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Réunion : MAF et chasse aux pensions marron

MAF MAF Maisons (généralement gérées par des groupements de Coopération Sociale et Médico-Sociale) permettant le regroupement de plusieurs accueillants familiaux agréés. = Maison d’Accueil Familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). permettant généralement le regroupement de plusieurs accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
agréés.
"pensions marron" = pensions de famille pour personnes dépendantes, fonctionnant sans agrément ni contrôle.
Gramoune (Créole réunionnais) = personne âgée.

Gramounes maltraités : une gérante de pension marron en garde à vue avec son "employée"

Harry Amourani, clicanoo.re, 22 février 2018

SAINT-ANDRÉ. Le procureur Eric Tufféry l’a récemment souligné à l’occasion de l’audience solennelle du TGI de Saint-Denis. Le parquet fera preuve de fermeté vis-à-vis des auteurs de violences et de maltraitances envers nos gramounes. Il l’avait déjà démontré en janvier dernier en obtenant le placement en détention provisoire de Marie Sylvaine Dobi, une quadragénaire mise en examen pour avoir hébergé dans des conditions indignes, et cela malgré la perte de son agrément, quatre personnes âgées et lourdement handicapées dans sa pension baptisée "Ti Case Kréol 974", à Saint-André.

Un business qui lui rapportait un revenu annuel de plus de 40 000 euros alors qu’elle n’en déclarait que 25 000 aux impôts. Elle est loin d’être la seule à être ainsi attirée par l’appât du gain. Il faut dire que le manque criant de maisons de retraite dans l’île favorise le développement de ce genre de pensions d’accueil marron.

On en a encore la preuve avec cette nouvelle affaire qui occupe actuellement les policiers de Saint-André. Ces derniers ont, hier, placé en garde à vue deux femmes soupçonnées d’avoir tenu une pension marron, là encore sans aucun agrément. La « gérante » n’a en fait jamais obtenu d’autorisation de la part du Conseil départemental.

Elle accueillait pourtant chez elle pas moins de dix personnes âgées dans des conditions apparemment plus que déplorables, en particulier dans deux des chambres. L’odeur et l’état des chambres étaient tels qu’une policière ayant participé à la perquisition en est venue à rendre son quatre-heures.

La gérante laissait vraisemblablement ses pensionnaires livrés à eux-mêmes puisqu’elle occupe déjà un autre emploi. L’un des pensionnaires, âgé de 65 ans, a dû lui être hospitalisé au CHU en raison de son état. Il est susceptible d’avoir subi des violences. C’est d’ailleurs le personnel de l’hôpital qui est à l’origine du signalement des faits.

L’autre femme en garde à vue donnait occasionnellement un coup de main au noir. Les revenus rapportés par cette activité n’étaient bien sûr pas du tout déclarés. Pire, la gérante gardait avec elle les cartes bancaires des gramounes. L’enquête s’attachera à déterminer si elle ne s’en servait pas à des fins personnelles. Celle-ci devrait très probablement se solder par l’ouverture d’une information judiciaire.


L’appel du Département aux pensions marrons

Philippe Madubost, clicanoo.re, 27 mars 2018

Alors qu’une nouvelle pension marron a été fermée à Saint-André pour maltraitance, le Département leur lance un appel à se régulariser en se transformant pourquoi pas en Maisons d’Accueil Familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). (MAF MAF Maisons (généralement gérées par des groupements de Coopération Sociale et Médico-Sociale) permettant le regroupement de plusieurs accueillants familiaux agréés. ). Une offre complémentaire aux familles d’accueil et aux établissements spécialisés. Les quatre premières vont ouvrir leurs portes cette année.

Des seniors toujours plus nombreux, des places insuffisantes en établissements spécialisés, une solidarité familiale moins présente, une offre ne répondant pas toujours aux désirs des personnes âgées... Autant de facteurs qui expliquent en partie l’importance des "pensions marrons" dans l’île.
Selon le CESER (Conseil Economique et Social de La Réunion), elles seraient au moins une centaine dans le département (notre édition du 23 février). Ce qui peut entraîner des dérives : l’actualité est fréquemment marquée par la découverte de nouveaux cas de maltraitances.

Dernier exemple en date : la fermeture récente d’une pension à Saint-André, comparée à une "maison de l’horreur" par le procureur de la République qui lançait dans la foulée un message de fermeté à leur encontre. Pour étoffer l’offre et proposer une solution intermédiaire aux gramounes en situation de dépendance, le conseil général a créé un nouveau dispositif : les Maisons d’Accueil Familial. Une première au niveau national qui prendra dès cette année la forme de quatre structures de 16 ou 12 places qui ouvriront leurs portes à Saint-André (2 MAF), au Tampon et à Saint-Denis.

Certains verront le jour en milieu rural, d’autre en milieu urbain. Le principe reste le même : un privé, un bailleur social ou une collectivité porte l’investissement avec une aide à hauteur de 100 000 euros du Département. La collectivité s’engage également à verser une subvention d’équilibre pour le fonctionnement durant trois ans.
La gestion est ensuite dédiée au CCAS de la commune à l’image de la 1 ère MAF qui ouvrira ses portes d’ici mai à Saint-André, dans le quartier de la Rivière-du-Mât-les-Bas. Les personnes âgées, parfois en couple, seront réparties dans quatre logements de 206 m² dotés chacun de 6 chambres.

Des logements qu’elles partageront avec des accueillants familiaux accueillant familial
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Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
et leurs familles. C’est l’un des avantages de la MAF : permettre de regrouper davantage de seniors pour créer une sorte de petite "communauté" sans prendre des allures de maison de retraite. Les accueillants familiaux ne sont également plus isolés.

"L’objectif, c’est de réunir un mode de vie familial et créole", ajoute le 1er vice-président du Département en charge de l’action sociale, Jean-Marie Virapoullé. Dans la 1 ère MAF qui ouvrira ses portes, les gramounes auront accès à un jardin et à un potager, mais également à un poulailler. Au passage, le Département veut tordre le cou à une "idée reçue" sur le coût des placements qui pousserait certains à se rapprocher des maisons marron. Si les familles peuvent être amenées à participer, lorsque les ressources de la personne âgées sont insuffisantes, le montant est calculé en fonction des possibilités de la famille.

Au final, la participation peut-être de l’ordre de quelques dizaines d’euros, complétée par l’aide sociale du Département. Et au décès de la personne, la famille n’a rien à rembourser.

Un appel est lancé aux propriétaires de pensions marrons de régulariser leur situation en devenant des accueillants familiaux agréés et pourquoi pas en créant des MAF. L’assurance de pouvoir travailler en sécurité sans la crainte du contrôle, mais également de pouvoir bénéficier d’une formation. La collectivité souhaite l’organisation d’une table ronde sur le sujet.