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La formation au service d’un accueil familial de qualité

Johan PRIOU, conseiller technique U.N.I.O.P.S.S. - Pôle Santé-Handicap (extrait)

Introduction

Le code de l’action sociale et des familles, dans son article L441-1, prévoit que « L’agrément ne peut être accordé que (...) si les accueillants se sont engagés à suivre une formation initiale et continue ». Cette formation, bien que la loi ne le stipule pas, devrait être placée sous la responsabilité des conseils généraux seuls compétents dans ce domaine. Ils pourront organiser directement ces formations ou faire appel à des organismes extérieurs.

Chacun s’accorde pour reconnaître le bien-fondé de l’exigence d’une formation perçue comme une des garanties de la qualité de l’accueil. La question concerne davantage les conditions d’organisation de cette formation qui doivent tenir compte de la spécificité de l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). . Alors, abordons d’abord les questions d’intendance, à savoir le coût et la prise en charge financière de ces formations.

Si l’objectif est de permettre aux accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
de personnes âgées et handicapées d’accéder à des formations, cela suppose que les conseils généraux prennent en charge leurs frais de formation mais aussi de déplacement et de remplacement, puisqu’en toute hypothèse les personnes accueillies resteront à domicile pendant les sessions.

Si ces conditions sont réunies et qu’elles permettent effectivement aux accueillants familiaux d’accéder à la formation, la question est alors celle de la définition de formations de qualité. Si l’objectif n’est pas simplement de se conformer à l’obligation légale, cela suppose que ces for­mations tiennent compte de la spécificité de l’exercice de ce type d’activité et qu’elles répon­dent réellement aux besoins et aux attentes des accueillants familiaux.

En terme de contenu, si l’expérience acquise doit permettre aujourd’hui de valoriser ce qu’il est souhaitable de faire, il est nécessaire d’insister sur les dimensions relatives au travail à domicile, au respect de l’intimité des personnes, à l’établissement de relations interperson­nelles continues ainsi qu’au caractère multidimensionnel des compétences requises, plus enco­re peut-être que pour les autres professionnels intervenant à domicile ou en institution.

Parmi les thèmes qui apparaissent incontournables, on retrouve généralement :

  • le contenu et les limites de la fonction d’accueillant familial, en terme de responsabilités, d’obligations, de missions mais aussi d’éthique ;
  • l’accueil au quotidien qui aborde des notions de base sur les difficultés des personnes accueillies, et sur les conditions pour réaliser un accueil de qualité, en rappelant les éléments relatifs à l’hygiène, l’alimentation, la sécurité, les soins, la vie sociale et culturelle...
  • les besoins relationnels des personnes accueillies, en tenant compte de leurs particularités, de leur histoire et de leur projet de vie, en lien avec la famille, pour établir le mode de relation et de communication adapté et gérer les situations de crise ;
  • l’accompagnement des personnes accueillies, en partant de l’analyse des besoins de la per­sonne, de ses habitudes et de son projet de vie, afin de permettre d’élaborer un projet d’ac­compagnement et d’évaluer la satisfaction de la personne accueillie ;
  • les partenaires extérieurs afin d’informer sur les autres ressources institutionnelles et sociales utiles à la fois pour la personne accueillie, mais aussi pour les accueillants familiaux afin d’éta­blir des relations partenariales privilégiées, obtenir des informations et de l’aide auprès d’autres acteurs (je pense en particulier aux acteurs associatifs qui peuvent avoir développé une com­pétence quant à un type de handicap particulier).

En terme de méthode, il s’agit là encore de tenir compte de la spécificité des accueillants fami­liaux, dont la carrière et l’histoire personnelle induiront des besoins très différenciés. Si la for­mation initiale et continue est une obligation légale, elle ne doit pas se traduire par des forma­tions imposées sans rapport avec les enjeux de la fonction et les besoins de l’accueillant. La formation initiale doit tenir compte de l’expérience et des acquis de l’accueillant, et son contenu pourrait utilement être déterminé sur la base d’une évaluation individuelle des besoins de formation.

En matière de formation continue, des expériences qui ont reçu l’assentiment des accueillants familiaux ont souligné l’intérêt de la mise en place de sessions favorisant l’échange entre les accueillants mais qui peuvent également réunir utilement d’autres professionnels (des soi­gnants, des psychologues ou des travailleurs sociaux) afin d’assurer l’échange de bonnes pra­tiques et approfondir certains thèmes relatifs aux publics accueillis, aux modes d’accueil, aux pathologies, à la dépendance, à la vie sexuelle et affective, aux conduites addictives...

Pour conclure, deux propositions :

1. Ces formations pourraient intégrer les questions relatives au travail en partenariat dans le cadre du suivi et de l’encadrement par des associations, ou encore celles soulevées par le sala­riat des accueillants familiaux par des institutions sociales et médico-sociales, possibilité que la loi vient d’ouvrir. L’Uniopss est très intéressée par cette possibilité qui ouvre des perspec­tives fort intéressantes de structuration de réseaux d’accueil familial autour d’institutions sociales et médico-sociales qui permettrait de diversifier les modes d’accueil. Il ne s’agirait pas d’aligner les formations des accueillants familiaux sur celles des travailleurs sociaux interve­nant dans ces institutions, mais plutôt d’approfondir les complémentarités.

2. La formation pourrait faire l’objet d’une validation des acquis d’expérience dans le cadre de formations diplômantes (par exemple, le diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale) lorsque les accueillants familiaux en expriment le souhait lors de l’évaluation individuelle de leurs besoins de formation.