3 novembre 2017, article de La Montagne
Neuvéglise
Olivier Kornprobst, accueillant familial
accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
, a ouvert un bar-restaurant où il emploie ses résidents
En plaçant les gens en difficulté ou en situation de handicap en milieu professionnel ordinaire, Olivier Kornprobst, neuvéglisien d’adoption, leur donne une chance de réinsertion.
Kornprobst. Ce nom imprononçable aux accents alsaciens n’a rien de Cantalien. Pourtant, ici, tout le monde connaît bien Olivier et sa famille. Olivier, l’accueillant familial. Olivier, le gérant du camping municipal. Olivier, le nouveau propriétaire du restaurant « La Tambouille » qui emploie des personnes en situation difficile ou de handicap. Olivier, le président de la société « Le Pont d’envol » pour l’insertion de ce public en difficulté. Olivier, l’altruiste. Olivier, l’homme qui fourmille d’idées.
De l’armée de l’air au social
En 2008, après une carrière dans l’Armée de l’Air dans les ressources humaines puis comme formateur, faite de mutations en France et à l’étranger, Olivier Kornprobst souhaite poser ses valises quelque part « pour se stabiliser et faire autre chose ». La famille s’installe à Cherbourg. Olivier trouve, « au hasard de rencontres, comme toujours car je suis très curieux et je pose beaucoup de questions », un boulot de chef de service dans un établissement d’insertion pour mineurs délinquants. Cette première expérience dans le social, « et pas des moindres », sera décisive dans sa nouvelle vie.
Cinq ans plus tard, il devient chef de service dans une maison d’enfants à caractère social. Mais ce n’est pas de cela dont il a vraiment envie. « Je m’ennuyais. Ça ne bougeait pas assez. À chaque vacance, avec ma femme, on cherchait une maison à acheter, adaptée, n’importe où en France, car on voulait devenir accueillant familial. Mais on ne trouvait pas, alors on reprenait le boulot et on remettait le projet dans les cartons ».
À force de pianoter sur internet, Olivier tombe finalement sur le site de l’association des « Cités cantaliennes de l’automne » qui loue des maisons adaptées à l’accueil de personnes en difficultés ou en situation de handicap dans tout le département. Il prend contact mais attend deux ans avant de prendre la décision de partir. « On ne quitte pas un boulot comme ça du jour au lendemain. Il fallait du temps, le temps de se lancer, le temps d’oser ».
« On est venu dans le coin, dans les cinq ou six départements autour, on a visité plusieurs maisons et c’est comme ça qu’on est arrivé à Neuvéglise, raconte-t-il. En 2014, on a loué une maison pendant un an puis on en a acheté une, qu’on a entièrement rénovée. Ici, on a été bien accueillis par les habitants ; le village nous a plu et il nous le rend bien ».
Aujourd’hui, le couple ne regrette pas son choix et fait ce qu’il a toujours souhaité faire : accueillant familial, avec un agrément pour trois personnes. Olivier et Véronique ont même « converti » un de leur fils qui est, lui aussi, venu s’installer à Neuvéglise avec sa femme, et devenu accueillant familial. Et il y a fort à parier que la famille Kornprobst reste cette fois-ci définitivement à Neuvéglise. « C’est fini de bouger partout. Ici, on a trouvé le coin qui nous plaît. Il y a une âme dans ce village mais il faut être de l’extérieur pour s’en rendre compte », assure Olivier en riant.
Il faut dire qu’ils ont su se faire une place au soleil. Très engagé dans la vie de la commune, Olivier a ouvert un bar-restaurant il y a quelques semaines seulement, en plus de son activité d’accueillant familial et de saisonnier au camping municipal. « Je ne cumule pas les activités, dit-il, je les imbrique ».
Avoir un œil bienveillant
En témoigne ce restaurant pas comme les autres. À l’entrée du bourg de Neuvéglise, La Tambouille emploie deux personnes en difficulté, Frédéric et Daniel. L’un est apprenti en cuisine et l’autre stagiaire en salle. « C’est parti d’une idée un peu folle, raconte-t-il. Je souhaitais proposer aux personnes qu’on accueille à la maison un travail, non pas en ESAT mais en milieu ordinaire. Car l’objectif pour nous, c’est bien sûr de les accueillir, mais surtout de les faire partir. C’est leur donner la possibilité, leur offrir une chance, de (re)trouver une vie normale, tout en gardant un œil bienveillant, car on crée des liens durables avec eux ».
Et comme le restaurant Le chat noir, fermé depuis quelques années, était à vendre, Olivier a saisi l’occasion. Il a alors créé une société familiale pour donner un cadre juridique et formel à cette initiative innovante, lui permettant d’embaucher des personnes en situation de handicap ou en difficulté, et travaille en collaboration avec différents partenaires sociaux, dont Cap Emploi ou l’IME de Volzac. Pendant quelques semaines, la jeune Coralie a d’ailleurs accompagné Daniel en salle. D’autres résidents de l’Institut Médico-Educatif de Saint-Flour pourraient venir, à leur tour, s’essayer en cuisine ou en salle.
« C’est expérimental ce que je fais là », explique Olivier qui ne sait pas de quoi demain sera fait mais qui souhaite toutefois que sa société soit reconnue à terme comme entreprise sociale et solidaire. Et il avoue que ses deux boulots précédents à Cherbourg lui ont « donné énormément de clefs pour mener des projets ».
Alors que certains appelleront ce que fait Olivier comme de la valorisation des rôles sociaux, lui préfère parler de bienveillance.
Isabelle Barnérias
5 novembre 2017 : France 3 Auvergne, JT de 20h
Un restaurant pas comme les autres... à voir sur http://www.dailymotion.com/video/x68xt3h