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Placements hospitaliers injustifiés

Lettre ouverte diffusée sur Gerialist@yahoogroupes.fr

Docteur Michel Cavey, médecin chef
Hôpital saint Jean
45250 Briare

à
Monsieur le Procureur de la République

Le 24 septembre 2000,

Monsieur le Procureur,

L’hôpital saint Jean est un hôpital local de droit privé. Ce type d’établissement a vocation à pratiquer la médecine gériatrique, avec le souci constant de favoriser le retour à domicile.

Malheureusement je suis contraint de constater qu’avec une fréquence croissante il nous arrive de recevoir des personnes âgées dont l’état de santé, pour n’être pas excellent, ne justifierait pas une hospitalisation prolongée. Ce qui fait problème c’est que souvent les familles qui ont provoqué l’hospitalisation n’entendent pas assumer la prise en charge ultérieure.

Il va de soi que notre civilisation ne se prête pas aisément à la cohabitation entre générations. Cependant nous sommes alors confrontés à des situations d’abandon qui me semblent enfreindre le devoir d’assistance, et dont la conséquence est, au mieux le placement du sujet en institution contre sa volonté, au pire la stagnation dans une situation précaire (aux frais injustifiés de l’Assurance Maladie) ou une errance préjudiciable à la santé et la dignité des personnes.

Nous n’avons guère de moyens de nous opposer à cette situation : lorsque nous tâchons de faire montre d’autorité nous parvenons parfois à obtenir le retour à domicile, mais le patient est presque toujours réhospitalisé dans les jours qui suivent, ce qui aggrave son état. Une fois au moins il s’est produit que la famille, dûment avertie par mes propres soins, s’éclipse au moment de la sortie de son parent.

Il me semble que ces comportements sont délictueux. Naturellement c’est là une situation très délicate ; mais d’une part il m’est très pénible de devoir les cautionner, d’autre part nous n’en aurons bientôt plus les moyens : les hôpitaux de la région sont pleins en permanence et la menace est de devoir refuser d’accueillir de vrais malade faute de lits pour le faire.

Je vous serais infiniment obligé de bien vouloir me faire connaître les moyens éventuels dont je pourrais disposer le cas échéant pour tâcher de faire pièce à une dérive dont notre société n’a pas lieu d’être fière.

Je vous prie de croire, Monsieur le Procureur, à toute ma considération.

Docteur Michel Cavey

Témoignage d’un colistier :

... nous avons à Orléans une antenne mobile, dont l’essentiel de l’activité est à dire vrai consacrée à anticiper une prise en charge géronto pour des patients âgés hébergés en chirurgie faute de place en milieu gériatrique.

Jean-Yves Lemonnier