Elle nous écrit :
Vous pouvez librement utiliser et publier le mémoire, vous y avez largement contribué..
J’espère que vos lecteurs trouveront des réponses à leurs questions à travers ce travail et qu’il puisse être le point de départ à d’autres recherches.
Bonne continuation dans vos combats et puisse ce métier être reconnu à sa juste valeur.
Cordialement, Aline
Extraits :
Afin d’apporter quelques éclairages au sujet de la formation des accueillants familiaux
accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
, trois
personnes ont acceptées de participer à ce travail.
Mme BOULIER, cadre à la Maison départementale de l’autonomie de Grenoble (Isère, Auvergne-Rhône-Alpes).
Mr FROMMELT, secrétaire général de Famidac, l’association nationale des accueillants familiaux et de leurs partenaires.
Mme GUIOT-GUILLAIN, accueillante familiale à Chapareillan (Isère).
- Le coeur du métier d’accueillant(e) familial(e)
Mme BOULIER, cadre à la Maison départementale de l’autonomie de Grenoble
Mme Boulier coordonne le dispositif accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). depuis une quinzaine d’année, depuis 4 ans ce dispositif se trouve dans le service Soutien à domicile. Elle travaille en collaboration avec une psychologue et une éducatrice.
A l’heure actuelle, en Isère, il y a 145 familles d’accueil pour un potentiel d’accueil de 285 places. Les agréments sont délivrés pour accueillir 3 personnes au maximum ; soit pour l’accueil exclusif de personnes handicapées (PH), soit pour l’accueil exclusif de personnes âgées (PA), soit pour des accueils mixtes (M). Cela représente pour l’Isère 98 places PH, 64 places PA et 123 M (2/3 PH – 1/3 PA). En 2021, 11 nouveaux agréments ont été accordés ; cela reste bon malgré les difficultés liées à la COVID mais dans l’ensemble, Mme Boulier perçoit une baisse des demandes d’agréments.
Le manque d’intérêt pour ce métier est lié à ses contraintes. « En effet c’est un métier qui exige une présence H/24, les contraintes de continuité de l’accueil demandent que l’on se fasse remplacer même si on part 2 h ; même à 23h dans tes pantoufles il faut avoir une posture professionnelle. En plus les AF ne cotisent pas au chômage, ce n’est pas engageant. » Une partie des personnes candidates ne donnent pas suite une fois la réunion d’information effectuée.
Elle explique également qu’avant 1989 les familles d’accueil étaient surtout des exploitants agricoles qui abritaient chez eux des personnes handicapées travaillant comme ouvrier agricole. Double bénéfice : les personnes handicapées étaient nourries, logées, blanchies ; les exploitants bénéficiaient de leur main d’œuvre. « C’était facile à l’époque, c’étaient des personnes qui ne prenaient pas de vacances, des gens qui étaient tout le temps là ; une autre génération. »
La politique du département n’est pas forcément de développer davantage cette activité, mais c’est d’assurer un suivi qualitatif, dynamiser le secteur, veiller aux dérives et gérer les difficultés, les cas litigieux (dérives tarifaires, sociétés commerciales, mises en conformités…).
Au sujet de la formation, c’est la loi dite ASV qui formalise le cadre dont le décret a été publié le 14 avril 2017. Le Département a fait le choix de déléguer le volet formation initiale et continue à un prestataire, l’association Sainte Agnès. Mme Boulier estime que 54 heures c’est déjà intéressant pour appréhender la personne âgée ou handicapée. Les personnes reçoivent une attestation de suivi de formation mais il n’y a pas de contrôle de connaissances ; il faut rappeler que c’est un métier d’accueil et pas un métier de soin.
Le volet administratif est bien présent en début de formation mais il ne représente que 8% du programme. « Il est impératif de savoir ce qu’est un contrat et comment le remplir, d’avoir les aptitudes pour mener des entretiens préalables, de connaitre les questions à poser. Il y a des personnes pour qui faire un contrat est difficile. » C’est une formation assez complète, estime- t-elle : « il y a du médical, de la vie quotidienne, la posture, la nourriture, du relationnel, de l’émotionnel…Pour les personnes qui n’ont pas fait de formation dans leur vie, ça les aide bien. » La question des stages pratiques pour compléter la formation ne lui semble pas nécessaire. La formation continue et les regroupements pour les analyses de la pratique professionnelle (APP) sont à valoriser et à promouvoir en priorité.
