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L’accueil familial, quelle pertinence pour des sortants de détention ?

Philippe RONGÈRE, directeur - C.H.R.S. L’Étape
Nantes (44) - Extrait

Pages 26 à 28 (...) : commander la revue à : IPI - 50 rue Samson - 75013 PARIS - Tél. 01.45.89.17.17

> Extraits :

Il s’agit d’un dispositif particulier dans le champ social, à savoir un réseau d’accueil pour personnes sous main de justice, dans le cadre des mesures pré ou post sentencielles. À notre connaissance, il existe très peu d’expériences de ce genre, hormis les réseaux de prise en char- ge pour toxicomanes et un réseau d’accueil en familles pour personnes atteintes du VIH, à Rennes, géré par AIDES.

(...) Ce dispositif d’accueil est construit sur le constat que la sortie de détention est une rupture entre deux mondes : d’un côté, la soumission à un traitement collectif des personnes dans le cadre d’une institution totale comme l’institution pénitentiaire, et de l’autre, la vie libre avec le discours social dominant qui parle d’autonomie, d’indépendance, de prise d’initiatives, de projet.

Cette rupture est pleine de dangers de récidive si elle n’est pas accompagnée. Durant ce passage obligé entre deux mondes qu’il soit accompagné ou pas, les personnes doivent réapprendre des gestes quotidiens, des habiletés sociales perdues et se défaire des habitudes acquises en détention : occupation de l’espace, du temps, habitudes relationnelles. Par ailleurs, les accueils en fin de peine dans le cadre de nos appartements individuels ne proposaient pas un cadre suffisamment aidant pour assumer cette rupture.

(...) En 1995, l’association déposait un dossier en Commission Régionale d’Organisation Sanitaire et Sociale afin d’intégrer le dispositif aux moyens habituels du C.H.R.S. pour permettre un financement par l’État au titre de l’aide sociale en matière d’hébergement. Cette demande s’ap- puyait sur une circulaire de 1976 qui stipule que « l’accueil et l’hébergement en C.H.R.S. peuvent également être assurés dans des familles liées au Centre par voie de convention ». Ce financement au titre de l’aide sociale s’est progressivement mis en place.

Tout d’abord prévu pour toute personne sous main de justice, ce dispositif d’accueil a très rapidement été utilisé par les magistrats pour mettre en place des permissions dans un cadre « sécurisé ». Nous sommes donc en contact avec des personnes qui ont vécu de longues périodes de détention (plus de 5 ans en général), qui n’ont pas eu de permissions de sortie, et qui souffrent de problématiques psychologiques importantes. Ceci s’est notamment traduit par une augmentation du volume de travail d’évaluation des travailleurs sociaux.

Les séjours sont mis en place pour des temps de permission, mais aussi après la libération quand les personnes sont dans leur logement, ou sont prises en charge par le C.H.R.S. en appartement ou dans toute autre structure médico-sociale ou d’hébergement.