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24 - Dordogne : on mesure le chemin accompli

"Vivre en Périgord" (magazine du Conseil Général) n° 27,
pages 20 et 21 : Accueil familial, un métier et un choix de vie (extraits).

(...)

« Faire de l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). est aussi une action valorisante, on mesure le chemin accompli par les personnes »

L’exemple d’une autre famille d’agriculteurs fut l’élément déclencheur pour Sylvain et Emmanuelle Evrard. Renseignements auprès des services du Conseil général, journée d’information pour Sylvain :
« elle est importante, aussi bien pour le côté juridique que pour les aspects humains ». Le couple entame la procédure d’agrément, reçoit les travailleurs sociaux qui évaluent sa motivation et apprécient les conditions matérielles d’accueil.

Le projet est discuté avec leurs deux filles. « Nos parents nous ont demandé ce que nous en pensions, » se rappellent Elea et Laura (C’est en connaissance de cause que cette dernière débute une formation en économie sociale et familiale).

Agréés pour l’accueil de deux adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. valides, ils hébergent Henri, 58 ans, et Nicole, 50 ans. Lui a dû quitter sa famille au décès de sa sœur. Elle a souhaité être accueillie après un séjour en établissement. Si Nicole n’a plus de famille, Henri fait des séjours chez son frère et son beau-frère. Les accueillants connaissent la famille, ils sont en relation avec les tuteur et curateur.

« L’assistante sociale estimait que nous pouvions accueillir des personnes handicapées. Nous n’avions aucun a priori, dit Sylvain. Il faut être à leur écoute, avoir l’esprit ouvert, comprendre leur désarroi quand ils arrivent, prendre le temps de tricoter le lien, de trouver les clés pour communiquer. J’utilise beaucoup l’humour... »

Les deux « pensionnaires » vivent au cœur de la grande maison familiale, chacun dans son appartement qui lui permet de s’isoler quand le besoin s’en fait sentir. « C’est une vie de famille. Quand nos amis viennent, Henri et Nicole participent. Et ils sont invités quand nous le sommes. Nous allons régulièrement en ville, faire les courses et déjeuner ensemble. Nous essayons de les responsabiliser, » soulignent Emmanuelle et Sylvain.

« Officiellement mon mari est l’accueillant agréé, je suis l’exploitante de la ferme, explique Emmanuelle. Mais dans la pratique, nous travaillons toujours ensemble. La contrainte de présence, nous l’avions déjà, donc elle ne nous coûte pas. La ferme, c’est aussi une grande liberté et mille choses à faire qui deviennent des centres d’intérêt pour les personnes accueillies. »

Arrivé fatigué par des années de labeur, renfermé aussi, Henri s’est ouvert, sourit volontiers et aime raconter sa vie aujourd’hui : le vélo, les champignons, les moutons de la ferme (en agriculture bio) et les ânes qu’il voit grandir, les contacts avec les habitués du gîte rural. Il confectionne des boules de laine, dessine, peint. Nicole, non voyante, fait des poupées, beaucoup de poupées, fabrique de petits objets. Ensemble, ils écoutent de la musique, se promènent sur la forêt de l’exploitation.

« Faire de l’accueil familial est aussi une action valorisante, on mesure le chemin accompli par les personnes. Mais il n’y a pas d’accueil familial réussi si on n’a pas d’affection à donner, » rappelle Sylvain qui, à son tour, témoigne aux réunions pour sensibiliser les candidats à l’agrément. « C’est un vrai métier, 24 heures sur 24, que l’on ne peut pas faire simplement pour avoir une activité. Il faut être attiré par son caractère social, être solide et bien structuré mentalement. Mais la formation que l’on reçoit est bonne et on est très bien entouré. »