Bien que 12 heures de formation continue soient obligatoires, durant chaque période de 5 ans d’agrément, Mme Boulier constate que plusieurs accueillants familiaux n’y participent pas spontanément, il faut les relancer. Pourtant, le plan de formation pluriannuel proposé par le prestataire est assez conséquent et reprend les principales formations pour travailleurs sociaux qui s’occupent de PH ou PA. Elle cite des formations sur la dépression
Dépression
Savez-vous vraiment ce que c’est que la dépression ? Ce chien noir va rendre les choses beaucoup plus claires pour vous... A voir ici en vidéo.
, les troubles cognitifs, la sexualité, le deuil, l’alimentation, la manutention, la bientraitance, l’autisme, la gestion du stress, la fin d’activité. Les accueillants ne sont pas tenus de participer à toutes les formations, c’est selon leurs attentes. Ils peuvent également faire remonter des besoins spécifiques. De plus le département de l’Isère a pris le parti de financer les heures de formation, les repas et les remplacements.
Concernant la création d’un diplôme, Mme Boulier suggère de prendre exemple sur le diplôme des assistants familiaux car il s’agit d’un public qui n’est pas forcément porté sur les études.
« Il faut savoir que beaucoup de ces personnes ont un bon sens de l’accueil, un sens des responsabilités, des capacités d’adaptation, de projection dans les difficultés, un certain savoir- faire, il serait dommage d’intellectualiser la profession et de devoir se passer de ces personnes. Le sujet reste ouvert, c’est à réfléchir avec les autorités qui ont l’habitude de concevoir des formations, il faut que cela reste accessible aux personnes qui ont moins de capacités à étudier. D’un point de vue politique il faudra définir quel sera le rôle du Département dans l’attribution du diplôme, actuellement le dispositif est sous la responsabilité du Président du département. »
Mais avant de développer une formation, Mme Boulier insiste sur deux points : le développement des remplacements et l’ouverture des droits au chômage. « On a affaire à des gens plus jeunes qui veulent des vacances et qui revendiquent des droits. » Il faudra veiller toutefois aux possibles dérives, car le risque est de voir des AF exercer 6 mois juste pour ouvrir des droits et rompre ensuite les contrats d’accueil.
Pour l’avenir de ce métier, Mme Boulier pense qu’il faut effectivement le professionnaliser davantage si l’on veut le développer car c’est une solution d’accueil très satisfaisante. Il ne faudra pas perdre de vue que cela nécessitera d’augmenter les moyens alloués aux départements pour maintenir des solutions de suivis et d’accompagnement convenables.
Elle juge urgent de réfléchir et d’anticiper les futurs besoins en développant par exemple l’accueil séquentiel
séquentiel
séquentiels
Les accueils séquentiels sont des accueils intermittents, dont la périodicité est librement déterminée - exemples : un weekend tous les mois, en semaine hors weekend, etc.
Contrairement à l’accueil temporaire ponctuel (à durée déterminée, de date à date), l’accueil séquentiel est une formule très souple pouvant faire l’objet d’un contrat d’accueil à durée indéterminée (sans date de fin).
ou temporaire. Cela permettrait aux personnes âgées de rester à domicile et de venir en accueil de jour quand elles en ressentiraient le besoin ; aux aidants de pouvoir partir en vacances ou en weekend, ou, pourquoi pas, aux personnes âgées en EHPAD de bénéficier de séjours de rupture. Evidemment, le séquentiel n’étant pas rentable financièrement pour les AF il faudrait envisager un soutien financier du Département. « Ce sont des solutions à anticiper ; c’est ce qu’on essaye de faire dans le schéma gérontologique. »
Mr FROMMELT, secrétaire général de Famidac
Famidac est une association créée en 1997, son but est de favoriser le développement des accueils familiaux d’adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. et de personnes âgées. Mr Frommelt est le secrétaire général, il a en a été Président de 2003 à 2012. Son siège se situe en Ardèche mais toute la France -DOM compris- y est représentée via ses adhérents.
L’activité d’accueillant familial est encadré juridiquement depuis 1989, mais cette solution d’accueil peine à se développer. Les causes sont clairement politiques selon Mr Frommelt. Les lois sont votées mais les décrets d’application ne suivent que partiellement. Seules les parties contraignantes sont appliquées. Depuis les élections présidentielles de mai 2017, rien n’est fait pour finaliser les avancées prévues par la loi ASV de 2015. « Les dossiers sont connus, mais prennent la poussière. » La DGCS DGCS La Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) est chargée par le Ministère des affaires sociales et de la Santé de coordonner l’action des pouvoirs publics dans les domaines de l’autonomie des personnes handicapées et des personnes âgées - voir est contrainte d’attendre les consignes du gouvernement pour publier les arrêtés ou les décrets. Ce dernier n’adresse aucun signal positif aux accueillants familiaux ; leurs difficultés s’aggravent et se multiplient. « En voyant les conditions d’exercices, les jeunes laissent tomber et les anciens se découragent (certains allant même jusqu’à faire une grève de la faim). » Résultat : l’accueil familial régresse comme le démontrent les chiffres publiés en 2022 par l’IFREP. Ce mode de prise en charge qui végète depuis 30 ans est actuellement en voie de disparition.
