À Courçon (Charente Maritime), la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! ne remplirait plus les conditions pour s’occuper de Joël. Elle conteste.
- Joël Pascouet, entouré de Jean-Yves et Michèle Blancquaste, sa famille d’accueil. (Photo Jean-Louis Bonnafous)
Pour l’amour de Joël
Michèle Blancquaste exerce avec passion un métier social jugé plutôt difficile : depuis 2004, elle héberge à temps complet une personne handicapée mentale. Aujourd’hui, elle est très inquiète pour son avenir.
Elle est arrivée récemment à Courçon. Avec son mari, Jean-Yves, ils ont aménagé au mois de mai dans le lotissement du Fief-Breuillet. Une maison spacieuse et agréable, ouverte sur les champs et la forêt de Benon, ce qui les change du quartier de la Pallice à La Rochelle. Michèle y exerce son métier : famille d’accueil. Elle n’a qu’un seul pensionnaire, Joël Pascouet, 42 ans, orphelin et trisomique.
Meilleure santé
Joël, qui ne parle pas, a surtout besoin d’affection et d’être assisté dans ses gestes quotidiens. Mais il marche, participe à la vie de la famille et n’a plus les mêmes ennuis de santé qu’il y a six ans. « À l’époque, il a passé des jours en clinique. Il a subi trois opérations aux hanches, puis à la mâchoire, à l’oeil. Il avait aussi la peau très sèche qui s’écaillait et les dents jaunes. Je l’ai assisté et soigné. Il a aujourd’hui une peau saine et se lave les dents », raconte Michèle, plutôt fière des progrès que Joël a faits à ses côtés.
« Jojo », comme elle l’appelle affectueusement, participe aux tâches quotidiennes la vaisselle, le linge, les courses... Et, la nuit, son sommeil n’est plus aussi agité qu’autrefois. « Depuis qu’il est avec nous, Joël se sent en sécurité, fait des progrès et nous exprime souvent son affection. »
Cette situation risque d’être remise en cause. Le 26 octobre dernier, les dirigeants de l’organisme qui emploie Michèle, l’association Prefass de Rochefort
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, qui place les personnes handicapées, la tutrice de Joël et le directeur adjoint de l’ADPP
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sont venus lui annoncer que Joël allait être placé ailleurs. La famille d’accueil ne remplirait plus les conditions idéales pour Joël. Pour Michèle et Jean-Yves, c’est la stupéfaction et la tristesse.
Ils tentent de comprendre. « Quand nous sommes revenus de vacances, cet été, ma femme a eu une sciatique, explique Jean-Yves. Pendant une période très courte, elle a fait appel à un organisme pour avoir des repas à domicile. Cela a fortement déplu aux responsables de Prefass, qui ont considéré que ma femme n’était pas suffisamment mobile et qui craignaient d’être obligés d’enlever Joël dans l’urgence. »
De plus, Michèle n’a pas le permis de conduire et Jean-Yves, chauffeur routier, est absent plusieurs fois par semaine. La situation « isolée » de Courçon aurait également compté.
Autonomes à Courçon
Or, tous ces arguments, Michèle les conteste. « Ma sciatique était provisoire et se guérit petit à petit. Je remarche sans canne et cuisine à nouveau mes repas toute seule. Avec Joël, nous nous déplaçons dans Courçon sans problème. »
Cette petite ville rurale leur convient tout à fait. Ils y trouvent « les mêmes services qu’à la Pallice : pharmacie, médecin, commerces... et bientôt un hypermarché à 50 mètres de la maison ».
Le fait de ne pas conduire n’a jamais posé de problème à Prefass pendant six ans. Pourquoi aujourd’hui ? S’il y a urgence, Michèle peut faire appel à une ambulance de Saint-Jean-de-Liversay. Sinon, Jean-Yves est quand même présent chaque semaine et Michèle fait du covoiturage avec une collègue de Marans.
Quant à la situation isolée de Courçon, les époux Blancquaste avaient pris leurs précautions avant d’emménager, faisant visiter la maison à une responsable de Prefass avant de signer. « Tout lui convenait, la maison et le cadre. Nous sommes partis en vacances l’esprit serein. »
Aujourd’hui, Michèle espère que l’organisme reconsidérera la situation et changera d’avis. « Ils ont toujours reconnu que je faisais très bien mon travail. Même si nous sommes conscients que ce n’est pas notre enfant. Joël s’est attaché à nous. Je crains qu’il perde la sécurité qu’il avait gagnée avec nous », conclut Michèle.
Auteur : Jean-Louis Bonnafous