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L’AFT, véritable alternative à l’hospitalisation

Didier DEHEM, infirmier de secteur psychiatrique &
Marie-Danièle FLIPO, cadre socio-éducatif, responsable de l’AFT AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
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E.P.S.M. des Flandres
Bailleul (59) : extraits

Pages 46 à 52 (...) :

> Extrait :

1. BILAN DE L’ACCUEIL FAMILIAL Accueil familial Alternative au maintien à domicile et au placement en établissement spécialisé : les personnes handicapées ou âgées sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrôlés par les conseils départementaux (ou par des établissements de santé mentale). L’accueil peut être permanent (contrat conclu pour une durée indéterminée) ou temporaire, à temps complet (24h/24) ou à temps partiel (exemple : accueil de jour), ou séquentiel (exemple : un weekend tous les mois). THÉRAPEUTIQUE DE 1992 À 2002

Cette alternative à l’hospitalisation temps plein qu’est l’accueil familial thérapeutique AFT
Accueil Familial Thérapeutique
Des personnes souffrant de troubles mentaux peuvent être prises en charge au domicile de particuliers formés, agréés et employés par des établissements psychiatriques.
est mise en place à l’EPSM des Flandres depuis 1992. L’objectif est tel que le stipulent les textes : « Favoriser la réadaptation du patient et faciliter sa réinsertion. En ce sens il peut être un palier avant sa sortie définitive. À défaut, il peut constituer une transition avant une orientation à caractère social ou médico-social ». Il s’avère être un excellent outil de prise en charge, et se situe en fait dans le champ social de la maladie mentale.

Depuis 1992, le nombre de places a sensiblement augmenté puisque l’on passe de 15 places à 47 places actuellement. 12 places sont encore à réaliser.

Le bilan est extrêmement positif au niveau du soin et de la réinsertion sociale de la personne accueillie. On pourrait même dire que l’accueil familial thérapeutique évite l’exclusion du fait même de son insertion dans le tissu social. Retenons essentiellement que l’accueil familial thérapeutique vise à :

  • offrir aux personnes accueillies la possibilité de vivre dans une famille avec le soutien d’une équipe pluridisciplinaire (suivi médical, psychiatrique, psychologique, social et infirmier) ;
  • assurer un relais entre une hospitalisation et un retour à une vie plus indépendante ;
  • permettre une évolution et une autonomisation dans le cadre du projet thérapeutique ;
  • établir des relations affectives et restaurer les capacités relationnelles dans un climat familial chaleureux ;
  • procurer un mode de vie proche de la réalité dans un environnement extérieur sécurisant et structurant ;
  • insérer dans la cité et le tissu social avec le support et la continuité du suivi thérapeutique ;
  • aider à vivre une vie relationnelle et affective plus qualitative et valoriser le lien social ;
  • proposer une prise en charge satisfaisante en fonction des accueillis, « de leur degré de dépendance, de l’évolution de leur pathologie à un moment donné, de l’appui familial dont ils peu- vent disposer » pour reprendre les termes du SROS.

Cette prise en charge est d’autant plus intéressante qu’elle permet un soin « hors les murs », tout en garantissant et en maintenant le suivi médical, infirmier et social en ambulatoire.

(...)

2.2. Le statut de la personne bénéficiant de l’accueil familial thérapeutique

L’AFT s’inscrivant dans les alternatives à l’hospitalisation complète, la personne accueillie :

  • n’est pas considérée comme hospitalisée (ni à temps plein, ni à temps partiel), en référence à l’arrêté du 14 mars 1986 relatif aux équipements et aux services de lutte contre les maladies mentales. Ce statut lui permet de recourir à d’autres formes de prises en charge (Centre d’Aide par le Travail, Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel ou Hôpital de Jour) ;
  • n’est pas assujettie au versement du forfait hospitalier ;
  • perçoit ses prestations sociales (AAH, RMI...) au taux plein.

Son domicile administratif est :

(...)

4.3. Le partenariat famille, équipe, accueilli

L’accueil familial thérapeutique a un référent infirmier et un référent social, garants du cadre. L’infirmier intervient à trois niveaux : la famille d’accueil, la relation famille d’accueil- accueilli, et l’accueilli. Il est à l’écoute, et donne du sens à ce qui se vit dans la famille d’accueil. Les solutions sont à trouver avec la famille d’accueil qui reste actrice, et avec l’accueilli.

Il pourra être utile de se référer au projet thérapeutique (par exemple : favoriser l’autonomie alors pourquoi faire à la place de ?). Encore une fois, le partenariat est inscrit dans l’arrêté de 1990 : « la famille d’accueil doit agir dans le respect de l’accueilli, respecter le projet thérapeutique, recevoir l’équipe, favoriser les relations avec la famille naturelle, faire appel au généraliste en cas de problème somatique de l’accueilli ».

La visite infirmière est l’occasion de faire le point, de s’inscrire dans le temps, de baliser le par- cours en pointant les difficultés éventuelles (problèmes comportementaux, relationnels, matériels, physiques…) qui demanderont des réponses à différents niveaux : médical (consultation avec le psychiatre ou le généraliste), entretien infirmier ou social, rencontre avec le responsable légal, contact avec la famille d’origine... Il s’agit aussi de rendre compte des progrès relationnels de l’accueilli, de découvrir avec la famille de nouvelles facettes.

Il importe de valoriser le travail de la famille d’accueil et de le réinscrire dans le projet initial, de l’assurer du soutien de l’équipe pluridisciplinaire matérialisé par le suivi infirmier et social. De même qu’on valorisera les points positifs de la prise en charge, on valorisera également les aspects positifs de l’accueilli.

