Ce mémoire répondra très concrètement aux interrogations de tous ceux qui s’intéressent à l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). thérapeutique.
Nous recommandons sa lecture aux équipes soignantes, mais également aux candidats accueillants et aux proches de patients susceptibles de bénéficier de ce mode de prise en charge.
Bravo Emmanuelle, et Merci pour votre autorisation de publication
Résumé :
L’AFT
AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
est une alternative à l’hospitalisation consistant en une phase de réadaptation et d’acquisition d’une certaine autonomie, au cours de laquelle la prise en charge sociale permet (entre autres) de vérifier l’hypothèse d’un regain en autonomie. Lorsque les liens sont possibles, le schéma familial substitutif apporte de nouveaux « outils » à l’accueilli pour travailler le quotidien. Le placement pourrait générer chez la personne placée le sentiment d’appartenance à un groupe de socialisation, ce qui lui permet de travailler les habilités sociales, c’est une étape dans un objectif d’insertion.
Chaque personne atteinte de troubles mentaux est différente et la manifestation des troubles intervient différemment. L’orientation vers de l’AFT est pertinente selon les profils et les possibilités. Celle-ci va dépendre du projet individuel de chaque patient. Pour certains, l’hôpital est sécurisant, pour une grande majorité, il est vécu comme un calvaire. Dans ce cas, des alternatives à l’hospitalisation générale sont possibles comme les appartements thérapeutiques, les résidences d’accueil etc. Les professionnels se confrontent alors à un travail important pour favoriser l’accès aux soins et ses bonnes conditions. Toutefois, je me ends compte que des points de vigilance sont à considérer. L’effet escompté dépendra de facteurs parfois non perceptibles.
Certaines familles naturelles ne sont pas en mesure d’apporter l’attention et cette distance professionnelle nécessaire au rétablissement du patient. Malgré ses bonnes intentions, la maladie mentale nécessite un accompagnement soutenu et spécifique. Pour la soutenir, les professionnels peuvent intervenir. Il s’agit des premiers partenaires à mobiliser. J’ai réalisé que le soutien de la famille naturelle est source d’apaisement propice à la réinsertion sociale. Quelles sont alors les mesures mises en place pour soutenir les aidants ? Quels sont les freins du partenariat et comment y remédier ?
Ce travail m’a permis d’accéder à d’autres problématiques environnantes qui ont le mérite d’être traitées : les personnes atteintes de troubles mentaux se retrouvent de plus en plus en prison même si un diagnostic psychiatrique est effectué systématiquement avant l’incarcération. Dans un même temps, les hôpitaux psychiatriques manquent de moyens et sont surpeuplés. D’autres dispositifs visant le décloisonnement et la réinsertion sociale peuvent être développés comme l’AFT mais sont peu exploitées.
Extraits
(...) Je me suis renseignée sur les dispositifs qui permettent de travailler dans cette dynamique hors institution. C’est ainsi que j’ai découvert l’AFT. Comme les vacanciers, les accueillis en AFT se trouvent aussi dans un rythme de vie organisé dans un climat familial, avec un mode de vie « commun » et non institutionnel.
Ce type d’accueil permet aux personnes atteintes de troubles mentaux d’intégrer un foyer familial et cet environnement est considéré comme thérapeutique, ce qui favoriserait leur réinsertion sociale. Je chercherai alors ce qui se passe au sein de la famille soignante pour qu’on la considère comme thérapeutique.
Durant mon parcours, j’ai eu l’occasion d’effectuer un stage de deuxième année au sein de la CARSAT. J’ai approché un public en arrêt maladie ou bénéficiaire d’une pension d’invalidité, assuré au régime général de la Sécurité Sociale.
A travers cette expérience, j’ai rencontré quelques personnes atteintes de maladies psychiques et mentales.
D’après les professionnels rencontrés pendant ce stage, de plus en plus de personnes accueillies au service social sont atteintes de ces troubles. Certaines lectures l’ont réaffirmé. Selon un rapport élaboré par le ministère de la santé et des solidarités, « Les travailleurs sociaux expriment des difficultés voire un réel malaise, du fait de l’importance grandissante de situations qu’ils ont à traiter, dans lesquelles la dimension psycho-sociale des problèmes ou le trouble psychique de l’usager sont présents, de façon plus ou moins manifestes ». Ce document s’adresse aux travailleurs sociaux de tous milieux professionnels susceptibles d’accueillir ces personnes afin de leurs apporter des outils permettant d’accompagner au mieux le public.
Lors des entretiens menés avec ces personnes, bien que la question du lien familial soit difficilement abordable, certaines expliquent que les liens familiaux se fragilisent du fait de la maladie. Ce qui m’a fait écho à mes expériences personnelles citées ci-dessus. Je me suis demandée pourquoi la personne et la famille s’éloignent alors qu’ils ont d’autant plus besoin de solidarité ? Sachant que la famille est la première instance de socialisation, je me suis questionnée sur l’apparition de l’exclusion des personnes causée par la pathologie.
(...) j’ai réalisé que cette pratique est peu connue des professionnels du social que j’ai rencontré. On parle généralement d’accueil familial social mais la spécificité de l’accueil familial thérapeutique requiert souvent une connaissance dans le domaine de la santé mentale.
