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73 - Savoie : dix-huit familles d’accueil...

Auteur : Ghislaine Gerbelot, le Dauphiné Libéré, 14/10/2008

ACCUEIL FAMILIAL Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois).

Entre maintien à domicile et maison de retraite : dix-huit familles d’accueil en Savoie

Juliette, Jeanne et Lucienne ont respectivement 100 ans, 97 et 88 ans. Elles habitent sous le même toit, toutes trois accueillies par la famille Jarlaud dans leur maison située à Novalaise, dans l’Avant-pays savoyard. Un mode d’hébergement original à mi-chemin entre le maintien à domicile et le placement en établissement spécialisé.

Commerçants, Yveline Jarlaud et son mari ont dû cesser leur activité il y a plus de 13 ans. Se retrouvant à la recherche d’un emploi, elle devient "nounou" ; puis à la suite d’une discussion avec une personne qui cherchait à placer ses parents âgés, elle décide de devenir famille d’accueil famille d'accueil Terme désuet et imprécis remplacé, depuis 2002, pour l’accueil d’adultes âgés ou handicapés, par l’appellation accueillant familial. Saisir "famille d’accueil" sur un moteur de recherche conduit à des sites traitant de placements d’enfants et/ou d’animaux maltraités : cherchez plutôt "accueil familial" ou "accueillants familiaux" ! pour personnes âgées. Ses enfants, grands, laissant quatre chambres disponibles, sa maison pouvait donc accueillir jusqu’à trois pensionnaires (le maximum autorisé).

Elle a reçu l’agrément du conseil général en 1995 et depuis a déjà accueilli une vingtaine de personnes. Yveline relate son vécu d’accueillante, l’amour de son nouveau métier, mais aussi les difficultés que peuvent rencontrer les personnes dans cette activité.

« Elles manquaient d’intimité et nous aussi »

La maison de la famille Jarlaud a dû être repensée et organisée sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, les chambres, les sanitaires et une pièce à vivre pour les pensionnaires ; la cuisine et le salon-salle à manger de la famille. Le bureau a été transformé en pièce à vivre pour les personnes âgées il y a cinq ans.

« Elles manquaient d’intimité et nous aussi. On avait commencé par fermer la cuisine. Mais elles avaient aussi besoin de calme ; dans le salon il y avait trop de brouhaha. » Les personnes accueillies répétaient souvent : « On veut être chez nous chez vous ».
« Depuis cinq ans, chacun a vraiment trouvé sa place » souffle Yveline. Dans leur pièce à vivre, les personnes âgées se retrouvent pour manger ou regarder la télé. L’étage, lui, est réservé aux propriétaires.

La journée de l’accueillante commence à 4h 30-5 heures. « Je m’occupe des mamies quand elles se lèvent vers 8 heures, jusqu’à 20 heures le soir ». Toilette, petit déjeuner et repas rythment la matinée d’Yveline. La maîtresse de maison ne veut pas de service infirmier qui n’intervient pas à horaires fixes. « Les personnes âgées ont leurs habitudes, leur routine » explique-t-elle.

Le petit déjeuner à 8 heures-8h 30, le déjeuner à midi sonnant et la soupe à 19 heures précises. Et cela sept jours sur sept, rapporte Yveline, toujours à l’heure pour « sa petite Juliette » qui fêtera ses 101 ans au mois de décembre...

Le professionnalisme n’empêchant pas la sympathie, c’est de la tendresse qu’elle éprouve pour sa plus ancienne "protégée" qu’elle héberge depuis 12 ans. Yveline confie qu’elle accompagne ses pensionnaires jusqu’au bout lorsqu’ils le lui demandent et c’est les larmes aux yeux qu’elle évoque ceux qui se sont éteints chez elle « comme une bougie en fin de vie ».

POUR EN SAVOIR PLUS


Une campagne de "promotion" pour rattraper ce retard

L’accueil familial qui offre une réponse originale à la fois professionnelle et humaine à la question cruciale de la prise en charge des personnes âgées dépendantes, a du mal à se développer en Savoie. Le département compte seulement 18 familles accueillantes en 2008 ; elles étaient 25 en 1995, seulement 11 en 2007 contre une centaine voire plusieurs centaines dans des départements où historiquement il y avait une forte tradition d’accueil des assistances publiques.

Mais du côté du conseil général, on annonce pour bientôt une campagne de "promotion" pour rattraper ce retard. Une mission difficile : « Ce n’est pas un mode d’accueil facile, car il est culpabilisant pour les familles » explique Anne Troadec à la Direction de la vie sociale. « Celle-ci cherche la plupart du temps des établissements médicalisés. Quant aux familles accueillantes, elles ne se rendent pas compte de la lourde charge qui les attend. » Cependant c’est une formule que le conseil général cherche à développer pour « offrir autre chose ». Il pense à un nouveau statut pour l’accueillant qui pourrait devenir salarié d’une structure.

Une décision qui pourrait faire grincer des dents les accueillants actuels, travailleurs indépendants. Selon la vice-présidente de l’Association des accueillants familiaux accueillant familial
accueillants familiaux
Agréés pour prendre en charge à leur domicile des personnes âgées ou handicapées adultes n’appartenant pas à leur propre famille, les accueillants familiaux proposent une alternative aux placements en établissements spécialisés.
de Savoie (AAFS), plusieurs familles sont en attente d’une autorisation. « L’agrément est de plus en plus difficile à obtenir » livre Yveline Jarlaud.

« Ils demandent de plus en plus de modifications à apporter pour améliorer l’accessibilité et la sécurité du logement. » Pour elle, il s’agit d’offrir une solution d’hébergement à visage humain. « Il ne faut pas qu’ils nous confondent avec un établissement. Nous devons rester un accueil familial avec ses avantages et ses inconvénients. »

Les personnes qu’elle accueille se disent satisfaites : « Mes personnes âgées sont heureuses. Elles me disent qu’elles ne sont pas avec des grabataires. » Et rapportant leurs paroles : « On a la vie à côté de nous répètent-elles ».

Une présence de tous les instants, qui a parfois été oppressante. Mais depuis la loi de 2002 qui généralise le droit des accueillants aux congés payés congés payés Les accueillants familiaux "de gré à gré" sont employés par des particuliers (les personnes accueillies). Pendant leurs congés, ils n’ont donc pas droit au maintien de leur salaire. En compensation, toute heure travaillée (y compris les heures de sujétions particulières) doit être majorée d’une prime pour congé payé de 10%. -une indemnité de congé égale à 10 % de la rémunération pour services rendus est versée tous les mois-, Yveline et sa famille peuvent enfin prendre des vacances... À condition qu’une solution de remplacement permettant d’assurer la continuité de l’accueil soit mise en place.

Ghislaine GERBELOT

Paru dans l’édition 73A du 14/10/2008 (60904)