La maladie mentale amène le patient à une diminution des relations sociales, à la perte de sa position sociale, à un émoussement affectif, à une perte d’autonomie, de compétences, à un dérèglement comportemental. La famille d’accueil et l’équipe vont travailler à compenser ces déficits, à développer les points positifs de la personnalité de l’accueilli en établissant des objectifs concrets, simples et réalisables.

La prise en charge de l’accueilli est le résultat d’un travail en complémentarité avec des interlocuteurs variés comme les tuteurs, les médecins généralistes, les familles d’origine qui communiquent des éléments nouveaux ou donnent des informations essentielles concernant l’accueilli. Le milieu associatif, les activités en Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel, les bailleurs viennent renforcer le travail de réinsertion.

4.4. Illustration par quelques expériences

4.4.1. Une prise en charge de deux ans d’une jeune femme en famille d’accueil avec un travail autour de l’autonomie, de l’hygiène, de la gestion de la maladie et du traitement, de la gestion de l’argent de poche, a permis à l’accueillie de louer un appartement individuel et privé. C’est le résultat d’une collaboration étroite entre la famille d’accueil, l’équipe médico-sociale, le tuteur et le bailleur. Cette personne bénéficie encore d’un suivi par l’équipe de secteur.

4.4.2. Des personnes bénéficiant d’un accueil familial social sont prises en charge en Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel, moyen de travailler la séparation d’avec la famille d’accueil, d’assurer une continuité des soins au travers d’une prise en charge de groupe qui privilégie la dimension relationnelle. Ces mêmes personnes peuvent être suivies par l’équipe du CMP (visites à domicile infirmières, consultations médicales). Ceci implique une liaison entre les équipes de CMP, de CATTP et les référents de l’accueil social, les familles d’accueil, les tuteurs et les généralistes.

4.4.3. Pascale était hospitalisée dans un autre secteur. Elle bénéficiera d’un placement dans un foyer de vie début 2003. Un accueil transitoire a été réalisé dans une famille d’accueil du secteur pour travailler l’hygiène, maintenir les acquis, mettre en évidence son potentiel. Le travail en partenariat s’effectue à plusieurs niveaux : liaisons entre les deux secteurs (transmission des informations médico-sociales pour la construction du projet thérapeutique en équipe pluridisciplinaire), et avec l’équipe du foyer où Pascale peut faire des essais avant son admission à temps plein.

4.4.4. Une patiente du Douaisis avait beaucoup régressé, au point d’être désinsérée et désinvestie par sa famille. Elle a tout d’abord bénéficié d’une prise en charge institutionnelle à l’EPSM qui a permis d’améliorer son état de santé, au point de rendre possible un projet temporaire d’accueil familial thérapeutique, avec pour objectif un placement en accueil familial social sur son secteur d’origine, où elle a pu retrouver son cadre de vie et renouer des liens familiaux avec sa fille. Un important travail a été réalisé, autour de l’autonomie et du maintien des acquis avec le soutien de l’équipe du secteur. Par ailleurs, le partenariat a permis un relais avec l’équipe de l’accueil familial social (réunion avec l’infirmière référente, la famille d’accueil, la tutrice), la prise de contact avec la famille d’accueil, l’infirmier référent, l’assistante sociale et l’accueillie, des périodes d’essai et un placement définitif en liaison avec le CMP pour la poursuite du suivi psychiatrique.

4.4.5. Vincent est un patient dont la mère ne peut plus s’occuper, et qui travaille en centre d’aide par le travail sans possibilité d’hébergement. Une solution d’accueil familial thérapeutique a été pensée sur la base d’un partenariat entre la famille d’origine, la famille d’accueil, l’assistante sociale, l’infirmière référente et l’équipe du C.A.T.

(...)

6. GROUPE DE PAROLES ET FORMATION DES FAMILLES D’ACCUEIL

La constitution d’un groupe de paroles pour les familles d’accueil a été un moyen de répondre à leur besoin d’être reconnues. Ces rencontres ont été très riches en discussions, et fortement investies par les familles. Elles ont surtout consisté en un échange de pratiques autour d’un thème central élaboré par l’équipe (le secret professionnel par exemple ou le lien avec les familles d’origine, la fonction d’assistante familiale, son statut…). Les familles d’accueil ont pu également faire part de leurs questions à propos du quotidien, du fonctionnement de l’AFT, des aspects administratifs…

Ces échanges ont permis de créer un véritable lien entre ces professionnelles qui ont pu mettre en avant les caractéristiques de leur métier, se rendre compte qu’elles n’étaient pas les seules à rencontrer telle ou telle difficulté. Leur travail a été mis en valeur, et elles se sont en quelque sorte fédérées par le biais de ce groupe.

Une deuxième étape consistait à mettre en place, dans le cadre de la formation continue, des réunions pour les familles d’accueil avec les objectifs suivants :

  • proposer un lieu de rencontre, d’écoute, d’échange sur l’accueil familial thérapeutique ;
  • donner des informations ou précisions aux familles sur leur pratique ;
  • répondre aux questionnements des familles ;
  • permettre une réflexion commune au bénéfice des accueillis et de l’évolution de l’accueil ;
  • travailler en partenariat.

CONCLUSION

Au fil des années, avec les échanges, les travaux de recherche et d’évaluation des équipes, les expériences diverses, les réajustements des pratiques, les améliorations amenées, l’accueil familial thérapeutique a évolué qualitativement.

Ce mode de prise en charge permet aux personnes accueillies dans les familles de mener une vie aussi harmonieuse que possible, et surtout d’être insérées dans la société et le tissu social.

L’accueil familial thérapeutique vise ainsi l’amélioration de la relation de la personne accueillie au monde, de son autonomie, et lui permet d’évoluer positivement vers un meilleur confort de vie matérielle, psychologique et mentale.

(...)