« Le niveau de formation actuel des accueillants familiaux est un minimum et c’est déjà mieux que rien. » Les trois grands chapitres de la formation portent sur le positionnement professionnel de l’accueillant familial, l’accueil et intégration de la personne âgée ou de la personne handicapée et l’accompagnement de la personne dans les actes essentiels de la vie quotidienne et les activités ordinaires et sociales.
Pour compléter la formation initiale, le stage pourrait être intéressant à condition qu’il se fasse chez un accueillant familial et non en établissement. La meilleure voie d’entrée dans ce métier c’est d’assister ou de remplacer plusieurs accueillants familiaux en activité, le but étant de découvrir le quotidien d’un accueillant et surtout les contraintes de la profession. Le savoir-être s’évalue sur le terrain, il est assez facile de faire un bilan de remplacement sur le plan relationnel, matériel ; ce sont des moments d’essai. « Il y a beaucoup d’accueillants qui le deviennent après avoir été remplaçants. Ils sont nombreux à être issus du médico-social car "dégoutés" du travail en collectivité. Mais attention un bon ouvrier ne fait pas un bon artisan. » Mr Frommelt précise qu’il n’y a pas lieu d’être agréé pour être remplaçant car il intervient au domicile d’une tierce personne.
Concernant la formation continue, Mr Frommelt estime qu’elle ne doit pas être standardisée car les attentes ne sont pas les mêmes selon le public accueilli. Il met l’accent sur le droit à la formation individualisée et revendique une concertation entre les agents départementaux et les accueillants familiaux afin de définir des plans de formation continue. Il indique également être favorable à la constitution de "groupes de parole" réunissant des accueillants, des soignants, des psychologues, des travailleurs sociaux autour de différents thèmes. En effet, il ne souhaite pas de formation « ghettos » où il n’y aurait que des AF : « le brassage professionnel est plus intéressant, il permet de construire des [savoir-faire ensemble]. »
Mr Frommelt approuve l’obligation de formation mais souhaite que cette démarche aille plus loin afin que les accueillants familiaux puissent valider officiellement leurs capacités, tout comme les assistants familiaux qui, une fois diplômés, n’ont plus besoin de renouveler leur agrément. Il ne souhaite pas la systématisation mais la possibilité pour les AF qui le désirent, de valider leurs compétences. « Nous demandons la création d’un diplôme d’Etat d’accueillant familial, notre "cœur de métier", attestant des compétences nécessaires pour accueillir à son domicile des personnes dépendantes ou en difficulté. On serait plutôt sur une validation des acquis de l’expérience qui s’appuierait sur le référentiel d’agrément qui comporte de nombreux points, tous évaluables. »
Il suggère donc que le référentiel d’agrément fasse l’objet d’une grille d’évaluation avec un minimum de points à maitriser et un quota d’erreurs à ne pas dépasser comme pour le permis de conduire. « Evidemment avec la pandémie cela pourrait s’organiser également en Visio pour être sûr de l’identité du candidat. » Dans ce concept, l’idée serait également d’inclure les services départementaux qui sont chargés des contrôles des accueillants et du suivi médico-social des accueillis : « l’entretien avec la psychologue et la visite à domicile pourraient compter pour une partie de la note, mais il faudra une ligne directrice commune à tous les départements. Pour le moment il y a trop de disparités entre les départements. »
« Les freins encore une fois ne peuvent être que politiques, par indifférence du gouvernement et inerties de ses services. » Financièrement, depuis 2009 c’est la CNSA CNSA Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie > qui assure le financement des dépenses de formation des aidants familiaux et des accueillants familiaux.
