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Réunion : Être famille d’accueil pour personnes âgées et handicapées

Etude de l’Observatoire du Développement de la Réunion (ODR), Séverine Jetter - Août 2006

L’ODR a rencontré des Réunionnais qui accueillent chez eux des personnes âgées et handicapées. Cette étude rapporte, à travers des témoignages, le vécu de ces accueillants, l’amour du métier, mais aussi les difficultés quotidiennes.

L’objectif est de mieux faire connaître ce métier et d’envisager les évolutions qui permettront d’améliorer une activité qui offre une réponse originale, à la fois professionnelle et humaine, à la question cruciale de la prise en charge des personnes dépendantes.

L’étude

Cette étude, réalisée par l’Observatoire du Développement de la Réunion avec le soutien du Département de la Réunion, a été produite dans le but d’informer les Réunionnais des conditions de vie dans lesquelles vivent les familles d’accueil réunionnaises.

Elle veut offrir aux accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
pour personnes âgées ou handicapées de la Réunion la possibilité de témoigner sur leur situation, comprendre leurs difficultés et leurs motivations. Elle vise ainsi à faire mieux connaître un métier encore peu visible qui joue pourtant un rôle essentiel dans la cohésion de la société réunionnaise, en offrant une solution d’hébergement à visage humain à nos gramoun ou aux personnes atteintes d’un handicap.
La méthode

L’étude a été réalisée courant 2005 par Séverine Jetter, chargée d’études à l’ODR, qui a mené des entretiens approfondis auprès de familles d’accueil de la Réunion. Les personnes rencontrées exercent ce métier dans différentes régions de l’île. Certaines ont de l’ancienneté, d’autres sont nouvelles dans cette profession. Elles accueillent de une à trois personnes. La plupart étaient des femmes mais la responsable de l’étude a également rencontré un homme.

Le sujet : les familles d’accueil à la Réunion

A mi-chemin entre le maintien à domicile et le placement en établissement spécialisé, l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). est une formule originale d’accueil de personnes âgées ou handicapées par une autre famille moyennant une rémunération.

Cette alternative au placement en établissement spécialisé est encore peu développée au plan national : la France compte un peu plus de 9 000 accueillants familiaux.

En novembre 2005 à la Réunion, on recense 311 familles d’accueil, ce qui correspond à une capacité d’accueil permanent accueil permanent Terme inapproprié désignant en fait un contrat d’accueil à durée indéterminée, avec une date de début mais sans date de fin, prévoyant une prise en charge à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (de jour ou de nuit), en continu (sans interruption) ou séquentielle (exemple : un weekend tous les mois). ou temporaire d’environ 540 places. Le nombre d’accueillants familiaux s’est considérablement développé dans l’île puisque l’on en dénombrait moins de 200 en 2000. La profession a enregistré un taux de croissance annuel de plus de 9 % sur cette période.

Les communes où l’on compte le plus grand nombre d’accueillants familiaux agréés sont celles du Sud, et principalement Saint-Pierre, Saint-Joseph et le Tampon. Plus de 50 % des intervenants sont situés dans cette région, alors que le Nord en recense moins de 9 %.

Les principaux résultats de l’étude

- Les conditions requises pour être accueillant familial.

Le métier d’accueillant familial nécessite le respect d’un cadre juridique strict, mais suppose également la mise en œuvre de conditions familiales adéquates.

- Le cadre légal

Selon les dispositions de la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002, l’accueil à titre onéreux d’une personne âgée ou d’un adulte handicapé adulte handicapé Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. doit être soumis à l’autorisation du président du conseil général.

L’agrément est accordé, après instruction du dossier, par le président du conseil général, pour une période de cinq ans, qui peut être renouvelable sur demande de l’accueillant familial. L’accueil est limité à trois personnes et peut être temporaire ou permanent, à temps complet ou temps partiel, à destination des personnes âgées ou handicapées, voire des deux types de public en même temps. Il est important de noter que l’agrément est attribué à une personne seule ou à un couple et non pas à une famille.

L’obtention de l’agrément est soumise à des règles en matière de logement, de garanties de sécurité, de contrôles, mais également de formation.

- Le cadre privé

Au-delà des critères réglementaires, les personnes rencontrées soulignent les dispositions personnelles qu’il faut réunir pour épouser cette profession particulière qui s’exerce à domicile et sans discontinuité. Des dispositions personnelles, mais aussi familiales car toute la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! est impliquée comme le souligne une des accueillantes rencontrées :

« Etre famille d’accueil, c’est un choix qui concerne toute sa famille. Il faut en parler à son entourage proche avant de commencer les démarches. La personne que l’on accueille est quand même étrangère à la famille, il faut que tout le monde soit d’accord avec le principe. »

De façon unanime, les accueillants familiaux insistent sur la dimension affective de cette activité :

« En fait, ce métier est quand même fatiguant. Il faut vraiment l’aimer pour le faire. Surtout, il faut avoir de la patience, c’est très important. »
« Il faut avoir du cœur pour faire ce travail. Ce qui me plait, c’est que je suis utile. »

Une dimension affective qui selon les personnes rencontrées n’est pas à la portée de tout le monde.

- Les difficultés rencontrées

Le métier d’accueillant familial nécessite beaucoup de disponibilité, même si cela varie selon le degré de dépendance des pensionnaires. Les personnes rencontrées expriment souvent le sentiment de travailler sans interruption, sans bénéficier de moment de répit.

« On travaille chez soi, c’est bien, mais il n’y a pas de fin. Il faut beaucoup de patience dans ce métier, c’est 24h sur 24. »
« Etre famille d’accueil, c’est 24h sur 24, 365 jours sur 365. Il n’y a pas de répit. »

Une autre difficulté mise en évidence par les personnes rencontrées est la précarité de leur situation financière, totalement dépendante de la situation de la personne accueillie. Une hospitalisation, le départ ou le décès de la personne accueillie donne lieu à une interruption brutale de la rémunération de l’accueillant.

« Quand une personne va à l’hôpital, on n’est pas payé, financièrement c’est difficile de gérer ces suspensions de salaire. »

Les besoins et attentes des familles d’accueil

La première demande concerne des solutions de remplacement pour pouvoir s’évader le temps d’un week-end ou prendre des congés.

« Moi, je n’ai jamais pris de congés, je travaille 24h sur 24. Pourtant, on aurait bien besoin de pouvoir se faire remplacer. Même de manière ponctuelle, pour un week-end, ça nous permettrait de sortir un petit peu. »

Les personnes rencontrées souhaitent la mise en place de solutions de remplacement plus simples et plus faciles à mettre en œuvre, mais qui soient également en adéquation avec les besoins et le bien-être des personnes accueillies.

Elles estiment que des activités extérieures pourraient être proposées aux personnes prises en charge dans une famille. Cela serait bénéfique aussi bien aux accueillants comme aux personnes accueillies.

La deuxième demande exprimée par les personnes rencontrées concerne la mise en place d’échanges entre professionnels.

Enfin, les attentes sont importantes dans le domaine des améliorations de conditions d’exercice du métier. Cela passe par des évolutions des statuts, des modes de rémunération mais aussi des formations dont les professionnels sont les premiers demandeurs.

Pour plus de renseignements sur l’ODR : www.odr.net

Contact Presse : M-Laure Hoarau
Tél. : 02 62 90 96 96
Mail : marie-laure.hoarau@odr.net


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ODR - Être famille d’accueil pour personnes âgées et handicapées

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