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Évolution d’une pratique d’accueil familial pour adultes (Le Havre)

Jean-Jacques Vauchel - Revue Pratique n°4 -1991 (extraits)

Travail réalisé en collaboration avec l’équipe intersectorielle de l’unité d’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). du Centre Pierre Janet : 8 infirmiers des différents secteurs, 1 psychologue responsable technique, une secrétaire médicale.

"Notre pratique d’accueil familial en psychiatrie adulte, au Centre Pierre Janet du Havre, s’inscrit dans un cadre intersectoriel depuis plus de dix ans sur un mode d’hospitalisation de type hôpital de jour. C’est à partir de cette pratique que nous faisons part de notre réflexion sur l’évolution progressive de nos modalités d’accueil et la nécessité d’un mode de fonctionnement plus souple. Bien que constituée d’une équipe pluridisciplinaire non permanente, répartie sur les quatre secteurs de l’institution, l’unité d’accueil familial apparaît néanmoins comme bien repérée en tant que structure de soins, au sein des différents services de l’institution. Sa stabilité au niveau du personnel lui a ainsi progressivement permis, au fil du temps, d’évoluer sans à coup. Le projet de fonctionnement, clairement défini au moment de sa mise en place, constituait la pierre angulaire de notre pratique.

Basée initialement sur la notion de "séjour de rupture", cette notion essentielle a progressivement évolué et nous a permis de répondre à la demande des équipes de secteurs et de mieux prendre en compte les diverses pathologies des patients. L’essentiel, pour l’unité, est de préserver dans sa pratiquée l’idée de l’accueil familial en tant qu’instrument thérapeutique au sens du décret du 1er octobre 1990, parmi d’autres solutions alternatives. De même, il s’agit de faire évoluer des patients hospitalisés vers une plus grande autonomisation et, à plus ou moins long terme, d’accéder à une forme de réinsertion sociale susceptible de réduire, autant que possible, une dépendance avec l’institution hospitalière. L’accueil en famille se doit, en corollaire, de rester pour le patient un "temps de passage", nécessaire et renouvelé le plus souvent possible, en alternance avec des périodes d’hospitalisation ou de retour à domicile.

Ces moments d’accueil familial dans des lieux différents impliquent un phénomène de rupture et trouvent leurs justifications dans le postulat que l’hôpital se doit de rester le lieu de soins privilégié où tendent à s’expliciter les processus pathologiques. De même, il se trouve être le lieu de repérage de l’évolution éventuelle du malade au niveau comportemental et de son adaptation sociale hors de l’institution. Ce préalable fondamental tient compte du constat issu de la psychothérapie institutionnelle, qui nous témoigne que chaque individu tend à répéter, quels que soient les lieux qu’il fréquente, en l’occurrence l’institution ou la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! , ses attitudes infantiles et son mode relationnel spécifique. [...]

Pour cela, il parait souhaitable de délimiter les lieux de soins, avec leur équipe de prise en charge référents des lieux de vie et d’accueil plus socialisés, laissant à ces derniers un rôle essentiel de catalyseur, dans le cadre d’un processus thérapeutique global, centralisé par l’unité d’accueil familial. Il nous parait difficilement envisageable qu’une famille d’accueil puisse être considérée comme thérapeutique en tant que telle, quelle que soit la qualité du mode de relation et des échanges intra familiaux. Confrontées à la pratique et à la réalité des cas cliniques proposés par les équipes référentes sectorielles, les modalités d’accueils familiaux ont dû peu à peu s’adapter afin de mieux tenir compte des projets de soins.

C’est ainsi qu’il ne nous est plus possible d’évoquer une pratique d’accueil familial univoque jusqu’alors axée sur des séjours dits séquentiels séquentiel
séquentiels
Les accueils séquentiels sont des accueils intermittents, dont la périodicité est librement déterminée - exemples : un weekend tous les mois, en semaine hors weekend, etc.
Contrairement à l’accueil temporaire ponctuel (à durée déterminée, de date à date), l’accueil séquentiel est une formule très souple pouvant faire l’objet d’un contrat d’accueil à durée indéterminée (sans date de fin).
, tant notre réalité de travail a évolué pour aboutir, selon les pathologies et les objectifs de soins, à une diversité de modalités d’accueil. Ces diverses modalités s’étendent depuis des accueils séquentiels, correspondant à des séjours de quelques jours à trois semaines, répétés parfois pendant de longues périodes, jusqu’aux séjours définis comme des "longs termes" même si des retours ponctuels et volontaires dans l’institution après plusieurs mois sont nécessaires, mais leur objectif est à terme de préparer ultérieurement à des accueils de type social en famille, tel que le définit maintenant la loi du 10 juillet 1989 et son décret du 22 juin 1990.

Parmi d’autres modalités d’accueil possibles, des séjours très ponctuels et limités dans la durée sont régulièrement réalisés. Leur objectif est d’évaluer les capacités d’autonomie et d’adaptation sociale d’un malade : soit préalablement à une installation extérieure, soit pour envisager l’éventualité d’un projet du même ordre après une hospitalisation assez longue. Enfin, il convient à ce niveau de montrer aussi la nécessité, pour une structure d’accueil familial thérapeutique AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
, de conserver une souplesse d’adaptation, afin de tenir compte de l’évolution des patients lorsqu’ils sont accueillis. [...]"