« L’accueil familial de demain sera ce que voudront bien en faire "nos décideurs", trop largement influencés par les initiateurs de multiples alternatives aux EHPAD (principalement commerciales). » Mr Frommelt insiste sur le fait que le nombre d’AF pourrait être multiplié par 5 vu les attentes des personnes à accueillir. Il admet que cette solution ne convienne pas à tout le monde mais il souhaite le développement des agréments mixtes (personnes âgée et/ou adultes handicapées), à l’image de la "vraie" famille, avec des jeunes et des moins jeunes ; « il y a plus d’entraide et c’est plus fertile. »
Mme GUIOT-GUILLAIN, accueillante familiale à CHAPAREILLAN
Mme Guiot-Guillain est accueillante familiale avec son mari depuis 2015. Avant cela, elle était éducatrice spécialisée et lui était facteur et bénévole dans un foyer de vie. Ils ont un agrément mixte, accueillent 2 personnes à temps plein et gardent la troisième place pour les séjours temporaires.
Elle a entendu parler des accueillants familiaux sur son lieu de travail car des résidents y partaient en vacances. L’idée d’être famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! s’est imposée lorsque son mari voyait ses clients partir en EHPAD et décliner rapidement. Les enfants partis de la maison et son mari en retraite, elle a décidé d’arrêter son travail et ils se sont « lancés. » Ils ont commencé à travailler comme famille thérapeutique avec un hôpital spécialisé, mais ont vite été en difficultés face à la maladie mentale. Le publique accueilli ne correspondait pas à leurs attentes, leur prise en charge n’était pas adaptée. Ils ont donc contacté le conseil général et ont effectué les démarches et la formation pour être agréés accueillant familial.
Elle estime avoir été très bien accompagnée lors de son installation par la psychologue et l’assistante sociale du conseil départemental ; le suivi est également mis en place, l’assistante sociale vient tous les 2 mois pour assurer le suivi médico-social des accueillis. Les relations avec le département sont aisées, les équipes sont à l’écoute des difficultés et sont très réactives.
Les difficultés de ce métier sont surtout liées au statut. « C’est un métier précaire, on cotise très peu pour la retraite et on ne touche pas le chômage quand une personne s’en va. Quand on est en maladie il faut quand même s’occuper des accueillis car nous n’avons pas de solutions de remplacement. » Pour Mme Guiot-Guillain, la solution serait peut-être le salariat par le conseil départemental comme les assistants familiaux via les services d’aide sociale à l’enfance ; un parallèle PA/PH serait intéressant et éviterait les pertes de salaire, l’octroi de vraies vacances et l’organisation des remplacements. Elle fait également état des lieux des infrastructures saturées et des limites de ses compétences : « avec l’avancée en âge, nos accueillis ont des besoins de soins qui ne sont pas de mon ressort, moi ma formation est éducative, je n’ai jamais travaillé en EHPAD, je n’ai pas les gestes, on est en difficulté car les services d’aides à domiciles sont saturés ou ne viennent pas jusque dans notre hameau. On a de la chance d’avoir un médecin traitant qui veuille bien suivre nos accueillis mais pour des soins plus spécifiques c’est compliqué. »
Concernant la formation initiale, Mme Guiot-Guillain salue le professionnalisme de la psychologue chargée de la formation. Elle souligne sa connaissance du métier, des besoins et son expérience. Bien que la formation soit intéressante, elle avoue qu’avant d’exercer elle ne se rendait pas encore compte de ce que seraient vraiment ses besoins. Avec le recul, elle admet qu’il lui manquait une formation pratique sur l’accompagnement physique : « je n’ai pas de formation d’aide-soignante et ça se sent tout de suite. J’ai demandé un stage et ils nous ont proposé la formation gestes et postures. »
Elle rappelle l’importance de la formation continue, qui permet l’apport de connaissances mais aussi les remises en question, la prise de recul, le partage d’expérience, la réflexion sur les pratiques. Avec l’association Sainte Agnès, elle estime que les formations proposées sont adaptées et assez nombreuses pour répondre aux besoins de chacun. Les thèmes ne sont pas imposés et chacun choisit en fonction de ses envies, besoins, désirs ; il y a également la possibilité de faire des propositions. S’il y a un minimum de 12 heures à faire sur les 5 ans de l’agrément, il n’y a pas de plafond. Selon elle, ces approfondissements permettent d’avoir les outils pour parler le même langage que les professionnels de santé ou du médico-social, mais il faut néanmoins garder à l’esprit que ce sont des familles qui partagent leur quotidien avec des personnes vulnérables ; « c’est une vie partagée, pas un lieu médical. »
Des groupes de paroles et des analyses de la pratique sont encadrés par une psychologue, ils sont organisés une fois par mois à la MDA. Les thèmes n’y sont pas définis à l’avance, le but étant de discuter à partir des problématiques rencontrées par les accueillants familiaux et d’élaborer des stratégies pour les surmonter. Le mois d’après un tour de table est proposé pour évaluer les solutions mises en place. Ces regroupements permettent à Mme Guiot-Guillain de ne pas rester seule devant une situation complexe, de confronter les expériences, de s’enrichir, de s’épauler. L’avantage pour elle est d’avoir un agrément de couple ce qui leur permet chacun à leur tour d’aller en formation ou en regroupement sans avoir le souci des remplacements.
