udaf (Union départementale des associations familiales) qui s’occupe du placement familial d’adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. pour le compte du Conseil général. Philippe Dupouts et son équipe du service placement ont écouté sa motivation, l’ont informée mais aussi formée à cet accueil si spécifique.
Avant de lui délivrer un agrément, sa maison a été visitée pour vérifier qu’elle répondait aux normes. Chaque personne accueillie doit y disposer d’une chambre privative d’au moins neuf mètres carrés de superficie.
Pouvant recevoir chez elle trois adultes handicapés, Marie-Josée Branger n’en accueille en permanence que deux. « Il s’agit d’un vrai métier », assure-t-elle car, du matin au soir, il faut veiller sur ces personnes toujours fragiles. « Celles-ci doivent aussi trouver une autonomie la plus large possible dans leur famille d’accueil », notent Philippe Dupouts et Marie Chivot, du service placement de l’Udaf.
« Après le lever et le petit-déjeuner, la matinée est consacrée à des activités manuelles, raconte Marie-Josée en évoquant l’emploi du temps de la journée. Puis, nous discutons du menu du repas que nous préparons tous ensemble. L’après-midi est consacré à la balade. »
Un échange constant
Pour autant, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. En cas de problème lié, par exemple, à l’état psychique du pensionnaire, la famille d’accueil entre en contact avec les intervenantes du service de placement. Marie Chivot et sa collègue, qui rendent des visites régulières à ces familles, apportent, à la fois, les réponses et du réconfort.
« Nous sommes dans un échange constant avec les familles d’accueil. La parole est primordiale », assure Marie Chivot. « Rien n’est définitivement acquis. Les progrès peuvent être lents », prévient aussi Philippe Dupouts.
Il y a deux ans, Chantal Lebon qui habite Thénac est devenue, elle aussi, famille d’accueil. « L’accompagnement de l’Udaf est primordial », dit-elle.
Une veille constante
La veille constante que Chantal doit assurer auprès de ses deux résidentes, Marie-France et Ludivine, ne l’est pas moins.
Après un long séjour en milieu psychiatrique à La Rochelle, Ludivine a choisi elle-même de vivre chez Chantal. « De fait, ce choix appartient d’abord à la personne handicapée », explique Philippe Dupouts.
L’autonomie de Marie-France, qui a vécu auprès de ses parents jusqu’à leur disparition, est moindre. Chantal Lebon doit donc s’assurer, au quotidien de la prise des médicaments prescrits à celle-ci et au suivi médical de ses deux résidentes.
Deux week-ends par mois, Ludivine quitte Thénac pour Marennes où elle retrouve quelques heures ses enfants, eux aussi placés en famille d’accueil.
Des candidats recherchés
Marie-Josée et Chantal ont droit, elles aussi, à des week-ends de détente, des vacances. D’autres personnes agréées viennent alors les relayer. Ou leurs pensionnaires sont hébergées dans d’autres familles d’accueil.
L’Udaf gère à ce jour l’accueil permanent accueil permanent Terme inapproprié désignant en fait un contrat d’accueil à durée indéterminée, avec une date de début mais sans date de fin, prévoyant une prise en charge à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (de jour ou de nuit), en continu (sans interruption) ou séquentielle (exemple : un weekend tous les mois). de 48 adultes handicapés, auxquels se rajoutent douze autres personnes dans le cadre d’accueils temporaires. Dans ce dernier cas, il s’agit d’offrir « des séjours de rupture, en milieu familial » à des personnes vivant en permanence dans des unités spécialisées.
L’Union départementale des associations familiales est toujours à la recherche de nouvelles familles d’accueil (1). « Notamment dans les villes afin d’héberger de jeunes adultes handicapés travaillant la journée en Esat (2) », détaille Philippe Dupouts.
Le responsable du service placement veut espérer que le témoignage fort de Marie-France Branger suscitera de nouvelles vocations.
« Nous sommes une famille de cœur plus qu’une famille d’accueil », conclut celle-ci, toute heureuse que sa fille, âgée aujourd’hui de 18 ans, ait grandi aux côtés de personnes handicapées au point de « partager une vraie complicité avec elles ».
(1) Contact : Udaf au 05.46.28.36.00.
(2) Esat : Établissement ou service d’aide par le travail.