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Famille d’accueil et établissement : complémentarité

Alain REMMEAU, directeur général - Maison de Lyliane
Richebourg (78) - Extraits

Pages 42 à 45 (...) : commander la revue à : IPI - 50 rue Samson - 75013 PARIS - Tél. 01.45.89.17.17

> Extrait :

La maison de Lyliane est un foyer de vie, établissement du champ médico-social à partir duquel est menée une expérience en partenariat avec le Conseil Général des Yvelines. Il est spécialisé dans l’accueil d’adultes handicapés adultes handicapés Pour avoir la qualité de personne handicapée au sens de la loi, celle-ci doit avoir soit un taux d’Incapacité permanente partielle (I.P.P.) égal ou supérieur à 80%, soit un taux d’I.P.P. compris entre 50 et 80 % ET une reconnaissance d’inaptitude au travail. mentaux vieillissants : un tiers sont des trisomiques ; 90% sont d’anciens employés des centres d’aide par le travail de la région qui manifestaient un vieillissement précoce et une démotivation au niveau du travail et de tout l’environnement. L’établissement a ouvert en 1996, et a été classé « établissement pilote » par la Région. C’est le premier établissement de ce type en Ile-De-France, et l’un des tout premiers, au moins au niveau de la capacité d’accueil, sur le territoire national.

(...)

Les activités se veulent donc structurantes, et sources d’expression et de communication. Elles posent des repères de lieux, d’espaces, de personnes. Leur réalisation procure du plaisir et donne du sens autant à celui qui propose, le professionnel, qu’à celui qui réalise, le résident. Donner du sens, de la vie, du plaisir au résident doit être vécu de même par les professionnels pour que l’action soit efficace.

Le projet mis en œuvre a produit des effets inattendus. Nous pensions être le dernier maillon de la chaîne de prise en charge des adultes handicapés, et le Conseil Général avait fait savoir que nous n’avions pas de mandat d’orientation ou de réorientation, que nous intervenions en fin de vie. Dès la quatrième année du fonctionnement, nous avons été confrontés à deux phénomènes très distincts. L’un s’est traduit par une demande explicite de quelques résidents de quitter l’établissement pour un ailleurs sûrement illusoire mais clairement exprimé. Une grande énigme s’est ainsi posée à l’équipe : comment répondre à cette demande d’un ailleurs ?

Le constat était simple : des résidents s’étaient reconstitués au fil des mois, refait une santé, avaient retrouvé goût à la vie et demandaient à partir. Pour où ? Impossible de trouver une réponse adaptée et durable. Nous avons d’emblée refusé d’en orienter certains, âgés d’environ cinquante ans, en maisons de retraite classiques. Comme Janine Cayet le fait ressortir dans son rapport, le mélange des personnes âgées et des personnes handicapées n’est pas judicieux, d’abord au niveau de l’âge (les uns ont cinquante ans, les autres quatre-vingt-cinq et plus), et surtout au niveau du parcours de vie (les personnes âgées ont été gestionnaires de leur vie, pas les personnes handicapées).

Nous avons également refusé de faire revivre à certains le cauchemar vécu avant leur admission : au nom d’une pseudo-insertion, ils vivaient seuls en appartement, délaissés, suivis de loin, rejetés par leur environnement, couverts de dettes, squattés par des SDF, abusés. Malgré leur vie sociale au plus près de la vie ordinaire en centre urbain, ils dépérissaient, rongés par la solitude, l’ennui, le désœuvrement, n’ayant plus de goût à la vie, plus aucun repère.

Face à ce dilemme, nous avons monté un projet intitulé « Diversification des modes d’hébergement » qui comportait deux volets : l’un consistait à ouvrir un hébergement décentralisé, l’autre à créer un petit service de placement familial. Cet ensemble, après bien des péripéties, a reçu un avis favorable du Conseil Général des Yvelines, et l’expérience a commencé tout récemment, le 1er novembre 2002.

C’est ainsi que quatre résidents vivent dans un pavillon, encadrés par des aides médico-psychologiques, sauf la nuit où ils sont seuls. Les exigences sont conformes au projet arrêté et ont pour volonté de les mobiliser en accroissant leur autonomie (pas de cuisinier, de femme de ménage ou de lingère). Ils doivent assumer la vie domestique au niveau de l’appartement.

En ce qui concerne l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). , nous avons considéré que la vie à temps plein en famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! n’est pas concevable à long terme, et qu’il faut un ailleurs régulier pour permettre à la personne handicapée, mais aussi et peut-être surtout, à la famille d’accueil de souffler.

Ainsi, comme ceux qui vivent en appartement, les résidents bénéficient d’un accueil en journée, quatre jours par semaine, afin de fréquenter nos ateliers. Les transports sont assurés par les familles d’accueil, cette clause étant prévue dans le contrat de placement. Celles-ci bénéficient de la même rémunération que si elles accueillaient à temps plein.

En utilisant les nouvelles dispositions de la loi de modernisation sociale, les familles d’accueil sont salariées de l’institution. Elles ont les mêmes avantages que les autres salariés de l’institution : cotisations Assedic et retraite, assurances, mutuelle complémentaire…

Pour les congés, nous avons imaginé plusieurs possibilités : placement ponctuel chez une autre famille d’accueil ou dans une famille relais, participation à des séjours de vacances ou des week-ends organisés à partir de l’institution, vacances spécialisées, séjours avec ceux qui vivent en hébergement décentralisé, et accueil à l’établissement si aucune des solutions précédentes n’est possible.

Les familles d’accueil viennent chaque matin rencontrer les membres de l’équipe. Une fois par mois, elles participent à la réunion de l’équipe éducative pour rendre compte de la vie de l’accueilli ou de ses difficultés. Un cahier de liaisons fait les mêmes allers et retours entre l’institution et les familles d’accueil. Tout y est noté, les questions, les réponses, les suggestions, les joies, les problèmes. Les familles d’accueil participent activement, et un rapport de situation et de comportement leur est demandé, comme à chaque salarié.

Pour l’instant, nous travaillons avec deux familles d’accueil, et nous allons développer cette expérience petit à petit.