Famidac.fr

Famidac, l'association des accueillants familiaux
et de leurs partenaires

Version imprimable de cet article Version imprimable

87 - Une accueillante familiale de Haute-Vienne confie son enthousiasme d’exercer ce métier

Auteur : Florent Pétoin, 08 avril 2022, lepopulaire.fr

Laure Peymirat héberge trois adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. chez elle sous l’égide du Rapha 87. Elle nous explique en quoi ce métier d’accueillant familial accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
qu’elle exerce depuis 2018 a changé sa vie et celle des handicapés qu’elle accueille.

Guy-Pierre participe activement à la vie du foyer de Laure Peymirat en s'occupant notamment de ses chevaux.

En 2018, Laure Peymirat, infirmière depuis quinze ans, décide de changer de métier. « J’avais besoin d’un nouveau projet », confie cette habitante de Rilhac-Lastours. Ce sera l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). via le Réseau d’accompagnement des personnes en situation de handicap adultes (Rapha) 87 [1]. Après avoir accompli les formalités (lire ci-dessous), Laure obtient les trois agréments qu’elle sollicitait (soit le maximum légal).

« On a pris le parti de vraiment tout partager »
Laure Peymirat (Accueillante familiale)

Aujourd’hui, elle déclare qu’elle « (s)’y retrouve à 100 % ». Bien sûr tout ne fut pas parfait. « J’ai eu une première dame qui est venue avec qui on ne s’accordait pas du tout », explique Laure. L’alchimie n’a pas non plus pris avec une autre de ses trois pensionnaires actuels, sur le point de la quitter. Mais, mis à part ces deux anicroches, son rôle d’accueillant lui a apporté beaucoup de satisfaction. « On suit vraiment les gens, analyse-t-elle. On les connaît par cœur. Même si ce n’est pas notre famille, forcément on s’attache les uns aux autres. On les aide dans leur vie et puis on leur apporte quelque chose. Pour avoir travaillé en maison de retraite, en institut, en hôpital, rien n’apporte ce qu’apporte une famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! pour les personnes handicapées. »

« C’est plus cocon familial », confirme Guy-Pierre, depuis deux mois chez Laure, mais qui semble avoir trouvé sa place comme s’il y vivait depuis longtemps. Le quadragénaire vient d’une « structure où on était douze, avec des personnes âgées. Il y avait plus de tension ». Désormais il participe à la vie du foyer en s’occupant des poules et des chevaux. Il pratique également des activités extérieures, comme la gym ou la piscine et joue aux échecs avec Laure qui affirme en riant être « pour l’instant encore la meilleure ». « Je m’entraîne avec la tablette », rétorque Guy-Pierre avec le sourire.

« On fait beaucoup de choses, ça prend beaucoup de temps, explique Laure. On a pris le parti de vraiment tout partager, on mange ensemble, on fait des activités ensemble. Malgré tout on garde aussi notre temps familial. Si on veut faire un repas, on fait manger les résidents avant et puis on a des amis qui viennent après. Si on veut aller au restaurant on peut aussi, quelqu’un de la famille ou une remplaçante vient, comme une baby-sitter. »

Sur de courts laps de temps, ils peuvent même rester seuls. « Ils sont quand même assez autonomes, indique Laure. On ne peut pas prendre de personne qui ne soit pas autonome parce que ce serait vraiment beaucoup trop lourd. Il faut quand même surveiller l’hygiène, préparer les repas. »

Stéphane, l’autre jeune homme qu’accueille Laure, est également impliqué dans le fonctionnement de la maison. « Ils aident presque à tout. »

Des vacances à la mer

Stéphane pratique également une activité à l’extérieur de la maison, la poterie. Ce trentenaire plus introverti que Guy-Pierre semble s’épanouir chez Laure. « On découvre des facettes chez lui. Il développe son humour et nous fait des blagues. Il fait des gâteaux… » Pour Laure, cette transformation « apporte une certaine fierté. C’est ce qui nous donne envie de continuer ». Pour preuve, Gail, qui s’apprête à retourner dans son Angleterre natale, sera dans quelques jours remplacée par Gilbert, quinquagénaire passionné de jardinage qui devrait trouver son bonheur chez les Peymirat, qui disposent d’un vaste terrain.

