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2008 : Envie de travailler chez vous ? Devenez famille d’accueil !

Maxi n° 1195 - du 21 au 27 septembre 2008 - pages 20 et 21

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Maxi n° 1195

Envie de travailler chez vous ? Devenez famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" !  !

Voici une solution idéale si vous souhaitez travailler à votre rythme et venir en aide à une personne âgée, handicapée ou à un enfant en difficulté.

Vous rêvez d’une activité qui vous permette de gagner votre vie en travaillant à domicile ? Vous avez le sens du contact et vous aimez prendre soin des autres ? Les accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
reçoivent chez eux des personnes âgées, handicapées mentales ou physiques pendant quelques jours... ou quelques années. Ils veillent sur elles, leur préparent à manger, s’occupent de leur linge... Les assistants familiaux, eux, reçoivent des enfants et des adolescents pupilles de la nation ou retirés par la justice de la garde de leurs parents.

Les personnes accueillies partagent les repas, les sorties et les conversations de toute la famille. Leurs histoires de vie douloureuses ou leurs difficultés nécessitent donc que l’on fasse preuve de patience et de bienveillance.

Ces métiers comportent de nombreux avantages : vous êtes votre propre patron et vous organisez votre temps à votre guise, en tenant compte de la personne accueillie. Vous vous sentez utile, en venant en aide à des personnes qui n’ont pas toujours été gâtées par la vie et partagez des moments forts avec elles.

Catherine, 42 ans, accueille Lucienne, 85 ans

Catherine, 42 ans, accueille Lucienne, 85 ans

Lucienne fait vraiment partie de la famille

Durant quinze ans, j’ai été aide soignante dans un institut gériatrique. Mais j’avais tant de travail que je n’avais pas le temps de m’occuper comme je le voulais des personnes âgées. A force, cela me frustrait. En outre, je rêvais de faire un métier qui me permettrait de rester à la maison, pour m’occuper de mes enfants : Marion, 16 ans, Céline, 12 ans, Yann, 7 ans, et Thomas, le fils de mon ami, 2 ans. J’ai donc décidé d’accueillir des personnes âgées à la maison.

Cela permettrait en plus aux enfants de garder des contacts réguliers avec des personnes âgées, pour apprendre à les respecter car depuis que nous avions déménagé, ils ne voyaient plus beaucoup leurs grands-parents qui habitaient loin.

J’ai donc demandé mon agrément au conseil général et, en trois ans, j’ai déjà accueilli quatre pensionnaires. Aujourd’hui, nous recevons chez nous Lucienne, une vieille dame de 85ans : c’est une bonne vivante, toujours de bonne humeur qui adore bavarder. Elle fait vraiment partie de la famille. Elle a sa chambre à elle et je m’occupe de sa toilette, de son ménage et de son linge. Nous n’oublions jamais de fêter son anniversaire.

De son côté, elle offre toujours des chocolats aux enfants, à Pâques. Notre petit dernier, Thomas, l’appelle » ma-mie Lulu ». De temps en temps, il lui fabrique des avions en papier ou lui montre son cahier pour lui expliquer ce qu’il fait à l’école. Lucienne lui dit qu’il est mignon et lui fait de gros bi¬sous. Comme il voit peu ses grands-parents, Thomas trouve ainsi auprès d’elle tout l’amour qui lui manque.

Sa présence aide les enfants à être plus tolérants

Ma fille Céline prépare souvent la salade le soir, et Lucienne, qui est une ancienne cuisinière, lui donne de petits conseils. Lucienne discute aussi avec mon fils Yann, qui est plus réservé. Un jour, par exemple, ils ont parlé ensemble de la guerre d’Algérie, parce que Yann en avait entendu parler en classe. Cela lui a permis de s’intéresser davantage à ce pays que s’il l’avait découvert dans un livre.

Sa présence aide aussi les enfants à être plus tolérants. Lorsqu’il arrive à Lucienne de répéter plusieurs fois la même chose, ils ne font aucune remarque, par respect. Et s’ils voient une personne âgée debout dans un bus, ils n’hésiteront pas à lui céder leur place. De mon côté, grâce à elle, je me sens utile et je n’ai vraiment pas l’impression de faire un travail !

Sophie, 40 ans, accueille Jean-Paul et Patricia qui ont un handicap

Sophie, 40 ans, accueille Jean-Paul et Patricia qui ont un handicap

Nous partageons de grands moments de bonheur

II y a quelques années, j’ai eu envie de m’installer à la campagne et de me mettre à mon compte. En surfant sur Internet, j’ai découvert le métier d’accueillante familiale. L’idée d’aider des personnes fragiles m’a tout de suite plu, car j’ai toujours été très attentive aux autres et j’avais envie de me rendre utile. J’ai aussitôt envoyé une lettre au conseil général de la Vienne pour demander mon agrément et, le mois suivant, je recevais mon premier pensionnaire.

Aujourd’hui, je vis seule, je n’ai pas d’enfant et j’accueille Jean-Paul, la cinquantaine. Il est épileptique et doit suivre un traitement à vie. Je veille aussi sur Patricia, qui est maniaco-dépressive : elle peut être très joyeuse, puis sombrer soudain dans une grande tristesse. Nous partageons tous les trois de grands moments de bonheur : on plaisante à table, on fête ensemble nos anniversaires. Ces petits bonheurs partagés n’ont pas de prix !

