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Le Ministre de la Santé a parlé d’accueil familial thérapeutique

Jean-Claude CEBULA, psychologue clinicien - IFREP, Paris (avril 2001)

Bernard Kouchner a évoqué l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). thérapeutique a deux reprises lors de l’allocution qu’il a prononcée lors de la journée mondiale de la santé du 7 avril dernier qui portait sur la santé mentale. Nous ne commenterons pas l’ensemble des propos tenus, ce qui est abondamment fait dans les revues spécialisées, pour nous intéresser à la place de l’accueil familial thérapeutique AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
dans le discours ministériel.

Tout d’abord, rappelons que la psychiatrie française et l’accueil familial (1) ont une longue histoire, exemplaire des dérives et des errements que dénonce le ministre quant à la place et à écoute de l’usager par exemple.

[...] En 1990, vint l’arrêté du 1er octobre relatif à l’organisation et au fonctionnement des services accueil familial thérapeutique. Ce texte servit de base à la définition et à la régularisation des étiques que certains établissements hospitaliers avaient développé avec des familles d’accueil, ainsi qu’au développement de ce mode de traitement. Tout ceci dans une très grande diversité des modes d’organisation, des approches du soin, et surtout de statut donné aux accueillants ou aux accueillis, faute de réglementation précise.

Pour l’anecdote, rappelons également qu’au tournant des années 90, la notion d’accueil remplace celle de placement dans les textes officiels principalement. Dès lors on évoquera des services ou des dispositifs d’accueil familial, que ce soit pour des enfants ou pour des adultes.

Dans le même temps, depuis les années 80, les politiques de santé poussent les établissements à développer les pratiques de secteur et à réduire les lits d’hospitalisation. Certains se tournèrent donc vers l’accueil familial thérapeutique ou vers l’accueil familial social comme solution alternative à l’hospitalisation

Structures alternatives (hôpitaux de jour et accueil familial thérapeutique notamment) que le ministre reconnaît aujourd’hui comme "insuffisamment développées" alors qu’elles répondent aux préoccupations actuelles car "la prise en charge au plus près du lieu de vie, dans la communauté, constitue le premier élément d’une stratégie thérapeutique adaptée".

Si nous partageons largement ces intentions, il nous semble nécessaire de revenir sur la qualification galvaudée d’alternative et sur un de ses pièges. Par exemple, cette notion d’alternative à l’hospitalisation a conduit à déplacer l’hôpital dans les familles d’accueil.

L’accueil familial est bien plus qu’une alternative. C’est un soin fondé sur sa spécificité : des familles d’accueil et leur présence quotidienne, leur culture, leur intimité et leur langue structurées par quelques mythes. Construction contribuant à la fondation ou la re-fondation du sujet. Utilisant une image, on pourrait dire que le traitement consiste en une injection dosée de "famille" à des êtres qui en ont souffert, soit par excès, soit par défaut. Le doseur étant ici l’équipe qui, dans son travail d’accompagnement et d’élaboration, va soutenir et permettre que du sujet advienne ou soit reconnu là où il a tendance à se perdre.

Finalement, c’est l’intention d’une équipe ou d’un dispositif qui détermine l’engagement thérapeutique ou social d’un accueil familial. C’est à partir des ces intentions que l’on pourra déterminer les limites et les articulations entre social et thérapeutique.

Sur ce point, on ne peut que reproduire les propos du ministre : "Pour cela, il faudra organiser des passerelles entre les dispositifs sanitaires, médico-sociaux et sociaux de manière à pouvoir faire alterner ou coexister, lorsque cela est nécessaire, des périodes de soins et de prise en charge sociale. Il s’agit de bâtir en collaboration et autour de l’usager un plan de services correspondant à ses besoins dès le début de son entrée dans le système de soins et non de rechercher à la hâte des solutions alternatives sociales ou médico-sociales à une hospitalisation qui doit prendre fin. Cela suppose une adaptation et une réactivité des dispositifs sociaux et médico-sociaux d’orientation et de prise en charge existants à ce type de situation. Cette adaptation et cette réactivité seront d’autant plus facilitées que les équipes seront soutenues par l’accompagnement apporté par les professionnels de la psychiatrie."

Au-delà des aménagements techniques à promouvoir, il s’agit d’une transformation radicale des pratiques et des représentations...

1 - Pour davantage de précisions, Jean-Claude Cébula, "L’accueil familial des adultes" et "Le guide de l’accueil familial", tous deux parus chez Dunod