27 février 2017, reportage de TF1
Au JT de 20h : un reportage sur l’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). de personnes âgées en Haute-Loire. Avec des adhérents de l’AFA43 et de Famidac.
« Une belle réponse sociale aux problématiques de l’accompagnement et de l’isolement des personnes âgées »
Serge GUÉRIN, Sociologue.
Serge GUÉRIN, Sociologue.
« Place disponible 24/24, 365 jours, pour personne âgée (...) dans maison de plain-pied à la campagne avec soins infirmiers... » Surfer sur le Bon Coin, ce n’est pas le premier réflexe des familles en quête de solution pour un parent dépendant. Et pourtant, entre un vélo d’enfant, un lot de chaises et un appartement à louer, on trouve des places d’accueil pour personnes âgées chez des particuliers sur le site populaire de petites annonces sur Internet. Plus connu dans le domaine de la protection de l’enfance, le système des familles d’accueil existe aussi pour le grand âge ou le handicap.
C’est ainsi qu’une maison blanche nichée au milieu des champs, à Lombron, au cœur des pays de la Loire, est devenue le nouveau foyer d’Yvonne, dite « Vonette ». Sourire timide et démarche mal assurée, cette vieille dame de 89 ans ne peut plus faire la cuisine seule et souffre de troubles de la mémoire. Mais elle passe ses vieux jours à mille lieues d’un univers de blouses blanches et de plateaux-repas.
Depuis trois ans, c’est Agnès, une accueillante familiale agréée par le conseil départemental, qui prend soin d’elle tous les jours et se relève même la nuit pour l’aider si besoin. Un véritable travail d’accompagnement que cette ancienne aide-soignante quinquagénaire effectue seule dans la maison qu’elle a achetée avec son mari pour se consacrer à cette nouvelle activité, rémunérée 1500 euros par mois par la famille d’Yvonne.
Depuis un mois, la maisonnée compte une nouvelle résidente. Âgée de 82 ans, Janine était devenue trop dépendante pour rester seule chez elle.
Repas en famille, parties de dominos dans un vaste salon-salle à manger aux poutres apparentes, promenades dans le jardin-potager en compagnie du chien berger de la maison... Les deux vieilles dames mènent une vie paisible à la campagne. Et si Janine a encore un peu de mal à s’habituer à ce nouvel environnement, elle se raccroche à ses souvenirs qui meublent sa chambre, où les gravures de son village d’enfance côtoient ses photos de famille. « Je ne suis pas complètement chez moi mais autrement, c’est quoi ? L’hospice ? » lance-t-elle. « On est bien là. Ce n’est pas tout à fait comme ma famille mais j’ai ma chambre, mes affaires » renchérit Yvonne. Notamment sa télévision où elle ne rate pas un épisode des Feux de l’amour.
Solution de prise en charge plus chaleureuse et moins onéreuse qu’une maison de retraite médicalisée, l’accueil familial de seniors dépendants ·ou de. personnes handicapées peine cependant à se développer. Aujourd’hui, cette alternative représente quelque 15.000 places dans toute la France chez 10.000 familles agréées. C’est pour mieux la faire connaitre et la développer que l’entreprise sociale « Cette Famille » s’est lancée en juin 2016. Avec, en tête, le succès des réseaux de garde d’enfants comme Yoopala qui essaiment sur la Toile.
« Nombre de départements ne communiquent pas ou peu sur cet accueil familial. On recense près de 30 % de places d’accueil libres en accueil familial alors que certaines familles peinent à trouver une solution pour leur parent âgé. Le roulement. pourrait être amélioré grâce à une meilleure mise en relation, explique Paul-Alexis Racine Jourdren, cofondateur de l’entreprise. Nous proposons également de soutenir les accueillants qui se sentent souvent complètement isolés, de nous occuper de la gestion administrative ou encore d’organiser des semaines de vacances pour les personnes âgées dans une autre famille. » Aujourd’hui, la structure peut déjà tabler sur un maillage de 800 familles agréées qui proposent des hébergements pour 1300 à 1800 euros mensuels.
Pour déployer cette prise en charge qui stagne depuis une quinzaine d’années, Cette Famille veut également s’appuyer sur un nouveau décret, sorti en décembre, qui établit plus précisément les critères pour agréer des accueillants. Une évaluation indispensable pour s’assurer que les seniors seront accueillis en toute sécurité et éviter des cas de maltraitance.
