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2009 : Un handicapé devrait quitter sa famille d’accueil

Auteur : Jean-Louis Bonnafous, Sudouest.com, samedi 7 Novembre 2009.

À Courçon (Charente Maritime), la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis
- désignant encore des assistants familiaux (accueillant des enfants ou des jeunes majeurs sous mesure de protection de l’enfance).
- remplacé, concernant l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial ; "La personne ou le couple agréé est dénommé accueillant familial" (Loi n° 2002-73 du 17 janvier 2002, article 51).
ne remplirait plus les conditions pour s’occuper de Joël. Elle conteste.

Joël Pascouet, entouré de Jean-Yves et Michèle Blancquaste, sa famille d’accueil. (Photo Jean-Louis Bonnafous)

Pour l’amour de Joël

Michèle Blancquaste exerce avec passion un métier social jugé plutôt difficile : depuis 2004, elle héberge à temps complet une personne handicapée mentale. Aujourd’hui, elle est très inquiète pour son avenir.

Elle est arrivée récemment à Courçon. Avec son mari, Jean-Yves, ils ont aménagé au mois de mai dans le lotissement du Fief-Breuillet. Une maison spacieuse et agréable, ouverte sur les champs et la forêt de Benon, ce qui les change du quartier de la Pallice à La Rochelle. Michèle y exerce son métier : famille d’accueil. Elle n’a qu’un seul pensionnaire, Joël Pascouet, 42 ans, orphelin et trisomique.

Meilleure santé

Joël, qui ne parle pas, a surtout besoin d’affection et d’être assisté dans ses gestes quotidiens. Mais il marche, participe à la vie de la famille et n’a plus les mêmes ennuis de santé qu’il y a six ans. « À l’époque, il a passé des jours en clinique. Il a subi trois opérations aux hanches, puis à la mâchoire, à l’oeil. Il avait aussi la peau très sèche qui s’écaillait et les dents jaunes. Je l’ai assisté et soigné. Il a aujourd’hui une peau saine et se lave les dents », raconte Michèle, plutôt fière des progrès que Joël a faits à ses côtés.

« Jojo », comme elle l’appelle affectueusement, participe aux tâches quotidiennes la vaisselle, le linge, les courses... Et, la nuit, son sommeil n’est plus aussi agité qu’autrefois. « Depuis qu’il est avec nous, Joël se sent en sécurité, fait des progrès et nous exprime souvent son affection. »

Cette situation risque d’être remise en cause. Le 26 octobre dernier, les dirigeants de l’organisme qui emploie Michèle, l’association Prefass de Rochefort
 [1]
, qui place les personnes handicapées, la tutrice de Joël et le directeur adjoint de l’ADPP
 [2]
sont venus lui annoncer que Joël allait être placé ailleurs. La famille d’accueil ne remplirait plus les conditions idéales pour Joël. Pour Michèle et Jean-Yves, c’est la stupéfaction et la tristesse.

Ils tentent de comprendre. « Quand nous sommes revenus de vacances, cet été, ma femme a eu une sciatique, explique Jean-Yves. Pendant une période très courte, elle a fait appel à un organisme pour avoir des repas à domicile. Cela a fortement déplu aux responsables de Prefass, qui ont considéré que ma femme n’était pas suffisamment mobile et qui craignaient d’être obligés d’enlever Joël dans l’urgence. »

De plus, Michèle n’a pas le permis de conduire et Jean-Yves, chauffeur routier, est absent plusieurs fois par semaine. La situation « isolée » de Courçon aurait également compté.

Autonomes à Courçon

Or, tous ces arguments, Michèle les conteste. « Ma sciatique était provisoire et se guérit petit à petit. Je remarche sans canne et cuisine à nouveau mes repas toute seule. Avec Joël, nous nous déplaçons dans Courçon sans problème. »

Cette petite ville rurale leur convient tout à fait. Ils y trouvent «  les mêmes services qu’à la Pallice : pharmacie, médecin, commerces... et bientôt un hypermarché à 50 mètres de la maison ».

Le fait de ne pas conduire n’a jamais posé de problème à Prefass pendant six ans. Pourquoi aujourd’hui ? S’il y a urgence, Michèle peut faire appel à une ambulance de Saint-Jean-de-Liversay. Sinon, Jean-Yves est quand même présent chaque semaine et Michèle fait du covoiturage avec une collègue de Marans.

Quant à la situation isolée de Courçon, les époux Blancquaste avaient pris leurs précautions avant d’emménager, faisant visiter la maison à une responsable de Prefass avant de signer. « Tout lui convenait, la maison et le cadre. Nous sommes partis en vacances l’esprit serein. »

Aujourd’hui, Michèle espère que l’organisme reconsidérera la situation et changera d’avis. « Ils ont toujours reconnu que je faisais très bien mon travail. Même si nous sommes conscients que ce n’est pas notre enfant. Joël s’est attaché à nous. Je crains qu’il perde la sécurité qu’il avait gagnée avec nous », conclut Michèle.

Auteur : Jean-Louis Bonnafous

P.-S.

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Notes

[1Prefass : L’ADAPEI 17 gère depuis 1989 un service de placement familial de 88 places pour personnes adultes handicapées âgées de 20 à 60 ans : PREFASS (placement recherche en famille d’accueil et suivi social), tél. 05.46.83.99.92. Commentaire de Famidac : Encore un organisme qui confond "accueil" et "placement" familial ?

[2ADPP : Association Départementale pour la Protection des Personnes chapeautée par l’Association Départementale Des Parents Et Amis De Personnes Handicapées Mentales (A.D.A.P.E.I)