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(source : Direction de l’information et de la communication du Département du Nord)
Famille d’accueil : le témoignage de Cécile par Nord-le-Departement
Page 23 du guide "Bien vieillir chez nous"
publié le 21 octobre 2015 par l’Observateur.
Cécile François vous accueille, chez elle, autour d’une grande table. La discussion s’amorce dans la bonne humeur autour de tasses de café fumantes. Tout donne l’impression d’être dans une famille : le chien, la télévision, les bibelots et la cuisine.
Dans le grand séjour, une vieille dame en fauteuil roulant semble regarder la belle campagne avesnoise à travers la fenêtre. Totalement mutique, ne répondant pas aux salutations d’usage, Cécile précise : « Jeanine est victime d’Alzheimer ». Ce n’est ni sa mère, ni sa soeur mais une résidente. Car, dans cette grande maison située à Preux-au-Bois, petit village de l’Avesnois, Cécile, 49 ans, exerce un métier pas comme les autres. Elle est accueillante familiale.
Cette femme dynamique et chaleureuse prend en charge Collette, Jeanine et Bernadette. Trois personnes âgées originaires de la Sambre Avesnois. Cécile s’occupe de ces trois personnes comme un adulte de ses parents âgés et dépendants. Tous les jours, Cécile est au chevet de ses trois pensionnaires. Elle s’occupe de la toilette et des repas. C’est aussi une présence humaine et conviviale tout au long de la journée.
Depuis des années, Cécile avait un objectif : se mettre à son compte. Or dans l’Avesnois, il est compliqué de créer sa propre activité. « Après plusieurs tentatives professionnelles, je me suis rendu compte que je voulais travailler chez moi. Un hiver, j’en ai eu marre d’affronter la neige pour rendre sur mon lieu de travail. »
Cécile découvre alors le statut d’accueillant familial
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Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
pour seniors. Elle avait déjà été en contact avec « des petits vieux », leur préparant la cuisine dans des résidences spécialisées.
Dès 2010, elle se lance dans l’aventure en écrivant au Conseil départemental du Nord afin de décrocher l’agrément obligatoire pour obtenir le statut d’accueillant familial. « Quelques jours après, j’ai reçu un dossier du Département à remplir, se souvient Cécile. Il faut fournir un casier judiciaire vierge, des photos, un RIB, un livret familial et un avis du médecin pour démontrer que j’étais apte au travail. » Dans son CV, Cécile avait des compétences à faire valoir, elle avait déjà pris en charge partiellement un ancien à son domicile.
Pour boucler le dossier, des agents du Département effectuent des visites inopinées au domicile de Cécile afin de vérifier si sa maison respecte bien les obligations légales.
Afin de répondre aux exigences du Département, Cécile achète une grande maison dans le centre du village. Une ancienne maison de retraite avec un grand séjour et plusieurs grandes chambres au rez-de-chaussée. Cécile obtient finalement son agrément le 15 avril 2011 et se lance dans l’aventure en accueillant chez elle ses premiers pensionnaires. Il a tout de même fallu démarcher et faire de la publicité dans les communes environnantes.
Parmi elles, Jeanine souffre d’Alzheimer. Tous les jours, Cécile lui donne à manger matin midi et soir. Elle est secondée par des aides soignantes du SIAD du Cambrésis qui se chargent de faire la toilette aux deux autres résidentes. Un kinésithérapeute se rend également au domicile de Cécile. Au fil du temps, Cécile a perfectionné sa prise en charge en investissant dans du matériel adapté et médicalisé, financé par l’Assurance maladie.
Et ça marche ! Cécile a su communiquer sa joie de vivre et son plaisir d’être au contact de ses trois résidentes. La preuve avec Collette âgée de 69 ans. Elle intègre la maison de Cécile alors qu’elle ne pesait que 45 kilos et avait beaucoup de difficulté à marcher. Aujourd’hui, Collette a repris du poids et a fait de gros progrès. Elle peut désormais se déplacer avec des béquilles. « Cécile est vraiment très gentille avec nous, explique Collette. Elle nous écoute bien, elfe est à notre service. C’est que du bonheur. »
Il n’empêche être accueillant familial demande des compétences particulières. « Il faut aimer travailler chez soi, remarque Cécile. Il faut aussi aimer toucher les vieilles personnes et être capable de rentrer dans la vie intime des personnes. Je suis patiente et souple dans la prise en charge. »
Depuis le lancement de son activité, Cécile a pris en charge six dames et à même accompagné l’une d’entre elles en fin de vie.
Question rémunération, Cécile s’y retrouve. Les négociations, qui se font de gré à gré, ont abouti à un SMIC pour chaque résidente prise en charge. A elle de financer les charges du logement, aux résidentes d’acheter leurs produits d’hygiène et de beauté.
Son activité ne peut que se développer car la demande va augmenter. Rien qu’à Preux au Bois, plus de 100 personnes ont plus de 70 ans. En secteur rural, l’accueillant familial permet une prise en charge de proximité.
Au total, dans le Nord, on compte 570 familles d’accueil pour personnes âgées et personnes handicapées. Dans le Pas-de-Calais, on en dénombre 370. Des chiffres qui devraient augmenter durablement dans les années à venir.