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L’accueil des personnes âgées en Essonne. Réflexion après 2 ans d’expérience.

Sabine de la Villehuchet - Revue Pratique n°4 - 1991 (extraits)

Le projet d’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). en Essonne a vu le jour préalablement à la parution de la loi du 10 Juillet 1989, à la suite d’une expérience similaire réalisée en Tarn et Garonne dès l’année 1988. Le choix d’une association mandatée par le Conseil Général fut retenu, confirmant ainsi la politique gérontologique du département en faveur du maintien à domicile.

À la même époque, l’Hôpital de Champcueil propose une expérience de placement thérapeutique familial, en alternative au long séjour traditionnel dont il assure le suivi. Il passe convention avec le Président du Conseil Général de l’Essonne qui délivrera l’agrément des accueillants dans le cadre de la loi nouvelle.

L’A.P.A.F. (Accueil des personnes âgées et handicapées adultes en famille) est en mesure de fonctionner dès le 1er septembre 1989 avec la collaboration de la Direction de la Solidarité et de la Famille avec qui elle passe convention, qui met aussitôt en place une commission d’agrément, rédige un modèle de contrat type à l’usage des accueillants et des accueillis, assure un contrôle médical. Elle étendra son activité à l’accueil des handicapés adultes en décembre 1990.

L’A.P.A.F. intervient dans :

  • le recrutement et l’évaluation psychologique des familles d’accueil,
  • la mise en relation des personnes âgées visitées par elle avec des familles d’accueil susceptibles de les recevoir,
  • la mise en place d’un contrat,
  • le suivi des personnes âgées, le soutien et la formation aux familles d’accueil,
  • la rédaction des bulletins de salaire au nom des personnes âgées, le calcul des cotisations sociales qu’elles doivent acquitter à l’URSSAF.

Après deux ans d’expérience, quelques remarques s’imposent concernant les accueillis, les accueillants, le "référent" représenté par la responsable de l’Association.

1) L’accueil familial à caractère social est un choix offert à la personne âgée qui ne peut plus ou ne souhaite plus rester chez elle.

Au désir et à l’appréhension de la personne âgée fait écho le désir et l’inquiétude de ses proches. C’est rarement la personne âgée qui en fait elle-même la demande. Mais c’est une réponse possible parmi d’autres à l’accueil d’une personne plus tout à fait autonome physiquement ou psychiquement dans une famille où plusieurs générations sont représentées. La personne âgée est souvent en mesure de dire son regret de quitter sa maison même si la réalité l’impose, à évoquer son attente et ses craintes face à l’inconnu que représente une famille qu’elle ne connaît pas. Elle est prête aussi à faire confiance à la personne qui s’occupera d’elle et assurera sa sécurité.

Le maintien du lien avec la famille naturelle est très important même si un sentiment de culpabilité apparaît ou de la rivalité avec la famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! .

2) Le particulier accueillant a un rôle à jouer pour accompagner la personne, l’aider à conserver certaines capacités, la stimuler sans la persécuter.

Si ses motivations sont en partie financières, il y a aussi une demande psychologique plus profonde que le fait d’une relation va pouvoir s’instaurer entre accueillant et accueilli que l’affectif entre enjeu.

La famille d’accueil a une certaine attente : à quelle réalité va-t-elle se trouver confrontée devant une personne âgée qui ne lui est pas apparentée, qui présente ses difficultés propres ? La famille d’accueil sera modifiée par la présence à son foyer d’une personne "étrangère", qui tiendra probablement le rôle de l’aïeule, qui occupera une place particulière, qui révélera peut-être par sa présence et sa personnalité des conflits préexistants au sein de l’unité familiale.

3) L’Association va reconnaître les services rendus par l’accueillant et justement rémunérés par un soutien et un suivi psychologique appropriés. Le responsable du suivi a le rôle de référent qui veille à l’application du contrat passé entre accueillant et accueilli - de Tiers Médiateur entre "mère d’accueil" et personne âgée, entre famille d’accueil et famille naturelle, parfois même entre les personnes âgées et leurs enfants, afin de mettre à distance les différents partenaires. La mère d’accueil risque en effet de se laisser "happer" dans une demande affective très forte de la part de la personne âgée.

Les réunions de formation proposées dès le début 1990 permettent aux différentes familles d’accueil de confronter une pratique, de partager une expérience faite de difficultés et de gratifications et de dire l’angoisse d’avant la perspective de la mort. À ce titre, le travail des accueillants s’apparente à celui des soignants de l’institution gériatrique. Si l’accueil familial a ses limites, c’est en fonction de la capacité de l’accueillant à supporter le handicap, le vieillissement de la personne âgée, la rivalité parfois avec ses propres enfants tout en conservant son équilibre familial.