De toutes petites communes choisissent de privilégier l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). pour leurs ressortissants très âgés
Trop petites pour pouvoir prétendre à une maison de retraite, certaines communes rurales organisent elles-mêmes l’accueil familial des personnes âgées, formule intermédiaire entre l’aide à domicile et les établissements spécialisés. Guy Delbès, le maire de Mauroux, petit village lotois de 420 habitants, a été le plus fervent promoteur des "Jardins des Aînés", un hébergement de proximité, ouvert le 1er novembre 2003, où deux familles d’accueil accueillent chacune, dans deux maisons mitoyennes, jusqu’à trois personnes âgées.
La famille loue le 1er étage tandis que les personnes âgées disposent chacune d’une chambre avec sanitaires au rez-de-chaussée, ainsi que d’une salle commune. Ce sont elles qui rémunèrent l’hôtesse, à hauteur d’environ 750 euros par mois et par pensionnaire, soit beaucoup moins que dans une maison de retraite.
S’inspirant d’expériences similaires, la mairie a décidé en 1999, avec le concours d’une société HLM et du conseil général, d’acquérir un terrain et de faire construire une résidence qu’elle gèrerait elle-même.
Tous originaires du coin, Raymond, Martou, Marie et Yolande en sont les premiers locataires. "Je suis venu ici parce que je suis tout seul. En plus, j’avais des escaliers chez moi et je n’y vois pas clair", explique Raymond, 88 ans. De l’autre côté de la table, Léa, 6 ans, feuillette "Le Livre de la Jungle", tandis que sa sœur Emma, 3 ans, gesticule bruyamment. "Elles viennent nous distraire", s’amuse Martou. "Ca apporte autant aux enfants qu’à eux", assure Véronique Alberto, la mère des deux fillettes, recrutée par la mairie pour assister les pensionnaires, assurer leurs repas, ainsi que l’entretien du linge et du logement.
"Ils vont chercher les enfants à l’école, les gosses leur disent papy : ils n’en ont jamais tant vu !", s’amuse Guy Delbès. Outre le mélange des générations, les "Jardins des Aînés" présentent l’atout d’associer deux familles d’accueil, leur permettant de se relayer quand l’une d’elles part en congé et d’alléger ainsi leur tâche.
Garante du projet
Pour Etienne Frommelt, président de l’association Famidac, il est "souhaitable que les mairies favorisent l’accueil familial". Lorsqu’on place en maison de retraite une personne encore relativement "valide et éveillée", on voit son état décliner dans les 15 jours, alors que plongée dans le bain familial, elle est stimulée et sa santé maintenue, estime-t-il.
"Dans un département âgé comme le Lot, les structures existantes ne suffisent pas à répondre à la demande et une telle solution nous soulage", renchérit le directeur de la maison de retraite de Puy-L’Evêque, à une dizaine de kilomètres de Mauroux. Pour Joël Palma, "cette formule s’adresse à des personnes qui ne sont pas trop dépendantes, mais elle permet de maintenir la personne âgée dans son cadre de vie habituel tout en lui offrant le confort social et sanitaire".
Pour le conseil général, il s’agit d’"encadrer" l’accueil familial, parfois terni par des histoires de maltraitance. Selon le secrétariat d’État aux personnes âgées, qui "aimerait voir se développer l’accueil familial", quelque 9.000 familles accueillent aujourd’hui 12.000 personnes âgées ou handicapées.
La différence, dit-on au conseil général, c’est qu’ici "la mairie est garante du projet" : c’est elle qui gère le dispositif et recrute les familles, s’assurant de l’expérience gérontologique et des qualités humaines de l’hôtesse. C’est aussi elle qui prend le risque d’être poursuivie en cas de difficultés entre l’accueillant et l’accueilli, fait toutefois remarquer M. Frommelt.
Dorothée MOISAN (AFP)
NB : Cette journaliste a schématisé mes propos (voir ci-dessous)... Comme elle me parlait de communes employant des accueillants, je lui ai répondu qu’il est préférable rester dans le cadre de la loi :
- la municipalité loue des logements aux accueillants
- ces accueillants sont salariés de leurs accueillis et contrôlés par le Conseil Général.
A défaut de pouvoir se doter de leurs propres maisons de retraite, certaines municipalités envisagent de développer l’accueil familial en se lançant dans des projets immobiliers adaptés à cette activité. Rien n’empêche des promoteurs immobilier de leur proposer des réalisations "clés en main".
Mais l’intervention d’un tiers pour le recrutement et la formation d’accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés. comme pour le placement d’accueillis ne me semble pas souhaitable : ce tiers pourrait être considéré comme "employeur de fait" des accueillants, pénalement responsable de tous les aléas des accueils. Et la commune est liée, pour plusieurs décennies, par des engagements difficiles à renégocier. A mon avis, il vaut mieux rester dans des relations "normales" :
- la commune pilote le projet immobilier (qui peut être réalisé par une société HLM ou tout autre constructeur), puis propose ces logements à des accueillants ou futurs accueillants
- le Conseil Général agréé les accueillants familiaux, les forme, contrôle leur activité et assure le suivi médico-social des accueillis
- les accueillants restent libres du choix des personnes à accueillir et responsables de leurs actes. Ils versent un loyer fixe, quels que soient les aléas de leur activité.
- en cas de problème, ces logements peuvent être loués à des locataires "ordinaires", non accueillants...
Étienne Frommelt