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Famidac, l'association des accueillants familiaux
et de leurs partenaires

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2008 : La grande quête du temps

Auteur : Frédérique Meunier, magazine "Faire Face" n° 668, octobre 2008.

L’oeil du Psy

Bouffée d’air pour les parents d’enfants ou d’adultes en situation de handicap, les modes d’accueil temporaire accueil temporaire Terme désignant un contrat d’accueil à durée déterminée, avec une date de début et une date de fin, prévoyant une prise en charge à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (de jour ou de nuit). sont hélas encore trop rares ou peu adaptés. Relais nécessaire à l’équilibre de chacun, ouverture sur un environnement différent, ils représentent une réponse idéale au besoin de repos de l’entourage.

Vendredi après-midi. Virginie part pour trois jours chez Martine, sa famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! temporaire. « Je pars à mon école », dit-elle, ravie. Depuis un an maintenant, la jeune femme de 32 ans, porteuse d’une maladie orpheline évolutive avec perte d’autonomie, se rend tous les 15 jours 1 dans ce nouvel environnement, permettant par la même occasion à ses parents de souffler un peu.

« Avant, je faisais appel à ma famille, mais c’est lourd de toujours demander, confie Françoise, sa maman. Virginie reste constamment à la maison. Lorsque je me mis mise à la recherche de quelqu’un pour me soulager, les services sociaux m’ont présenté Martine, présidente des familles d’accueil de la Creuse. Son côté dynamique m’a plu et le courant est tout de suite passé.

Pourtant au début, j’avais peur. Je me demandais si quelqu’un d’autre que moi allait être capable de gérer les problèmes spécifiques de Virginie. C’était comme emmener son enfant à l’école pour la première fois. Mais le relais s’est fait très progressivement et tout s’est bien passé. Désormais, c’est une relation très forte qui nous unit, basée sur une absolue confiance. »

Jeanne, trois ans, polyhandicapée, est prise en charge, elle, par une assistante maternelle. Matins, soirs, pour les besoins de l’activité professionnelle de ses parents ou d’une nécessaire vie sociale, la nounou donne médicaments, bain ou repas. « Tout comme à la maison, précise Sandrine, la maman. Annie connaît Jeanne aussi bien que moi et s’en occupe à la perfection. Il n’y a aucun problème de confiance, pas de contrainte d’horaire. Sans elle, je ne sais pas comment j’aurais fait. Pour garder notre enfant extraordinaire, il faut des gens qui ont soit l’expérience, soit la formation. »

RESPIRER, TOUT SIMPLEMENT

Mais ces exceptions confirment la règle ; nombre de parents restent démunis face à l’absence terrible de solutions de garde pour les enfants ou adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir

. Et la plupart d’entre eux ne sont pas au courant des formules existantes qui leur permettraient, ponctuellement ou plus régulièrement, de vivre un peu pour eux. de préserver leur vie familiale, de garder du temps pour leurs amis, les loisirs... ; de respirer, tout simplement.

Pouvoir partir tranquille, sans culpabiliser. Sans appui, réseau ou informations pertinentes, c’est un challenge bien difficile à relever au quotidien. En Belgique, l’association Famisol (Familles solidaires) l’a bien compris et offre ce qui pourrait bien être le rêve d’une majorité de parents. En effet, cette association propose à des familles ou personnes bénévoles d’accueillir un enfant de 0 à 18 ans porteur de handicap, qu’il soit moteur, mental ou sensoriel, et ce, pour une journée, un week-end ou plus, en fonction des disponibilités. Permettre aux parents d’enfants différents de recharger régulièrement leurs batteries est leur priorité et principal objectif, tout en offrant à l’enfant la possibilité de vivre des moments à lui en dehors du cocon familial.

« DES PETITS RIEN QUI CHANGENT TOUT. »

Valérie a ainsi débuté les accueils en janvier 2002 à raison d’une fois par mois. « Julie vient chez nous depuis plusieurs années maintenant. L’occasion pour elle de découvrir un autre milieu de vie, d’autres habitudes, d’autres pour leurs autres enfants. Nous adaptons nos activités en fonction d’elle pour que ses week-ends soient les plus agréables possibles et nous essayons de les concilier avec celles de nos deux jeunes fils qui n’ont pas les mêmes centres d’intérêt. Le bilan est très positif. Un seul regret : ne pas avoir réussi à donner l’envie à quelqu’un de notre entourage défaire la même chose que nous... »

Même engagement pour Jacqueline, qui accueille enfants et ados depuis de nombreuses années. « Notre but est vraiment que les enfants fassent partie de la famille pendant la période où nous les recevons et c’est une grande satisfaction que de les voir s’épanouir et être heureux dans un cadre autre que le leur. La plus grande difficulté reste les manipulations qui deviennent compliquées au fur et à mesure qu’ils grandissent. »

Famisol organise également des "journées répit" les samedis ou dimanches, c’est-à-dire des journées d’activités adaptées aux divers handicaps et encadrées par des volontaires, conseillés par des professionnels. Encore une initiative qui mérite largement d’être étendue par-delà les frontières...
« Déjeuner avec mon fils, passer un week-end avec mon mari, aller au cinéma ensemble plutôt que chacun son tour... Des petits rien qui changent tout et font que le quotidien redevient ordinaire... pour un temps », conclut Françoise, la maman de Virginie.

Reste à espérer que des réseaux de ce type couvrent progressivement toute la France...


En pratique...

L’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). peut s’effectuer à titre permanent ou temporaire. Les accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
sont agréés et contrôlés par le conseil général de leur département. Ils perçoivent un salaire, un loyer et le remboursement de leurs frais. Les conditions d’accueil sont précisées au sein d’un contrat entre les deux parties. Les personnes accueillies peuvent bénéficier de diverses aides pour financer cet hébergement (AAH, allocation logement, aide sociale).

Pour en savoir plus ou devenir accueillant, consultez le site de l’association des accueillants familiaux et de leurs partenaires : www.famidac.fr

Pour ce qui est de l’accueil des enfants, les assistantes maternelles sont agréées par le conseil général. Pour compléter la formation initiale obligatoire, une formation supplémentaire axée sur le handicap peut être demandée, soit par les parents, soit par l’accueillant. Un contrat de travail est obligatoirement établi avec possibilité d’y noter toute spécificité relative à l’enfant handicapé. La rémunération des assistantes maternelles agréées est basée sur le Smic. Un tarif plus élevé peut être appliqué lorsqu’un enfant handicapé est accueilli.

Pour plus d’informations, visitez
www.assistante-maternelle.org/

P.-S.

Pour les enfants, en Belgique :