(...) Mes expériences personnelles et professionnelles m’amènent à me questionner sur l’exclusion des personnes atteintes de troubles mentaux. J’entends des personnes altérées par des symptômes qui tendent vers la désocialisation. Mon intérêt est de savoir ce qu’apporte le milieu familial « substitutif » pour ce public spécifique.
Dans le cadre de ce travail de recherche, il me paraît pertinent de me pencher sur ce que signifie le terme « troubles mentaux ». Il s’agirait de comprendre les caractéristiques de ces troubles afin de mieux cerner d’une part ce que vivent les personnes qui y sont atteintes et d’autre part l’intérêt ou le désintérêt de l’AFT.
L’AFT vient répondre au besoin de réinsertion. Cette forme d’accueil revêt plusieurs aspects d’ordres humains, administratifs, législatifs, organisationnels. Ces composantes seront explorées et ses effets interrogés.
En stage, dans le souci d’accompagner les patients dans leurs projets, je me demande ce que leur procure l’AFT. S’intéresser à leurs parcours permettrait de prendre de la distance et de constater les impacts du passage en AFT.
(...)
- Le handicap mental est la conséquence d’une pathologie identifiable (traumatisme, anomalie génétique, accident cérébral). Dans ce cas, les capacités intellectuelles n’évoluent pas, la manifestation des symptômes est stable et la prise médicamenteuse est modérée.
- Le handicap psychique est la conséquence d’une maladie psychique. La cause reste inconnue. Les capacités intellectuelles sont indemnes et peuvent évoluer de façon convenable. C’est la possibilité de les utiliser qui est déficiente. La prise de médicaments est souvent importante, associée à des techniques de soins visant à pallier et/ou réadapter les capacités à penser et à décider.
Au regard de ces éléments, je m’accorde à dire que les personnes atteintes de troubles mentaux susceptibles d’être accueillis en AFT relèveraient d’un handicap psychique plutôt que mental. « Dans le handicap psychique, c’est l’organisation qui est en cause, comme l’organisation du temps, l’anticipation des conséquences d’un acte, la possibilité de communiquer de façon participative, mémoriser, concevoir les réactions des autres…associés à la non reconnaissance des troubles, à la dénégation(le déni), à l’absence de participation sociale ». En effet, l’objet de l’AFT a pour finalité « une restauration de leurs capacités relationnelles et d’autonomie ». Ce qui suppose que la personne concernée peut présenter une évolution de ces capacités intellectuelles. Celles-ci restent indemnes mais c’est plutôt le comportement et le jugement qui seront travaillés en vue de leur restauration.
(...) Helen GLOVER apporte son expertise en tant que travailleur social et personne d’expérience ayant été atteinte de troubles mentaux « il est malheureusement rare que l’on raconte son expérience de la maladie psychique sans identifier d’autres pertes et traumatismes liés à la prise en charge en psychiatrie ». Cette personne met en lumière certaines souffrances liées au vécu d’une prise en charge psychiatrique. Elle avance que certains milieux dédiés au traitement de la maladie psychique peuvent avoir un impact négatif sur la personne.
Elle expose ainsi les impacts sur les milieux sociaux : « perte des anciens rôles, professionnels et familiaux », « absence de possibilité de reconquérir le travail, les études etc. », « perte des liens avec la famille et les amis », perte du revenu, du logement », « perte des possibilités d’apporter quelque chose aux autres et à la collectivité », « absence de moyens de participation », « environnements non accueillants », « perte des ressources personnelles », « impact de la stigmatisation et des préjugés de la société », « impact de l’autostigmatisation ».
Erving Goffman, dans son ouvrage intitulé Asiles, traite de la façon dont la personne en soins vivait subjectivement ses rapports avec l’établissement hospitalier. Il désigne l’établissement psychiatrique en tant qu’ « institution totalitaire ». Celles-ci seraient plus contraignantes voire même oppressantes que les autres institutions : « parmi les différentes institutions de nos sociétés occidentales, certaines poussent cette tendance à un degré incomparablement plus contraignant que les autres. Signe de leur caractère enveloppant ou totalitaire, les barrières qu’elles dressent aux échanges sociaux avec l’extérieur, ainsi qu’aux entrées et aux sorties, et qui sont souvent concrétisées par des obstacles matériels : portes verrouillées, (…) ».
(...) Dans une émission sur LCP, Patricia DEFAIN, une directrice des soins précise que l’AFT ne transforme pas les personnes. Il est très utopique de penser que ces personnes vont retrouver un travail. Néanmoins, certains peuvent avoir une vie plus autonome, reprendre un appartement ou vivre en foyer. Ceci progresse par palier en général.
L’ensemble des FAT interrogées confirment l’idée que pour une grande partie des accueillis, l’AFT est bénéfique en autonomie et réhabilitation psychosociale surtout pour les jeunes entre 16 et 35 ans. Les professionnels appuient cette idée selon laquelle il y a plus d’espoirs pour les jeunes et le lien avec la famille est plus facile. Cependant, d’autres éléments encouragent cette position de sujet de droits dans la cité, la société.
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