Agnès, elle, a fait de la bienveillance le premier principe de son métier et s’attache à respecter le rythme de vie et les goûts de ses deux pensionnaires. « Nous nouons une relation de confiance. Ce métier, c’est du partage. Après des années passées à travailler en Ehpad, soupire-telle, il y avait des choses que je n’avais plus envie de voir. »
« Il ne s’agit pas de prendre la place de leur famille », avertit cependant l’accueillante qui organise tous les mois une rencontre avec les proches des vieilles dames pour maintenir ces liens familiaux. Une condition sine qua non à la prise en charge pour Agnès, qui a déjà refusé des demandes de familles, rencontrées via le Bon Coin, qui semblaient peu soucieuses du sort de leur ainé.
« Ces familles agréées sont une belle réponse sociale aux problématiques de l’accompagnement et de l’isolement des personnes âgées, notamment dans le monde rural. Mais cet accueil n’a pas encore été suffisamment valorisé et professionnalisé. Quid de la question de la dégradation de la santé de la personne accueillie ? Où mettre les limites à la prise en charge ? », interroge le sociologue Serge Guérin, spécialiste du vieillissement de la population [1].
Pour étendre le système, « il faudra inévitablement améliorer le statut des accueillants familiaux d’adultes » [2], estime enfin Étienne Frommelt, secrétaire général de Famidac, l’association des accueillants familiaux
accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
et de leurs partenaires.
Agnès Leclair
Serengo n° 16, mars 2017, page 64
Pourquoi ne pas remplacer l’Ehpad par l’accueil familial ?
L’accueil familial, peu connu, existe pourtant depuis 1989. Pour un accueil temporaire
accueil temporaire
Terme désignant un contrat d’accueil à durée déterminée, avec une date de début et une date de fin, prévoyant une prise en charge à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (de jour ou de nuit).
ou pour un hébergement permanent, il représente une solution idéale, à mi-chemin entre le maintien à domicile et l’établissement médicalisé.
« Chez un accueillant, on évite le côté “ghetto“ de la maison de retraite, on partage la vie d’une famille », décrit Étienne Frommelt, de l’Association Famidac (voir encadré), accueillant depuis 1997 en Ardèche.
On dénombre 10.000 accueillants familiaux : souvent d’anciens auxiliaires de vie, aides-soignants, infirmiers ou ex-aidants d’un proche dépendant. L’agrément est accordé pour cinq ans par le Conseil départemental – pour 1 à 3 personnes – après entretien, enquête et inspection du logement, et engagement à suivre une formation continue.
Chez eux, chacun est hébergé dans une chambre individuelle (au moins 9m² à proximité des toilettes et salle de bains), voire dans son propre studio. On accède librement aux pièces communes et on prend ses repas avec la famille.
Comme en établissement, les soins et le suivi médico-social sont assurés par des pros. Quant aux visites des proches, elles sont les bienvenues. Le coût ? 1.700 à 2.000€ par mois (contre 2.000 à 4.500€ en Ehpad), sachant que des aides sociales peuvent être accordées (APA, APL, crédit d’impôt, etc.). Cette somme correspond à la rémunération pour services rendus (au minimun 25€ brut/jour, plus 10% pour congés payés congés payés Les accueillants familiaux "de gré à gré" sont employés par des particuliers (les personnes accueillies). Pendant leurs congés, ils n’ont donc pas droit au maintien de leur salaire. En compensation, toute heure travaillée (y compris les heures de sujétions particulières) doit être majorée d’une prime pour congé payé de 10%. ), à laquelle il faut ajouter une indemnité de « sujétions particulières sujétions particulières L’indemnité en cas de sujétions particulières est, le cas échéant, justifiée par la disponibilité supplémentaire de l’accueillant liée à l’état de santé de la personne accueillie. », variable selon le degré de dépendance, une indemnité pour frais d’entretien (entre 8 et 17,60€/jour pour les repas, le ménage et la blanchisserie) et un loyer « raisonnable » pour la chambre.
Les droits et obligations de chacun sont précisés dans un contrat d’accueil qui doit aussi détailler tous les services assurés : sorties, etc. Bienvenue chez vous !
Les conseils de l’expert :
« Pour dénicher une place, parcourez les annonces sur famidac.fr ou adressez-vous au Conseil départemental.
L’accueil familial concerne également les personnes handicapées, de 18 à 60 ans.
N’hésitez pas à visiter plusieurs accueillants. Posez des questions sur leur mode de vie et lisez bien le contrat. Enfin rassurez-vous : en cas de mésentente, les deux parties disposent d’une période deux mois pour se rétracter. »
Étienne Frommelt, Secrétaire général de l’association Famidac.
Caroline Racapé