Sur la question du diplôme Mme Guiot-Guillain s’est peu étendue car pour elle la reconnaissance ne passe pas forcément par un énième diplôme. La formation théorique lui semble déjà assez complète.
Pour l’avenir, elle souhaite un métier pérenne qui passe davantage par la valorisation du métier à savoir une retraite convenable et le droit au chômage. En effet, il lui arrive quelque fois de vouloir arrêter cette activité pour reprendre ses fonctions d’éducatrice spécialisée « j’aurais une vraie vie, avec mes weekend, mes vacances, mes nuits, ma maison. » Mais c’est une solution d’accueil très intéressante car il y a des personnes qui ne sont pas faites pour aller en institution ; pour elle, le rapport à l’humain y est très enrichissant. Elle regrette la méconnaissance de cette solution par le grand public.
Synthèse, conclusion et perspectives
21 millions de séniors de 60 ans et plus, en 2030 en France (source DREES). Voilà le défi pour ces prochaines années. Inventer et développer des solutions d’accueil en faveur des personnes âgées. Parmi elles, l’accueil familial. Tradition millénaire, cette pratique est passée de coutume à métier au court du XXe siècle grâce à plusieurs lois.
Néanmoins, cette activité est encore marginale dans la société française et ne représente que 1% des possibilités d’accueil. L’omniprésence obligatoire de l’accueillant et la précarité du métier sont certes des freins à son développement mais la question des compétences des accueillants reste entière.
En effet, ce métier est assujetti à un agrément (renouvelable tous les 5 ans) délivré par le conseil départemental, après avoir suivi, entre autre, une formation initiale de 54 heures. 54 heures de formation, est-ce suffisant pour répondre aux besoins des personnes âgées ? Probablement que non.
Les recherches effectuées ont exposées les différents points de vue des acteurs de l’accueil familial. Ils sont tous unanimes pour dire que la formation est insuffisante et qu’il y a nécessité de la développer tout en gardant à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’un métier de soin mais d’un métier d’accueil. Quant à créer un diplôme seuls les experts souhaitent qu’il soit formalisé, sur le même modèle que les assistants familiaux. Un questionnaire à plus grande échelle auprès des accueillants familiaux serait nécessaire pour conforter ou non cette affirmation.
Outre les besoins de développer la formation des accueillants familiaux, ces recherches ont également mis en avant le besoin de reconnaissance et de transformation de leur statut afin de conduire à un métier d’avenir pérenne et serin.
En conclusion, les rapports sur le vieillissement de la population ou sur la prise en charge des personnes âgées ne manquent pas. Laroque en 1962, Braun en 1989, Rosso-Debord en 2008, Libault en 2019, Robert et Corneloup en 2020 ; l’accueil familial y est cité et les propositions pour le développer sont nombreuses. Mais en 30 ans le dispositif d’accueil familial a connu une évolution lente. Les problématiques reconnues par le législateur depuis les années 80 sont toujours présentes et sont à mettre en lien avec une méconnaissance de la réalité des accueillants familiaux.
Toutefois, la prise de conscience au regard de l’évolution des besoins des personnes âgées confère à l’accueil familial une place d’offre d’accueil alternative à investir et à développer. Il peut proposer une solution intéressante sous réserve que la qualité de l’accueil et la professionnalisation des accueillants soient au rendez-vous.
Justement, les prises en charge de personnes fragiles par des accueillants familiaux soulèvent la question de ce qui est en jeu dans ces accompagnements, des compétences requises pour les assurer, de ce qui est important pour ceux qui en sont bénéficiaires. Ces futurs usagers seront plus exigeants. Issus de la génération du « baby-boom », ils souhaiteront des solutions d’accueil en accord avec leurs idéologies à savoir, la liberté, l’indépendance et l’individualisation.
Les accueillants familiaux ont toute leur place dans ce nouveau paysage et sauront répondre à ces nouvelles exigences à condition que les moyens leur soient donnés, par le biais d’une formation qualifiante et de qualité.
Mais pour voir encore plus loin, il sera judicieux que ces accueils s’organisent en réseaux, leur permettant ainsi de prévenir l’isolement, de favoriser la coordination avec des autres acteurs de la gérontologie, d’assurer un meilleur suivi des accueils et pourquoi pas de créer un label "accueil familial".