Les faits remontent à l’été 2011, dans une petite maison de Plasne, un village de quelques centaines d’âmes. L’affaire commence comme une simple disparition inquiétante de personne : Jean-Alain de Cottignies, un homme de 57 ans, handicapé physique et mental suite à des soucis d’alcool et de santé, placé depuis octobre 2010 chez une accueillante familiale, ne donne plus de nouvelles à sa famille.
Le 9 juillet 2011 son cadavre, recouvert d’une bâche et de terre, est retrouvé dans les escaliers menant à la cave de la maison. Du sang et des liens sont découverts dans son lit…
L’occupante de la maison, Marie-Paulette Soret, née Françoise, est arrêtée et mise en examen pour assassinat ; la préméditation n’ayant pas été relevée, les faits sont requalifiés en meurtre de personne vulnérable, passible de la réclusion à perpétuité.
L’accusée reconnaît devant les enquêteurs avoir attaché au lit les mains et les pieds de son pensionnaire, ainsi que sa tête à l’aide d’un nœud coulant, afin de l’empêcher de quitter sa chambre. Puis recouvert la tête avec une couette, pour l’empêcher de crier, avant de lui frapper la tête avec un balai.
Peur d’être assaillie !
Que s’est-il passé dans ce curieux huis clos entre une veuve et celui qu’elle hébergeait ?
Alcoolique au moment des faits, Marie-Paulette avait perdu pied après le récent décès de son conjoint. Le soir du drame, l’homme aurait exprimé des volontés de « rapprochement » avec insistance, tant d’insistance qu’elle en serait venue à l’attacher à son lit pour qu’il ne l’assaille pas...
Elle ne se serait rendu compte de sa mort que le lendemain matin et se serait débarrassée du corps plusieurs jours plus tard, en le traînant jusqu’à la cave.
« Depuis le décès de son conjoint en avril 2011, elle était perdue, elle buvait encore plus, et elle avait peur de son pensionnaire qui se montrait entreprenant avec elle », explique l’un de ses avocats, Me Marjorie Weiermann.
Le soir du drame, « elle n’avait pas l’intention de le tuer », « elle a eu peur, elle l’a attaché au lit pour ne pas qu’il vienne l’entreprendre »... D’après l’autopsie du corps, la victime est décédée d’une lente asphyxie causée à la fois par la couette déposée sur son visage et un léger effet de strangulation de la corde.
Le verdict est tombé : le 22 octobre 2016, Marie-Paulette, 51 ans, a été condamnée à 25 ans de réclusion.
En appel...
Mais Marie-Paulette Soret n’avait pas pu expliquer sa version des faits devant la cour d’assises : malade, elle a subi une ablation du larynx avec trachéotomie, l’empêchant de parler. Elle était invitée à s’exprimer par écrit, ce qu’elle a refusé de faire. « Qu’elle m’écrive au moins ça ! » a demandé la présidente. L’accusée s’est mise à écrire (ce qui a duré d’interminables minutes), et la greffière a lu : « Mesdames, Messieurs, je veux pas me défendre dans ces conditions, je veux pas écrire et je veux pas être défendue que par mes avocats ».
« Pourra-t-elle reparler un jour ?, plaident ses avocats. On ne le sait pas encore, mais ne serait-ce qu’avec son lourd traitement actuel, son état n’est pas compatible avec un procès. Le fait qu’elle ne puisse pas parler est contraire au principe d’oralité des débats et donc aux droits de la défense. »
Il y a aura donc un nouveau procès dans l’affaire du meurtre de Plasne : les avocats de la défense ont fait appel de la décision du 22 octobre 2016. Sans pour autant espérer une relaxe...
France 3 Franche-Comté :
Le récit de l’audience du 22 octobre 2016, avec Aude Sillans et David Martin, à Lons-le-Saunier
Pour en savoir plus voir, entre autres, Le Progrès, leparisien.fr, lefigaro.fr...