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La co-formation, une voie possible pour l’accueil familial

Serge ESCOTS, psychothérapeute, formateur - centre de consultation ADEISS, Toulouse

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Se former ensemble à inventer de nouvelles pratiques d’accueil familial Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois).

La formation est un lieu d’élaboration, c’est-à-dire un lieu où l’on s’arrête pour clarifier et définir un objet. Définir l’accueil familial à partir de places différentes, c’est s’interdire de le réduire à une seule logique, à un seul discours ou à un seul point de vue. C’est laisser la définition ouverte, non finie.

La formation offre la possibilité, en parlant de sa pratique professionnelle, de délimiter sa place : on ne parle que d’une place en même temps. Or, cette définition des limites de la place de chacun qui - je le répète à la suite de beaucoup d’autres - est l’enjeu central de l’accueil familial, ne va pas de soi. La définition de la place de chaque acteur ne trouve ses contours qu’au contact de celle des autres. Il y a donc, à se retrouver en formation pour définir les places, un avantage considérable : en mesurant ce que l’autre entend prendre comme place, j’ajuste immédiatement la mienne.

Il me semble que ces “calages” mutuels ne peuvent se faire sans l’installation préalable d’un minimum d’identité professionnelle de chacun. Ainsi, la co-formation ne peut, à mon sens, remplacer les formations initiales. C’est évident pour les professionnels de l’accueil familial dont la profession est reconnue.

Il n’en va pas de même pour les accueillants d’adultes pour lesquels le statut contribue peu à donner consistance à leur identité. Il serait préjudiciable à leurs futures pratiques de ne pas pouvoir élaborer leurs fonctions avant de se confronter aux autres acteurs.

Ceci posé, les applications sont nombreuses. Nous pourrions rêver à la participation d’assistantes maternelles à des unités de valeur de formation initiale d’élèves éducateurs, assistants sociaux, puéricultrices ou éducateurs de jeunes enfants. Et réciproquement ? Pourquoi pas, rien ne s’y opposerait d’un point de vue technique ou pédagogique.

Co-formation...

En formation continue, des actions spécifiques intra-établissement ou pluridisciplinaires sont envisageables, nonobstant quelques précautions pédagogiques. La formation en interne implique, à mon sens, des cadres-contenants pour autoriser une parole dans l’institution et traiter les inévitables conflits internes.

Je connais quelques assistantes maternelles pour qui l’idée de faire une formation avec le travailleur social référent semble impossible, tant le contentieux est grand et la parole interdite. C’est la justification même de la proposition à se former ensemble. Les actions de formation continue séparées, avec tout l’intérêt qu’elles peuvent présenter, trouvent dans ces situations leurs limites car elles ne font, bien souvent, qu’accroître le conflit en fournissant “de nouvelles armes” à chacun des “belligérants”.

En revanche, des propositions ponctuelles à l’extérieur de l’institution, me semblent tout à fait envisageables, car elles ne connaissant pas les limites de la précédente, tout en conservant l’essentiel : la confrontation des places différentes.

Nous pourrions imaginer, dans le champ de l’accueil d’enfants, réunir des assistantes maternelles et des travailleurs sociaux, attachés, psychologues, puéricultrices, médecins... autour de thèmes tels que : “la place des parents”, “maltraitance et résonances”, “la fin du placement”, “la séparation” entre autres exemples.

Ou, pour l’accueil des adultes, réunir des familles d’accueil, des soignants, des médecins, des psychologues... autour des thèmes suivants : “les processus soignants en accueil familial”, “maladie mentale et accueil familial”, etc... propositions loin d’être exhaustives.

L’imagination en la matière me paraît prometteuse : les thèmes qui seraient l’occasion de confronter les différences ne manquent pas.

La formation des accueillants et des accompagnants ensemble pourrait peut-être permettre de tordre le cou à cette traditionnelle partition entre le savoir-faire des accueillants face au savoir des accompagnants et ouvrir alors sur un savoir être ensemble... Clef d’un partage des savoirs et d’une libération des savoir-faire de chacun.