Je leur explique que j’ai besoin de moments à moi

Mais parfois, la responsabilité est très lourde. Un jour, par exemple, Patricia a fait une crise : elle refusait de sortir de sa chambre. Je ne savais plus quoi faire. J’ai appelé le médecin, qui l’a fait interner à l’hôpital psychiatrique. Je me suis sentie coupable de ne pas avoir pu prévoir ni empêcher cette crise, même si je n’y étais pour rien.

De temps en temps, le huis clos avec Patricia et Jean-Paul est difficile, même s’ils sont très gentils. Ainsi, lorsque j’ai hébergé ma meilleure amie, ils m’ont dit qu’ils aimeraient participer davantage à nos discussions. J’ai dû leur expliquer longuement que j’avais besoin de moments rien qu’à moi, avec mes proches.

En revanche, il m’est impossible de les laisser seuls, sans surveillance. Du coup, je suis obligée de refuser les invitations à dîner ou les sorties avec mes amis. C’est très frustrant. Heureusement, tous les deux mois, ma mère me remplace à leurs côtés et je pars me reposer trois ou quatre jours. Lorsque je suis de retour, je me sens plus patiente et disponible.

Vous avez envie de devenir famille d’accueil, comment faire ?

Vous avez le choix entre deux types d’accueil familial. L’accueil social consiste à recevoir des personnes âgées ou handicapées adultes. Il faut adresser une lettre de demande d’agrément au président du conseil général, expliquant brièvement votre motivation.

L’accueil thérapeutique, lui, consiste à accueillir chez soi, pendant quelques jours ou semaines, une personne handicapée mentale qui vient d’être hospitalisée, pour voir si elle sera capable de se débrouiller ensuite seule chez elle. Selon les régions, il faut obtenir l’agrément du conseil général et/ ou du directeur de l’hôpital.

  • Vous voulez devenir assistant familial ?

Vous accueillez chez vous un enfant, un ado ou une personne majeure de moins de 21 ans, tous les jours ou quelques jours par semaine. L’enfant peut être pupille de la nation, ou confié directement à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) par ses parents ou par un juge qui a retiré provisoirement leur droit de garde aux parents. Vous devez obtenir un agrément auprès du service de protection maternelle et infantile de votre département et passer des entretiens auprès d’un travailleur social et d’un psychologue (qui vérifieront vos motivations, pourquoi vous souhaitez plus particulièrement vous occuper d’enfants ou de jeunes, comment vous comptez vous organiser...).

  • Quelle formation doit-on suivre ?

Pour devenir accueillant familial, les formations varient d’un département à l’autre. Certains exigent une courte formation ; d’autres, aucune. Vous n’avez pas besoin de diplôme, mais vous devez remplir quelques critères. Il faut mettre à disposition de chaque personne accueillie une chambre d’au moins 9 m², donnant facilement accès aux sanitaires et parties communes.

Pour devenir assistant familial, vous devez suivre une formation de 300 heures comprenant un stage préparatoire de 60 heures dans les deux mois précédant l’accueil du premier enfant et une formation de 240 heures dans les trois ans qui suivent le premier contrat de travail, pour acquérir des notions de psychologie, être sensibilisée aux problèmes de la violence envers les mineurs, etc.

• Comment trouver des personnes à accueillir ?
Si vous êtes accueillant thérapeutique, l’hôpital vous adresse directement les patients. Si vous êtes accueillant social, il vous appartient de trouver vous-même des personnes, en passant des annonces dans les journaux locaux (ou sur le site http://www.famidac.fr).

L’avis de l’expert

Étienne Frommelt, président de Famidac*

> Posez-vous les bonnes questions avant de vous lancer. Il faut d’abord en parler avec tous les membres de la famille. Prenez le temps de leur expliquer en quoi consiste cet accueil, ce que cela implique. ll faut, par exemple, se demander si on est prêt à avoir avec soi, sept jours sur sept, un enfant ou un adulte avec qui il faudra partager sa maison, ses repas... L’équilibre familial sera bouleversé, c’est pour cela que ce choix doit être accepté par tous.

> Vous devez être disponible. Vous êtes responsable de vos pensionnaires en permanence. Pensez aussi que vous ne pourrez pas vous absenter ou même partir en vacances sans vous faire remplacer.

> II faut être patient, compréhensif et à l’écoute. Mais vous devrez savoir vous montrer ferme pour vous faire obéir ou entendre. Vous devrez aussi être organisée pour vous occuper de toutes les tâches du quotidien, ainsi que de vos propres enfants.

> Essayez de ne pas trop vous attacher ! Appliquez les mêmes règles, ayez le même comportement qu’avec vos propres enfants ou les autres membres de la famille et restez bien consciente que l’enfant ou la personne âgée placé chez vous quittera votre foyer un jour ou l’autre.

> Mieux vaut enfin disposer d’un logement assez spacieux. Vous devez en général mettre à disposition de votre pensionnaire une chambre individuelle, cela permet ainsi à chacun de conserver son intimité.

* L’association Famidac défend les intérêts des accueillants familiaux. Site : www.famidac.fr