Le trio pourra dans les prochains mois goûter aux joies des vacances. « Au mois de septembre, je les emmène tous les trois au bord de la mer, annonce Laure. C’est un truc à prévoir à l’avance parce qu’il faut qu’ils mettent les sous de côté pour que chacun paye sa part. Ce sont des choses que l’on peut faire en famille d’accueil, auxquelles ils n’ont pas accès ailleurs ou plus difficilement. »

En changeant de vie, Laure a également bouleversé celle de Stéphane, Guy-Pierre et Gilbert, de la meilleure des manières.

Le Rapha 87 en quête d’accueillants

Pour Sophie Duroux, référente éducative et le Rapha 87, l’objectif est de « trouver de nouvelles vocations d’accueillants pour augmenter progressivement cette capacité d’accueil ».

Le réseau « a beaucoup d’appels pour des candidats à l’accueil, des gens qui ont vécu en foyer vingt ans, trente ans, qui veulent connaître autre chose, des petits jeunes qui étaient en IME et qui n’ont connu que la famille d’accueil et ne se voient pas du tout intégrer un foyer ».

Le problème, c’est que « le 16 au soir on aura plus de place à proposer puisque le dispositif sera plein ». Celui-ci s’appuie sur dix accueils familiaux, pouvant héberger vingt adultes handicapés. Pour susciter des vocations, rien de tel que le témoignage d’une accueillante familiale. Laure Peymirat le dit sans détour : « si on fait ça pour l’argent, ce n’est pas la peine ».

Bien sûr, les accueillants familiaux perçoivent à la fois une rémunération et des indemnités, mais pour elle ce qui compte avant tout c’est ce qu’elle apporte aux personnes qu’elle accueille et ce que cela lui procure. Avant de se porter candidat, il faut également s’assurer « que la famille soit d’accord, soit à fond dans le projet. »

Alors on « fait une demande au conseil départemental. On rencontre une dame qui est responsable, Madame Tartarin, qui vient visiter la maison, nous rencontrer, il faut que le lieu s’y prête, il faut avoir suffisamment de chambres, etc. Après, on rencontre aussi un psychologue, qui rencontre la famille, moi, mon mari, ma fille aussi. On passe en commission ». Si le feu vert est accordé, le Rapha 87 entre en scène pour « faire matcher les profils (des accueillants et des accueillis), indique Sophie Duroux. S’il n’y a pas cette concordance, l’accueil est voué à l’échec ».

L’accueil familial s’adresse uniquement aux personnes souffrant « de déficience intellectuelle ou de handicap psychique stabilisé ». Certains accueillants familiaux disposent de « places d’accueil temporaire accueil temporaire Terme désignant un contrat d’accueil à durée déterminée, avec une date de début et une date de fin, prévoyant une prise en charge à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (de jour ou de nuit). qui nous permettent de dépanner les uns les autres et aussi à des personnes intéressées par l’accueil familial de tester sans s’engager vraiment, explique Sophie Duroux. On saisit cet accueil temporaire pour faire des essais plus longs que deux jours permettant aux deux parties de faire connaissance plus amplement ».

Ensuite, chacune des parties, l’accueillant comme l’accueilli, peut à tout moment rompre le contrat en respectant « deux mois de préavis ». L’accueil familial est prévu pour les « personnes entre 18 et 60 ans, indique Sophie Duroux mais il y a un maintien après 60 ans si l’accueil se passe bien ». Actuellement « le plus jeune a 20 ans, le plus âgé 72 », précise la référente éducative du Rapha 87.

P.-S.

Pour lire la version originale de cet article, cliquez ici !

Notes

[1Le Réseau d’accompagnement des personnes en situation de handicap adultes (Rapha) 87 est un groupement de coopération médico-sociale géré depuis 2017 par la Fondation des Amis de l’atelier, la Fondation Delta plus et la Fondation John-Bost. Il emploie deux salariés, une référente éducative à temps plein, joignable au 07.64.45.86.09 ou à s.duroux(arobase)amisdelatelier.org et une référente administrative à temps partiel, qui peut être contactée par courriel à veronique.lacombe@johnbost.fr.
Le Rapha 87 a publié une vidéo sur Youtube qui permet de découvrir ce qu’est l’accueil familial, visionnable en cliquant ici.